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25 septembre 2011 7 25 /09 /septembre /2011 22:06

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/0/0e/Riceboy.jpg

 

Tracks : Happiness ; Atlas Song ; Indian Summer ; Stokkseyri ; Boy 1904 ; All The Big Trees ; Daníell in the Sea ; Howl ; Sleeping Giant

 

« Le groupe est parti pécher ». De quoi en effet justifier un hiatus entamé depuis l'hiver 2008 par Sigur Rós après la tournée de Með suð í eyrum við spilum endalaust. Une pause pèche donc... Mais pas pour tout le monde. Car si les 3 autres membres du groupe ont vaqué à des occupations plus ou moins discrètes (comme produire Innundir Skinni d'Ólöf Arnalds pour Kjartan Sveinsson), Jónsi n'est quant à lui pas parti pécher. Le chanteur et leader de Sigur Rós a en effet profité de cette pause dans l'histoire du groupe pour se consacrer à de vieux projets. Un album solo notamment, sorti en 2010 sous le nom de Go. Mais auparavant, il s'est attaqué à un autre projet encore plus ancien : un disque avec son compagnon Alex Somers. Outre le fait de partager la vie de Jónsi, Alex est bien connu des fans de Sigur Rós. En plus d'avoir été membre du groupe expérimental Parachutes (qui jouait sur des instruments de cuisine), il a signé certains des visuels du groupe, notamment la pochette de leur quatrième album Takk... Leur collaboration commençât en 2003 et certaines de leurs œuvres graphiques furent publiés en 2006 dans le livre Riceboy Sleeps Book. C'est en 2007 que le couple se lance finalement dans un projet alliant musique et graphisme. En résultent les titres Happinness (présent sur la compilation Dark Was The Night, au profit d'AIDS), All The Big Trees et Daníell in the Sea. La pause entamée par Sigur Rós à l'hiver 2008 permet donc au couple de pousser encore plus loin son projet et de composer un album entier. Celui-ci paraît donc le 20 juillet 2009 sous le nom de Riceboy Sleeps, nom du duo à l'origine et de leur livre. De quoi poursuivre les expériences proposées par Sigur Rós et Parachutes avec brio?

 

Pour cet album, le duo a décidé de revenir à des choses plus acoustiques, moins produites que peuvent l'être les albums de Sigur Rós. L'album sonne comme s'il avait été enregistré à la maison, dans cette douceur intime propre au foyer... Et il n'y a pas de débauche d'instruments ici ou de travaux de production comme sur Sigur Rós - Ágætis byrjun (1999) . Non ici, la musique est simple, délicate, douce et acoustique. Elle est composée de claviers (beaucoup de piano), de cordes et de bruitages (bruits de vaisselle pour All The Big Trees, craquements de bois pour Giant In The Sea). Pour les épauler dans leurs travaux, Jónsi & Alex ont fait appel au quatuor de cordes Amiina, soutien habituel de Sigur Rós en studio comme sur scène. Les quatre femmes sont ici à l'honneur et aident le duo à façonner ses tranquilles tissus sonores délicats avec une finesse qui rappelle Sigur Rós ou leurs propres albums (Kurr et Puzzle).

 

Pourtant il y a quelque chose de beaucoup plus sombre ici que dans Sigur Rós ou dans les œuvres d'Amiina. Plus austère et minimal même. Les morceaux sont longs, très longs même. Même par rapport aux standards de Sigur Rós. Il n'y a que le troisième album ( Sigur Rós - () (2002) ) qui comportent des morceaux aussi longs et aussi austères que ce Riceboy Sleeps. Mais il y a aussi un élément présent dans () qui est absent ici et qui rend l'album encore plus froid et minimaliste : la voix de Jónsi. Ce dernier ne chante pas vraiment ici. En tout cas, lorsqu'on entend sa voix, elle est reléguée au fond du mixage, à quelques murmures ou bruits de gorges. Rien de comparable à sa magnifique voix de falsetto qu'on connait si bien... Alex ne chante pas plus. Et même si cela a le mérite de nous emmener vers d'autres univers, je déplore vraiment l'absence quasi totale de sa voix. Seule Indian Summer la laisse un peu entendre et c'est d'ailleurs un des morceaux qui surnagent de ce calme océan gris qu'est le projet.

 

Car la pochette finalement donne le ton de ce qu'est Riceboy Sleeps. Un enfant jouant seul sur une plage... Une image grisâtre. Minimale et grise, comme abandonnant l'auditeur sur une placide mer de son. Riceboy Sleeps pourrait se résumer comme ça. Car les morceaux sont longs (trop en fait) et évoluent assez peu. Il y a parfois assez peu de variations au sein des morceaux. A l'image de ce Happinness qui ouvre l'album et qui offre finalement bien peu de joie à l'auditeur... Plutôt une mer de sentiments contemplatifs et calmes. D'ailleurs ce morceau lance bien mal l'album. Il est long et plutôt plat, même s'il se révèle joli. C'est d'ailleurs un reproche qu'on peut adresser à toute la galette. Elle est certes « belle », mais se révèle plutôt longue et plate, voire chiante pour les détracteurs de ce genre d'exercice. Et contrairement au troisième album de Sigur Rós qui est aussi austère de prime abord, Riceboy Sleeps ne se révèle pas vraiment au fil des écoutes, même s'il fait voyager...

 

 

Certains de ces morceaux sont néanmoins de magnifiques petits scènettes, à la fois intimes et envoutantes. C'est le cas de la très mystique -et quasi religieuse- Boy 1904 à l'ambiance éthérée et confinant au chant sacré. Ses chœurs (ceux de Kópavogsdætur) sont superbes et l'écho nous transpose très vite su sein d'une cathédrale sereine... Même les sons rappelant les craquements des vinyles participent à donner une touche rétrospective et intemporelle à cette magnifique chanson. Une expérience mystique, lente et parcimonieuse qui est un des points culminants de l'album. Tout comme la belle Daníell in the Sea qui avec ses nappes de cordes et ses voix aiguës et lointaines semble évoquer l'immensité de la mer... Une ambiance marine qu'on retrouve aussi dans Giant In The Sea et ses craquements de bois qui évoquent un bateau en train de naviguer. On s'imagine aisément dans la cabine d'un bateau de pêche, enfoncé dans un hamac écoutant tranquillement les bruits du navire sur la mer calme, simplement bercé par l'orgue... Seuls quelques bruits semblent provenir de l'extérieur de la cabine, simples échos lointain d'un autre monde...

 

Néanmoins ces moments de grâce, même s'ils existent tout au long de l'album sont trop rares et s'étirent trop en longueur pour donner un résultat global réellement à la hauteur de mes espérances. L'album est beau et contemplatif, certes propice à une certaine rêverie. Sa mélancolie est parfois poignante et des pépites comme Boy 1904 ou Indian Summer sont indéniablement belles... Mais voilà, les morceaux sont trop longs, proposent des variations parfois infimes en leur sein et se dispersent trop (de l'ambiant basé sur les bruitages comme Giant In The Sea à la musique sacrée de Boy 1904) tout au long de l'album pour convaincre. Là où Sigur Rós réussit le pari de nous faire rêver tout au long de leurs albums, Jónsi & Alex échouent en partie. Même s'il n'y a pas de quoi hurler au scandale, Riceboy Sleeps est donc inférieur à tous les albums de Sigur Rós (le cas de Von mis à part) et même au très frais et enjoué Go que Jónsi a sorti en solo un an plus tard. A ne réserver donc qu'aux fans extrêmes d'ambient ou à ceux qui ont épuisés tous les albums du quatuor islandais en attendant leur prochaine livraison qui viendra peut-être en 2012...

 

12/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.  

 

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