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31 août 2011 3 31 /08 /août /2011 17:40

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/4/40/Beatlesforsale.jpg

 

Tracks : No Reply ; I'm A Loser ; Baby's In Black ; Rock and Roll Music ; I'll Follow The Sun ; Mr. Moonlight ; Kansas City/Hey, Hey, Hey, Hey ; Eight Days A Week ; Words Of Love ; Honey Don't ; Every Little Thing ; I Don't Want To Spoil The Party ; What You're Doing ; Everybody's Trying To Be My Baby

 

Difficile de s'imaginer le monde de la musique en 1964. Difficile de s'imaginer l'attente que pouvait susciter le plus grand groupe de l'époque. Difficile d'imaginer la vie d'un Beatles. Pourtant un an auparavant, tout est encore -à peu près- normal. Elvis est enfin rentré dans le rang, Chuck Berry en tôle pour avoir fait traverser à une mineur la frontière entre deux États et Little Richard enregistre des gospels avec Quincy Jones. Mais la flamme du rock n roll, éteinte pour quelques temps en Amérique se rallume en Angleterre, avec un album et un groupe. Please, Please Me des Beatles. Néanmoins, c'est à la toute fin de 1963 qu'éclate réellement la Beetlemania, avec With The Beatles. 1964 est donc l'année de cette folie qui prend la Grande Bretagne, puis les États-Unis. Il faut dire que le groupe travaille d'arrache pied, sous la pression de la maison de disques. 2 disques par an, des dizaines de concerts, des émissions télévisées et même des films qui témoignent de l'ampleur du phénomène. 1964 est d'ailleurs le début de cette collaboration fructueuse (musicalement) entre les Beatles et le cinéma, avec le tournage du film A Hard Day's Night et la sortie de sa BO, que certains considèrent assez justement comme leur premier « grand » disque. Mais ce succès ne suffit pas encore à l'entourage du groupe, pourtant toujours mis à contribution. Il faut un deuxième album avant la fin de l'année. Pourtant, les quatre garçons n'ont pas un seul instant de répit entre les concerts, les tournages de film (Help! sortira l'année d'après) et les fans qui viennent les traquer en toutes circonstances, jusque chez eux. Aucun répit. Et c'est dans ce contexte qu'on force à faire entrer les « quatre garçons dans le vent » en studio pour qu'ils gravent leur 4ème album. Beaucoup de groupes auraient implosés sous la pression, mais pas les Beatles. Ces derniers tiennent le coup et publient donc le 4 décembre 1964, Beatles For Sale, à la superbe pochette devenue mythique par la suite. Mais le disque est-il aussi superbe que sa couverture?

 

Un tel contexte prend toute son importance lorsqu'on écoute le disque 40 ans plus tard. Un vieux dicton dit qu'on ne doit pas juger un livre à sa couverture. Et si la pochette de Beatles For Sale est en effet mythique et superbe (photo prise à Hyde Park pendant l'automne 64), le disque l'est nettement moins. Il est fort probable que s'il n'avait pas été fait par les Fab Four, on aurait oublié ce disque depuis longtemps. Car si le début des Beatles est certes plus faible que la seconde partie de leur carrière (je me contente aisément de la compilation rouge pour leur début de carrière personnellement), Beatles For Sale est un peu le plus faible album de leur première période. Et ce pour pleins de raisons, toutes excusées par ce contexte d'extrême fatigue liée à la Beatlemania.

Mais le plus évident des reproches est d'abord lié à la discographie même des Fab Four. L'album est coincé entre A Hard Day's Night et Help!, les deux bandes son de films, qui sont vraiment les deux meilleurs albums des Beatles pré-Revolver pour moi. A coté, Beatles For Sale fait un peu pale figure, notamment face à Help! qui contient d'ailleurs beaucoup de chansons mythique des Beatles (au moins Help! ; Ticket To Ride et Yesterday pour les plus célèbres, même si je n'ai jamais pu pifrer cette dernière), ce qui tranche nettement par rapport au très transparent Beatles For Sale. Ici aucune grande chanson n'est inscrite durablement au panthéon des quatre de Liverpool. Aucun grand single, aucun hymne à se mettre sous la dent. Comme s'ils avaient perdus leur légendaire savoir-faire en la matière, qui fit leur succès des débuts (Love Me Do ; Please Please Me ; I Wanna Hold Your Hand). Ici, la chanson la plus célèbre est le single Eight Days A Week. Pas de quoi faire chanter les foules et à part pour quelques fans poussés des Beatles, le morceau a été oublié. Seul son fade-in initial et final (une première dans le rock) attire encore l'oreille des connaisseurs de musique sur ce titre.

 

Autre reproche : les reprises, nombreuses et peu intéressantes. Alors qu'A Hard Day's Night était composé entièrement de chansons originales (dont 10 sur 13 étaient signées Lennon), Beatles For Sale revient aux habitudes prises sur les anciens albums des Beatles. Ce sont donc 6 reprises qui sont ajoutées aux 8 chansons originales pour obtenir les 34 minutes du LP. Malheureusement, ces nombreuses reprises, fer de lance du répertoire live du groupe à l'époque sont globalement assez faibles. Rien à voir avec des reprises comme la superbe et inattendue Mr. Postman sur With The Beatles ou la mythique Twist And Shout qui concluait Please, Please Me. Ici pas de reprises Motown au programme. Seulement des reprises relativement classiques de rock n' roll, allant de Little Richard (idole de Paul MacCartney) avec Hey, Hey, Hey, Hey à Carl Perkins (Honey Don't ; Everybody's Trying To Be My Baby) en passant par Piano Red (Mr. Moonlight), Buddy Holly (Words Of Love) et Chuck Berry (Rock And Roll Music).

 

La qualité de ses reprises est assez variable. Words Of Love à l'ambiance gentille un peu country est plutôt sympathique, ainsi qu'Honey Don't, chantée par Ringo Starr. Bien sur ce n'est pas Elvis (qui aurait surement été le top pour chanter ce morceau), mais c'est plaisant. Il s'en sort mieux cependant qu'Harrison sur l'autre reprise de Carl Perkins (Everybody's Trying To Be My Baby), qui est bien jouée instrumentalement, mais qui est assez anecdotique vocalement. Rock And Roll Music est inférieure à l'originale et je préfère même la reprise de Roll Over Beethoven sur With The Beatles, tant qu'à prendre une reprise de Chuck Berry par les Beatles. Elle reste écoutable tout de même. Plus embarrassantes sont pour moi Mr. Moonlight et le meddley Kansas City/Hey, Hey, Hey, Hey. La première a une ambiance vraiment étrange et porte le poids de quelques effets sonores qui laissent vraiment à désirer... On évoque parfois cette chanson comme une des plus mauvaises des Beatles. Yellow Submarine et Ob-La-Dia Ob-La-Da sont nettement pires, mais c'est en effet pas brillant. Quant au meddley, si l'idée est bonne il est au final assez plat, ce qui est assez embarrassant lorsqu'on reprend un dingue d'énergie comme Little Richard. Aucune de ses reprises n'est donc particulièrement indispensable et elles sont au mieux sympathiques.

 

Quant aux chansons originales, rien n'est bien transcendant non plus. I'll Follow The Sun est sympathique, calme et jolie, dans une ambiance un peu folk rock réussie (même si le groupe fera mieux dans ce style) mais les 3 autres morceaux originaux de la face A sont très médiocres. Every Little Thing, typique des débuts du groupe est une petite ballade assez plate, avec des lyrics amoureux déconcertants de niaiserie et de simplicité. Le style McCartney avant que celui-ci ne signe Yesterday, puis les chefs d'œuvres comme Eleanor Rigby ou Penny Lane... I Don't Spoil The Party est assez sombre et possède un joli solo de guitare. Peut-être le meilleur morceau original de la face B. Joli riff de What You're Doing. Mais globalement, rien n'est à la hauteur de ce qu'on peut attendre des Beatles, même avant 1965...

C'est d'ailleurs le reproche qu'on peut faire à Beatles For Sale et qui lui est couramment fait. George Martin lui-même dira de ce disque qu'il est faible, ce qui s'explique aisément par le contexte de son élaboration. Et c'est en effet une évidence : aucun titre ici n'est réellement à la hauteur du mythe. Les compositions originales sont assez peu passionnantes et les reprises sont au mieux honnêtes. Il est avec Let It Be (même si ce dernier est souvent plus apprécié) leur plus mauvais album à mon goût. Et en tout cas leur plus dispensable. Ce qui quand on parle des Fab Four est finalement assez étonnant. Pas de quoi vendre père et mère pour cet album des Beatles donc...

 

07/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.   

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