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28 septembre 2011 3 28 /09 /septembre /2011 22:00

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/4/40/Jb-the-payback.jpg

 

Tracks : The Payback ; Doing The Best I Can ; Take Some... Leave Some ; Shoot Your Shot ; Forever Suffering ; Time Is Running Out Fast ; Stone To The Bone ; Mind Power

 

En 1973, James Brown se trouve dans une situation assez paradoxale. Le funk, musique dont il est un des pères fondateurs (si ce n'est le père fondateur, en tout cas le plus connu) triomphe partout. La poignée de singles qu'il a enregistré dans la fin années 60, tout début 70, notamment Get Up (I Feel Like Being A) Sex Machine ou Take It Loud - I'm Black & I'm Proud ont ouvert les portes à de nouveaux horizons et à de nouveaux musiciens. Et c'est bien là le paradoxe dans lequel se trouve James Brown. Car partout autour de lui, le mouvement de la musique noire est en marche et son funk est vite dépassé de tous les cotés par d'autres musiciens. Il se mêle au jazz (Miles Davis, Herbie Hancock), devient psychédélique et triomphe à Woodstock (Sly & The Family Stone) et permet à des groupes des 60's d'opérer des mutations spectaculaires et bénéfiques (les Temptations et leurs albums Cloud Nine et All Directions avec notamment l'énorme Papa Was A Rolling Stone). Pire encore pour James, ses propres anciens collaborateurs triomphent en jouant du funk, comme le bassiste Bootsy Collins qui jouait avec lui sur Get Up (Sex Machine), Talkin' Loud And Sayin' Nothing ou encore Soul Power. Ce dernier n'est resté que 11 mois dans les J.B.'s (il aurait été viré à cause de la tyrannie de James Brown), mais a participé à définir le rôle et l'image du bassiste de funk, au même titre que Larry Graham par exemple. Il a rejoint Parliament et Funkadelic de Georges Clinton. Au même moment, le cinéma de Blaxploitation est en plein essor et chacun y va de sa B.O., la plus célèbre étant probablement celle de Shaft d'Isaac Hayes. C'est dans ce contexte que James propose en 1973 deux B.O. La première est Black Caesar qui accompagnât le film du même nom. La seconde est The Payback qui devait être la B.O. d'Hell Up In Harlem. Cependant le réalisateur Larry Cohen la refusât. « Pas assez funky ». Un comble. L'album (double) sortira quand même en 1973. De quoi se faire une idée : James Brown était-il encore un des maitres du funk?

 

« Pas assez funky » dirent les producteurs d'Hell Up In Harlem à James Brown... Pourtant à l'écoute du titre éponyme d'ouverture, on ne comprend pas. The Payback démarre sur des bases funk absolument dantesques. Toutefois, il est vrai que ce n'est pas le funk auquel on peut s'attendre. Nous sommes très loin du charme psychédélique de Parliament, Funkadelic ou Sly & The Family Stone, sauf peut-être de Sly & The Family Stone - There's A Riot Goin' On (1971) . Durant l'enregistrement de cet album, James a perdu son fils Teddy dans un accident de voiture. Un événement qui plonge l'explosif Mr. Dynamite dans la dépression et la drogue. Mais là où ces concurrents funk font de leur univers drogué un kaléidoscope d'utopies et de couleurs, la drogue apporte ici une dimension sombre, roots. Comme un venin pernicieux qui avait déjà créé There's A Riot Goin' On quelques années auparavant. A l'image de cette drogue poisseuse, c'est le groove monumental de ce long et trippant morceau d'ouverture qu'on retient. Certes James est en forme vocalement. Ses cris et son chant sont plus surs que jamais. Mais c'est surtout la prestation de ses musiciens, de la section rythmique, des cuivres et de la guitare qui emmène ce dantesque The Payback d'ouverture dans une longue transe répétitive mais phénoménale. 7 Min 40 implacables durant lesquelles la pression monte lentement mais surement au son de ce groove surpuissant et de ce son à la fois lisse et maitrisé tout en nous conduisant au bord de la transe...

 

Et cette transe s'étale sur tout l'album. 8 morceaux, 72min52. Autant dire que les morceaux de The Payback, à l'image du morceau titre, sont tous longs. Longs et suffocants de ce rythme primordial. Le plus court, Forever Suffering fait 5 Min 39 et c'est le seul morceau de la galette à faire moins de 7 minutes. C'est aussi un des deux morceaux soul de l'album (l'autre étant Doing The Best I Can). Les autres morceaux, longs, trippants et répétitifs ont besoin d'être longs pour nous emmener là où James et ses musiciens veulent nous guider, dans le territoire du pur funk, loin des excentricités psychédéliques. Là où seul le rythme, le message et l'âme comptent. Même lorsque la machine infernale se calme l'espace d'un instant, c'est pour donner des merveilles comme Doing The Best I Can où la beauté de la voix de James (peut-être sa meilleure performance vocale de l'album) alliée aux chœurs féminins et au velours des instruments donnent assurément un des meilleurs morceaux de l'album. Même en plein cœur de ce manifeste funk de référence, James -le chouchou de ces dames- n'oublie pas de montrer sa douceur. Et cette douceur fait ici des merveilles, coincée entre The Payback et le tout aussi infernal Take Some... Leave Some. Forever Suffering, même si je la trouve légèrement inférieure montre elle aussi la facette implorante de James sur une guitare toute en retenue et en délicatesse et un rythme qui n'a rien de funk... Les chœurs féminins répétant « Suffering » à l'infini ne font qu'ajouter à la dimension tragique du morceau, qui ressemblerait presque plus à un étrange blues (la guitare est à l'honneur) qu'au funk qu'on connait de Mr. Dynamite.

 

Mais le reste du temps les morceaux sont implacables de moiteur (comme celle du sud des Etats-Unis que m'évoque la pochette) et de puissance. Et encore, on sent que cette puissance est en partie retenue, contrairement aux lives du maitre qui sont de pures bombes. Ces longues jams cycliques, répétitives et monotones sont toutes des pépites alliant les cuivres du jazz (fidèles Fred Wesley et Maceo Parker, qui jouât aussi avec Miles Davis), la puissance d'une rythmique parfaitement calée et un son indéniablement prenant. Comme une longue transe assez peu psychédélique finalement, mais tout aussi prenante et dont le point d'orgue est le terrifiant et fabuleux trio final Time Is Running Out Fast ; Stone To The Bone et Mind Power. A eux 3, ces trois morceaux font plus de 35 minutes et suffiraient à faire un album. A eux trois, ces trois morceaux sont tellement prenants, tellement funky qu'ils suffiraient à faire la légende d'un homme. Mais pas celle de James Brown, qui en a vu et fait bien d'autres...

 

Et pourtant The Payback, même s'il ne contient pas les titres les plus fameux du Godfather Of Funk (à part le morceau titre) est un des sommets de sa carrière. Peut-être même le sommet de sa carrière. Non pas qu'il contienne les meilleures chansons de Mr. Dynamite (qui sont un peu dispersées sur plusieurs époques), mais en tant qu'album pensé en tant que tel, il est bluffant. Bluffant par son ambiance noire (dans tous les sens du terme) et sa maitrise. Bluffant car rares sont les doubles albums à être aussi passionnant en aussi peu de morceaux. Du début à la fin, pas de fausse note. La seule (très) légère baisse de régime à mes yeux est Shoot Your Shot qui voit défiler des soli d'orgue et de cuivres de manière légèrement désordonnée. Mais ce n'est pas suffisant pour entacher la brillance de ce joyau noir qu'est The Payback. Un titre qu'on pourrait traduire par « le remboursement ». Une chose est sure. Avec cet album, James nous en a donné pour notre argent et a définitivement ancré sa place au sein du funk du début des années 70.

 

18/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même. 
 

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25 septembre 2011 7 25 /09 /septembre /2011 22:06

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/0/0e/Riceboy.jpg

 

Tracks : Happiness ; Atlas Song ; Indian Summer ; Stokkseyri ; Boy 1904 ; All The Big Trees ; Daníell in the Sea ; Howl ; Sleeping Giant

 

« Le groupe est parti pécher ». De quoi en effet justifier un hiatus entamé depuis l'hiver 2008 par Sigur Rós après la tournée de Með suð í eyrum við spilum endalaust. Une pause pèche donc... Mais pas pour tout le monde. Car si les 3 autres membres du groupe ont vaqué à des occupations plus ou moins discrètes (comme produire Innundir Skinni d'Ólöf Arnalds pour Kjartan Sveinsson), Jónsi n'est quant à lui pas parti pécher. Le chanteur et leader de Sigur Rós a en effet profité de cette pause dans l'histoire du groupe pour se consacrer à de vieux projets. Un album solo notamment, sorti en 2010 sous le nom de Go. Mais auparavant, il s'est attaqué à un autre projet encore plus ancien : un disque avec son compagnon Alex Somers. Outre le fait de partager la vie de Jónsi, Alex est bien connu des fans de Sigur Rós. En plus d'avoir été membre du groupe expérimental Parachutes (qui jouait sur des instruments de cuisine), il a signé certains des visuels du groupe, notamment la pochette de leur quatrième album Takk... Leur collaboration commençât en 2003 et certaines de leurs œuvres graphiques furent publiés en 2006 dans le livre Riceboy Sleeps Book. C'est en 2007 que le couple se lance finalement dans un projet alliant musique et graphisme. En résultent les titres Happinness (présent sur la compilation Dark Was The Night, au profit d'AIDS), All The Big Trees et Daníell in the Sea. La pause entamée par Sigur Rós à l'hiver 2008 permet donc au couple de pousser encore plus loin son projet et de composer un album entier. Celui-ci paraît donc le 20 juillet 2009 sous le nom de Riceboy Sleeps, nom du duo à l'origine et de leur livre. De quoi poursuivre les expériences proposées par Sigur Rós et Parachutes avec brio?

 

Pour cet album, le duo a décidé de revenir à des choses plus acoustiques, moins produites que peuvent l'être les albums de Sigur Rós. L'album sonne comme s'il avait été enregistré à la maison, dans cette douceur intime propre au foyer... Et il n'y a pas de débauche d'instruments ici ou de travaux de production comme sur Sigur Rós - Ágætis byrjun (1999) . Non ici, la musique est simple, délicate, douce et acoustique. Elle est composée de claviers (beaucoup de piano), de cordes et de bruitages (bruits de vaisselle pour All The Big Trees, craquements de bois pour Giant In The Sea). Pour les épauler dans leurs travaux, Jónsi & Alex ont fait appel au quatuor de cordes Amiina, soutien habituel de Sigur Rós en studio comme sur scène. Les quatre femmes sont ici à l'honneur et aident le duo à façonner ses tranquilles tissus sonores délicats avec une finesse qui rappelle Sigur Rós ou leurs propres albums (Kurr et Puzzle).

 

Pourtant il y a quelque chose de beaucoup plus sombre ici que dans Sigur Rós ou dans les œuvres d'Amiina. Plus austère et minimal même. Les morceaux sont longs, très longs même. Même par rapport aux standards de Sigur Rós. Il n'y a que le troisième album ( Sigur Rós - () (2002) ) qui comportent des morceaux aussi longs et aussi austères que ce Riceboy Sleeps. Mais il y a aussi un élément présent dans () qui est absent ici et qui rend l'album encore plus froid et minimaliste : la voix de Jónsi. Ce dernier ne chante pas vraiment ici. En tout cas, lorsqu'on entend sa voix, elle est reléguée au fond du mixage, à quelques murmures ou bruits de gorges. Rien de comparable à sa magnifique voix de falsetto qu'on connait si bien... Alex ne chante pas plus. Et même si cela a le mérite de nous emmener vers d'autres univers, je déplore vraiment l'absence quasi totale de sa voix. Seule Indian Summer la laisse un peu entendre et c'est d'ailleurs un des morceaux qui surnagent de ce calme océan gris qu'est le projet.

 

Car la pochette finalement donne le ton de ce qu'est Riceboy Sleeps. Un enfant jouant seul sur une plage... Une image grisâtre. Minimale et grise, comme abandonnant l'auditeur sur une placide mer de son. Riceboy Sleeps pourrait se résumer comme ça. Car les morceaux sont longs (trop en fait) et évoluent assez peu. Il y a parfois assez peu de variations au sein des morceaux. A l'image de ce Happinness qui ouvre l'album et qui offre finalement bien peu de joie à l'auditeur... Plutôt une mer de sentiments contemplatifs et calmes. D'ailleurs ce morceau lance bien mal l'album. Il est long et plutôt plat, même s'il se révèle joli. C'est d'ailleurs un reproche qu'on peut adresser à toute la galette. Elle est certes « belle », mais se révèle plutôt longue et plate, voire chiante pour les détracteurs de ce genre d'exercice. Et contrairement au troisième album de Sigur Rós qui est aussi austère de prime abord, Riceboy Sleeps ne se révèle pas vraiment au fil des écoutes, même s'il fait voyager...

 

 

Certains de ces morceaux sont néanmoins de magnifiques petits scènettes, à la fois intimes et envoutantes. C'est le cas de la très mystique -et quasi religieuse- Boy 1904 à l'ambiance éthérée et confinant au chant sacré. Ses chœurs (ceux de Kópavogsdætur) sont superbes et l'écho nous transpose très vite su sein d'une cathédrale sereine... Même les sons rappelant les craquements des vinyles participent à donner une touche rétrospective et intemporelle à cette magnifique chanson. Une expérience mystique, lente et parcimonieuse qui est un des points culminants de l'album. Tout comme la belle Daníell in the Sea qui avec ses nappes de cordes et ses voix aiguës et lointaines semble évoquer l'immensité de la mer... Une ambiance marine qu'on retrouve aussi dans Giant In The Sea et ses craquements de bois qui évoquent un bateau en train de naviguer. On s'imagine aisément dans la cabine d'un bateau de pêche, enfoncé dans un hamac écoutant tranquillement les bruits du navire sur la mer calme, simplement bercé par l'orgue... Seuls quelques bruits semblent provenir de l'extérieur de la cabine, simples échos lointain d'un autre monde...

 

Néanmoins ces moments de grâce, même s'ils existent tout au long de l'album sont trop rares et s'étirent trop en longueur pour donner un résultat global réellement à la hauteur de mes espérances. L'album est beau et contemplatif, certes propice à une certaine rêverie. Sa mélancolie est parfois poignante et des pépites comme Boy 1904 ou Indian Summer sont indéniablement belles... Mais voilà, les morceaux sont trop longs, proposent des variations parfois infimes en leur sein et se dispersent trop (de l'ambiant basé sur les bruitages comme Giant In The Sea à la musique sacrée de Boy 1904) tout au long de l'album pour convaincre. Là où Sigur Rós réussit le pari de nous faire rêver tout au long de leurs albums, Jónsi & Alex échouent en partie. Même s'il n'y a pas de quoi hurler au scandale, Riceboy Sleeps est donc inférieur à tous les albums de Sigur Rós (le cas de Von mis à part) et même au très frais et enjoué Go que Jónsi a sorti en solo un an plus tard. A ne réserver donc qu'aux fans extrêmes d'ambient ou à ceux qui ont épuisés tous les albums du quatuor islandais en attendant leur prochaine livraison qui viendra peut-être en 2012...

 

12/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.  

 

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23 septembre 2011 5 23 /09 /septembre /2011 23:05

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/3/30/Tribute_To_Jack_Johnson.jpg

 

Tracks : Right Off ; Yesternow

 

“I'm Jack Johnson. Heavyweight champion of the world ! I'm black ! They never let me forget it. I'm black all right; I'll never let them forget it.” En 1971, le Mouvement des droits civiques est terminé. L'égalité des droits entre noirs et blancs existe juridiquement. Martin Luther King et Malcolm X l'ont payés de leur vie. Mais tout reste encore à faire culturellement. Miles Davis, comme tous ses compatriotes noirs à souffert pendant des années de la ségrégation raciale. Tout comme Jack Johnson. L'histoire est symbolique de celle de tout un peuple. Jack Johnson était boxeur. Probablement le premier grand boxeur noir américain, une sorte de Mohamed Ali avant l'heure. Il fut en 1908 le premier noir américain à devenir champion du monde poids lourd de boxe, après un combat en 14 rounds contre le canadien Tommy Burns. Une victoire impensable à l'époque dans ce sport réservé aux blancs, qui avaient même le droit de refuser de se battre contre des noirs dans la catégorie poids lourd. Une victoire qui fit sortir l'ancien champion invaincu blanc James J. Jeffries de sa retraite pour reconquérir le titre. « Jeffries gagnera sûrement car l'homme blanc a 30 siècles de traditions derrière lui - tous les efforts suprêmes, les inventions et les conquêtes, et, qu'il le sache ou pas, Bunker Hill et Thermopylae et Hastings et Agincourt. » écrivit un journaliste de l'époque. Et pourtant... Jack Johnson gagnât le combat, le 4 juillet 1910. Une victoire symbolique, le jour de la fête nationale américaine. Une victoire qui coutât cher à la communauté noire, qui subit des actes de représailles de la part de blancs ulcérés d'avoir vu leur champion perdre. Une victoire qui finit par couter cher à Johnson, qui après avoir épousé une femme blanche finit par purger un an de prison. Une histoire de lutte et de racisme qui ne pouvait laisser indifférent Miles Davis. Lui qui se passionne pour la boxe sait aussi ce que c'est de lutter contre le racisme. On ne l'a jamais laissé oublier qu'il était noir. Et il n'a jamais laissé quiconque l'oublier. C'est donc après son coup d'éclat avec Miles Davis - Bitches Brew (1970) , qu'il s'attaque à la musique d'un documentaire sur Jack Johnson. Une bonne occasion pour lui de poursuivre sa conquête du public blanc en mélangeant le jazz, le rock et le funk. De quoi définitivement imposer son nouveau style électrique?

 

Pourtant, malgré l'évidence du thème « noir » de l'album, c'est avec un riff purement rock, voire presque hard rock (tel que le pratiquent Led Zeppelin ou Deep Purple à l'époque) que s'ouvre Right Off, qui occupe toute la face A d'A Tribute To Jack Johnson. C'est donc à John McLaughlin, guitar-hero blanc du jazz rock qu'il revient d'ouvrir le match et de lancer les hostilités. Durant 2min21, on n'entend d'ailleurs que son improvisation métallique et une batterie sèche volontairement plus rock que funk ou jazz. Nous sommes bien loin des nappes de claviers vaudou de Bitches Brew et de ce son enchevêtré et planant. Ici, l'introduction est purement rock. Il faut attendre 2min20 pour entendre la trompette de Miles faire irruption dans le champ sonore et lutter à quasi armes égales avec la guitare de McLaughlin. Un duel/duo époustouflant de maitrise et de beauté tant le jeu de questions/réponses entre les musiciens est parfait. Difficile de déterminer un gagnant dans ce match de boxe arbitré par la paire Billy Cobham/Michael Henderson derrière les futs et la basse. Un match qui semble l'espace d'un instant tourner en faveur de la guitare aux alentours de 6 min 50 et qui se calme. Le match devient danse entre la guitare apaisée qui intervient de manière sporadique et la trompette de Miles qui se fait un peu plus douce. L'espace d'un instant comme une pause entre deux reprises... Car les hostilités reprennent de plus belle, passionnantes. Il faut attendre la fin de la dixième minute pour que ce match cesse enfin sans réel vainqueur (si ce n'est l'auditeur) et qu'il laisse la place à une calme et magnifique trompette. Seule, avec pour seule réponse son propre écho.... De quoi nous mener vers 12 minutes à la deuxième partie du morceau dans laquelle s'invite le saxo de Steve Grossman qui domine largement la guitare qui n'intervient que de manière occasionnelle. Il faut attendre l'intervention d'Herbie Hancock à l'orgue (vers 16 minutes) pour refaire partir le morceau dans une communion sonore de tous les instruments. Le clavier, si discret jusque là (contrairement à Bitches Brew ou Miles Davis - In A Silent Way (1969) ) sert donc de transition ici, comme c'est le cas aussi sur le live ( Miles Davis - Agharta (1976) ). Le morceau semble ensuite repartir de manière cyclique, avec le riff de guitare (19 minutes) et une alliance d'instruments dans laquelle le clavier se taille enfin une place centrale. Ce match effronté entre les instruments est une élégante façon de conclure ce morceau phénoménal, plus rock que réellement jazz... Le premier uppercut de l'album et que de prouesses durant cette première reprise!

 

Mais le match ne s'arrête pas là et reprend après une courte pause avec Yesternow. Un changement de face... Pourtant les choses reprennent en douceur ici avec la basse qui se fait douce et calme et permet au clavier d'Hancock d'instaurer une ambiance spatiale, un peu onirique. De quoi laisser le champ libre pour la trompette de Miles qui se pose pas à pas sur ce ring tissé par la basse et le clavier. La trompette joue lentement, plaintivement, de ce jeu caractéristique de Miles qui met l'accent sur l'émotion dégagée par chaque note. Que ce soit sur So What en 1959 ou sur Yesternow l'effet est toujours aussi réussi, même si le morceau est ici nettement plus inquiétant. Vers 9 minutes, c'est la guitare qui prend le relais de la trompette paradant elle aussi sur cette basse ronde et féline qui continue de courir imperturbablement. Mais la guitare, bien plus faible que sur Right Off cède vite sa place au clavier et au saxo, pendant que la batterie dynamise peu à peu le morceau (11min30 environ) et mène à une section entière de Shhh/Peaceful (morceau de la face A d'In A Silent Way) qui est reprise ici (en auto référence) avant de laisser la place à Willie Nelson, la seconde partie du morceau (13min55).

 

Cela aurait presque pu être deux morceaux différents d'ailleurs, tant cette section varie de la précédente et part sur une basse nettement plus funk. Certains y voient d'ailleurs un hommage à James Brown et à la basse qu'on trouve sur Say It Loud, I'm Black and I'm proud. C'est sur cette rythmique funk que la guitare et la trompette reviennent s'affronter, dans un style plus funk pour la première tandis que le clavier (tenu par Chick Corea seulement pour Willie Nelson) donne une aura très psychédélique à l'ensemble (19 minutes) et que la deuxième guitare (Sonny Sharrock) vient épauler McLaughlin dans ce duel. Cette section (Willie Nelson, qui s'étend de 13min55 à 25min36) est meilleure à mon goût que la première de Yesternow, car elle est très planante et psychédélique et la section rythmique que Miles emmènera d'ailleurs à l'ile de Wight (Dave Holland à la basse/Jack DeJohnette à la batterie) y fait des merveilles. De qui laisser le mot de la fin à la trompette de Miles (vainqueur du combat?) et à l'acteur Brock Peters prononçant “I'm Jack Johnson. Heavyweight champion of the world ! I'm black ! They never let me forget it. I'm black all right; I'll never let them forget it.”.

 

Noir, A Tribute To Jack Johnson l'est indéniablement. Le jazz et le funk sont des musiques noires, des musiques de révolte qui ont accompagnés les différentes luttes des noirs américains. Noir, le rock l'est aussi dans sa forme initiale. Miles Davis ne cachait pas le fait que pour lui Elvis avait tout volé à des artistes comme Ray Charles, Little Richard et Chuck Berry. Ce qui n'est pas complètement faux. Ici Miles touche à tout, mélange tout, dans cette alchimie improbable qu'il construit depuis quelques années déjà pour accoucher d'un nouveau chef d'œuvre, tenant sur un seul vinyle cette fois. Le disque est cependant le plus « rock » de la période électrique de Miles (1969-1975), notamment grâce au fabuleux Right Off de la face A. C'est aussi son plus accessible, loin de l'austérité chamanique de Bitches Brew, du funk urbain d'On The Corner ou des doubles albums (Get Up With It et Big Fun). Même si la première partie de Yesternow n'est peut-être pas aussi brillante que le reste, c'est probablement la porte d'entrée rêvée pour un amateur de rock qui souhaite découvrir les albums de Miles Davis de cette époque. Et si vous aimez déjà ces albums, A Tribute To Jack Johnson vous conviera à un match que vous devriez apprécier...

 

17/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.  

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13 septembre 2011 2 13 /09 /septembre /2011 23:44

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Tracks : Come Closer ; Rearrange ; My Fantasy ; Counting Down The Days ; Happenstance ; Quicksand ; Inhaler ; Kingcrawler ; Take The Night From Me ; Telepathy ; Better Left Invisible ; Colour Of The Trap

 

Pour beaucoup, Miles Kane est un immense chanceux. Le genre de gars qui a surtout eu la chance de bien connaitre Alex Turner et d'enregistrer avec lui The Last Shadow Puppets - The Age Of The Understatement (2008) . L'album pop de l'année 2008, assurément. Mais Miles Kane vient de Liverpool. Il arbore une coupe à la Beatles et ses influences sixties sont flagrantes. Il a beaucoup écouté les Beatles, Oasis, T-Rex et les grands noms de la musique anglaise. Et alors même que son pote Turner s'en est retourné aux Arctic Monkeys (Suck It And See), Miles Kane décide finalement de se lancer pour la première fois en solo. Sans son groupe (The Rascals qu'il a dissous pour se lancer en solo) et sans Arctic Monkeys en vue. Cependant, le garçon ne se lance pas totalement seul dans l'aventure. Il fait appel aux producteurs Dan Carey (Franz Ferdinand), Gruff Rhys (Super Furry Animals) et Dan The Automator (Gorillaz ; Kasabian) pour l'épauler. Même Noël Gallagher vient poser sa voix en studio sur My Fantasy. L'influence lennonienne du morceau a probablement su séduire l'ainé Gallagher. Mais Miles Kane fait aussi appel à Alex Turner, pour l'épauler dans l'écriture de quelques chansons et l'aider à faire le tri dans ses compositions. Mais pas question pour lui de laisser l'ami de Sheffield en faire trop. Cet album est le sien et sort finalement le 9 mai 2011 sous le nom de Colour Of The Trap. De quoi définitivement se faire un nom pour Miles Kane?

 

D'emblée Miles sort les muscles et nous propose une bombe rock, surpuissante. Peut-être même le single de l'année : Come Closer. C'est d'ailleurs cette chanson qui m'a amenée à l'écoute de l'album. Le riff est musclé et la rythmique (notamment la basse tenue Gruff Rhys) est de plomb. Cohérente et puissante. A la fois classe et nerveux. Difficile de ne pas se laisser prendre par ce morceau très rock, mais doté d'un refrain très pop inoubliable. Première perle rock de Colour Of The Trap.

 

Et les choses ne s'arrêtent pas en si bon chemin avec Rearrange. Car si Come Closer est la première perle rock de Coulour Of The Trap, Rearrange est la première perle pop. Même si les deux morceaux différent énormément l'un de l'autre, difficile de dire lequel est meilleur que l'autre. Pourtant Rearrange partait mal. Le riff, la mélodie et les paroles viennent de 3 démos différentes. Oui mais avec l'aide d'Alex, Miles en a fait une bombe pop parfaite. Le riff et le son de guitare sont innovants et superbes et le refrain colle parfaitement à cette bombe pop. Mémorable, surprenant avec une identité sonore très forte. Première perle pop de Colour Of The Trap.

 

My Fantasy, malgré la présence de Noël Gallagher aux chœurs est par contre moins enthousiasmante pour moi. Cette balade n'est pas déplaisante, avec ses violons et un son de guitare très joli et propre, mais me laisse un peu plus de marbre. Néanmoins son rythme et son ambiance montre bien l'influence de Lennon sur Miles et c'est quand même plaisant...

 

Counting Down The Days me plait nettement plus grâce à une partie de batterie efficace, originale et entrainante et un son de guitare à la fois inspiré des sixties et moderne. Ce n'est pas le meilleur morceau de l'album, mais c'est suffisamment original pour tenir 3min21.

 

J'aime par contre assez peu Happenstance, duo avec l'actrice française Clémence Poésy. Le seul moment du morceau qui me séduit vraiment est le très bon solo de guitare. Un peu léger donc pour ce morceau qui est probablement celui que j'aime le moins de Colour of The Trap...

 

Mais l'album reprend avec un petit coup de fouet avec le très frais Quicksand qui n'a rien à voir avec le morceau du même nom de Bowie et qui est doté de chœurs très entrainants (même si stupides, mais Hey Jude est bâti là dessus après tout, non?) et d'un rythme festif et sympathique.

 

C'est surtout Inhaler qui achève de relancer l'album. C'est avec Come Closer, LE morceau rock de l'album, la deuxième pépite purement rock de Colour Of The Trap. Ici c'est le rythme et l'énergie dégagée par le chant de Miles qui font la différence, appuyant à fond un riff rock excellent (et le morceau est doté d'un magnifique solo de guitare, au son original). Une chanson pleine d'énergie et un single évident qui redonne du souffle à l'album. Pas étonnant, puisque Miles y parle de son inhalateur!

 

Et Kingcrawler poursuit sur ce souffle apporté par Inhaler. Le morceau se fait un peu plus psychédélique grâce à un jeu de batterie très vif et des sonorités très étranges sur la guitare et la voix éthérée de Miles qui s'éraille dans les refrains. Ce dernier sait décidément tout faire au niveau vocal et la diversité des chants qu'il adopte sur Colour Of The Trap est surprenante... Tout comme ce Kingcrawler un peu psychédélique et étonnant.

 

Take The Night From Me est par contre un des morceaux que j'aime le moins du disque. Les sonorités de la guitare sont amusantes, mais l'ambiance simple et douce de cette balade ne me touche pas vraiment. Pas comme peuvent me toucher d'autres morceaux de l'album en tout cas.

 

S'il y a un morceau qui à mon sens rappelle The Last Shadow Puppets, c'est bien Telepathy. Est-ce le son des guitares ou l'ambiance générale? Pas de cordes ici, mais pourtant on sent que l'inspiration est similaire... Un bon morceau donc, même si ce n'est pas une pépite absolue par rapport à d'autres titres de The Age of Understatement ou Colour Of The Trap.

 

Better Left Invisible redonne par contre un coup de boost final à l'album, en lui apportant sa dernière décharge électrique. Ici c'est la guitare distordue qui tient le premier rôle, soutenue par la voix hargneuse de Miles et un rythme infernal (on ne dira pas assez l'efficacité de la section rythmique sur le disque). Le morceau est un des meilleurs de l'album à mon goût, et c'est probablement aussi un de ceux qui traduit le plus l'influence de John Lennon ici. Difficile en effet de ne pas penser à Cold Turkey à l'écoute de Better Left Invisible!

 

Et c'est au morceau éponyme qu'il revient de conclure Colour Of The Trap. Là encore, l'influence de John Lennon est audible dans cette balade qui est à mon goût (et de très loin) la plus belle de l'album. De la partie de batterie délicate aux cordes et la voix douce de Miles, tout ici me séduit et ne me fait regretter qu'une chose : que l'album soit déjà fini. Ultime perle mélancolique...

 

Liverpool a encore frappé. Le look à la Beatles et cet air arrogant qu'arbore Miles sur la pochette de Colour Of The Trap en disent suffisamment long. La pop anglaise d'aujourd'hui doit désormais compter sur lui, avec ou sans Alex Turner. Certes Colour Of The Trap n'est pas encore un chef d'œuvre absolu, car certains titres sont un peu anodins (My Fantasy ; Happenstance ; Take The Night From Me voire Telephaty). Mais l'auteur de titres comme Come Closer ; Rearrange ; Inhaler ; Better Left Invisible ou Colour Of The Trap ne peut décemment pas à être relégué à un second role. Miles Kanes doit le savoir. Avec Colour Of The Trap, il impose son style (un pied dans la musique des sixties, un pied dans notre époque) et se fait maintenant un nom. Et tout ce qu'on lui souhaite (et un peu pour nous aussi), c'est qu'il le fasse définitivement entrer au panthéon du rock n' roll. Ce qui au vu d'un premier album comme Colour Of The Trap est largement envisageable à court ou moyen terme.

 

15,5/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.  

 

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12 septembre 2011 1 12 /09 /septembre /2011 00:40

http://veevcom.files.wordpress.com/2010/11/pochette-goodtimes-bdweb.jpg?w=300&h=302

 

Tracks : Soul ; Every Minute ; There's Nothing We Can Do ; I'll Leave Before You ; Catch My Soul ; You Repress ; You're Free ; Everyday ; Good Time ; You & Me ; 18 Years Ago ; Morning Sunshine ; No Ghetto ; Angel ; My Sugar ; Substance Etrange ; Friends

 

Traditionnellement, la soul et le funk sont le reflet d'une culture et d'une époque bien précise : la culture noire américaine des années 60 et 70. La lutte pour les droits civiques, la guerre du Vietnam … Aretha Franklin, James Brown, Sly Stone, Marvin Gaye... Autant de noms qui invariablement renvoient à ce contexte et qui ont marqués définitivement l'histoire de la musique. Mais s'il y a une chose qu'Amy Winehouse nous a désormais légué, c'est que la soul et le jazz sont des genres intemporels. Qui peuvent être chantés par une jeune blanche anglaise dans les années 2000, tout en gardant une âme et une classe unique. Le tout en étant un immense succès commercial et critique. Mais ce mouvement n'est pas uniquement réservé aux anglaises comme Amy Winehouse ou Duffy. Il existe aussi en France. On retrouve par exemple cet univers soul chez HF, jeune femme blanche aux cheveux blonds qui depuis 2007 a déjà sorti 3 albums. Le 14 mars dernier sortait d'ailleurs son 3ème album, intitulé sobrement Good Times. De quoi justement passer du bon temps?

 

De soul, de funk et de jazz, Good Times est indéniablement gorgé. C'est même étonnant à quel point toute la black music est ici concentrée en un melting pot impressionnant, menée par un chant en anglais (avec l'inimitable accent français). Paroles très nostalgiques d'ailleurs... Par moments c'est le jazz qui domine (There's Nothing We Can Do), parfois la soul (You & Me), parfois le funk (Good Time), et parfois même des beats hip-hop viennent s'inviter dans la danse (Friends). Mais le tout reste toujours très bien maitrisé, grâce à la voix assez suave de HF et au talent du groupe (Nicolas Marsol à la basse, Jerry Léonide aux claviers, Zak Koriche à la batterie, Thomas Crichton à la guitare, Solale, Falone Tayoung et Leslie Philips aux chœurs). Le talent du groupe et sa cohésion sont d'ailleurs un atout indéniable. Le son est excellent, chaque instrument bien en place et la cohérence de l'ensemble frappe d'emblée. Si HF est le seul nom de la leader, il est évident qu'elle s'est appuyée ici sur un groupe soudé pour enregistrer Good Times. La production met bien en valeur ce son et cette ambiance, ce qui est particulièrement plaisant.

 

C'est d'ailleurs cette uniformité de production qui aide à se retrouver dans ce Good Times un peu déboussolant de prime abord. Car la diversité des genres abordés est assez impressionnante. L'album est capable de passer de la tristesse de You're Free au funk le plus jovial avec le morceau Good Time. Ceci dit, You're Free, seul morceau du LP faisant intervenir des cordes est celui que j'aime le moins de l'album avec Substance Étrange, duo en français qui ne ne me plait pas. L'ambiance à la Biolay ne trouve pas sa place ici à mes oreilles. A l'exception de You're Free, la première moitié de l'album est d'ailleurs bien efficace. C'est ici que se trouve mes morceaux préférés en tout cas. J'aime particulièrement la trompette et le piano sur There's Nothing You Can Do qui apporte une dimension très jazz à ce titre très joli. J'aime aussi particulièrement le solo d'orgue couplé au groove de la basse sur You Repress qui ensemble donnent un son particulièrement classe au morceau. Il est évident aussi que les titres le plus explosifs de l'album se trouvent en première partie : Good Time (écoutable comme single sur Youtube d'ailleurs), et le très groovant Catch My Soul, qui est probablement le titre le plus facile à retenir de l'album (joli solo d'orgue au passage aussi). Loving Every Minute est aussi excellent et aurait probablement mérité d'être placé en introduction à la place de Soul, que je trouve légèrement moins bon (même s'il est bon). Cependant, même pour un non-amateur de soul/funk comme moi, il faut bien avouer que cette première partie est vraiment très plaisante.

 

Cependant, la deuxième partie me plait moins. Après Good Time, les titres me laissent plus indifférents à part deux d'entre eux : My Sugar, qui me rappelle Prince et qui possède un bon duo voix masculine/voix féminine et le dernier titre de l'album Friends. Ce dernier est même un de mes préférés du disque avec son rythme hip-hop qui vient se greffer à une trompette jazz et un son qui semble tout droit sorti d'un vinyle. J'aurai même probablement aimé plus de titres dans cette veine personnellement tant j'aime cette alliance qui semble pourtant un peu étrange de prime abord. Pour le reste je ne sais pas... Est-ce parce que l'album fait 1h04 pour 17 titres(ce qui est assez long tout de même, surtout lorsqu'on est habitué aux 40-50 minutes d'un vinyle)? Si on ajoutait My Sugar et Friends après Good Times, on obtient environ 40 minutes de musique, ce qui probablement me conviendrait mieux. Pourtant il y a assez peu de titres que je n'aime pas dans cette seconde partie. Tout au plus 18 Years Ago, autre morceau aux arrangement de cordes qui me laisse un peu de marbre et Substance Etrange, essai probablement intéressant mais que finalement je n'aime pas trop. Mais You & Me ou Morning Sunshine sont des morceaux tout à fait recommandables par ailleurs...

 

Tout comme ce Good Times, album qui mérite d'être découvert si vous aimez ne serait-ce qu'un peu la soul, le jazz et/ou le funk. Car même un non-fan comme moi s'est laissé séduire par ces mélodies entrainantes, ce son excellent et cette voix suave. Finalement mon plus grand reproche porte sur la longueur et l'hétérogénéité stylistique de l'album. Mais c'est aussi ce qui doit faire son charme si vous rentrez dans cet univers unique, loin des clichés, tout en les rappelant furieusement...

 

13,5/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.  

 

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6 septembre 2011 2 06 /09 /septembre /2011 00:15

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Tracks : Had To Cry Today ; Can't Find My Way Home ; Well All Right ; Presence Of The Lord ; Sea Of Joy ; Do What You Like

 

Nouveau départ... Lorsque Cream se saborde en 1968, beaucoup regrettent la fin du premier super-groupe de l'histoire. Les querelles d'égo entre Ginger Baker et Jack Bruce ont eu raison du groupe. Clapton, qui vient de découvrir la musique de The Band avec Music From Big Pink souhaite prendre un nouveau départ. Le psychédélisme ne l'intéresse déjà plus. Lorsque Traffic (qui est né sur les cendres du Spencer Davis Group), groupe mené par Steve Winwood se sépare, le public rock est là aussi pris de court. Tout comme Cream, le groupe était en pleine gloire et Winwood pouvait même se permettre de jammer avec Jimi Hendrix (Voodoo Chile). Mais derrière ces deux séparations se cache en fait un projet entre Clapton et Winwood. En jammant autour de nouvelles idées musicales, le duo décide peu à peu de former un nouveau groupe. Winwood décide de faire appel à Ginger Baker derrière les futs. Pour éviter de reformer Cream sans Bruce, ils invitent aussi le bassiste Ric Grech (de Family) et le producteur Jimmy Miller (producteur de Traffic, du Spencer Davis Group et des Stones) pour enregistrer un album. Blind Faith de Blind Faith, qui sortira en aout 1969, après un live célèbre à Hyde Park le 7 Juillet. Un nouveau super-groupe pour Eric Clapton et Ginger Baker donc, qui ont fait leurs adieux à Cream avec le décevant Cream - Goodbye (1969) . Un nouveau super groupe, qui avant même la parution de leur premier album suscitât des attentes inouïes de la part du public rock. Une alliance de musiciens hors du commun, réunis sous la direction d'un producteur qu'on peut aisément qualifier comme un des meilleurs de l'époque... Mais leur nouveau départ est-il aussi enthousiasmant que ne l'étaient Cream et Traffic?

 

C'est une longue (8min48) composition de Winwood qui ouvre le bal : Had To Cry Today. Elle prouve d'entrée de jeu le génie de composition de l'organiste de Traffic qui tient ici le chant. Sa voix est superbe (Clapton ne chante pas sur ce disque, comme à son habitude à l'époque) et s'accompagne à merveille du riff de guitare. Le rythmique Grech/Baker est excellente (il faut dire que Baker est un des meilleurs batteurs de l'époque dans son style) et permet à Clapton d'improviser de superbes parties de guitares sur le riff principal. La finesse de la mélodie et la subtilité de la rythmique permet en effet à « God » de laisser libre cours à sa fluidité et sa sensibilité blues légendaire sur les deux solos du morceau... Un classique pour lui et un des plus beaux écrins jamais composés pour sa guitare!

 

Can't Find My Way Home tranche par contre par son ambiance nettement plus bucolique et sa guitare acoustique. Ici ce sont les subtils arrangement acoustiques qui sont à l'honneur et la voix superbe de Winwood. C'est d'ailleurs probablement le morceau qui se retient le mieux de Blind Faith, tant son refrain est beau et d'une pureté incroyable. Là encore, tout est en subtilité, mais la guitare acoustique et le rythme discret font de ce titre un nouveau classique de l'album et du rock en général. Un début d'album quasi parfait...

 

L'élan est néanmoins un peu coupé par Well All Right, une reprise de Buddy Holly. La reprise manque en effet clairement de pèche, malgré le piano de Winwood et n'a pas non plus la beauté bucolique de Can't Find My Way Home. Trop mou pour séduire par son énergie, mais un peu trop énergique pour séduire par sa subtilité. Ce n'est pas atroce mais il y avait probablement mieux à faire avec ce titre (la reprise de Bashung sur  Alain Bashung - Osez Joséphine (1991) est nettement supérieure) qui est clairement le seul raté de la face A.

 

Et c'est au seul titre composé par Clapton pour l'album qu'il revient de conclure la face A. Presence Of The Lord met pourtant en avant un piano dans son introduction et tout comme le reste de l'album dégage une sérénité bucolique loin des blues psychédéliques de Cream ou du blues comme le vénère Clapton. Mais c'est sans compter sans la virtuosité de la paire Baker/Clapton qui vers 2Min40 fait totalement exploser le morceau dans un long dialogue guitare/batterie qui mènera dorénavant tout le morceau. Un titre, qui sans être tout à fait à la hauteur des deux premiers de l'album est un joli moment de bravoure pour Clapton, qui démontre là encore que son feeling exceptionnel est un atout considérable lorsqu'il est bien entouré...

 

La face B reprend avec Sea Of Joy, morceau de Winwood qui poursuit dans cette lignée détendue et bucolique qui caractérise l'album. Après avoir mis à l'honneur la paire Baker/Clapton et le chant de Winwood durant toute la face A, c'est ici le bassiste Ric Grech qui est à l'honneur. Mais pas à la basse... C'est en effet un solo de violon (ce qui rappelle Music From Big Pink de The Band) qui permet au bassiste et violoniste de s'illustrer dans ce Sea Of Joy très joli et qui mêle avec habileté les talents de tous les musiciens. Ginger Baker y est d'ailleurs particulièrement en forme. Seul petit bémol, la voix de Winwood est un peu moins belle ici que sur les autres titres de l'album, souffrant d'une sorte d'écho étrange et flanchant un peu sur les aigus.

 

Et c'est le très long (15min20) Do What You Like qui conclut l'album. Si le morceau commence de manière traditionnelle, il n'est en fait prétexte qu'à enchainer les solos de chacun des musiciens présents. Car si le mantra « Do What You Like » est répété inlassablement, c'est tout d'abord un solo d'orgue, puis un solo de guitare, puis de basse, puis de batterie qui s'enchainent jusqu'à revenir sur la mélodie initiale. Autant dire que les 15 minutes sont en fait très longues... Surtout que si le solo d'orgue et de guitare sont relativement brefs (même si inutiles, surtout qu'il s'enchainent et font perdre de vue le morceau initial), le solo de basse puis de batterie sont interminables. Ici tout n'est prétexte qu'à flatter l'égo des 4 musiciens, qui cherchent à prouver qu'ils sont chacun excellents dans leur domaine. En réalité, leur cohésion sur le reste de l'album est bien plus éloquente... La conclusion psychédélique du morceau est de plus assez cacophonique. Bien peu rock n' roll tout ça, et bien peu plaisant. Pour un morceau qui représente un tiers de l'album, c'est dommage...

 

Blind Faith est donc un album particulièrement inégal. Si la face A est probablement une des plus belles faces de vinyles gravées par Clapton (à l'exception de l'anodin Well All Right), et si Sea Of Joy est lui aussi excellent, le disque est plombé à mon goût par son interminable morceau final. Et alors même qu'il représente un tiers du disque et que Well All Right est relativement dispensable, on se dit que Blind Faith est un album à oublier de la discographie de Clapton et Winwood... Oui mais voilà, le reste est sublime et baigne dans une ambiance sereine et bucolique impressionnante de maitrise et de réussite. Had To Cry Today ; Can't Find My Way Home et Presence Of The Lord sont 3 classique indémodables du rock... Peut-on réduire l'album uniquement à ces 3 morceaux+Sea Of Joy? Presque, à mon goût (surtout que la pochette est moche). Ce qui fait que ce Blind Faith n'est pas tout à fait à la hauteur de sa légende. Le groupe ne fera d'ailleurs que cet album, chaque membre repartant par la suite de son coté...

 

14/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.  

 

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31 août 2011 3 31 /08 /août /2011 17:40

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/4/40/Beatlesforsale.jpg

 

Tracks : No Reply ; I'm A Loser ; Baby's In Black ; Rock and Roll Music ; I'll Follow The Sun ; Mr. Moonlight ; Kansas City/Hey, Hey, Hey, Hey ; Eight Days A Week ; Words Of Love ; Honey Don't ; Every Little Thing ; I Don't Want To Spoil The Party ; What You're Doing ; Everybody's Trying To Be My Baby

 

Difficile de s'imaginer le monde de la musique en 1964. Difficile de s'imaginer l'attente que pouvait susciter le plus grand groupe de l'époque. Difficile d'imaginer la vie d'un Beatles. Pourtant un an auparavant, tout est encore -à peu près- normal. Elvis est enfin rentré dans le rang, Chuck Berry en tôle pour avoir fait traverser à une mineur la frontière entre deux États et Little Richard enregistre des gospels avec Quincy Jones. Mais la flamme du rock n roll, éteinte pour quelques temps en Amérique se rallume en Angleterre, avec un album et un groupe. Please, Please Me des Beatles. Néanmoins, c'est à la toute fin de 1963 qu'éclate réellement la Beetlemania, avec With The Beatles. 1964 est donc l'année de cette folie qui prend la Grande Bretagne, puis les États-Unis. Il faut dire que le groupe travaille d'arrache pied, sous la pression de la maison de disques. 2 disques par an, des dizaines de concerts, des émissions télévisées et même des films qui témoignent de l'ampleur du phénomène. 1964 est d'ailleurs le début de cette collaboration fructueuse (musicalement) entre les Beatles et le cinéma, avec le tournage du film A Hard Day's Night et la sortie de sa BO, que certains considèrent assez justement comme leur premier « grand » disque. Mais ce succès ne suffit pas encore à l'entourage du groupe, pourtant toujours mis à contribution. Il faut un deuxième album avant la fin de l'année. Pourtant, les quatre garçons n'ont pas un seul instant de répit entre les concerts, les tournages de film (Help! sortira l'année d'après) et les fans qui viennent les traquer en toutes circonstances, jusque chez eux. Aucun répit. Et c'est dans ce contexte qu'on force à faire entrer les « quatre garçons dans le vent » en studio pour qu'ils gravent leur 4ème album. Beaucoup de groupes auraient implosés sous la pression, mais pas les Beatles. Ces derniers tiennent le coup et publient donc le 4 décembre 1964, Beatles For Sale, à la superbe pochette devenue mythique par la suite. Mais le disque est-il aussi superbe que sa couverture?

 

Un tel contexte prend toute son importance lorsqu'on écoute le disque 40 ans plus tard. Un vieux dicton dit qu'on ne doit pas juger un livre à sa couverture. Et si la pochette de Beatles For Sale est en effet mythique et superbe (photo prise à Hyde Park pendant l'automne 64), le disque l'est nettement moins. Il est fort probable que s'il n'avait pas été fait par les Fab Four, on aurait oublié ce disque depuis longtemps. Car si le début des Beatles est certes plus faible que la seconde partie de leur carrière (je me contente aisément de la compilation rouge pour leur début de carrière personnellement), Beatles For Sale est un peu le plus faible album de leur première période. Et ce pour pleins de raisons, toutes excusées par ce contexte d'extrême fatigue liée à la Beatlemania.

Mais le plus évident des reproches est d'abord lié à la discographie même des Fab Four. L'album est coincé entre A Hard Day's Night et Help!, les deux bandes son de films, qui sont vraiment les deux meilleurs albums des Beatles pré-Revolver pour moi. A coté, Beatles For Sale fait un peu pale figure, notamment face à Help! qui contient d'ailleurs beaucoup de chansons mythique des Beatles (au moins Help! ; Ticket To Ride et Yesterday pour les plus célèbres, même si je n'ai jamais pu pifrer cette dernière), ce qui tranche nettement par rapport au très transparent Beatles For Sale. Ici aucune grande chanson n'est inscrite durablement au panthéon des quatre de Liverpool. Aucun grand single, aucun hymne à se mettre sous la dent. Comme s'ils avaient perdus leur légendaire savoir-faire en la matière, qui fit leur succès des débuts (Love Me Do ; Please Please Me ; I Wanna Hold Your Hand). Ici, la chanson la plus célèbre est le single Eight Days A Week. Pas de quoi faire chanter les foules et à part pour quelques fans poussés des Beatles, le morceau a été oublié. Seul son fade-in initial et final (une première dans le rock) attire encore l'oreille des connaisseurs de musique sur ce titre.

 

Autre reproche : les reprises, nombreuses et peu intéressantes. Alors qu'A Hard Day's Night était composé entièrement de chansons originales (dont 10 sur 13 étaient signées Lennon), Beatles For Sale revient aux habitudes prises sur les anciens albums des Beatles. Ce sont donc 6 reprises qui sont ajoutées aux 8 chansons originales pour obtenir les 34 minutes du LP. Malheureusement, ces nombreuses reprises, fer de lance du répertoire live du groupe à l'époque sont globalement assez faibles. Rien à voir avec des reprises comme la superbe et inattendue Mr. Postman sur With The Beatles ou la mythique Twist And Shout qui concluait Please, Please Me. Ici pas de reprises Motown au programme. Seulement des reprises relativement classiques de rock n' roll, allant de Little Richard (idole de Paul MacCartney) avec Hey, Hey, Hey, Hey à Carl Perkins (Honey Don't ; Everybody's Trying To Be My Baby) en passant par Piano Red (Mr. Moonlight), Buddy Holly (Words Of Love) et Chuck Berry (Rock And Roll Music).

 

La qualité de ses reprises est assez variable. Words Of Love à l'ambiance gentille un peu country est plutôt sympathique, ainsi qu'Honey Don't, chantée par Ringo Starr. Bien sur ce n'est pas Elvis (qui aurait surement été le top pour chanter ce morceau), mais c'est plaisant. Il s'en sort mieux cependant qu'Harrison sur l'autre reprise de Carl Perkins (Everybody's Trying To Be My Baby), qui est bien jouée instrumentalement, mais qui est assez anecdotique vocalement. Rock And Roll Music est inférieure à l'originale et je préfère même la reprise de Roll Over Beethoven sur With The Beatles, tant qu'à prendre une reprise de Chuck Berry par les Beatles. Elle reste écoutable tout de même. Plus embarrassantes sont pour moi Mr. Moonlight et le meddley Kansas City/Hey, Hey, Hey, Hey. La première a une ambiance vraiment étrange et porte le poids de quelques effets sonores qui laissent vraiment à désirer... On évoque parfois cette chanson comme une des plus mauvaises des Beatles. Yellow Submarine et Ob-La-Dia Ob-La-Da sont nettement pires, mais c'est en effet pas brillant. Quant au meddley, si l'idée est bonne il est au final assez plat, ce qui est assez embarrassant lorsqu'on reprend un dingue d'énergie comme Little Richard. Aucune de ses reprises n'est donc particulièrement indispensable et elles sont au mieux sympathiques.

 

Quant aux chansons originales, rien n'est bien transcendant non plus. I'll Follow The Sun est sympathique, calme et jolie, dans une ambiance un peu folk rock réussie (même si le groupe fera mieux dans ce style) mais les 3 autres morceaux originaux de la face A sont très médiocres. Every Little Thing, typique des débuts du groupe est une petite ballade assez plate, avec des lyrics amoureux déconcertants de niaiserie et de simplicité. Le style McCartney avant que celui-ci ne signe Yesterday, puis les chefs d'œuvres comme Eleanor Rigby ou Penny Lane... I Don't Spoil The Party est assez sombre et possède un joli solo de guitare. Peut-être le meilleur morceau original de la face B. Joli riff de What You're Doing. Mais globalement, rien n'est à la hauteur de ce qu'on peut attendre des Beatles, même avant 1965...

C'est d'ailleurs le reproche qu'on peut faire à Beatles For Sale et qui lui est couramment fait. George Martin lui-même dira de ce disque qu'il est faible, ce qui s'explique aisément par le contexte de son élaboration. Et c'est en effet une évidence : aucun titre ici n'est réellement à la hauteur du mythe. Les compositions originales sont assez peu passionnantes et les reprises sont au mieux honnêtes. Il est avec Let It Be (même si ce dernier est souvent plus apprécié) leur plus mauvais album à mon goût. Et en tout cas leur plus dispensable. Ce qui quand on parle des Fab Four est finalement assez étonnant. Pas de quoi vendre père et mère pour cet album des Beatles donc...

 

07/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
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27 août 2011 6 27 /08 /août /2011 21:43

Bonjours à tou(te)s!

 

Le blog a désormais deux ans et s'il a un peu évolué depuis le début, je prends toujours autant de plaisir à écrire ici. J'espère juste avoir troqué la quantité du début contre un peu plus de qualité... Merci en tout cas à tous ceux qui me lisent, régulièrement ou non. Un grand merci à ceux qui me laissent des commentaires ou m'envoient des messages pour débattre ou simplement me dire ce qu'ils ont pensés du blog et des disques, comme JiCé de Riff-n-kiff (link), Sabat (link), ou les gens de Rockfever (link) , ou pour me suggérer des groupes à écouter (Séverine, Eric si vous le lisez!).

 

Comme vous avez pu le constater, je suis parti en Islande quelques mois, ce qui fait que j'aborde pas mal d'artistes islandais ces dernier temps, même si je me doute bien qu'ils sont quasi-inconnus en France. J'essairai d'écrire plusieurs articles sur la musique islandaise dans les semaines à venir pour que les curieux puissent s'y retrouver un peu dans ce paysage musical aussi atypique que le paysage naturel du pays.

Merci encore à tous et à dans un an j'espère! Place au maitre:

 

 

 

Moi-même. 

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24 août 2011 3 24 /08 /août /2011 00:47

 

Tracks : Þú ert sólin ; Þú ert jörðin ; Tunglið ; Loftið verður skyndilega kalt ; Kjurrt ;Gleypa okkur ; Hægt, kemur ljósið ; Undan hulu ; Þau hafa sloppið undan þunga myrkursins

 

Le soleil à l'horizon décline, boule de feu qui rougeoie peu à peu. Les ténèbres tombent petit à petit, lourdes et froides. De cette fraicheur qui pousse les amoureux à se serrer l'un contre l'autre et les mélancoliques à se calfeutrer dans leurs habits. Le poids de la nuit, ses sous-entendus, sa mélancolie. Tout parait étrangement plus mélancolique et onirique la nuit. Comme si le poids des ténèbres pouvait changer notre vision du monde. « Et ils échappèrent au poids des ténèbres ». Un titre mystérieux qui orne l'image d'un cercle lumineux au milieu des ténèbres. Une éclipse? La trace d'un verre d'alcool sur une table? La barque solaire entourée par Apophis, le serpent géant qui essaye toutes les nuits de la dévorer? Un symbole mystérieux évoquant tour à tour la mélancolie et la renaissance... Pourtant Olafur Arnalds n'en est qu'à son deuxième album avec « ...And They Have Escaped The Weight Of Darkness ». Pour en être exact il n'en est qu'à son deuxième LP, qui fait suite à Eulogy For Evolution et à 3 EPs (Variations Of Static ; Founds Songs ; Dyad 1909) parus entre 2007 et 2010. Et tout au long de ses travaux, le jeune compositeur a fait de la mélancolie un fil conducteur, une amie pesante et indissociable de sa musique classique expérimentale. Comme le poids des ténèbres qui pèserait sur son œuvre. « Et ils échappèrent au poids des ténèbres ». L'été islandais s'approche. La nuit ne tombe plus. Seul un soleil rougeoyant constitue l'apogée de cette nuit du mois de juin. Comme pour s'échapper définitivement des ténèbres de l'hiver...

 

Pourtant lorsque le disque (solaire) se lance avec Þú ert sólin, peu de surprises. Un silence, une montée... Quelques notes de piano qui s'égrènent peu à peu, lentement. Des cordes frottées doucement, tout en retenue. Non ça pourrait ne pas être surprenant. Pourtant à l'écoute de Dyad 1909, l'EP précédant de l'artiste, le contraste est saisissant. Ici par de bidouillages électro, pas de voix trafiquée. Rien d'autre que la pureté même de quelques notes de piano. Þú ert jörðin continue le voyage de manière quasi lunaire, note après note, comme si chacune était un rayon de soleil filtrant à travers un nuage... « Et ils échappèrent au poids des ténèbres ».

 

Miles Davis disait que ce qui comptait, c'était de trouver LA note. Inutile d'en jouer trop, de chercher la technique. Pour lui LA note juste était primordiale et devait pouvoir encadrer le silence. Ce qui comptait aussi, c'était l'usage du silence entre chaque note. C'est qui fait de Miles Davis - In A Silent Way (1969) , un album si magnifique. Le silence est aussi musique lorsqu'il est bien utilisé. Une leçon que semble avoir compris Ólafur sur « ...And They Have Escaped The Weight Of Darkness ». Ici les notes sont calmes, parcimonieuses. Comme si c'était elles qui unes à unes se dégagaient du poids des ténèbres pour arriver jusqu'à nous. Le clavier du jeune compositeur semble n'avoir jamais été aussi habité. De même les cordes se sont plus lentes, plus douces. Peut-être plus mélancoliques aussi. Mais nous sommes loin d'un délire classicisant à là 33:26, morceau qu'on retrouve sur Eulogy For Evolution et Dyad 1909. Ici les cordes jouent elles aussi à cache-cache avec le silence, se faisant douces comme un soir d'été islandais. Le violoncelle d'Undan Hulu est magnifique de retenue et de sobriété, créant un des morceaux les plus envoutants de l'album. Comme les rayons du soleil passant peu à peu à travers les nuages et échappant à la nuit...

 

Pourtant on retrouve quelques éléments qui rappellent qu'Ólafur compose certes de la musique classique, mais en 2011. Et même s'il n'y a pas ici les touches électro qu'il expérimentait sur ses EPs, on retrouve à certains moments une batterie accompagnée d'une guitare électrique (Gleypa Okkur) ou quelques applaudissements discrets en fin de titre (Kjurrt). Tout comme pour Eulogy For Evolution avec 19:53, il y a aussi un morceau qui se démarque particulièrement du reste : Hægt, kemur ljósið. C'est à mes yeux la pièce de résistance de l'album, même si le morceau n'est pas plus long que les autres. Grosse envolée lyrique ici, avec des cordes imposantes, plus rapides que sur le reste de la galette, mais qui s'allient avec le piano et la batterie pour donner un ensemble imposant et superbe. Pourtant simple et assez peu expérimental, mais juste beau. Comme un peu de lumière qui surgit des ténèbres. Comme une fanfare déboulant au coin d'une rue à Ísafjörður pour poser ses cuivres sur Þau hafa sloppið undan þunga myrkursins qui rappelle Sé Lest de Sigur Rós. Une conclusion simple et belle. Plus joyeuse qu'à l'accoutumée d'ailleurs, comme si finalement, Ólafur lui-même avait échappé au poids des ténèbres.

 

Tout simplement beau. Comme l'apogée d'une nuit d'été islandaise où le soleil couchant continue de réchauffer l'environnement. Les ténèbres sont dissipées. « ...And They Have Escaped The Weight Of Darkness » arrive à capter ce sentiment. Il est simplement beau et évocateur, prenant soin de jouer avec le silence nocturne. Moins élaboré et sophistiqué que certains des EPs précédents d'Arnalds, assez peu innovant. Les bidouillages électroniques sont notamment abandonnés ici au profit d'une simple combinaison de piano et de cordes. Mais voilà, Ólafur a su trouver le chemin d'une beauté simple et gracieuse sur ce disque, qui est finalement celui que j'écoute le plus de sa (jeune) carrière. Peut-être manque t-il encore quelque chose pour qu'il se hisse au niveau de ses amis de Sigur Rós en termes de poésie, mais le voyage vaut déjà le coup en lui-même. De quoi attendre avec impatience ses prochains travaux. De quoi échapper le temps de 43 minutes au poids des ténèbres...

 

15,5/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.   

 

PS : L'album est dans la catégorie Post-Rock car je ne vais pas créer une catégorie Musique Classique rien que pour lui, mais il s'agit bien plus de musique classique que de Post-Rock, même s'il certains éléments ici font penser à ce style.

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21 août 2011 7 21 /08 /août /2011 02:06

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/0/09/Ukulele_Songs.jpg

 

Tracks : Can't Keep ; Sleeping By Myself ; Without You ; More Than You Know ; Goodbye ; Broken Heart ; Satellite ; Longing To Belong ; Hey Fahkah ; You're True ; Light Today ; Sleepless Nights ; Once In A While ; Waving Palms ; Tonight You Belong To Me ; Dream A Little Dream

 

Difficile d'imaginer Hawaï sans ses ukulélés. Pourtant, cette petite guitare n'est apparue qu'à la fin du XIXème siècle dans l'archipel. Dérivé du cavaquinho portugais, le petit instrument a fini par se répandre au delà du folklore Hawaïen. Jazz, rock, variété... Il suffit de quelques notes pour reconnaitre le son de cet instrument facile à jouer et à transporter. L'image d'un feu de camp en plein air apparaît bien vite. Il est propice à l'évasion... Cette évasion que poursuit Eddie Vedder en solo depuis qu'il s'évade épisodiquement de Pearl Jam. Une évasion qu'il a sublimée dans Eddie Vedder - B.O. Into The Wild (2007) , sur laquelle se trouve Rise, chanson sur laquelle on entend... Un ukulélé. L'instrument est propice à l'évasion. Et même si on le dit assez limité, quelques notes peuvent suffire à faire voyager l'auditeur très loin... Du coté des grandes plaines canadiennes, des forêts de Seattle ou des pentes du Kilauea. L'idée est suffisamment intéressante pour qu'Eddie Vedder se saisisse de cet instrument et travaille à un album tournant autour. Le projet prendra finalement forme sous le nom très simple d'Ukulele Songs, court album (moins de 35 minutes) sorti cette année. De quoi poursuivre le somptueux voyage d'Into The Wild?

 

Le titre qui ouvre nous rappelle d'où Eddie Vedder part. Car c'est un titre de Pearl Jam, Can't Keep qui ouvrait déjà l'album Riot Act qu'il choisit pour faire débuter le voyage d'Ukulele Songs. Le titre perd cette langueur électrique et étrange qu'il avait sur Riot Act pour devenir plus rythmé et énergique (il perd 1 minute au passage) et démontrer la force des arrangement que Vedder a effectué pour cet album. L'ukulélé, loin d'être ridicule, transfigure même le son de Pearl Jam et nous emmène voyager...

 

Un voyage composé à la fois de reprises de Pearl Jam (Can't Keep donc et Satellite, chanson de 2002 qu'on retrouve quasi inchangée sur certains bootlegs live du groupe), de chansons populaires (More Than You Know qui vient de Broadway et qui date de 1929, Once In A While qui date de 1937, Tonight You Belong To Me de 1926), de Gram Parsons et Emilou Harris (Sleepless Nights), des Mamas and The Papas (Dream A Little Dream) et de Vedder lui-même (You're True, chanson qui dort dans ses cartons depuis 2002 et qui trouve enfin sa place sur disque). Une collection de titres hétéroclites qui semble avoir peu de liens entre eux... Comment relier des chansons de Broadway avec la rage de Pearl Jam et l'idéalisme hippie des Mamas and The Papas? L'ukulélé et la voix si puissante et émouvante de Vedder, un des meilleurs chanteurs de sa génération et qui se bonifie toujours avec le temps.

 

Une association qui évoque tour à tour les grandes étendues côtières qu'on trouve dans le livret de l'album, des forêts mystérieuses et bien sur les feux de camps d'une plage autour desquels se sont réunis des gens qui se connaissent à peine. La magie de quelques notes d'une guitare pourtant limitée mais amplifiée par la beauté de l'espace et de l'océan. Malgré tout les reprises, même si elles sont toutes évocatrices de cette magie ne sont pas les titres les plus marquants de l'album. Seules deux reprises se démarquent vraiment. Tout d'abord la magnifique Sleepless Nights pleine de mélancolie (Why did you go? chante Vedder d'une voix déchirante) et le duo Tonight You Belong To Me (avec la participation de Chan Marshall de Cat Power) au son volontairement un peu vieillot, qui semble faire sortir le titre d'une radio abandonnée sur la plage, tandis que le feu finit de s'éteindre... Mention spéciale aussi à Dream A Little Dream où Vedder chante un peu à la manière de Leonard Cohen, chose plutôt inattendue venant de lui.

 

Mais si chaque titre de l'album est une pépite (Ukulele Songs ne contient en fait aucune mauvaise chanson en tant que telle, même si certaines comme Hey Fahkah ou Waving Palms sont totalement anecdotiques par leur durée), les plus beaux morceaux sont des compositions de Vedder. Sleeping By Myself est notamment un des plus beaux titres de l'album, grâce à son refrain mélancolique et à la conviction de la voix de Vedder. Without You, une des chansons les plus longues (3min18) est aussi un des morceaux que je préfère de l'album. Idem pour Light Today, chanson au crescendo mystique absolument superbe. La répétition du mantra « I saw the light Today » sur ces accord d'ukulélé en crescendo constitue une montée émotionnelle impressionnante. Probablement mon titre préféré de l'album avec Sleeping By Myself et Longing To Belong.

 

C'est d'ailleurs cette dernière qui sert de single à l'album et qui est indiscutablement ma chanson préférée de l'album. Pourtant, Eddie s'autorise ici un écart quant à la ligne directrice de son album. Car si toutes les autres chansons ne comportent que du ukulélé (et quelques bruitages comme un zippo qui se ferme sur Goodbye ou un téléphone sur Satellite), Longing To Belong mêle l'harmonica à des cordes. Ce sont ces cordes (un violoncelle en fait je crois) qui apportent une majesté sublime à ce titre, qui est absolument superbe. L'alliance entre le son clinquant et aigu du ukulélé avec le timbre grave et profond des cordes et la mélancolie de la voix et des paroles est absolument magique et donne un titre qui vaut bien Hard Sun ou Society (la BO d'Into The Wild). C'est dire la magnificence du titre...

 

Forcément, les comparaisons se font entre cette bande originale d'Into The Wild qui a révélé Vedder il y a 4 ans en solo et ce Ukulele Songs. Pourtant il est probable que la BO soit meilleure, notamment grâce à certaines très grandes chansons et une plus grande cohérence. Mais Ukulele Songs, projet atypique s'il en est, ne démérite pas. Il aurait pu être particulièrement casse gueule de se lancer dans un album entier à l'ukulélé. Et pourtant le leader de Pearl Jam relève le défi... Malheureusement les chansons sont très courtes (entre 8 secondes pour Hey Fahkah et 3min23 pour You're True) et pourraient être parfois meilleures si elles étaient plus développées. L'album en lui-même est aussi très court et on aurait aimé une dizaine de minutes de plus, voire quelques reprises plus surprenantes. Cependant, cet album reste très frais et possède une âme particulière propice à l'évasion. La route de Vedder continue, sans fin, et Ukulele Songs est un des nombreux feux de camps qu'il a allumé sur sa route pour nous guider. Et quel plaisir de s'y assoir pour partager quelques morceaux d'ukulélé avec lui...

 

16/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.   

 

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