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15 mai 2010 6 15 /05 /mai /2010 13:00

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/7/72/Bitches_brew.jpg


Tracks : Pharaoh's Dance ; Bitches Brew ; Spanish Key ; John McLaughlin ; Miles Runs the Voodoo Down ; Sanctuary

 

En cette année 1969, certains musiciens semblent ne plus vouloir s’occuper des limites imposées par un genre musical, en faisant fi de toutes les conventions et en procédant à tous les mélanges musicaux possibles. Evidemment on pense au Voodoo Chile Hendrix qui semble toucher à tout avec génie, mélangeant blues, rock, psychédélisme, funk et improvisation jazz. On peut penser aussi à Sly & The Family Stone qui mélangeait funk et rock. Un autre métissage apparaît aussi dans cette période : la fusion entre jazz et rock. Le mouvement semble avoir été amorcé par Miles Davis - In A Silent Way (1969) , avant d’éclater avec Hots Rats de Frank Zappa la même année. Mais Miles poursuit lui aussi dans cette idée en cherchant à proposer sa relecture des albums d’Hendrix et de Sly & The Family Stone. C’est donc entouré d’une équipe à celle similaire d’In A Silent Way qu’il s’enferme en studio pour graver un double album, Bitches Brew. Sous une pochette dessinée par Abdul Mati Klarwein (qui a aussi dessiné les pochettes de Live-Evil et d'Abraxas de Santana), se cache un des trois albums les plus vendus de l’histoire du jazz (avec Kind Of Blue du même Miles Davis et Time Out du Dave Brubeck Quartet). Est-il aussi brillant artistiquement ?


Drôle d’hommage que ce Bitches Brew. Hendrix ou Sly & The Family Stone sont effectivement invoqués aux cotés de l’équipe de Miles, mais ne sont pas aussi présents que ce qu’on pourrait croire. John McLaughlin qui tient ici la guitare électrique n’est pas le mythique gaucher de Seattle, et la section rythmique n’est pas aussi vibrante que celle de Sly & The Family Stone. J’ai lu je ne sais plus où que comme tout hommage qui se respecte, il ne ressemble pas à son original. Je ne sais pas vraiment si c’est vrai, mais en tout cas, il ne ressemble pas à l’original, ça c’est certain.

 

Le premier vinyle comprend deux morceaux, Pharaoh’s Dance et Bitches Brew, chacun sur une face comme pour In A Silent Way. Ce disque est le plus difficile à assimiler des deux, du fait de la longueur des morceaux (respectivement 20 minutes et 26 min 59). Cependant si formellement ce disque ressemble à In A Silent Way (1 morceau par face), la musique est assez différente. Pharaoh’s Dance est un morceau à la rythmique entêtante et aux sonorités sombres. L’album est d’ailleurs beaucoup plus électrique que son planant prédécesseur. La basse électrique fait notamment son entrée aux cotés de la guitare électrique de McLaughlin et des trois claviers électriques Joe Zawinul, Larry Young et Chick Corea. Pharaoh’s Dance est une entrée en matière moite et torride composée par Zawinul, et d’entrée cette impression de contempler un brasier ne me lâchera plus de l’album.

 

L’impression se renforce sur le long morceau titre, très prenant, envoutant, shamanique… Le jeu de Miles Davis est aussi assez inhabituel par rapport à son registre « cool » qui culminait sur Kind Of Blue. Ici il joue des notes très hautes sur sa trompette (Miles Runs The Voodoo Down est très marquante à ce titre, ou même Sanctuary), aigues et parfois un peu agressives, qui renforcent cette impression de brasier à la fois incandescent et doux. Un plaisir sombre donc, touché par cette noirceur que Miles apportait à ses albums.

 

Le second disque est peut-être un peu plus accessible car il comprend 4 morceaux qui sont un peu plus courts. C’est peut-être ici que l’influence d’Hendrix se fait le plus sentir à mon goût, notamment sur un morceau comme John McLaughlin où Miles s’efface littéralement derrière son guitariste. Je préfère personnellement les morceaux du second disque (j’adore Santuary qui me rappelle un peu In A Silent Way), qui rehaussent encore à mon goût le niveau -exceptionnel- atteint par le premier disque.


Car assurément Bitches Brew est une œuvre de maitre. Un chef d’œuvre en fait, ni plus ni moins. La musique suinte et s’insinue en vous, vénéneuse, un peu folle mais transpirant le génie et le voyage sublime. A la croisée des chemins entre jazz, funk et rock, il y a cet album, susceptible de plaire aux trois publics. Et Miles Davis, shaman maitre de cérémonies nous guide sans retenue dans ces chemins sublimes, laissant pour toujours une trace dans l’histoire de la musique. Comme il l’avait déjà fait pour The Birth Of Cool et Kind Of Blue d’ailleurs…

 

19/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)

 

Moi-même.


PS : Le coffret 4 cds « The Complete Bitches Brew Sessions » est aussi hautement recommandable pour ceux qui aiment cet album en proposant certains morceaux que j’adore comme Double Image ou Feio. Après il faut vraiment adorer cet album pour se procurer 4h20 de musique…

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commentaires

K
<br /> Difficile d'accès, mais absolument superbe !<br /> <br /> <br />
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