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3 avril 2011 7 03 /04 /avril /2011 17:53

http://storage.canalblog.com/03/89/636073/62697791.jpg

 

Tracks : Done Got Old ; Baby, Please Don't Leave Me ; Look What All You Got ; Stay All Night ; Tramp ; She Got The Devil in Her ; I Gotta Try You Girl ; Who's Been Foolin' You ; It's A Jungle Out There

 

Retour à la maison... Bienvenue chez toi. Retour dans les bayous de la Louisiane, lieux de naissance de Buddy Guy, mais aussi et surtout lieux de naissance du blues. C'est dans ces marais qu'errent les fantômes de Charley Patton, de Robert Johnson, de John lee Hooker, de Son House et de Bukka White qui sont nés à Clarksdale, à quelques kilomètres de là. C'est dans ces marais et ces champs de coton que le blues est né, avant d'émigrer chez Chess Records à Chicago. Et c'est vers le Mississippi et la Louisiance que revient Buddy Guy à 65 ans avec Sweet Tea. L'image même de la maison sur la pochette semble évoquer ce sud moite des États-Unis au début du XXème siècle, ses esprits tutélaires et l'atmosphère mythique qui s'en dégage. Notre seule envie est de pénétrer à la suite du bluesman dans cette énigmatique maison, pour s'abreuver d'un peu de blues et peut-être de thé, tous deux préparés avec un savoir fait ancestral. Le blues est-il finalement aussi inspiré qu'on l'espère et le thé aussi doux et plaisant qu'annoncé?

 

La première gorgée de ce thé est trompeuse. Très douce et acoustique, à l'ancienne, c'est une reprise de Junior Kimbrough qui entame la transe. Done Got Old est plaisante, moins hypnotique que l'originale à cause de la guitare acoustique, mais fait une bonne introduction à ce blues sudiste mythique. Les spectres de Son House et Robert Johnson rodent au dehors de la cabane... Réminiscence d'un crossroads qui n'est peut-être qu'à quelques mètres de là et qui n'attend que le voyageur égaré...

 

Mais cette reprise de Junior Kimbrough n'est pas innocente et son ombre rode aussi sur ce Sweet Tea, alors qu'on se perd au fil des riffs. Car on retrouve ici d'autres reprises de ce bluesman décédé en 1998, notamment deux, qui sont aussi les deux meilleurs morceaux de l'album : les longs Tramp (6min48) et I Gotta Try You Girl (12min10). Deux blues poisseux et hypnotiques, telluriques et hantés par l'esprit du bayou. Une orgie sonique sans fin (enfin c'est ce qu'on aimerait) pleine d'une magie ancestrale, inévitablement noire. Mais aux cotés de l'esprit de Junior Kimbrough, Buddy Guy convoque aussi l'esprit d'un autre guitariste qui comme Robert Johnson est mort à 27 ans. Comment en effet ne pas penser à Jimi Hendrix avec ce blues chamanique vaudou et ses soli incendiaires? Impossible de ne pas ressentir l'esprit du voodoo chile mort 30 ans auparavant imprégner les soli de Buddy Guy, qui est loin d'être un manchot à la guitare. Après tout, lequel a influencé à l'autre? Question difficile lorsqu'on parle de cette musique. Tramp est néanmoins un pur bonheur pour tout amateur de blues électrique surpuissant, et I Gotta Try You Girl est une longue transe dépassant encore l'originale dans cet esprit caverneux et hypnotique. Des must absolus dans ce genre.

 

Caverneux et hypnotique, poisseux comme le bayou. Hanté par l'esprit des bluesmen et par la personnalité impressionnante de Buddy Guy, voilà comment définir ce Sweet Tea. Même ses compositions personnelles résonnent de prouesses guitaristiques (les riffs comme celui du lourd Stay All Night et les soli sont excellents). La production n'est pas en reste, avec un écho qu'on retrouve un peu tout au long de l'album comme sur l'intro à la batterie de Baby, Please Don't Leave Me ou sur la voix (Stay All Night par exemple) contribue à donner ce coté hypnotique et étrangement fascinant à l'album... C'est parfois étrange (le son est parfois très caverneux, comme enregistré depuis l'intérieur de cette cabane), mais ça donne une âme folle à ce disque.

 

Du riff martelé de Look What All You Got à la transe de Tramp en passant par le plus traditionnel final d'It's A Jungle Out There (au style de guitare plus habituel chez Buddy Guy, ressemblant à B.B. King et qui eu une grosse inspiration sur Clapton notamment), tout est au pire très bon ici. C'est même à mon goût le meilleur album de ce bluesman, devançant même pour moi ce qui est souvent considéré comme son classique, A Man and The Blues (1968). Plus plaisant à mes yeux, car la galette a quelque chose de chamanique, une âme et un son qui me font chavirer. Le blues comme je l'aime, différent du blues plein de soul (et de cuivres) des débuts de Buddy Guy très inspirés par B.B. King. Ce n'est bien sur que mon avis, mais ce retour sur les rives du Mississippi ou rode les esprits et le diable est un pur bonheur. Un thé savoureux, fort en saveurs et en goût, et qui possède indéniablement le goût d'une terre unique...

 

17/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même. 
 

 

PS: Merci à Koamae de Rock Fever (link) et Blog n'Rock (link) pour la découverte!

 

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1 avril 2011 5 01 /04 /avril /2011 18:54

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/5/51/Decoy_Miles_Davis.jpg

 

Tracks : Decoy ; Robot 415 ; Code M.D. ; Freaky Deaky ; What It Is ; That's Right ; That's What Happened

 

1983, année d'explosion du phénomène MTV et année probablement le plus cruciale de la pop des années 80. Sorti le 1er décembre 1982, Michael Jackson - Thriller (1982)  n'en finit plus de mitrailler ses singles à la tête des charts avec une régularité effarante. Cindy Lauper sort son premier album She's So Unusual, qui contiendra des hits comme Girls Just Want To Have Fun ou Time After Time, qui cartonneront. Prince, qui a triomphé avec son album 1999 (sorti en 1982), est en train de préparer son plus gros succès commercial, Prince & The Revolution - Purple Rain (1984) . Autant d'artistes qui inspirent le vétéran du jazz Miles Davis, revenu à la vie musicale en 1981 après 6 ans d'absence. La coke lui avait fait péter les plombs et lui avait imposé une retraite qui n'a pas forcément été de tout repos. Mais de 1975 à 1981, tout a changé : Jimi Hendrix est mort depuis désormais plus de 10 ans, Sly & The Family Stone a disparu de la circulation et James Brown s'est effacé devant ses « successeurs » que sont Michael Jackson et Prince. Même Quincy Jones, jazzman et ami de Miles, se met à produire son prodige Motown Michael Jackson, avec le succès que l'on sait. Pourquoi alors ne pas aller chercher ce public que séduisent tant Jackson ou Prince? Voilà ce que demande Miles Davis, lorsqu'il prépare le troisième album depuis son retour (après The Man With The Horn et Star People), tout au long de l'année 83. Paru sous le titre Decoy (leurre en français) en 1984, l'album parvient-il à être aussi séduisant que Thriller ou Purple Rain?

 

L'album démarre vivement avec le titre éponyme Decoy. Évidemment, pour toute personne ayant laissé Miles avec les années 70, Decoy est un choc : le son est résolument années 80. Le son de la basse de Darryl Jones (aujourd'hui bassiste des Rolling Stones depuis le départ de Bill Wyman en 1993) est très mis en avant dans le mixage, et sonne très années 80. Et bien sur il y a un synthé tenu par Robert Irving III (qui co-écrit le morceau avec Miles), assez présent tout au long de l'imposant (8min33) morceau. Mais globalement si je n'aime pas trop ce que Miles a fait dans les années 80 (vous allez vite le comprendre), je dois bien admettre qu'ici le synthé apporte un indéniable plus, ainsi que le groove de Darryl Jones (bassiste que j'apprécie, et même pas juste parce qu'il est chez les Stones maintenant!). Miles ici entouré de deux saxo sopranos (Bill Evans et Branford Marsalis) paraît en forme et très énergique. Malheureusement, John Scotfield qui tient la guitare se fait assez discret (il se manifeste réellement qu'après 6min30) et ne me captive pas vraiment. Le morceau n'est pas déplaisant, mais ça reste tout de même largement un cran en dessous de tout ce que Miles pouvait faire dans les années 70, et ce guitariste notamment est largement en dessous d'un John McLaughlin ou d'un duo Reggie Lucas/Pete Cosey ( Miles Davis - Agharta (1976) ). Je reconnais que l'optique est certes différente et que les temps ont changés. Mais s'il n'y a rien de scandaleux dans ce morceau d'ouverture (notamment grâce aux deux saxo et à Darryl Jones), rien d'exceptionnel non plus.

 

Et les choses ne s'arrangent pas vraiment avec le froid et robotique Robot 415. Pleins d'effets métalliques se font entendre sur cette piste d'1m09, qui n'a pour elle que sa durée très courte. Non vraiment, je trouve affreux ces sons déformés et synthétiques qui donnent l'impression d'écouter un (très) mauvais Kraftwerk vaguement jazz.

 

Code M.D. (signé uniquement du claviériste Robert Irving III) poursuit d'ailleurs sur ce son froid et synthétique étrange, et qui me déplait d'ailleurs assez profondément dans l'album. Je reconnais bien volontiers que je n'aime en général pas le son des années 80 et que le synthé n'est pas à proprement parler l'instrument que je préfère (doux euphémisme). Mais ici, j'ai vraiment du mal alors que sur un album comme Aura (qui sort en 1989 mais date de 1985), les nappes de synthé apportent une ambiance vraiment très plaisante. Le seul bon point de la piste est probablement à chercher du coté de la guitare de John Scotfield et d'une fin de morceau à peu près sauvée par la trompette de Miles à mon goût. Malheureusement le morceau réussit quand même l'exploit de me paraître long alors qu'il fait moins de 6 minutes, chose rare chez Miles... Voilà qui en dit long!

 

Freaky Deacy continue à proposer des nappes de synthés assez moches qui pourraient donner un effet planant (je suppose que c'est ce qui est recherché), mais qui ne me plaisent pas outre mesure. Le problème majeur de cette piste d'ailleurs est plutôt qu'elle tourne méchamment en rond. On s'attend à ce que la basse de Jones fasse exploser le morceau lors de l'introduction, puis on désespère lorsqu'on comprend qu'en fait il n'en sera rien. Le morceau se mord la queue pendant 4min33, et le seul réel bon moment, c'est lorsqu'il se conclut, tant il est vide...

 

Et c'est là que Darryl Jones vient nous tirer de notre torpeur attristée pour l'entrainant et nettement meilleur What Is It capté en live. Après les 3 titres précédents, ça fait du bien d'entendre quelque chose d'aussi vivant et rythmé que ça. Le morceau pulse nettement plus, et trouve je pense le bon équilibre entre sons synthétiques, groove (la basse ici est clairement le point fort du morceau), la guitare et les cuivres. Un bon équilibre qui fait de ce morceau live un des plus convaincants de l'album avec le suivant.

 

That's Right est probablement un des points fort du disque. Le rythme se fait nettement plus engourdi (un peu comme un blues), et laisse libre court à la guitare qui pour le coup se lâche plus ici que dans tout le reste de l'album. Un bon rythme imprimé par le batteur Al Foster et le percussionniste Mino Cinelu nous berce aisément, permettant à chaque instrument de nous livrer des jolis soli (les saxos sont aussi à l'honneur après la guitare). Une piste plutôt calme et relaxante, probablement ma préférée de l'album. Ce n'est pas à proprement parler un chef d'œuvre ceci dit pour moi, surtout si on le compare à ce qu'il a pu faire avant. Mais bon, ça reste quand même très largement recommandable pour le coup, contrairement au reste de l'album d'ailleurs...

 

That's What Happened n'est en effet pas mauvaise, mais j'ai une nouvelle fois l'impression que c'est la basse énergique de Jones qui la sauve. Et là encore, sans que ça soit vraiment insupportable, je trouve ce titre vraiment très médiocre. Il parvient à m'ennuyer alors que le titre de 11 minutes qui le précède me plait. Comme quoi...

 

Comme quoi, même les plus grands ont eu des passages à vide. Et même si la période des années 80 est à mes yeux la moins fastueuse de la carrière de Miles Davis, certains albums se laissent écouter. Mais Decoy n'est qu'un leurre, un mauvais album qui ne tient à mon sens que par la basse de Darryl Jones, la trompette de Miles et un bon morceau (That's Right), et deux morceaux corrects (Decoy et What Is It). Le reste est vraiment à proscrire je trouve. La première fois que j'ai d'ailleurs écouté Decoy, je n'ai même pas pu aller au bout tellement il m'a rebuté. C'est vraiment dommage à mes yeux lorsque je vois le nombre de chefs d'œuvres présents dans la longue discographie de ce génie...

 

07/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même. 

 

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26 mars 2011 6 26 /03 /mars /2011 21:42

Peter_hook.jpg

 

Setlist : No Love Lost ; Leaders Of Men ; Digital ; Glasses ; Disorder ; Day Of The Lords ; Candidate ; Insight ; New Dawn Fades ; She's Lost Control ; Shadowplay ; Wilderness ; Interzone ; I Remember Nothing ; (Rappel) Transmission ; Love Will Tear Us Appart ; Atmosphere

 

Je suis tombé il ya quelques temps complètement par hasard sur l'annonce de ce concert sur le site de la salle (aucune publicité à Brest alors qu'il y a en général une tonne d'affiches pour les concerts de la Carène.). Ni une, ni deux je me précipite pour prendre ma place.

Arrivé tout juste à l'heure au concert, j'entre et trouve la salle était pleine avec une moyenne d'âge d'environ 35-40ans (prévisible me direz-vous).

Peter Hook et son groupe commencent le concert et c'est parti pour 2 heures de retour à la cold-wave.

D'un point de vue instrumental, on s'y retrouve tout à fait avec un groupe énergique et talentueux reprenant parfaitement les morceaux de ce groupe mythique. Du point de vue vocal en revanche, ça passe beaucoup moins bien.

Lors de ce concert, Peter Hook prends la place du chanteur et ne sors sa basse que dans de rares moments.

Dès le premier morceau, on comprends que s'il n'était pas le chanteur de Joy Division (ni de New Order, d'ailleurs) c'est qu'il y a une bonne raison.

Sans être désagréable, son chant n'est en effet pas du tout au niveau de celui de ces ex-compagnons.

Ainsi, il y a des moments où on ne l'entends simplement pas. La faute à l'ingé son? Je ne pense pas, la voix étant à un niveau tout à fait acceptable le reste du temps.

Mis à part ce petit bémol, le concert était très sympathique.On retrouve l'ambiance de l'album et on se délecte toujours autant de ces plaisirs maintenant connus et même reconnus.

 

En conclusion, un bon concert même si la partie vocale risque de décevoir les plus puristes.

 

Jid.

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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 13:23

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/0/0c/IggyPopSkullRing.jpg

 

Tracks : Little Electric Chair ; Perverts In The Sun ; Skull Ring ; Superbabe ; Loser ; Private Hell ; Little Know It All ; Whatever ; Dead Rock Star ; Rock Show ; Here Comes The Summer ; Motor Inn ; Inferiority Complex ; Supermarket ; Til Wrong Feels Right ; Blood On Your Cool

 

30 ans. C'est le temps qu'il a fallu pour que l'incendie allumé par  Iggy & The Stooges - Raw Power (1973) entre les frères Asheton et Iggy Pop s'éteigne. 30 années durant lesquelles le mythe d'Iggy Pop et de ses « fuckin' » Stooges s'est construit. Mais finalement, après une carrière solo faite de hauts (  Iggy Pop - The Idiot (1977) ; Brick By Brick) et de bas (quand Bowie le lâche en schématisant un peu), Iggy renoue enfin avec les frères Asheton. De manière très progressive tout d'abord en les invitant à jouer sur quelques morceaux sur son prochain album solo. C'est comme ça qu'on retrouve les Stooges qui jouent sur 4 morceaux de Skull Ring, 15ème album studio de l'Iguane qui succède à l'ignoble Beat'Em Up. Sorti en 2003, l'album annoncera une reformation des Stooges tout d'abord scénique, puis studio avec The Stooges - The Weirdness (2007) . Mais si cet album est surtout resté dans les mémoires pour ça, que vaut-il réellement en dehors de la reformation des mythiques Stooges?

 

Pour cette galette, l'Iguane a visiblement tenu à être entouré par les formations qui ont comptées (les Stooges donc), ou qui comptaient en 2003 (Green Day ; Sum 41 ou le groupe suédois Peaches), en plus de son groupe The Trolls (Whitey Kirst aux guitares ;Alex Kirst à la batterie et Pete Marshall à la basse) qui l'accompagnait déjà sur Beat'Em Up . Un album pleins d'invités donc, pour soutenir un Iguane qui essaye de renouer avec l'esprit punk, abandonné par son parrain sur le métal Beat'Em Up.

 

Autant le dire tout de suite : les 4 titres enregistrés avec les Stooges (Little Electric Chair ; Skull Ring ; Loser ; Dead Rock Star) sont de loin les plus plaisants de l'album. Bien sur c'est probablement cliché de dire ça. Bien sur aussi, ça n'a plus grand chose à voir avec Funhouse. Est-ce la légende du groupe qui fait que ces morceaux bénéficient d'une aura particulière? Possible. Le fait qu'ils soient placés en début d'album aide bien aussi je suppose. Car assurément Little Electric Chair est LE morceau de l'album à mon goût, tant sur la guitare que le chant mémorable de l'Iguane. Et même si Loser est un peu courte et fait presque office de « ballade » pour les Stooges, elle reste une des meilleures chansons de l'album. Dead Rock Star est très bonne elle aussi, probablement le deuxième meilleur morceau de l'album à mon goût. C'est d'ailleurs étonnant, car les morceaux présent sur The Weirdness seront moins plaisant je trouve pour la plupart (à part le fendard My Idea Of Fun).

 

Mais une fois ces 4 morceaux assimilés, on doit bien avouer que l'album tourne vite en rond, surtout après Dead Rock Star. Seul le péchu Rock Show avec les Peaches (jolie hargne dans les voix, notamment la voix de la chanteuse), et un assez correct Supermarket avec Green Day captent mon attention d'une fin d'album assez convenue et très lambda. Ah si le bourrin et très distordu Motor Inn est plutôt plaisant la première fois, mais supporte mal les écoutes répétées. Rien de catastrophique, mais les morceaux des Stooges et les morceaux du début font vite de l'ombre à la fin de l'album.

 

Mais il y a quand même quelques bons morceaux ici, notamment le morceau Private Hell avec Green Day. Je dois bien admettre que si généralement je suis assez hermétique à la scène punk californienne des années 90 (Offspring ou Sum 41 me laissent de marbre), Green Day me séduit nettement plus, peut-être grâce à leurs deux excellents derniers albums ( Green Day - American Idiot (2004) ; Green Day - 21st Century Breakdown (2009) ). Et si Private Hell porte indéniablement la pâte du trio, il s'intègre plutôt bien dans l'album, et donne une chanson de qualité à l'Iguane. Pas un truc inoubliable, mais c'est quand même du très bon niveau. Par contre vous en déduirez que Little Know It All très marquée par le style de Sum 41 ne me plait pas du tout. Et pourtant ça sera le single de l'album.

 

Les Trolls livrent avec l'Iguane essentiellement deux chansons qui sont correctes : Perverts In The Sun (la meilleure des deux à mon goût) et Whatever, un peu plus anecdotique. Iggy reste mieux accompagné par les Stooges ou lorsque Bowie est dans les parages si vous voulez mon avis.

 

Car globalement, c'est ce que je retiens de Skull Ring : Les Stooges. Non pas que l'album soit vraiment mauvais, loin de là. Il est plutôt réglo même, avec quelques bons moments énervés et « punk ». Mais rien d'inoubliable non plus à mon goût. L'album qui totalise 61 minutes est probablement trop long aussi vu la fin. Rien de dramatique donc en soit. Iggy Pop livre un nouveau disque solo qui ne ternit pas sa légende (ceci-dit vu les bouses qu'il y aussi dans sa discographie...), et s'embarque à nouveau avec les fucking Stooges. C'est bien la meilleure chose que contient ce Skull Ring d'ailleurs...

 

12/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même. 

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12 mars 2011 6 12 /03 /mars /2011 22:42

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/9/92/Johnny_Cash_At_San_Quentin.jpg

 

Tracks : Blue Suede Shoes ; Flowers On The Wall ; The Last Thing On My Mind ; June Carter Cash Talks To The Audience ; Wildwood Flower ; Big River ; I Still Miss Someone ; Wreck of the Old 97 ; I Walk The Line ; Medley : The Long Black Veil/Give My Love To Rose ; Folsom Prison Blues ; Orange Blossom Special ; Jackson ; Darlin' Companion ; Break My Mind ; I Don't Know Where I'm Bound ; Starkville City Jail ; San Quentin ; San Quentin ; Wanted Man ; Restless ; A Boy Named Sue ; Blistered ; (There'll Be) Peace in the Valley ; The Outside Looking In ; Less Of Me ; Ring Of Fire ; He Turned The Water Into Wine ; Daddy Sang Bass ; The Old Account Was Settled Long Ago ; Meddley : Folsom prison Blues/I Walk The Line/Ring Of Fire/Folsom Prison Blues/The Rebel - Johnny Yuma /Folson Prison Blues

 

« Tu es prêt? ». « Je ne louperais ça pour rien au monde. » L'homme se lève de son lit, réajustant son uniforme gris. Uniforme semblable à celui que porte son compagnon, qui s'apprête à quitter la pièce. L'homme le suit, ses pas le portant instinctivement vers le réfectoire. Il croise d'autres uniformes gris, qui se dirigent eux aussi vers le réfectoire. Il croise des regards. Les mêmes que depuis des années. Remplis de brisures, de violence, de tristesse. Et aujourd'hui d'un peu de joie. Une joie que même le béton ou le regard tendu des gardiens ne parvient pas à effacer. Une joie que parvient quand même à éclipser la chambre à gaz qu'il aperçoit, un peu plus loin. Personne n'y ira aujourd'hui. Tous se dirigent vers le réfectoire. Mais un autre jour, la chambre à gaz fonctionnera. Ce n'est pas une journée comme une autre ici à la Prison d'Etat de San Quentin. Ce 24 février 1969, le réfectoire est dans la tête de tous les prisonniers, de tous les gardiens. Dans quelques minutes il accueillera des invités particuliers : Un groupe de country, qui accompagne plusieurs stars, parmi lesquelles Carl Perkins, June Carter Cash, et Johnny Cash. Lorsque l'homme prend place dans le réfectoire, il règne une ambiance à couper au couteau autour de lui. Quelqu'un chose va se passer ici, qui n'a peut-être rien à voir avec la violence qui règne habituellement en ce lieu. Quelque chose de positif va peut-être se passer pour la première fois depuis des années entre ces murs. Quelque chose de positif va peut-être se passer dans sa vie pour la première fois depuis des années.

Et lorsque s'avance Carl Perkins, l'homme sent son cœur se serrer. Il reconnaît ces accords, le rythme effréné de cette chanson, Blue Suede Shoes. Il se souvient, lorsqu'en 1956, il avait acheté le single d'Elvis avec cette chanson. Certes Perkins ne possède ni le charisme ni la voix du King, mais le prisonnier ne peut s'empêcher de mêler sa voix à celles de ses compagnons. Un parfum de liberté est réveillé par Blue Suede Shoes, malgré les matraques des gardiens alentour. Un instant il se revoit en liberté à danser sur cette chanson. Un instant il oublie les années d'enfermement.

 

Et même si les Statler Brothers jouent un Flowers On The Wall beaucoup plus calme et serein que Blue Suede Shoes, l'auditoire hurle, jubile. Rien d'exceptionnel pourtant. Rien d'exceptionnel, sauf pour des hommes enfermés depuis des années.

 

Et lorsque la Carter Family fait son apparition, avec notamment June Carter Cash, tout le monde sait qu' « il » ne va pas tarder. Le groupe de country est ovationné sur The Last Thing On My Mind et sur les jolies harmonies vocales de Wildwood Flower qui s'électrise avec le public.

 

« Hello, I'm Johnny Cash ». L'homme en noir entre enfin sur scène pour Big River. Le prisonnier laisse éclater sa joie et crie avec les autres. Il est enfin là. Cet homme au caractère ombrageux, qui a déjà donné un concert à la Prison de Folsom un an auparavant. Il se tient face à eux, et chante de cette voix puissante de baryton qui a fait sa gloire. Cette voix de baryton qui faisait tant vibrer l'homme à l'uniforme gris lorsqu'en 1957 il écoutait Wreck of the Old 97 et I Walk The Line. Il retrouve l'énergie qui parcourt ses titres, ce feeling country que Cash et ses musiciens essayent de faire vivre au milieu de ces murs gris.

 

« J'ai tué un homme à Reno, juste pour le regarder mourir ». Hurlements dans la salle lors de cette fameuse phrase dans Folsom Prison Blues. Jamais ces mots n'avaient pris autant de sens qu'ici à cet instant. Certains des hommes présents dans la salle savent ce que cette phrase veut dire. Certains l'ont vécu, peut-être même comme ce prisonnier en uniforme gris. Johnny Cash les comprend, Johnny Cash leur parle. Il leur parle même beaucoup, les faisant rire (I Don't Know Where I'm Bound ; Starkville City Jail) ou leur parlant de la rédemption et du Christ ((There'll Be) Peace in the Valley ; Ring Of Fire ; He Turned The Water Into Wine ). Seul, accompagné de sa femme (qui chante avec lui la très jolie chanson Jackson), avec Carl Perkins à qui il laisse parfois la place (Restless ; The Outside Looking In), ou avec les Statler Brothers et le reste du groupe, il n'oublie jamais son public. C'est ce que le prisonnier ressent. Et il espère que les caméras de Granada T.V captent aussi cette attention.

Mais nul besoin d'avoir l'image lorsque retentit une chanson écrite la veille par l'homme en noir : San Quentin. Le prisonnier exulte. Johnny Cash parle de sa prison, de son enfer quotidien, du simulacre de vie auquel il est condamné. Il hurle, comme tous les détenus de la salle. Instinctivement, les gardes serrent instinctivement leur matraque. La chanson ne vante pas vraiment les mérites de San Quentin, une des pires prisons de Californie et qui est la seule de l'Etat à avoir un couloir de la mort. Cash était un peu inquiet sur l'effet qu'elle ferait sur les prisonniers. Ils en sont tellement content et fiers qu'il la rejoue aussitôt une deuxième fois, pour le plus grand bonheur des uniformes gris. L'instant est figé pour la postérité, un de ses moments qui font l'histoire de la musique. Peut-être le prisonnier en est-il conscient. Les gardiens le sont probablement tout autant. A partir de là, la ferveur ne redescendra plus, que ça soit sur le rock enfiévré de Carl Perkins (Restless), une reprise de Dylan (Wanted Man) ou A Boy Named Sue.

 

1h40 de vie. 1H40 où il a été vivant. Voilà à quoi le prisonnier pense lorsqu'il doit quitter le réfectoire, bien longtemps après que Johnny Cash et ses musiciens l'aient quitté. 1H40 de vie au milieu d'années de survie. Des moments probablement plus précieux pour lui que n'importe lequel des concerts pour un citoyen libre. Il revoit la chambre à gaz en retournant dans sa cellule. Aujourd'hui, personne n'est mort, même si la chambre en gaz sera toujours en activité 40 ans plus tard. Mais elle n'a pas fonctionné ce 24 février 1969. Aujourd'hui, les prisonniers ont un peu vécus, grâce à Johnny Cash. Même si certains doivent désormais retourner dans le couloir de la mort. En s'allongeant, l'homme se demande si ce concert passera à la postérité. Raisonnablement, ça ne reste qu'un concert de country, joué de manière assez classique. Rien d'exceptionnel là dedans, si ce n'est peut-être la puissante voix de Cash. Un concert de country comme Johnny Cash, la Carter Family, Carl Perkins ou les autres musiciens auraient pu en donner des centaines, en enchainant leurs pépites country sympathiques. Oui, mais ce jour là, rien n'était vraiment comme d'habitude, et la postérité a retenu ce concert pour cette raison.

 

16/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même. 
 

 

PS: J'ai choisis de chroniquer l'édition Legacy de 2006 de l'album, qui présente en effet le show complet. Le vinyle d'origine est en effet très succinct et ne comprends que 10 titres : Wanted Man ; Wreck of the Old 97 ; I Walk The Line ; Darlin' Companion ; Starkville City Jail ; San Quentin ; San Quentin ; A Boy Named Sue ; (There'll Be) Peace in the Valley ; Folsom Prison Blues, et la réédition cd de 2000 n'en comprend que 18.

 

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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 00:25

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/5/53/Metallica_-_Death_Magnetic_cover.jpg

 

Tracks : That Was Just Your Life ; The End Of The Line ; Broken, Beat & Scared ; The Days That Never Comes ; All Nightmare Long ; Cyanide ; The Unforgiven III ; The Judas Kiss ; Suicide & Redemption ; My Apocalypse

 

Difficile de revenir après un album tel que St. Anger. Tout le monde en était persuadé, à commencer par les membres de Metallica eux-mêmes. Le départ du bassiste Jason Newsted n'arrange pas les affaire du groupe, obligé de faire jouer Bob Rock à la basse sur le très décrié album de 2003. Mais le groupe engage comme bassiste Robert Trujillo pour la tournée de St. Anger. Metallica disparaît néanmoins de la vie médiatique, mis à genoux par des années de critiques (Load ; Reload et St Anger ont été particulièrement décriés), l'affaire Napster et la fatigue après 20 ans de carrière. Le groupe est présumé disparu. Que proposer à plus de 40 ans lorsqu'on a posé les bases du thrash metal à moins de 20 ans? Revenir aux bases. C'est ce que le groupe affirme lorsqu'il revient doucement dans les lignes des magasines de rock. Le groupe écrit à nouveau et est décidé à revenir à ses propres bases. Une rumeur filtre même sur internet. Le successeur de St. Anger reviendrait à un son compris entre  Metallica - ...And Justice For All (1988) et le Black Album. De quoi faire saliver à nouveau les fans, qui rêvent d'un album comme Metallica n'en avait pas sorti depuis 20 ans. Et lorsque paraît sur internet le premier extrait (The Day That Never Comes), on se dit qu'en effet Metallica est peut-être revenu à ses propres bases pour son neuvième album. Sorti le 12 septembre 2008 sous le délicat nom de Death Magnetic, affublé d'une pochette moche comme au bon vieux temps, l'album est-il donc finalement le chant du Phénix promis?

 

Clairement, l'album revient aux sources. Il reprend exactement les choses là où ...And Justice For All les avait laissées en 1988. Les Four Horsemen ont tenus parole : Death Magnetic aurait pu s'appeler ...And Justice For All 2. Dès l'intro du cœur qui bat sur That Was Just Your Life, la bête renait avec 20 ans de moins. Les riffs sont autant de rouleurs compresseurs et les titres sont décidés à ne faire aucune pitié. Pas de prisonniers, la bête est relancée. Ça pourrait être le motif des trois premiers titres de l'album, tant ils sont lourds, agressifs, longs (plus de 7 minutes en moyenne) et alambiqués. Et ENFIN, Dieu merci, la batterie sonne de manière correcte (même si ce n'est pas encore idéal). Fini le son totalement pourri de St. Anger, et ça, c'est vraiment une bonne nouvelle (Rick Rubin, producteur de Johnny Cash, Public Ennemy ou encore System Of A Down réalise ici un bon travail, bien supérieur à ce qu'offrait Bob Rock). Et il y a des soli de guitares. Oui, ça peut paraître stupide dit comme ça, mais St. Anger ne contenait aucun solo de guitare. Certes les compositions ne s'y prêtaient pas vraiment (le style agressif et très bourrin de l'album n'appelait peut-être pas à la virtuosité), mais lorsque le groupe comprend un guitariste comme Kirk Hammet, on est content de pouvoir savourer des solos de guitare. Et sur ce Death Magnetic comme sur ...And Justice For All, on est servis. Il y a au moins un solo de guitare par morceau. Alors on peut critiquer ces soli, qui sont extrêmement rapides, dans la plus pure tradition du thrash. C'est vrai que Kirk aurait pu peut-être laisser parler un peu plus son feeling plutôt que sa technicité, qu'on sait tous irréprochable.

 

Mais les parallèles avec ...And Justice For All ne s'arrêtent pas là. On sait que Metallica place souvent une ballade par album, et que cette ballade est souvent la quatrième piste de l'album (Fade To Black ; One ; The Unforgiven ; Until It Sleeps ; The Unforgiven II). Et bien le groupe place justement un titre qui rappelle un peu One : The Day That Never Comes. Premier single de l'album, et assurément à mon goût la bombe de l'album. Non sérieusement, tout est parfait dans ce titre, du riff excellent et entêtant à la batterie (j'ai vraiment eu peur la première fois, mais en fait ça passe bien, même s'il y avait peut-être moyen de faire encore mieux), en passant par le solo, très très bon. Et surtout, je trouve le chant de James Hetfield de plus en plus prenant, technique et émotif. Le clip est excellent lui aussi (une vraie réussite), ce qui ne gâche rien. Une pépite, même si elle se démarque un peu du reste de l'album qui est sans concessions.

 

A la fin de Ride The Lightning, de Master Of Puppets et d'...And Justice For All, on trouvait systématiquement un long titre instrumental (respectivement The Call Of Ktulu, Orion, To Live Is To Die), tradition oubliée depuis le Black album. Et bien les Four Horsemen renouent ici avec cette tradition en proposant un instrumental de 10 minutes situé à la fin de l'album : Suicide & Redemption. Et ma foi, si cet instrumental n'a pas le niveau de The Call Of Ktulu ou d'Orion, il est probablement quasiment aussi plaisant que To Live Is To Die, et fait plutôt plaisir à entendre lorsqu'on aime les longs titres instrumentaux complexes et changeants. Il tourne malheureusement un peu en rond pour moi pour être du niveau de The Call Of Ktulu ou d'Orion.

 

On retrouve néanmoins un lien avec le Black Album, avec la ballade The Unforgiven III, suite logique de The Unforgiven qui se trouvait sur cet album et de The Unforgiven II sur Load. Malheureusement la célèbre intro commune aux deux premières n'est pas reprise ici, et introduit pour la première fois du piano dans la musique de Metallica. Passé la déception du titre trompeur, je trouve qu'on est face à un des titres les plus marquants de l'album, grâce à ce joli piano et grâce au chant très prenant d'Hetfield. Une belle pépite là encore, uniquement ternie par ce nom un peu trompeur (même si les paroles sont dans un thème similaire aux deux premières).

 

Néanmoins le groupe a retrouvé sa fougue thrash puissante et mélodique. Cyanide, mon titre préféré de l'album avec The Day That Never Comes en atteste : le sens du riff des Mets est toujours là, leur violence aussi. D'ailleurs à l'exception de The Unforgiven III et dans une moindre mesure The Day That Never Comes, le tempo est toujours implacable, les titres autant de rouleurs compresseurs qui ne laissent que peu de répit. All Nightmare Long m'est aussi très agréable (je trouve vraiment le segment de The Day That Never Comes à The Unforgiven III comme la partie la plus palpitante de l'album).

Malheureusement, c'est un des défauts que l'album a en commun avec ...And Justice For All. Chaque titre est un très long rouleur compresseur. Probablement trop long, trop alambiqué. L'album en dix titres fait 75 minutes, soit plus de 7 minutes en moyenne par titre. Et ce ne sont pas de petits titres planants ou simples. Non chacun est alambiqué, violent, rageur. Et j'ai toujours trouvé difficile d'écouter cet album d'une traite, reproche que je fais aussi à ...And Justice For All. Morceaux trop longs, trop alambiqués et album trop long, qui finit par perdre de sa consistance (beaucoup de titres mériteraient surement 2 minutes en moins). Je suppose que pour les fans de l'album de 1988, Death Magnetic est quasiment parfait. C'est vrai qu'il est bien, et qu'il offre à voir les Mets comme on ne les avait pas vu depuis (trop?) longtemps. Mais en renouant avec leur forme originale, ils renouent aussi avec leurs défauts de l'époque (même si Kirk Hammet était meilleur aussi, soyons honnête). Et laisserons-ils un jour un bassiste s'exprimer au sein du groupe? La basse de Trujillo, bassiste pourtant très estimé est quasiment inaudible ici à part pour l'intro d'All Nightmare Long et un peu de temps en temps sur Suicide & Redemption, dans la plus pure tradition de Metallica. Encore une reproche récurrent. Ne boudons tout de même pas notre plaisir, les Four Horsemen nous livre une bonne galette, certes pas exceptionnelle à mon goût, mais qui laisse augurer du meilleur pour la suite (une rumeur court pour un album en 2011). Qu'on se le dise : malgré l'attrait évident qu'exerce la faucheuse sur Metallica, ces derniers sont plus vivants que jamais.

13,5/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même. 
 

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4 mars 2011 5 04 /03 /mars /2011 00:03

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Tracks : Main Titles ; Blush Response ; Wait For Me ; Rachel's Song ; Love Theme ; One More Kiss, Dear ; Blade Runner Blues ; Memories Of Green ; Tales Of The Future ; Damask Rose ; Blade Runner (End Titles) ; Tears In Rain

 

Los Angeles, 2019. L'œil contemple la ville, incapable de déceler le vrai du faux. Où commence la vie lorsqu'un être est capable de penser et d'avoir conscience de sa propre existence? « Je pense donc je suis. » disait Descartes. Un leitmotiv qui va servir de trame à Blade Runner, film de 1982 réalisé par Ridley Scott et adapté du livre de K. Dick, Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques? Autant le dire tout de suite, Blade Runner est à mes yeux un des meilleurs films de science fiction qui soient. Sombre, lancinante, inhumaine et fascinante, telle est Los Angeles en 2019, vile dans laquelle erre le Blade Runner Dick Reckard. Un flic solitaire, en roue libre dans un mégalopole gigantesque qui doit mener une enquête dont il ne veut pas et qui va très vite le dépasser. Il doit en effet traquer 4 réplicants et les tuer, ces derniers étant interdits de séjour sur Terre depuis une révolte sur Mars. Mais au fur et à mesure du film, les réplicants, sorte de clones d'humains, paraissent parfois éprouver plus d'humanité pour Deckard que ses propres supérieurs. Où commence l'humanité? Ces êtres qui ont conscience de leur propre fin sont-ils des humains? Ces êtres capables d'amour peuvent-ils être tués impunément par Deckard? Autant de questions qui demeurent en suspens tout le long du film, figées dans les images superbes de cette Los Angeles futuriste et dans quelques notes de musique, signées du compositeur Vangelis. Lorsqu'il signe cette B.O., Vangelis a déjà reçu un oscar en 1981 pour la B.O. du film les Charriots de feu, qui contient le très connu morceau éponyme. A-t-il réitéré l'exploit pour Blade Runner?

 

Pour être tout à fait exact, cette BO n'est sortie que 10 ans après le film. Si on entend bel et bien la plupart de ces morceaux dans le film, l'album tel quel n'est sorti qu'en 94. Il contient plus de titres et certains sont plus longs que sur la version de 1982, qui contient ces thèmes repris par le New American Orchestra. Pour les fans, une version complète de 3cds sur les musiques du film est sortie en 2007.

 

Pour le reste, cette bande originale est finalement à l'image du film : synthétique, artificielle et contemplative. La première fois que j'ai vu le film, je me suis dit que la musique collait en fait extrêmement bien à l'ambiance, malgré des synthés des plus artificiels, un peu kitsh et baveux. J'ai été totalement conquis par le morceau qu'on entend lorsque Roy Batty (le chef des réplicants renégats arrivés à L.A.) et Pris arrive chez J. F. Sebastian. Et durant tout le film, on se dit que cette musique étrange et synthétique colle bien au film, même si on peut se demander ce qu'elle peut donner sans le film.

Et lorsque débute le disque avec Main Titles et Blush Response, on se dit qu'en effet la B.O. ne peut pas marcher sans le film. Ses deux titres restent liés aux images du film, la fameuse ouverture où la pyramide se reflète dans un œil pour Main Titles (ce qui donne une magnifique séquence, mais le son sans l'image est moins convainquant) et le test de Voight-Kampf de Rachel pour Blush Response, qui reprend le dialogue de cette séquence entre Rachel et Rick. Même Wait For Me, si elle se sépare un peu du film, ne convainc pas vraiment.

Il faut réellement attendre pour moi deux des plus belles chansons de l'album pour réellement commencer à voyager : Rachel's Song et Love Theme. La première qui est évidemment le thème du réplicant Rachel est superbe grâce à une ambiante planante et un chant féminin étrange (assuré par Mary Hopkin), un peu incantatoire et spectral. Une ambiance superbe qui colle bien au personnage énigmatique de Rachel, et qui donne un très beau thème. Love Song est peut-être plus conventionnelle de par son sujet même. Oui c'est une chanson d'amour, et oui le saxo languissant de Dick Morrissey cherche à instaurer une atmosphère feutrée et douce propice à une romance. C'est cliché, mais je trouve que c'est bien exécuté, avec ce léger coté artificiel qui imprègne toute la BO. Une sacré réussite.

 

J'aime un peu moins One More Kiss, Dear chantée par Denis Roussos. La piste n'est pas désagréable, mais s'inscrit volontairement dans une démarche un peu jazz rétro pas désagréable, assez « romantique » je suppose, mais qui me convient moyennement, sans être désagréable pour autant. Je suppose aussi que cette chanson est un peu moins bonne à mes yeux car elle est située au cœur de l'album, coincée entre mes deux chansons préférées ici. Car si Love Theme me séduit aisément, Blade Runner Blues est encore largement meilleure, et suffit presque à elle seule à résumer l'ambiance du film. Une sorte de longue trame sinueuse synthétique et rêveuse, artificielle mais néanmoins émouvante... Voilà comme ce blues du Blade Runner (qui n'a pas grand chose d'un blues avec ses synthés) pourrait vaguement être résumé. C'est le morceau qui suit Dick Reckard, et qui colle aisément à sa lassitude, et à cette idée de solitude au milieu de la ville inhumaine... On peut reproche les sons un peu étranges, mais ils donnent une ambiance onirique vraiment magnifique je trouve.

 

Memories Of Green continue un peu sur cette ambiance avec quelques notes de piano qui s'éternisent, comme lorsque Reckard joue une mélodie au piano en rêvant d'une licorne... Le plus étonnant, c'est que cette mélodie n'a pas été composée pour le film, mais pour un album de Vangelis, See You Later qui date de 1980.

 

Mais les dernier vrais chocs de l'album interviennent pour moi avec les superbes et inquiétantes Tales Of The Future et Damask Rose. Véritables métaphores du cosmopolitisme de Los Angeles dans le film (qui ressemble plus à une cité asiatique moderne qu'à une cité occidentale), les accents inquiétants surgis d'un passé semblent ressurgir... Cette voix est superbe, et ce mélange de musique classique, de musique orientalisante et de musique synthétique est finalement à l'image de la cité qui sert de cadre à Blade Runner. Cosmopolite, inquiétante, synthétique, mais superbe.

 

Les deux derniers titres sont par contre nettement plus anecdotiques pour moi. Blade Runner (End Titles) n'est ni plus ni moins que le générique du film et reste anecdotique. Quant à Tears In Rain, s'il couvre une des scènes les plus impressionnantes et les plus symboliques du film (dont il reprend une réplique), il est finalement assez anodin sans les images.

 

J'avoue avoir été relativement surpris la première fois que j'ai écouté cette B.O. sans voir le film. Je pensais réellement qu'elle ne tiendrait pas trop la route sans les images du film. C'est en partie vrai pour certains titres, qui sont sympathiques uniquement parce qu'ils rappellent le film, mais il y a aussi certains très beaux titres ici, qui fonctionnent très bien indépendamment. C'est le cas de Rachel's Song, Love Theme, Blade Runner Blues et Tales Of The Future, notamment. Et bien sur, lorsque la B.O. est associée au film, elle contribue pleinement à cette ambiance noire et oppressante qui caractérise le film. Film qui est un chef d'œuvre (et dont plusieurs versions existent, je n'ai vu que celle de 2007 personnellement), et qui est accompagné d'une très jolie B.O., même si elle reste ancrée dans son époque (années 80) et qu'elle reste assez particulière. Mais si vous avez aimé le film et que vous aimez les B.O., elle est très recommandable je trouve.

14/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même. 

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24 février 2011 4 24 /02 /février /2011 23:12

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/4/49/Daft_Punk_Alive_2007.JPG

 

Tracks : Robot Rock / Oh Yeah ; Touch It / Technologic ; Television Rules The Nation / Crescendolls ; Too Long / Steam Machine ; Around The World / Harder, Better, Faster, Stronger ; Burnin' / Too Long ; Face To Face / Short Circuit ; One More Time / Aerodynamic ; Aerodynamic Beats / Forget About The World ; The Prime Time Of Your Life / The Brainwasher / Rollin & Scratchin / Alive ; Da Funk / Daftendirekt ; Superheroes / Human After All / Rock'n Roll

 

Humains après tout... C'est sur cette sentence rappelant les obsessions de Kraftwerk qu'on avait laissé Daft Punk en 2005. Un troisième album conceptuel, qui dénote un peu par rapport aux deux premiers efforts des versaillais, notamment à cause d'une absence de « gros » singles, à part Technologic. L'album divisera fans et critiques, et le duo retournera dans l'ombre et le mystère, comme à son habitude. Mais deux ans plus tard, la donne change. Si Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem Christo sont et resteront à jamais les papes de ce que la critique a appelé la French Touch, ils subissent désormais la concurrence d'un autre duo d'électro parisien : Justice. Sorti le 23 avril 2007, le single D.A.N.C.E. a en effet été indéniablement la chanson de l'année 2007. Et Daft Punk qui connait bien le groupe (Justice a remixé le titre Human After All en 2005), a un titre et une réputation à défendre. Et c'est sur scène qu'ils vont se défendre, 10 ans après la parution de leur live Alive 1997. C'est ainsi qu'après quelques dates autour du monde en 2006, ils décident de monter sur scène à Bercy le 14 juin 2007. De cette nuit sera tiré un live, Alive 2007. De quoi démontrer au monde entier que s'ils sont humains après tout, il sont avant tout encore vivants?

 

Et nichés au sommet de leur pyramide futuriste, cachés derrière leurs combinaisons anonymes, les Daft Punk vont prouver lors de cette nuit furieuse qu'ils sont et restent les maitres du mix. Alive 2007 n'est pas un live au sens classique du terme, tel qu'un amateur de rock l'entend. Le duo mixe ici leurs titres deux par deux, les mélangeant, créant ainsi de nouvelles textures sonores à partir de titres pourtant connus et reconnus. Plus de dix ans de carrière. C'est ni plus ni moins ce que couvre ce live et certains titres mixés ensemble ont 8 ans d'écart, comme Steam Machine (issu d'Human After All de 2005) qui fusionne avec Too Long (issu d'Homework en 1997) ou Robot Rock qui ouvre le concert en compagnie d'Oh Yeah.

 

Et pourtant aussi improbable que peuvent paraître ces mix, ils marchent. Mieux que ça, même. Ils subliment allègrement certains titres, notamment ceux d'Human After All. A croire que Robot Rock a été créé pour ouvrir ce concert avec Oh Yeah, ou que Too Long et Steam Machine étaient faites pour cette union puissante et décousue. Un mariage fou, aux beats complices et ravageurs qui résonnent au milieu des stroboscopes qu'on imagine épileptiques et flashys. Vivant, et en forme. Les chansons se soutiennent les unes les autres, se consolident, s'épousent et dansent devant nos oreilles ébahies. Et si finalement, nous avions là le mix final de certains de ces titres? Et si Technologic, single un peu rébarbatif à la longue (même si génial dans son approche) n'avait été fait que dans le but de soutenir Touch It? Un mix, qui en tout cas emballe d'entrée de jeu le live, qui démarre réellement ici. Et si le refrain de Face To Face avait été uniquement fait pour soutenir l'assez chiante Short Circuit de Discovery qui prend ici une ampleur insoupçonnée? Autant de questions qu'on peut légitimement se poser à l'écoute d'Alive 2007, tant les titres ici sont tous plus superbes les uns que les autres. Même les quelques temps morts (Burnin' / Too Long ; Aerodynamic Beats / Forget About The World) sont juste moyens. De plus certains titres à la production un peu datée subissent un lifting rafraichissant aux mains du duo lors de cette nuit, et sonnent comme probablement ils n'avaient jamais sonnés aux oreilles du public. Une orgie sonore, où chaque accouplement est plus jouissif que le précédent, surtout vu comme ils s'enchainent (les transitions sont un pur bonheur, sans heurts, sans temps morts).

Cependant, il y a un mix qui m'étonne toujours un peu : Around The World/Harder, Better, Faster, Stronger. Je trouve toujours un peu étrange d'avoir mixé ensemble deux des plus gros succès de Daft Punk. Mais à l'écoute du résultat, c'est d'une logique imparable. Un des premiers sommets de la pyramide, tant ce titre est une pureté de groove, de puissance et d'efficacité. Un single explosif, qui servira à promouvoir l'album et qui sera logiquement couronné d'un grammy award en 2008 (tout comme l'album aussi). L'autre sommet est pour moi atteint par l'assemblage de 4 titres : The Prime Time Of Your Life / The Brainwasher / Rollin & Scratchin / Alive. 10Min22 de folie, de transe hallucinée et hallucinogène que le public ovationne avant de se prendre les vieux classiques Da Funk / Daftendirekt en pleine face.

 

Définitivement vivants. Les Daft Punk vivaient en cette nuit du 14 juin 2007, et l'ont fait savoir au monde entier, et à un public qu'on imagine facilement conquis. Plus vivant que jamais d'ailleurs, le duo pose une nouvelle pierre à la pyramide colossale qu'est son œuvre. Une pierre qui pourrait bien en être le sommet d'ailleurs tant ce live transcende aisément certaines versions studios, et tant les mix improbables sont l'œuvre d'alchimistes savants et un peu fous. Un coup de génie qui prouve une nouvelle fois que le duo reste le maitre de la French Touch.

17/20
(NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
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20 février 2011 7 20 /02 /février /2011 00:37

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/7/78/Eric_Clapton_-_2010_Clapton_Album_Art.jpg

 

Tracks : Travelin' Alone ; Rockin' Chair ; River Runs Deep ; Judgement Day ; How Deep Is The Ocean ; My Very Good Friend The Milkman ; Can't Hold Out Much Longer ; That's No Way To Get Along ; Everything Will Be Alright ; Diamonds Made From Rain ; When Somebody Thinks You're Wonderful ; Hard Times Blues ; Run Back To Your Side ; Autumn Leaves

 

Depuis une dizaine d'années, Eric Clapton est revenu au blues. Uniquement au blues. Fini les excentricités de jeunesse, sauf pour quelques reformations live (Cream ; concerts avec Steve Winwood ou Jeff Beck). Finies aussi probablement l'audace et l'invention (même si ceci dit sa carrière solo ne m'a jamais vraiment intéressée). Clapton collabore avec les grands noms du blues (Riding With The King avec B.B. King ; The Road to Escondido avec J.J. Cale) ou les reprend ( Eric Clapton - Me & Mr Johnson (2004) ). Rien d'étonnant donc lorsqu'on voit que Clapton, son dernier disque sorti en septembre 2010, ne comprend donc presque que des reprises (Run Back To Your Side est la seule composition originale). Néanmoins, certains de ses albums ont un certain charme roots, permettant de redécouvrir certains bluesmen, malgré certains reproches récurrents qu'on peut adresser à Clapton (dont je ne suis pas un grand fan, soyons honnêtes). Ce 19ème album parvient-il donc à nous convaincre?

 

Sur ce Clapton (j'ai été très étonné que ce titre n'ai pas été utilisé avant, mais en fait le premier album de Slowhand s'appelle « Eric Clapton », et non Clapton), Eric nous entraine donc vers la Nouvelle-Orléans, aux abords du delta du Mississippi, là où le blues est né. Mais la Nouvelle-Orléans est surtout connue pour être le berceau d'une autre musique noire : le jazz. Et c'est un croisement entre ces deux musiques nées dans cette région que nous propose ici Clapton.

 

Bon l'idée d'ajouter des cuivres à une guitare électrique blues n'est pas spécialement récente. Elle a même été mise en pratique par deux des idoles de Clapton : B.B. King (cf la réédition du live des Stones Get Yer Ya-Ya's Out) et Buddy Guy (A Man And The Blues). Si j'aime bien A Man And The Blues de Buddy Guy, je dois quand même avouer que j'ai un peu de mal avec l'idée même du croisement cuivres+blues. Et c'est encore pire pour moi avec ce Clapton.

Car à mes yeux, Clapton renoue avec ses vieux démons ici. Certes l'album est bien produit et ronronne comme un chat qu'on caresse. Mais justement, il est aussi calme que le sus-dit chat. Pour ne pas dire léthargique même. Le deuxième titre s'appelle Rockin' Chair, et c'est précisément ce que l'album m'évoque : Un paisible Rockin' Chair avec un chat sur les genoux. Je comprends aisément qu'on puisse aimer cette ambiance détendue et calme, mais j'avoue que personnellement je m'endors un peu. L'album n'est pas mal je suppose, mais ne me plait pas.

 

Il y a bien quelques chansons qui sortent un peu du lot à mes oreilles. L'amusante et rythmée My Very Good Friend The Milkman avec ses cuivres et son air joyeux brise un peu la monotonie de l'album avec un certain succès. C'est peut-être la chanson qu'on retient le mieux de la galette. J'aime aussi beaucoup la reprise de Little Walter, Can't Hold Out Much Longer qui propose enfin un vrai blues comme je les aime, avec un bon harmonica (en même temps lorsqu'on reprend un titre d'un des maitres de l'harmonica...) et une belle guitare blues. Assurément mon titre préféré de l'album. J'aime aussi la belle ballade Diamonds Made From Rain avec l'orgue hammond un peu fantomatique, quelques cordes discrètes et la belle voix de Clapton qui joue délicatement avec sa guitare. Un titre calme, mais serein et plein d'une certaine beauté.

 

Malgré tout, la plupart des reprises ne me convainquent pas. L'exemple le plus flagrant est probablement la reprise d'Autumn Leaves, version anglaise des Feuilles mortes de Prévert/Kosma/Mercet. Le titre est un classique, qui a été repris de nombreuses fois, notamment dans le monde du jazz. Et lorsqu'on connait la version qui est présente sur Somethin' Else de Cannonball Aderley (avec Miles Davis à la trompette, Aderley au saxo, etc...), autant dire que cette reprise de Clapton ne vaut absolument rien. C'est bien simple, cette reprise n'a absolument aucun feeling à mon goût, et est juste insipide. C'est dommage lorsqu'on voit ce qui peut être fait avec cette chanson...

Un titre final qui cristallise donc ce que je reproche à l'album. Des reprises un peu molles, certes bien produites (encore qu'il faut aimer ce son), mais qui personnellement me laissent de marbre. Un nouvel album qui globalement a plu à la critique, mais qui définitivement n'est pas pour moi. Après si vous aimez Slowhand et les titres reposants, ce Clapton vous plaira peut-être...


08/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.

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16 février 2011 3 16 /02 /février /2011 17:37

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Tracks : Once ; Even Flow ; Alive ; Why Go ; Black ; Jeremy ; Oceans ; Porch ; Garden ; Deep ; Release

 

Musicalement, Seattle est surtout connu pour deux choses. Pour avoir été tout d'abord le lieu de naissance de quelques grandes rock star, notamment Jimi Hendrix (qui y repose d'ailleurs). Mais la capitale de l'État de Washington est surtout connue pour avoir été le berceau du grunge. C'est dans cette ville qu'à la fin des années 80, une poignée de kids allaient redonner un grand coup de pied dans la fourmilière endormie du rock. Un rock qui en cette fin d'années 80 plie sous le poids des synthétiseurs, de la pop de Prince ou de Michael Jackson, et qui semble avoir laissé les guitares entre les mains des métalleux. La plupart des grands groupes de punk sont morts. Mais ces kids avides de sons lourd qui leur correspondent vont chercher leur inspiration du coté de la scène alternative américaine, ou vers les poids lourds du passé. Mélangeant les Pixies et Black Sabbath, les Stooges et Sonic Youth, Neil Young et la rage des Pistols, plusieurs groupes font naitre un nouveau courant musical, le grunge, qui allait dominer la première moitié des années 90. Le genre est surtout connu grâce à 4 groupes : Soundgarden, Alice In Chains, Nirvana et Pearl Jam. Formé à l'époque d'Eddie Vedder au chant, Jeff Ament à la basse, Stone Gossard à la guitare, Dave Krusen à la batterie et Mike McCready à la guitare soliste, Pearl Jam est avec Nirvana le plus connu du lot. C'est celui qui connut le plus rapidement le succès, dès l'année même de sa formation, grâce à son premier album intitulé Ten. 1991, l'année de l'explosion du grunge. Alors que Nirvana s'apprête à sortir Nirvana - Nevermind (1991) , Pearl Jam fait découvrir le grunge au monde avec Ten. Et 20 après, alors que Nirvana a disparu depuis bien longtemps, qu'Alice In Chains a du changer de visage pour survivre et que Soundgarden se reforme après 10 ans de séparation, Ten reste un incontournable du grunge. Le seul rival éventuel de Nevermind. Un rival sérieux d'ailleurs?

 

Schématiquement, les quatre grands groupes de grunge se répartissent comme ça : Soundgarden est le plus heavy, Alice In Chains le plus métalleux (façon Black Sabbath sous prozac), Nirvana le plus punk (façon Pixies). Et Pearl Jam? C'est probablement le plus rock, puisant son inspiration dans tout ce que le rock, notamment américain, peut offrir. La référence absolue du groupe n'est autre que Neil Young, notamment lorsque ce dernier est accompagné du Crazy Horse (comme sur Ragged Glory sorti en 1990). Neil Young se servira d'ailleurs de Pearl Jam comme backing band pour son album Mirror Ball en 1995, une jolie façon de boucler la boucle. Le groupe cite aussi comme références les Who ou les Ramones, et quelque part un groupe comme Led Zeppelin a du laisser quelques traces sur eux, surtout sur ce premier album. Pearl Jam joue ici un rock puissant et musclé, un peu loin des délires asphyxiants d'Alice In Chains ou de la pop explosive de Nirvana. L'étiquette reste grunge, mais ne reste qu'une étiquette.

 

Car Ten ne ressemble pas vraiment aux autre productions grunge. La voix de Vedder est très puissante par exemple et assez grave. Elle n'est encore pas à son meilleur sur Ten (loin de là), mais déjà Vedder s'impose comme un grand chanteur, très puissant vocalement. De même les guitares sont puissantes, un peu lourdes, et ne sont pas avares de soli, contrairement à Nirvana par exemple. La paire de guitariste est très bonne en effet, et McCready livre parfois de jolis soli. L'ambiance est aussi plus « héroïque » et virile qu'elle ne peut l'être sur Dirt d'Alice In Chains ou sur Nevermind. Oui mais voilà, par rapport à Nevermind, l'album a de gros problèmes. Le premier d'entre eux, et pas des moindres, concerne la production. Je sais que certains détestent la production de Nevermind, mais si on compare les deux, il n'y a pas photo (ou même avec In Utero). Ten a mal vieilli, ce qui n'est pas le cas de Nevermind (de mon point de vue), ou même de Dirt. Les titres paraissent plus plats qu'ils ne le sont vraiment et lorsqu'on écoute d'autres albums de Pearl Jam comme Vitalogy, le contraste est flagrant : Ten est plat, parce que la production a mal tenu ces 20 dernières années. Les versions live des titres sont d'ailleurs assez révélatrices.

 

De même, Ten contient certes de grandes chansons, mais manque un peu de cohérence de bout en bout. Le début est très bon, avec le carré gagnant Once (une bonne intro, très accrocheuse notamment grâce au chant), Even Flow et son riff très musclé (et un joli solo), l'hymne Alive avec son solo prenant et superbe (assurément une des meilleures chansons de l'album) et la magnifique ballade, Black. C'est surement le titre le plus accrocheur de l'album avec Alive, tant il est beau et tant Eddie Vedder chante bien ici. Mais le reste des titres me paraît assez moyen, pour tout vous avouer. Pas mauvais, non. Mais pas transcendant non plus. Est-ce dû à la production? Possible mais certains titres comme Oceans (assurément le plus mauvais de l'album pour moi) ou Deep me font un peu chier. Le reste est correct, mais ne me fait pas rêver.

 

Un album correct que ce Ten donc, même si je ne peux m'empêcher de penser qu'il est un peu surestimé. Est-ce parce que je préfère Nirvana ou Alice In Chains à Pearl Jam? Probable. Cet album a pas mal de concurrents de bon niveau entre Nevermind, In Utero, Dirt ou l'éponyme d'Alice In Chains. Mais en toute honnêteté pour moi, il a aussi de sérieux concurrents dans la propre discographie de Pearl Jam. Je ne peux en effet m'empêcher de préférer un album comme Vitalogy à ce Ten sympathique, mais pas génial pour moi. Pour un premier album, c'est très honnête et ça se laisse écouter. Mais de mon point de vue (qui n'engage donc que moi) je ne crois pas qu'il faille découvrir Pearl Jam par là, malgré le mythe qui entoure cet album.

13,5/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.

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