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13 février 2011 7 13 /02 /février /2011 20:25

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/0/01/Neil_Young_TTN_cover.jpg

 

Tracks : Tonight's The Night ; Speakin' Out ; World On A String ; Borrowed Tune ; Come On Baby Let's Go Downtown ; Mellow My Mind ; Roll Another Number (For The Road) ; Albuquerque ; New Mama ; Lookout Joe ; Tired Eyes ; Tonight's The Night – Part II

 

Harvest est pour beaucoup le sommet de la carrière de Neil Young. Une parenthèse enchantée et parfaite dans l'étrange carrière du Loner. Un après midi ensoleillé, joyeux et simple. Mais l'après midi décline, et la nuit finit toujours par tomber. Tonight's The Night. Une pochette sombre, où Neil Young apparaît seul dans le noir. Ce soir, la nuit va tomber, et le Loner se tient seul devant nous, portant un lourd fardeau sur les épaules. Même s'il est sorti en 1975, Tonight's The Night date en fait de 1973, année charnière pour Neil Young. C'est le 5ème album studio du canadien (même s'il est sorti en fait après On The Beach, qui est son successeur), qui patientât deux ans dans les coffres du label Reprise. La maison de disques attendaient un Harvest 2 et refusait de sortir ce disque, trop anti-commercial. Mais entre Harvest et Tonight's The Night tout a changé. Neil Young a enterré les utopies des années 60 qu'il chantait sur Crosby, Stills, Nash & Young - Déjà Vu (1970) . Il voit tout autour de lui les ravages de la drogue et de l'alcool (The Needle and The Damage Done chantait-il sur Harvest). Quelques mois avant d'enregistrer Tonight's The Night, il renvoie Danny Whitten le guitariste du Crazy Horse, trop accro à l'héroïne. Quelques jours plus tard, le jeune homme est retrouvé mort. Overdose. L'héroïne a été payée avec les 200 dollars que Young lui avait laissé en le licenciant. Quelques mois plus tard, c'est Bruce Berry, un roadie et ami de Neil Young, qui est retrouvé mort. Overdose. La nuit tombait dans l'esprit du Loner. Rien d'autre qu'une dépression profonde, qui allait durer deux ans. Même dépressif, le Loner reste néanmoins créatif. C'est au cours de ces deux années qu'il enregistre ce qu'on appellera par la suite sa trilogie du fossé, composée de Time Fades Away, Tonight's The Night et On The Beach. Tonight's The Night est donc le cœur de cette nuit profonde et morbide. Une confession publique sinistre. Mais cette confession publique est-elle à la hauteur du reste de la discographie du Loner?

 

Toute personne ayant déjà écouté ce disque sait qu'il y règne une ambiance nocturne et morbide, sinistre et froide. Une déprime qui n'a rien à voir avec celle qu'on trouve sur  Joy Division - Closer (1980) ou The Cure - Pornography (1982) . Non ici tout est usé, sombre. Une mélancolie contre laquelle on ne peut rien. Un sentiment aussi inéluctable qu'une nuit sans fin. Aussi inéluctable que la mort. C'est de ça dont Neil Young parle ici. Et tout est résumé dans ce qui est probablement une de ses plus grandes chansons : Tonight's The Night. La chanson est un hommage direct à Bruce Berry, l'ami de Neil Young. Elle parle de lui « Bruce Berry was a working man/ He used to load that Econoline van. » et de sa mort « When I picked up the telephone/And heard that he'd died/out on the mainline. » . Et rarement la voix de Young n'a été aussi déchirante qu'ici. Il chante presque faux d'ailleurs. On sent l'alcool dans son phrasé incohérent. Mais s'il chante probablement mal, il chante de manière « vraie ». Un peu comme Dylan d'ailleurs. Sa sincérité et l'émotion qu'il dégage me font chavirer. Cet homme pleure son ami ici (la chanson ouvre l'album, et une version un peu plus rock le clôture), et le fait avec une de ses plus grandes chansons, qui vous marque au fer rouge dès la première écoute.

 

Paradoxalement, le seul moment de l'album qui paraît échapper à cette déprime bourbeuse est trompeur. Car si Come On Baby Let's Go Downtown est un pur moment de rock sautillant, il est en fait un hommage lugubre à Danny Whitten, le guitariste du Crazy Horse mort d'overdose. Le titre est en effet pris en live, avant sa mort. C'est même lui qui chante ses paroles joviales et souriantes et qui tient une des guitares. Un bon morceau de rock, joyeux, pétillant, très bien réalisé. Quelques mois avant l'injection fatale. Un hommage très joli et poignant, même s'il peut passer inaperçu à la première écoute.

 

Mais tout le reste de l'album baigne dans une atmosphère résignée, triste, alanguie. De la splendeur ensoleillée d'Harvest, il reste quelques éclats fugitifs, quelques ultimes rayons de soleil avant la nuit, comme ce Borrowed Tune dominé par un piano et un triste harmonica. En fait, on s'aperçoit qu'il s'agit d'un plagiat quasi non dissimulé du Lady Jane des Rolling Stones. Après le riff de Mr Soul de Buffalo Springfield qui rappelle étrangement Satisfaction, ce n'est qu'à moitié étonnant ceci dit. Borrowed Tune reste néanmoins une très belle chanson. On retrouve aussi une country un peu fatiguée sur un titre comme Roll Another Number, chanson déphasée et triste où seul le piano (tenu par Nils Lofgren) semble réellement assurer. Car il faut dire ce qui est, si ce disque est lugubre, il l'est aussi par les effluves d'alcool qui s'en dégage. Le Loner chante faux la plupart du temps, de la diction typique de quelqu'un qui a passé un peu trop de temps avec l'ami Jack Daniels. Que le titre soit folk comme Albuquerque, Tired Eyes, ou blues rock comme le superbe Word On A String (surement un des titres que je préfère de la galette, même s'il est assez atypique ici), Young chante totalement à coté de la plaque. Et pourtant, c'est évident : ça colle à l'ambiance. Le reste du Crazy Horse qui l'accompagne (enfin ce qu'il en reste c'est à dire Ralph Molina à la batterie et Billy Talbot à la basse) n'est pas spécialement un groupe de virtuoses, et subit lui aussi le coup de la perte de Whitten. Eux aussi sont dans le fossé, usés, déprimés, alcoolisés. Le contraste est d'autant plus flagrant lorsque les Stray Gators, groupe avec lequel Neil Young enregistra Harvest, l'accompagne sur Lookoot Joe. C'est le morceau le mieux joué de l'album, le plus sérieux. Même Neil Young chante correctement ici, et le guitariste Ben Keith est au top. La lune perce les nuages quelques instants.

 

Mais rien n'y fait, l'album reste poisseux, mélancolique, fatigué. Un disque nocturne, qui brille tel un diamant noir dans la discographie de Neil Young. Car oui, il est difficile d'accès. Il n'a pas la splendeur d'Harvest ou de Neil Young - After The Gold Rush (1970) , la hargne rock d'un Everybody Knows This Is Nowhere ou d'un Ragged Glory, mais il est néanmoins très attachant. C'est un des disques les plus personnels de Neil Young qui se livre ici, masqué par la drogue et l'alcool. Épuisé, détruit. Un des nombreux disques de ce milieu des années 70 qui est dicté par la drogue (Station To Station de Bowie, Exile On Main Street des Stones...). Ce n'est pas son meilleur, certes. Neil Young chante trop faux ici, et les compositions du Loner ont été et seront meilleures (sauf pour le titre éponyme). Mais la galette a un charme nocturne, sombre et poisseux. Elle dégage une émotion qui peut vous coller longtemps, comme une nuit interminable. Tonight's The Night. A écouter la nuit, lorsque la journée aura été épuisante. En rêvant d'un matin meilleur, qui finira bien par venir...

 

15/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.

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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 18:22

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/2/20/Led_Zeppelin_-_Led_Zeppelin_II.jpg

 

Tracks : Whole Lotta Love ; What Is and What Should Never Be ; The Lemon Song ; Thank You ; Heartbreaker ; Living Loving Maid (She's Just A Woman) ; Ramble On ; Moby Dick ; Bring It On Home

 

Le décollage du dirigeable ( Led Zeppelin - Led Zeppelin (1969) ) n'avait en fait qu'un but : l'Amérique. La terre du blues qui inspire tant le groupe. Décollage parfait. Un vol qui se déroule bien, tout comme le vol du LZ 129 Hindenburg 32 ans plus tôt. Mais l'Amérique est une terre qui se mérite. A l'époque, l'ambiance était plutôt à la fin du rêve hippie. Altamont, plusieurs morts, dont un meurtre. Université du Kent, Ohio, 4 morts et un paraplégique à vie. La police ouvre le feu sur des étudiants manifestant pacifiquement. « The Dream Is Over » chante Lennon un an plus tard. Fini l'optimisme. Fini le mouvement hippie, évaporé parmi tous ces buvards de lsd remplacés peu à peu par la cocaïne. Fini l'amour libre, place aux mst. Et pendant ce temps le dirigeable vogue vers l'Amérique. Ces quatre anglais ont décidés de mettre le nouveaux continent à genoux. Un exploit dont seuls les Rolling Stones pouvaient réellement se vanter en 1969. C'est donc sur la route, entre Londres, New-York et Vancouver que Led Zeppelin décide de donner une suite à son premier album. Enregistré quasiment live entre l'Amérique et l'Europe avec l'aide d'Eddie Kramer (producteur de Jimi Hendrix), ce second album se veut comme celui qui fera enfin atterrir le Zeppelin de plomb en Amérique. De quoi éviter le crash comme le LZ 129 Hindenburg, 32 ans plus tôt?

 

L'album s'ouvre sur un des riffs les plus légendaires et les plus incendiaires du rock : Whole Lotta Love. Un riff simple, certes. Mais tout le monde le connait, tant il a été utilisé, à la télé notamment. C'est comme (I Can Get No)Satisfaction, en fait. Mythique. Bien sur tout le titre est excellent, de ce riff incendiaire, à la folle cavalcade de la basse, aux hurlement de Plant, en passant par le pont psychédélique faits de bruitages composés par Eddie Kramer et Page. Quant à la frappe de Bonzo elle donne la violence nécessaire à ce titre (ce break!), qui est tout simplement inscrit éternellement au panthéon du rock n roll. Même s'il a été pompé sur le You Need Love de Willie Dixon...

 

Tout est dans la nuance avec What Is and What Should Never Be, qui démarre sur la voix douce de Plant et Bonzo qui effleure ses cymbales. Un titre tout en contraste d'ailleurs entre ces couplets un peu planants et psychédéliques (la voix de Plant est étrangement déformée et paraît très lointaine, mais aussi très féline) et le refrain un peu plus rentre dedans qui propose même quelques harmonies vocales. Le titre finit par vraiment partir en furie vers 3min50 et c'est une réelle orgie sonore qui s'ouvre sous les hurlements de Plant, qui définitivement, s'impose comme un chanteur exceptionnel.

 

The Lemon Song met à l'honneur cette fois un autre membre de Led Zep, probablement le plus discret, John Paul Jones. Comment nier en effet le groove totalement hallucinant de ce Lemon Song sexuel et funky? Bien sur il est bien aidé par le reste du groupe, notamment Bonzo derrière les futs qui participe à ce groove monumental sur lequel rugissent la guitare de Page (décidément très psychédélique en ce début d'album) et Robert Plant, très en forme sur le chant (comme sur les 4 premiers Led Zep). Cependant les paroles sont vraiment très particulières (métaphore classique du blues entre le citron et le pénis), et à priori piquées à Howlin'Wolf. Mon seul petit reproche, c'est que le titre s'étire peut-être un peu, le solo de guitare plutôt joli mettant tout de même un certain temps à venir. Un très léger souci de timing donc à mon goût.

 

Les choses se calment avec ce qui est la seul moment calme de cette face A : Thank You. Étrange titre que celui-ci qui après trois titres bouillants est vraiment calme, mettant en valeur l'orgue tenu par John Paul Jones (joli solo d'ailleurs). On peut trouver ce moment délicat un peu « chiant » tout seul, mais inséré comme il est dans l'album, je le trouve bien à propos. C'est aussi la grand force de Led Zeppelin, savoir manier les contrastes. Une jolie conclusion de face A, qui tente de nous préparer à la fureur de la face B qui suit...

 

Car dès le riff de Heartbreaker, les choses sont mises à plat. Si Whole Lotta Love était un crochet du gauche, Heartbreaker est un uppercut du droit. Un titre dantesque au riff plombé. Surpuissant. Où nait le hard rock? Dans la fureur de Beck-Ola? Sur les hurlements d'In Rock de Deep Purple? Ou tout simplement dans ce titre de Led Zeppelin? Heartbreaker est un titre hard rock, un des premiers du genre. On peut disserter longtemps pour savoir qui a inventé la formule du hard. Mais sur ce titre, le dirigeable est vraiment de plomb et sonne d'une lourdeur inédite pour l'époque. Le seul léger reproche qu'on peut faire concerne le solo, qui est assez mal amené, mais pour le reste... Un classique des classiques, et un riff qui l'est tout autant.

 

Et l'enchainement se fait à merveille avec Living Loving Maid (She's Just A Woman), qui peut presque se considérer comme la deuxième partie de Heartbreaker tant les deux vont ensemble (et qu'il semble impossible de lancer ce titre sans le précédent). Le morceau le plus court de l'album (2min39) et probablement le plus dispensable. Il s'agit juste d'un titre rapide, bien emballé par un riff sympathique et un rythme efficace, mais qui n'est pas à la hauteur de tous les autres magnifiques titres de la face B. C'est lorsqu'on en vient à se dire qu'un truc comme celui-ci est dispensable qu'on voit le niveau du Zep en 1969...

 

Ramble On qui démarre doucement au sons de percussions étranges et d'une guitare plus douce, annonce en effet le trio gagnant de la fin de l'album pour moi. C'est bien simple, les trois titres qui suivent sont tout simplement parfaits à mes yeux. Pour le reste et bien, nous avons affaire à un superbe titre aux relents un peu folk, mais revus par Led Zeppelin (en 1969). Les couplets restent calmes, mais le refrain est endiablé et la voix de Plant fait beaucoup pour ces alternances douceur/violence. Une pépite, tout simplement, au même titre qu'un Heartbreaker ou un Whole Lotta Love...

 

Moby Dick est surtout connu pour sa version live, qui était le moment de gloire de John Bonham. Le titre a en effet la particularité de présenter un solo de batterie (chose très à la mode en live à l'époque, un peu moins en studio). Bon, comme beaucoup de non batteurs, je ne suis pas un fan des solos de batterie. Néanmoins, s'il peut être interminable en live, le solo est relativement court ici (moins de 3 minutes), ce qui fait qu'il passe plutôt bien, surtout accompagné de ce riff qui a un sacré potentiel. Tout le talent de Bonham s'exprime ici, et ma foi, cette intermède façon « Attila débarque » a un certain charme au milieu d'un album aussi lourd que celui-ci...

 

Et on conclut avec un blues repris à l'inévitable Willie Dixon, véritable idole du groupe à priori. Après You Shook Me et I Can't Quit You Baby sur Led Zeppelin I, c'est en effet Bring It On Home qui est repris par le groupe ici. Et l'intro est tout bonnement un pur blues, des plus classiques, avec la rythmique on ne peut plus classique (voire banale), les murmures de Plant, la basse et l'harmonica (c'est la seule fois qu'on entend de l'harmonica sur l'album). Si la chanson en était restée là, elle aurait déjà été bien, sans être extraordinaire. Mais c'est mal connaître Led Zeppelin que de croire qu'ils jouent juste un blues sans se l'approprier. Et vers 1min43, toute l'intro prend son sens lorsque éclate le riff dévastateur de Page qui fait partir la chanson dans un tout autre domaine. Un blues métallique surpuissant, joué par 4 anglais qui assurément sont allés au crossroads vendre leur âme au diable. On pourrait presque voir une métaphore de l'approche globale du Zep dans ce titre, qui à partir du blues tire une musique inédite et rarement (jamais?) égalée. Et qui revient au blues traditionnel vers 3min55 pour se conclure...

 

En référence à sa pochette, cet album a été surnommé le bombardier brun. Et à l'écoute on comprend aisément pourquoi. Il contient ni plus ni moins que neuf bombes (même si certaines sont plus puissantes que d'autres). Neuf bombes qui les unes après les autres frappent l'auditeur, qui abasourdi ne demande qu'une chose : que le déluge sonore continue. Autant d'ogives qui feront plier les Etats-Unis, et le reste du monde. Neuf titres par lequel la machine de guerre Led Zeppelin signifiait la fin des années 60. Les années 70 commencent ici, et ils y règneraient en saigneurs impitoyables.

18/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.

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5 février 2011 6 05 /02 /février /2011 16:47

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/5/56/Jeff_Beck-Truth.jpg

 

Tracks : Shapes Of Things ; Let Me Love You ; Morning Dew ; You Shook Me ; Ol' Man River ; Greensleeves ; Rock My Plimsoul ; Beck's Bolero ; Blues De Luxe ; I Ain't Superstitious

 

Les Yardbirds... Pour tout amateur de guitare blues-rock, ce nom sonne comme l'évocation de l'Eldorado, d'un temps mystique et glorieux désormais révolu. De tous les groupes du british blues boom des années 60, ce n'est pourtant pas celui qui nous laisse l'héritage discographique le plus impressionnant. Mais le véritable héritage des Yardbirds n'est pas contenu dans les sillons d'un vinyle portant le nom du groupe. Ce que l'amateur de guitare blues passionné sait, c'est que ce groupe a été le berceau de trois des plus grand guitaristes de blues du XXème siècle. Le premier s'appelle Eric Clapton, affectueusement surnommé « Dieu » par ses admirateurs. En toute simplicité. Lorsqu'il quitte les Yardbirds qu'il juge trop pop en 1965 (après le single For Your Love), il laisse le gouvernail à un autre guitariste de génie : Jeff Beck. Mais ce dernier abandonne le navire après 18 mois de service le laissant aux mains de son vieil ami, Jimmy Page. Troisième guitariste mythique des Yardbirds, qui transformera le navire à la dérive en un dirigeable foudroyant, qui dominât les années 70 : Led Zeppelin. Mais pendant que Page récupére les restes encore chauds des Yardbirds (contrats et répertoire), son compère Jeff Beck ne reste pas inactif. Enregistrant quelques morceaux isolés (dont le fameux Beck's Bolero avec Page, nous y reviendrons), il décide ensuite de former son propre groupe, le fort originalement nommé Jeff Beck Group. S'entourant de Ronnie Wood à la basse (futur Faces et guitariste des Rolling Stones), Rod Stewart au chant (Faces, puis en solo), Mick Waller à la batterie et de Nicky Hopkins au piano (collaborateur régulier des Stones), Jeff Beck sort donc son premier album, intitulé Truth, en aout 1968. Au même moment, Cream publiait Wheels Of Fire et Led Zeppelin enregistrait son premier album. Que peut donc valoir ce Truth face à une telle concurrence?

 

Et c'est un titre issu du répertoire des Yardbirds qui entame le disque : Shapes Of Things. Le morceau a déjà été enregistré en 1966 par l'ancien groupe de Jeff Beck, qui y officiait alors. Mais en deux ans, la puissance du titre a gonflé et d'entrée de jeu Rod Stewart impose sa voix, nettement plus puissante que celle de Keith Relf. De même le mur de guitares est nettement plus imposant, et la partie de batterie de Mick Waller est endiablée, rappelant un peu Keith Moon. Pas le meilleur titre de l'album, mais une intro musclée bien sympathique.

 

Let Me Love You est la première composition originale de l'album, créditée à Jeffrey Rod, contraction de Jeff Beck et Rod Stewart. Cependant il s'agit d'une relecture du titre du même nom de Buddy Guy. Là encore, le rythme du blues nous frappe d'entrée de jeu. Mais au delà de cette approche blues que ne renierait pas un John Mayall ou un Clapton, c'est la guitare qui marque, stridente, puissante. Bien sur maintenant, rien de surprenant (encore que). Mais pour l'époque on se rend compte de la puissance de de ce blues joué par le groupe. Une puissance inégalée à l'époque, sauf peut-être par Cream, et qui sera dépassée par la suite par Led Zeppelin...

 

Morning Dew, une reprise d'une chanson folk de Bonnie Dobson calme légèrement le jeu, laissant nettement plus de place à la voix (très puissante) de Rod Stewart et aux expérimentations de la guitare de Beck. Ce dernier se laisse aller à des expérimentations avec les pédales d'effets, ce qui donne un résultat un peu expérimental au titre, qui s'emballe nettement plus sur le refrain. Un titre très joli, qui se conclut au son discret d'une cornemuse...

 

Je parlais de Led Zeppelin un peu plus tôt, et tout comme pour le premier album du dirigeable, on retrouve ici deux reprises de Willie Dixon. On retrouve même un titre identique dans les deux albums : You Shook Me. Les deux versions sont néanmoins très différentes. Si la version de la bande de Jimmy Page est tout en puissance (fantastique duo John Bonham/John Paul Jones), celle du Jeff Beck Group se fait plus délicate, notamment grâce au piano de Nicky Hokins, probablement l'instrument qui domine cette piste. Cette version est aussi nettement plus courte (2min28 ici, contre 6min30 sur Led Zeppelin I). Et en toute honnêteté, cette version se fait littéralement écraser par la version de Led Zeppelin à mon goût, beaucoup plus puissante et prenante que cette gentille reprise, certes jolie mais assez peu prenante.

 

Ol' Man River, tout comme You Shook Me accueille d'ailleurs John Paul Jones à l'orgue. Le titre date de 1927 et est issu de la comédie musicale de Broadway Show Boat. Il est beaucoup plus calme que le reste, ressemblant presque à une ballade, malgré la puissance du chant de Stewart et de la batterie, à laquelle s'ajoute les timbales tenues par Keith Moon, le batteur des Who. L'orgue apporte une ambiance solennelle un peu étrange, mais belle. Une conclusion sympathique (même s'il y a mieux) pour cette face A.

 

Greensleeves est par contre vraiment très belle, et extrêmement délicate. Il s'agit d'un court (1min50) instrumental à la guitare acoustique, très doux, adapté d'un air traditionnel. Pour la légende, on dit que ce titre aurait été composé au XVIème siècle, peut-être par Henri VIII pour séduire Anne Boleyn. J'ignore si la légende est vraie, mais si la chanson a ainsi traversé les siècles pour finir dans une aussi belle version sur un vinyle de rock, je trouve ça très beau et émouvant quelque part...

 

Rock My Plimsoul est la deuxième (sur trois) composition originale de l'album signée du duo Beck/Stewart. Néanmoins, comme pour Let Me Love You, ils 'agirait plutôt d'une relecture d'un autre titre de blues, en l'occurrence ici Rock Me Baby de B.B. King. Néanmoins, la composition est bonne, bien que peut-être un peu classique. Le rythme est classique mais prenant (je suis intimement persuadé que la grande force du blues vient de là), et la guitare est plaisante. Ce n'est ni Hendrix ni Led Zeppelin, mais c'est sympathique.

 

Et justement en parlant de Led Zeppelin... On retrouve Jimmy Page à la guitare et John Paul Jones pour le morceau suivant, Beck's Bolero. On retrouve d'ailleurs aussi Keith Moon derrière les futs. Le morceau est extrêmement planant, un peu psychédélique même, en proposant une variation sur le fameux boléro de Ravel (la première moitié du titre), qui vire ensuite à l'orgie sonore, surpuissante et folle. Un très bon morceau, signé Jimmy Page. Le premier d'une longue série en fait...

 

Blues De Luxe est le troisième morceau signé par le duo Jeff Beck/Rod Stewart. Là encore (décidément), il s'agit d'une relecture d'un morceau de B.B. King, Gambler's Blues. Mais c'est probablement le morceau que je préfère de la face B (avec le court Beck's Bolero et Greensleeves), tant il est prenant et prend le temps (7min30) de nous faire vibrer au son du blues. C'est bien imple, tout est excellent ici, de la guitare de Beck (évidemment), au piano déjanté et plein de feeling d'Hopkins en passant par la voix éraillé de Stewart. Le titre semble enregistré en public (les applaudissements), mais il est en tout cas superbement prenant et bon. Un des titres majeurs de l'album que ce Blues de Luxe vraiment riche en merveilles.

 

Et c'est à I Ain't Supersitious, la seconde reprise de Wilie Dixon, qu'il revient de conclure Truth. Pour la guitare, c'est peut-être le titre que je préfère de l'album, tant le jeu de question/réponse qui s'instaure entre la guitare de Beck et le chant de Stewart est excellent, et plein d'un feeling très plaisant. Une conclusion sympathique, à l'image de l'album.

 

Un Truth sympathique en effet, mais qui souffre de plusieurs défauts de mon point de vue. Déjà il s'agit presque exclusivement d'un disque de reprises. Certes les reprises sont parfois très bonnes, mais ne restent que des reprises. Le problème majeur de l'album lui est d'ailleurs extérieur, je crois. Le problème peut en effet se résumer à quelques grands noms de la scène de l'époque : John Mayall & The Bluesbreakers, Cream et surtout Led Zeppelin. Truth n'est pas au niveau des albums sortis par ces trois formations là. Surtout après le tonitruant premier album de Led Zeppelin d'ailleurs. Jeff Beck le reconnaît lui-même : une fois Led Zeppelin I sorti, Truth est devenu obsolète. De plus de par la présence de You Shook Me, de Beck's Bolero et de certains musiciens de Led Zeppelin sur l'album encourage à toutes les comparaisons (et bien sur les liens entre Page et Beck attisent ce genre d'idées). Jeff Beck sera d'ailleurs tellement vexé par le succès de son ex-compère des Yardbirds qu'il emmènera son groupe vers un « hard-blues » nettement plus puissant avec le second album de la formation, Beck-Ola. Un deuxième album que je trouve d'ailleurs meilleur que ce Truth, disque sympathique, mais qui n'est pas le meilleur de l'époque dans ce style. Il vaut néanmoins une écoute pour les passionnés de blues pour des titres comme Morning Dew, Greensleeves, Beck's Bolero ou Blues de Luxe...

 

14/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.

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28 janvier 2011 5 28 /01 /janvier /2011 20:53

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/9/99/U2_-_How_to_Dismantle_an_Atomic_Bomb_%28Album_Cover%29.png

 

Tracks : Vertigo ; Miracle Drug ; Sometimes You Can't Make It on Your Own ; Love and Peace or Else ; City of Blinding Lights ; All Because of You ; A Man and A Woman ; Crumbs from Your Table ; One Step Closer ; Original of the Species ; Yahweh

 

Drôle de décennie que les années 90 pour U2. Une décennie qui a vu naitre un album encensé par la critique (Achtung Baby, album contenant la sublime One), mais aussi deux albums qui sont probablement les moins appréciés du groupe à présent (Zooropa et Pop). Une décennie passée entre albums expérimentaux et tournées de plus en plus gigantesques, démesurées. Ce n'est pas vraiment un scoop, le quatuor dublinois n'a jamais été aussi à l'aise qu'en live. Même si on peut détester son style, il faut reconnaître que Bono est une bête de scène. Mais si ces tournées gigantesques furent probablement grandioses pour les fans, elles ont virées au grandiloquent et au prétentieux pour le reste du public. C'est ce public un peu perplexe que le groupe cherche à reconquérir avec le nouveau millénaire. Mission accomplie avec le « retour aux sources » d'All That You Can Leave Behind, succès critique et commercial. Selon certaines radios et les fans, U2 est redevenu le « plus grand groupe de rock du monde ». A croire que les Stones sont morts, diantre! C'est donc fort de ce carton phénoménal que le groupe retourne en studio pour proposer son 11ème album. Sessions étranges qui verront défiler une multitude de producteurs, notamment les historiques Daniel Lanois et Brian Eno. Intitulé How To Dismantle An Atomic Bomb, cet album a été annoncé comme un album à guitares, un album purement rock comme jamais U2 n'en avait fait. Était-ce vraiment une bonne nouvelle?

 

Et effectivement, Vertigo, premier single de l'album (et gros hit) offre pas mal de guitares, dans un style un peu plus rock que ce à quoi le groupe nous avait habitué par le passé (finalement les racines punk du groupe sont peut-être là?). Un single bourrin, efficace, mais finalement pas si plaisant que ça. Il manque peut-être un peu d'inventivité et un refrain un peu plus inspiré que « Hello, hello, yeah, yeah, yeaaaaaaaaah »...

 

Miracle Drug calme tout de suite le jeu en proposant une sorte de ballade dans le style plus traditionnel du U2 des années 2000. Le titre parle de l'écrivain Irlandais Christopher Nolan, qui est paraplégique. Malheureusement, si le titre n'est pas infect, il sonne comme déjà entendu. La faute à quelques notes de guitares noyées dans la fameuse réverbération de The Edge qui font office de refrain, et qui en plus rappellent en moins bien With or Without You.

 

Sometimes You Can't Make It on Your Own poursuit avec une ballade, où Bono évoque son père décédé dans les paroles. Nettement plus inspirant à mon goût que les deux premiers titres, notamment grâce à la guitare, toujours aussi particulière (l'écho, la répétition...), mais plaisante. Quelques cordes en plus suffisent pour que la première moitié de la chanson soit vraiment très jolie. J'aime un peu moins la seconde partie du titre (qui s'éternise un peu), mais ce troisième single britannique est une des meilleurs chansons de ce début d'album (et une des plus connues bien sur).

 

On poursuit avec Love and Peace or Else, seul titre de l'album où Eno et Lanois sont crédités à la production. On retrouve d'entrée de jeu la touche expérimentale du duo, qui nous plonge dans une ambiance étrange, un peu futuriste et électro. La voix de Bono est pleine d'écho, la batterie sonne très bizarrement, et l'environnement sonore se fait étouffant, jusqu'à ce qu'une guitare monolithique se joigne à l'ensemble. Cela donne presque un air lourd et menaçant à la guitare, tout en restant finalement assez expérimental. Je ne suis pas forcément convaincu par la progression du titre, qui est assez alambiquée, mais il y a une expérimentation et une volonté d'essayer de trouver quelque chose d'intéressant qui me plait dans ce titre, qui est le seul morceau de l'album sortant vraiment d'ailleurs des sentiers battus.

 

Sentiers battus qu'on retrouve avec ce qui est pour moi le meilleur titre de l'album (et je ne dois pas être le seul je suppose) : City of Blinding Lights. Je crois même que si je ne devais retenir qu'un titre de la décennie pour U2, ça serait celui-là. Il reste pourtant du U2 pur jus, notamment sur la guitare, mais c'est efficace, poignant (Bono reste quand même un putain de chanteur) et entrainant. Les petits apports du clavier font beaucoup au charme du titre, ainsi que le riff de guitare, très bon. La très bonne production de Flood fait le reste. Ce voyage qui nous emmène de Londres au Madison Square Garden de New York rappelle un When The Streets Have No Name, ce qui en dit long sur sa qualité...

 

All Because of You tente d'insuffler à nouveau de l'énergie avec un de ces fameux « titres à guitares ». Ça sonne un peu forcé ce coté « rock » énergique et assez bourrin de la part du quatuor Irlandais, et je trouve le rythme de batterie assez bancal (surtout que la guitare bouffe tout le champ sonore et qu'on n'entend pas la basse), mais ma foi c'est comme Vertigo, c'est passable. Mettre en avant la section rythmique aurait à mon avis été une bonne idée (et tant pis pour l'ego de The Edge).

 

A Man and A Woman est par contre relativement anecdotique pour moi. Une chanson assez convenue pour la bande à Bono, qui n'est pas aidée par cette production assez plate. Très moyen pour moi donc.

 

Crumbs from Your Table retient tout de suite plus notre attention grâce à un riff plus rock, qui se noie ensuite dans un titre comme U2 malheureusement les livre à la chaine. Sans surprise, sans saveur pour moi.

 

One Step Closer est par contre nettement plus émouvante et intéressante à mon goût. C'est même ma chanson préférée de l'album avec City Of Blinding Lights. Une chanson triste, sur la mort du père de Bono qui chante de manière très émouvante sur une mélodie douce, et réellement planante pour le coup. Pour l'anecdote, le morceau a été inspiré à Bono par Noël Gallagher alors qu'ils discutaient du père de Bono. Bono demandât : « Penses-tu qu'il croyait en Dieu? », ce à quoi Noël répondit « il est maintenant à l'étape d'au dessus pour le savoir » (One step closer). Une ironie étrange, mais sublimée ici par Bono...

 

Original of the Species démarre sur un rythme de batterie assez sympathique et quelques notes de piano qui servent de tremplin à un orchestre de cordes puis à la guitare de The Edge. L'alternance entre le refrain « épique » et les couplets plus calmes est ma foi jolie, bien trouvée. J'ai lu pour certains que c'était la meilleure chanson de l'album. Elle est certes bien, mais j'ai plus de feeling avec City Of Blinding Lights ou One Step Closer que celle-ci j'avoue...

 

Et c'est à Yahweh qu'il revient de conclure How To Dismantle an Atomic Bomb. Malheureusement, autant le dire tout de suite, c'est à mon goût une des chansons les plus insignifiantes de l'album. Les paroles sont un peu chiantes à mon goût (surtout le refrain), et musicalement The Edge nous livre une soupe de sa guitare, qui se veut atmosphérique. Rien de bien planant en tout cas.

 

Bon, soyons honnêtes, je n'aime pas U2. Pas vraiment en tout cas. Depuis quelques années, je trouve que le groupe est enfermé dans une grandiloquence et une prétention qui vous feraient pâlir un duo Mick Jagger/Lou Reed. Certes, le groupe a fait de bons albums ( U2 - War (1983) ; The Joshua Tree...), mais avec ce « retour aux sources » des années 2000 encensé par la critique, j'ai personnellement totalement décroché. Je trouve que ça tourne en rond, on retrouve toujours ce fameux « son » de guitare qui tourne à vide et ces titres prétentieux... Et How Dismantle An Atomic Bomb fait partie de ce que je reproche au groupe. On en fait des tas pour un album qui à mes yeux ne compte que deux « grandes » chansons (City of Blinding Lights et One Step Closer) et deux chansons sympas (Sometimes You Can't Make It on Your Own et Original of The species). Le reste alterne pour moi entre le dispensable et l'oubliable. Ce qui sur 11 titres fait finalement assez peu (même si l'idée de Love and Peace or Else est intéressante). L'album battra des records, permettra à U2 de continuer les tournées gigantesques et assurera leur statut de superstars, permettant à Bono de continuer son prêche humanitaire (à moins que le prêche ne permette la vente d'albums, à vous de voir). Une bombe nucléaire qui me fait donc l'effet d'un pétard mouillé.

 

08/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.

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22 janvier 2011 6 22 /01 /janvier /2011 01:28

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/2/2e/AtomHeartMotherCover.jpeg

 

Tracks : Atom Heart Mother (Father's Shout/Breast Milky/Mother Fore/Funky Dung/Mind Your Throats Please/Remergence) ; If ; Summer '68 ; Fat Old Sun ; Alan's Psychedelic Breakfast (Rise and Shine/Sunny Side Up/Morning Glory)

 

Au fil des promenades le long des bacs à disques, il est courant que l'amateur de rock croise le regard de ce célèbre bovin, qui le toise d'un air placide. La vache se nomme Lulubelle III. La plupart du temps, il n'y a qu'elle, au milieu de ce pré verdoyant pour orner la pochette. Parfois, le nom du groupe et de l'album apparaissent. Pink Floyd, Atom Heart Mother. Un titre saugrenu, provenant selon la légende d'un article de journal parlant d'une femme ayant un stimulateur cardiaque nucléaire. Si la vache peut paraître on ne peut plus normale (le photographe Storm Thorgerson ayant pris en photo la première chose qu'il ai vu en prenant sa voiture), le titre donne une indication sur le caractère étrange et psychédélique de la galette qui s'offre à nous. Il faut dire que le Floyd est encore en pleine période de transition avec ce 5ème album. Depuis le départ du cerveau et fondateur Syd Barret après Pink Floyd - A Saucerful Of Secrets (1968) , le groupe cherche en effet sa voie, qu'il trouvera quelques années plus tard avec Pink Floyd - The Dark Side Of The Moon (1973) . Mais en 1970, le groupe tâtonne encore, entre errances psychédéliques (Ummagumma), rock progressif ( King Crimson - In The Court Of The Crimson King (1969) est sorti un an auparavant), jazz rock et musique classique. Des errances parfois un peu oubliées dans l'imposante discographie du groupe, mais qui charment souvent les amateurs, notamment Pink Floyd - Meddle (1971) . C'est même avec Atom Heart Mother (et le Dark Side Of The Moon) que j'ai découvert Pink Floyd. Un album si mineur que ça?

 

Lorsqu'on pose le vinyle sur la platine pour la première fois, on est frappé de voir que la face A de l'album est composée d'un seul et unique morceau, l'éponyme Atom Heart Mother. 23Min42, tout de même. C'est le deuxième morceau le plus long du Floyd derrière les deux parties assemblées de Shine On You Crazy Diamond, devançant de quelques secondes Echoes, la magnifique et jazzy face B de Meddle, l'album suivant. Et évidemment, ce morceau est en fait découpable en plusieurs parties distinctes. 6 pour être exact. Et c'est une fanfare de cuivres un peu inquiétants qui nous accueille dans Father's Shout. Des cuivres inquiétants et solennels, qui donnent tout de suite une dimension épique, grandiose à cette ouverture dans laquelle résonnent des bruits aussi divers qu'un cheval au galop, des coups de feux, des sirènes de police, une moto au démarrage... Le début d'un trip cosmique où un western à la Morricone se passerait dans une ville moderne? Probablement, si Breast Milky (qui débute vers la 3ème minute) ne nous emmenait pas vers des rivages plus cléments au long de ces cordes magnifiques et de cet orgue tenu par Rick Wright. Et le Floyd nous emmène à nouveau vers des terres qu'il connait mieux, plus « aquatiques », comme si la course poursuite de Father's Shout se finissait au fond d'un océan dans lequel la guitare (sublime de Gilmour) nous guidait le long de quelques nappes d'orgue inquiétantes. Et c'est à ce moment (5min22), emmené par les vagues de l'orgue, que le chant (des sirènes?) se fait entendre pour la première fois, beau, majestueux, quasi mystique. Mother Fore possède une ambiance quasi religieuse, comme une messe étrange au fond de l'eau, menée par cette étrange chorale que Pink Floyd a convié ici. Un moment étrange, peut-être un poil trop long (enfin je chipote), qui s'achève lorsque le quatuor semble revenir à leurs propres bases (10min10) avec Funky Dung. L'orgue hammond sert de liaison (excellente d'ailleurs) à ces étranges chœurs wagnériens et à la guitare de Gilmour, qui n'atteint pas encore les sommets de Shine On You Crazy Diamond, mais qui nous guide dans cet univers immense et plein de sons. Les chœurs et les cuivres font d'ailleurs leur retour pour ce qui est peut-être ma partie préférée du morceau. Une partie qui se conclut lorsque commence (à 15min25) le très barré et psychédélique Mind Your Throats Please, moment le plus flippant du morceau plein de bruits étranges, de dissonances et de cris d'animaux qui rappellent un peu les expériences proposées par Ummagumma. Au demeurant c'est extrêmement impressionnant, mais c'est la partie que j'aime le moins du morceau, et je suis assez content lorsque le passage d'un train (17min45) conclut cette partie et lance le final Remergence. Une partie qui marque le retour des cuivres du Philip Jones Brass Ensemble ainsi que les chœurs qui s'entremêlent avec les quatre instruments rock pour un crescendo final classicisant et grandiloquent. Grandiloquent mais surtout grandiose, comme toute cette face A, qui malgré quelques petites longueurs s'impose raisonnablement comme un des morceaux les plus passionnants de Pink Floyd.

 

A contrario, la face B démarre de manière fort sobre avec la jolie ballade acoustique If, signée et chantée par Roger Waters. Quelques arpèges acoustiques limpides, et c'est la voix très douce et calme de Waters qui nous guide, un peu à la manière mélancolique de Leonard Cohen. L'instrumentation est cependant plus riche ici que chez le poète canadien puisqu'on retrouve ici deux jolis soli de guitares électriques plutôt planant et inspirés et de jolis claviers avec un orgue discret et un joli thème de piano. Un autre joyau, plus concis et simple que la première piste, mais tout aussi plaisant...

Summer '68 poursuit cette aventure mélancolique et charmante. Le titre est composé et chanté par Rick Wright qui signe ici un titre doux-amer sur l'univers du rock, empreint d'une beauté étrange. Le piano est évidemment très présent, mais on retrouve des cuivres majestueux (de l'Abbey Road Session Pops Orchestra ) qui ramènent le disque vers les terres de la musique classique empruntées sur la face A. Un bon morceau, inférieur pour moi à If et Fat Old Sun, mais qui rappelle tout de même que Rick Wright (mort en 2008) était un très bon compositeur, qui a beaucoup compté au début du groupe avant d'être supplanté par Waters et Gilmour.

 

Fat Old Sun est justement signée et chantée par David Gilmour. C'est d'ailleurs lui qui joue de tous les instruments ici (guitare, basse et batterie) à l'exception du clavier. Et avec ce morceau, même s'il est le dernier venu dans le groupe (il n'y entre qu'en 1968 à l'époque d'A Saucerful Of Secrets), il s'impose comme un des compositeurs majeurs du groupe (avec Waters). Le morceau est en effet magnifique, avec son chant très doux et plaisants, cette bucolique et charmante guitare acoustique et ce solo final, très marqué par son style aérien (bien sur), mais qui est parfait à la fin d'un tel morceau. Le meilleur morceau d'une des face B les plus reposantes et relaxantes qui soient...

 

Enfin, ce n'est pas tout à fait vrai, car la face B contient un dernier morceau, assez long en plus (12min59), Alan's Psychedelic Breakfast. L'idée de base est séduisante : il s'agit d'enregistrer le petit déjeuner d'Alan Stiles, un des roadies du groupe, qu'on voit au verso de la pochette d'Ummagumma, en ajoutant des mélodies. Comme pour le morceau Atom Heart Mother, celui-ci est découpé en plusieurs parties, trois en l'occurrence (Rise and Shine ; Sunny Side Up ; Morning Glory). Mais autant je trouve l'idée de base vraiment originale et sympa (je me demande d'ailleurs comment elle leur est venue), autant le résultat final me laisse totalement de marbre. C'est bien simple, je me fais littéralement chier pendant ce morceau la plupart du temps. Les bruits du petit déjeuner (de la musique concrète?) ne sont pas fondamentalement intéressants (la musicalité de quelqu'un en train de mâcher une biscotte me dépasse un peu), et à chaque fois que les trois thèmes musicaux (assez médiocres au demeurant) commencent à devenir intéressants, ils sont coupés par un des intermèdes comportant des bruits « réels ». Non, vraiment le Floyd a tenté et tentera des choses qui me plaisent nettement plus comme cette chorale de supporters de foot à la fin de Fearless ou le chien fou de Seamus. L'idée de cet Alan's Psychedelic Breakfast restera simplement pour moi amusante, mais non concluante.

 

Et c'est dommage, car ce dernier titre représente en temps environ un quart du disque. C'est donc un quart du disque que je trouve vraiment chiant. Dommage car les trois quarts restants sont eux par contre de toute beauté. Il est d'ailleurs fréquent que j'écoute cet album sans écouter le dernier morceau, ce qui le rend nettement meilleur (l'album durerait ainsi 40 minutes, ce qui reste dans la norme de l'époque en plus). J'ai peut-être une légère préférence pour les trois très beaux morceaux de la face B, que je préfère au titre Atom Heart Mother. Ce dernier est en effet excellent, mais j'ai entendu des versions live (notamment sur un des bootlegs que j'ai, mais dont je ne me souviens plus la date) qui m'ont encore plus plu que cette version studio. Et je préfère aussi Echoes et Shine On You Crazy Diamond dans les morceaux de Pink Floyd dépassant 20 minutes. C'est probablement pour ça que l'album n'est pas un « classique » comme peuvent l'être les suivants. Sans Alan Psychedelic Breakfast, ma note aurait été bien meilleure. Mais ne vous y trompez pas. Cette vache on ne peut plus ordinaire m'a permis de découvrir le Floyd et sous son air placide, elle cache un album atypique et passionnant, même s'il y a encore mieux dans ce groupe...

 

14/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.  

 

PS : Le "découpage" du morceau titre diffère parfois selons les auditeurs. Vous trouverez par exemple un découpage différent sur la page wikipédia accordée au morceau (link). Pour ma part, je trouve le deuxième découpage plus pertinent. 

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18 janvier 2011 2 18 /01 /janvier /2011 19:02

The_fall.jpg

 

Tracks : Phoner To Arizona ; Revolving Doors ; Hillbilly Man ; Detroit ; Shy-Town ; Little Pink Plastic Bags ; The Joplin Spider ; The Parish Of Space Dust ; The Snake In Dallas ; Amarillo ; The Speak It Mountains ; Aspen Forest ; Bobby In Phenix ; California And The Slipping Of The Sun ; Seattle Yodel

 

Des lumières artificielles illuminant la nuit. Quelque part au milieu d'un no-man's land entre Los Angeles et Montreal, la station service brille de cette lumière, ni vraiment blafarde, ni suffisamment puissante pour reproduire la lumière naturelle. On pourrait être n'importe où. Quelque part sur une autoroute auvergnate, perdu sur une route Islandaise, ou au fin fond de la Chine. Mais c'est ici aux U.S.A. qu'on trouve cet homme à la table de cette station service. Il a l'air fatigué, pianote quelques touches de son Ipad. Quelques heures plus tard, on retrouve ce même homme, toujours penché sur sa tablette dans une chambre d'hôtel. Et de villes en villes, de stations service en stations service, l'Ipad se remplit peu à peu de lignes de basses, de mélodies, de voix... D'une voix surtout, celle de 2D, le chanteur de Gorillaz, masque derrière lequel se cache depuis déjà quelques années Damon Albarn. Après le succès phénoménal de Plastic Beach, Gorillaz est parti à l'assaut de l'Amérique, cette même Amérique qu'Albarn et les siens négligeaient volontairement dans les premiers temps de Blur. Une Amérique qui accueille à bras ouverts la formation live de Gorillaz, immense troupe composée d'un orchestre, de musiciens de rock aussi prestigieux que Paul Simonon et Mick Jones (respectivement bassiste et guitariste des Clash) et d'invités de renom comme Snoop Dogg ou Lou Reed qui se joignent le temps d'un concert à cette troupe hétéroclite et gigantesque. Une compagnie de théâtre pour un show épuisant et une fuite sans fin qui mène le groupe de Montréal à Los Angeles. Et lorsque l'automne s'achève, le groupe est face à l'océan pacifique, à Seattle. Et le fameux Ipad est plein de cette musique composée durant l'automne américain. De quoi sortir un album, offert gratuitement aux fans le 25 décembre. Mais si The Fall signifie l'automne en anglais (Damon avait pensé aussi à October, mais le deuxième album de U2 porte déjà ce nom), il signifie aussi la chute. Un bon présage pour ce quatrième album de Gorillaz où seul 2D apparaît sur la pochette?

 

En réalité The Fall n'est rien d'autre qu'un journal musical d'une étrange ruée vers l'ouest américain. Chaque titre correspond à une ville et à une date. Le dub malade et impressionnant de Phoner To Arizona est le point de départ de cette traversée qui débute à Montréal le 3 octobre 2010 et qui se conclut sur le très étrange et tyrolien (!) Seattle Yodel à Seattle le 2 Novembre. Des basses impressionnantes, et un instrumental qui s'il peut rebuter de prime abord s'insinue vite en vous pour vous faire bouger avec ce groove froid comme l'automne canadien. Premier single de l'album, et assurément une bonne chanson. Et c'est un journal musical quasi intime qui se dévoile peu à peu au fil de ces chansons.

Des chansons minimalistes et très marquées par l'électro. La contrainte même de la précipitation (un jour ou 2 par chansons maximum) et du support (un Ipad) fait que ce projet est forcément bien différent de ce que Gorillaz proposait dans les trois premiers albums. Ici très peu d'invités prestigieux. On ne retrouve que Mick Jones à la guitare sur une chanson (la très douce HillBilly Man), Paul Simonon à la basse sur une autre (Aspen Forrest sur laquelle on retrouve aussi James R. Grippo au Qanun, genre de cithare du moyen orient), Jesse Hacket au clavier sur Little Pink Plastic Bags et Bobby Womack à al guitare et au chant sur Bobby In Phenix. On est loin du défilé prestigieux des invités de Plastic Beach, ce qui n'est peut-être pas plus mal à mon goût finalement. Idem les racines hip-hop, pourtant part entière de « l'esprit » Gorillaz sont absentes ici. Je ne vais personnellement pas m'en plaindre d'ailleurs. On peut reprocher à l'album de ne pas ressembler à du Gorillaz d'ailleurs, ce qui est vrai. L'album aurait pu sortir sous le simple nom de Damon Albarn tant il est personnel et introspectif.

 

Mais l'introspection va merveilleusement bien au leader de Gorillaz, qui avec 120$ d'applications signe un excellent album. Le seul lien entre les chansons, c'est cette voix brisée, magnifique et qui nous fait voyager le long de ces routes sans fin qui parcourent l'Amérique. Peu de vrais singles se démarquent ici, contrairement aux habitudes de Gorillaz, groupe qui a su créer certains des meilleurs singles des années 2000. En fait il n'y a vraiment que deux chansons qui pourraient avoir un éventuel potentiel comme tubes : la superbe Amarillo (la chanson de l'album à mon goût, tout comme On Melancholy Hill était celle de Plastic Beach) et l'incantatoire California And The Slipping Of The Sun où le chant d'Albarn se fait habité comme un coucher de soleil... Et dire que le début de chanson est une annonce de train dans la gare de Los Angeles et que la fin a un faux air de Daft Punk...

 

Honnêtement, il n'y a que très peu de reproches que je peux adresser à cet album. Le premier, minime et déjà mentionné est que « l'esprit » de Gorillaz n'est pas vraiment présent sur cet album. Bon ça ne me dérange pas outre mesure ceci dit. Le deuxième, un peu plus embêtant concerne les sonorités électroniques qui parsèment cet album. La plupart sont très jolies et envoutantes, mais certaines ne me plaisent pas. L'exemple le plus représentatif est pour moi The Joplin Spider, chanson que je trouve finalement assez moche.

 

Mais ne boudons pas notre plaisir, Albarn est un des génies musicaux des années 2000 et le prouve une nouvelle fois, s'il en était encore besoin. The Fall est un très bon album, probablement inférieur à Demon Days, mais supérieur à mon goût à Plastic Beach (j'y reviendrais). Son caractère introspectif rappelle d'ailleurs The Good The Bad & The Queen - The Good The Bad & The Queen (2007) ou le Think Tank de Blur (d'autres très grands albums signés Albarn). Il donne une bande son à ces stations services au milieu de nul part, à cette solitude du voyageur et à ces lendemains de soirées trop arrosées. L'autre versant de la lumière et de la fête. Un versant peut-être même plus somptueux d'ailleurs, même si on espère qu'il ne signifie pas la fin de Gorillaz.

16/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même. 
 

 

PS : L'album est en écoute depuis le 25 décembre ici link. Il faut juste s'inscrire pour pouvoir l'écouter. Sa sortie "physique" est prévue pour le début de l'année 2011. 

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12 janvier 2011 3 12 /01 /janvier /2011 20:28

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/5/58/TheRollingStonesNumber2.jpg

 

Tracks : Everybody Needs Somebody To Love ; Down Home Girl ; You Can't Catch Me ; Time Is On My Side ; What A Shame ; Grown Up Wrong ; Down The Road Apiece ; Under The Boardwalk ; I Can't Be Satisfied ; Pain In My Heart ; Off The Hook ; Suzie Q

 

Une réputation sulfureuse, un certain goût pour la provocation et quelques reprises bien senties... Un cocktail parfois suffisant pour faire son nid dans le foisonnement incroyable du Londres musical du début des années 60. Les Who l'ont bien compris, et le quatuor habillé par les plus grands tailleurs de la capitale anglaise devient un gang barbare lorsqu'il s'agit de détruire ses instruments sur scène en jouant My Generation. Et lorsqu'on parle de provocation, impossible de ne pas penser à ce que Nixon nommera en 1975 comme le groupe de rock le plus dangereux de la planète : les Rolling Stones. Leur réputation de l'époque, leurs accoutrements et leurs coiffures font polémique en ce début d'années 60, dans le encore très puritain et pudibond Royaume d'Elisabeth II. Le groupe en profite pour faire partager son amour pour la musique noire américaine, gratifiant le public de reprises comme le Carol de Chuck Berry (qu'on trouve sur leur premier album The Rolling Stones - The Rolling Stones/England's Newest Hits Makers (1964) ), ou Little Red Rooster de Willie Dixon. L'opposition (quasi fictive, les deux groupes étant amis) avec les Beatles suffit à faire connaître le groupe, qui du coup rencontre un certain succès avec son premier album. C'est donc fort de ce début de renommée que le groupe entre en studio en 1964 pour faire paraître le 15 janvier 1965 son second album, fort sobrement intitulé The Rolling Stones No. 2. Mais 1965 est aussi l'année de la consécration pour les Stones, qui sortent quelques mois plus tard le single (I Can Get No) Satisfaction et l'album The Rolling Stones - Out Of Our Heads (1965) . Ce second album est-il donc la première étape vers la consécration -bientôt planétaire- de ces cailloux roulants?

 

Comme toujours dans les débuts du groupe (jusqu'à Aftermath), le disque est essentiellement constitué de reprises. Sur les 12 chansons enregistrées sur cet album, seules 3 sont signées du duo Mick Jagger/Keith Richards (What A Shame ; Grown Up Wrong et Off The Hook). Les neuf autres titres sont donc des reprises, exercice favori du groupe à l'époque, qui n'ose pas vraiment composer. On retrouve donc l'inévitable reprise de Chuck Berry (You Can't Catch Me, très caractéristique de l'artiste), des reprises de soul (Everybody Needs Somebody To Love du regretté Solomon Burke, mort en 2010 ; Time Is On My Side de Jerry Ragovoy, aussi auteur du sublime Piece Of My Heart repris par Big Brother And The Holding Company - Cheap Thrills (1968) ), de blues (I Can't Be Satisfied de Muddy Waters) et des reprises de rock n' roll et Rythm N' Blues (Down Home Girl de Jerry Leiber et Arthur Butler, duo de compositeurs qui signe aussi le Jailhouse Rock d'Elvis ; Pain In My Heart d'Allen Toussaint ou encore Suzie Q, chanson écrite à 3 par Dale Hawkins, Stan Lewis et Eleanor Broadwater et qui fut popularisée par Creedence Clearwater Revival - Creedence Clearwater Revival (1968) ).

 

Du beau monde convoqué donc sur cette galette pour des reprises dans la droite ligne de ce que proposaient les Stones à l'époque : un rythm n' blues vigoureux, frais et spontané. Malheureusement aussi, le disque souffre des mêmes défauts que le premier album ou qu'Out Of Our Heads. Tout d'abord, l'album est composé de beaucoup de reprises ce qui est certes sympathique, mais même si elles sont bonnes,ça ne restent que des reprises, et qui ne sont même pas toujours les meilleures versions existantes des chansons. Everybody Needs Somebody To Love en est un bon exemple. C'est une des chansons qu'on retient le mieux de l'album, mais ce n'est pas particulièrement du à la qualité de la reprise. La chanson est juste tellement bien naturellement que forcément, elle marque (surtout qu'elle ouvre l'album). Après, même si cette reprise n'est pas honteuse, elle est pour moi inférieure au feeling soul de l'originale ou à l'énergie dévastatrice de la reprise des Blues Brothers. Idem pour Suzie Q. La version que proposent ici les cailloux n'est pas mal, mais la version de Creedence Clearwater Revival est à mon goût meilleure (même si un peu longue).

 

De même il faut se faire à la production, qui en est encore à ses balbutiements et qui certes donne un « son » à ces premiers Stones, mais qui n'est pas à proprement parler très sophistiquée (loin du son d'un Let It Bleed 4 ans plus tard)... Après ça donne une ambiance qui est très reconnaissable et qui est très addictive lorsqu'on aime. Et il y a surtout un problème plus important à mes yeux du à la politique de l'époque en Angleterre : le découpage des chansons. En effet, vous ne trouverez pas ici les singles des Stones. Ni même certaines de leurs compositions, tout simplement évincées au profit des reprises. On ne trouve donc pas l'excellente composition Heart Of A Stone (une des premières grandes chansons signées Jagger/Richards), ou la très bonne reprise de Willie Dixon, Little Red Rooster. Je préfère donc écouter les deux disques américains 12x5 et The Rolling Stones, now! (qui se trouvent tous les deux entre le premier album et Out Of Our Heads), plus complets et plus intéressants à mon goût.

 

Un album en demi teinte donc, où assez peu de chansons se démarquent finalement. J'aime bien You Can Catch Me (assez fidèle, mais jolie) ou Time Is On My Side qui est probablement la meilleure reprise du disque à mon goût, notamment grâce au chant assez convaincant de Mick Jagger. Bien sur il fera mieux par la suite en s'améliorant, mais il met une belle conviction ici, et la reprise est jolie. Idem j'aime bien la reprise qu'ils font de Muddy Waters avec I Can't Be Satisfied, sur laquelle Keith place un joli solo de guitare. Bien sur l'originale possède un charme « rustique » irremplaçable, mais les Stones font ici une belle reprise. Un titre amusant d'ailleurs, puisque la même année sort (I Can't Get No) Satisfaction... Et bien sur, on ne peut pas ne pas citer Everybody Needs Somebody To Love, chanson marquante et sympathique. La chanson originale la plus marquante pour moi est What A Shame, un bon blues bien rythmé (joli travail de Charlie Watts et Bill Wyman), sur lequel les guitares sont à l'honneur. Les deux autres chansons sont nettement plus anecdotiques à mon goût, sans être mauvaises.

 

Et c'est bien ce que je reproche à cet album. Il n'est pas mauvais, mais est peut-être un peu anecdotique. Si le groupe était resté à ce niveau, il est probable qu'il n'aurait pas atteint la notoriété qu'il a aujourd'hui. C'est sympathique, mais un peu insuffisant. Surtout lorsqu'on sait que la même année les Stones ont composés des titres comme Play With Fire, The Last Time ou bien sur (I Can Get No) Satisfaction... Les deux albums américains sont à mon avis plus recommandables (12x5 et The Rolling Stones Now!), et bien sur Out Of Our Heads ou Aftermath sont à écouter avant ce Rolling Stones No. 2 à réserver aux fans des Stones (on prend quand même plaisir à écouter cet album). Plus qu'une étape avant d'être pleinement satisfait...

12,5/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.
 
 

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9 janvier 2011 7 09 /01 /janvier /2011 14:03

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/e/e9/Miles_Davis_-_Agharta.jpg

 

Tracks : Prelude Pt. 1 ; Prelude Pt. 2 ; Maiysha ; Interlude ; Theme From Jack Johnson

 

« Vous cherchez quelque chose? » Quelques trucs, notamment les Miles Davis des années 70, comme On The Corner, Big Fun ou les live comme Agharta, Pangaea et Dark Magus. Les yeux du vendeur du vinyle qui me pose la question s'illuminent. « Ah Agharta... Immense ce live. Mon dernier trip sous acide ». Parfois, lorsqu'on parle avec des vendeurs de vinyles, on tombe sur de sacrés personnages. Celui-ci en est assurément un. « Tu sais Agharta, c'est carrément un viol cosmique, une expérience sexuelle. » Un trip psychédélique, c'est sur. « Plus prenant que tous les autres disques que j'ai pu prendre sous acide. Plus trippant qu'Hendrix ou l'Airplane ». Il faut dire qu'à l'époque, Miles Davis ne carburait pas précisément à l'eau minérale tout en se couchant à 21h30. Cocaïne, sexe, alcool, musique. Personne ne pouvait vraiment rivaliser avec ce jazzman revenu au sommet avec Miles Davis - Bitches Brew (1970) . Un sommet qui l'a mené jusqu'à l'ile de Wight, concert mythique où lui et son groupe du moment jouèrent devant les 500000 personnes présentes ce jour là, un set passionnant d'improvisation de 40 minutes. Mais il y a un public que Miles Davis appréciait particulièrement : le public japonais (il le dit dans sa biographie). Et c'est au Japon, alors même que les excès commencent à avoir raison de lui, qu'il ira jouer le 1er février 1975. Deux concerts le même jour. Le premier (durant l'après midi) deviendra Agharta. Le second (le soir) deviendra Pangaea. Quelques mois plus tard, Miles se retira, le cerveau et le corps complètement grillés par les drogues. Il faudra attendre 6 ans pour qu'il sorte de son appartement/repaire de New-York pour faire à nouveau de la musique. Témoignage de la fin d'une époque que cet Agharta donc. Un témoignage aussi cosmique et trippant que le disait mon vendeur de vinyles?

 

Lorsque Miles monte ce jour là sur la scène d'Osaka, il est entouré de son groupe avec qui il tourne depuis 2 ans : Al Foster à la batterie ; Mtume aux percussions et congas ; Michael Henderson à la basse ; Reggie Lucas à la guitare (plutôt rythmique) ; Pete Cosey à la guitare (plutôt soliste), au synthétiseur et aux percussions ; Sonny Fortune au saxo alto et soprano et à la flute. Ce dernier remplace pour ces concerts l'habituel saxophoniste du groupe Dave Liebman. Et on retrouve bien sur Miles Davis à la trompette et à l'orgue. Autant dire que c'est un groupe chevronné, qui même s'il ne contient pas de « superstars » comme Chick Corea, Keith Jarrett ou John McLaughlin est capable de merveilles absolues.

Et autant le dire tout de suite : Agharta est une de ses merveilles absolues. Un « trip cosmique » est une expression étrange, mais probablement assez juste. Rarement (presque jamais), je n'ai entendu quelque chose d'aussi prenant, d'aussi puissant et d'aussi trippant en fait. Pourtant le disque peut paraître insurmontable de prime abord. Les deux parties de Prelude durent 32min32, Maiysha dure 12min19, Interlude 26min33 et Theme From Jack Johnson 25min15. Le tout est bien sur totalement instrumental et est composé majoritairement de morceaux improvisés (Pangaea est encore plus impressionnant en proposant 2 morceaux de 45 minutes chacun). Et pourtant...

 

Pourtant dès les premières notes de Prelude, je suis totalement happé. Ce rythme imprimé par Al Foster et Michael Henderson (qui est ancien de chez Motown et a aussi travaillé avec Steevie Wonder) est tout bonnement brulant, incandescent. Une rythmique funk qui n'a plus rien à voir avec le jazz, mais qui est prenante, trippante comme une invitation à danser au son du cérémonial vaudou qui se prépare... La cérémonie commence, le rythme nous happe... Ce sont les rivages africains originels qui se dessinent au fil de ce rythme infernal. Et c'est entrelacées à ces rythmes funk qu'on retrouve ce qui manquait au concert de l'ile de Wight à mon goût : des guitares électriques. Car il y a deux guitaristes ici : Reggie Lucas et Pete Cosey. Et bien que Jimi Hendrix soit mort depuis déjà 5 ans à l'époque, c'est son ombre tutélaire qui est convoquée ici au sein du brasier par la paire de guitaristes. Mélanger Sly & The Family Stone, James Brown, Hendrix et le jazz. C'était l'ambition de Miles Davis à l'époque. Et sur ce Prelude infernal et brillant, il y arrive parfaitement. Tout est trippant de wah-wah (pédale d'effets que Miles utilise même sur sa trompette), de groove et de décharges électriques qui rugissent... Vraiment cette équipe est en symbiose totale et les guitares sont tranchantes et magnifiques. Des soli métalliques impressionnants. Seules quelques interventions de l'orgue réalisent quelques brèves pauses au sein de cette fournaise, permettant de reprendre de l'air. Un air qui ne fera que ré alimenter le feu qui court, merveilleusement entretenu par les percussions de Mtume ou la basse de Michael Henderson, impressionnante de groove. 32 minutes certes imposantes à la première écoute, mais qui finalement se consument et se consomment d'une traite, messe vaudou magique et psychédélique.

 

Et si Maiysha (dont on trouve la version studio sur Get Up With It) calme un peu les choses, le voyage est de toute façon définitivement lancé. C'est la flute qui se taille la part du lion ici en nous livrant un thème très joli, délicat et prenant, presque apaisant après la tornade qu'est Prelude. Mais c'est sans compter sur les guitares électriques, puissantes, insistantes, rugissant d'électricité. Un jeu du chat et de la souris mené avec comme chant de bataille une basse galopante et une batterie magistrale... Un champ de bataille qui laisse ensuite place à la trompette de Miles Davis, calme, un peu aiguë qui vient dominer la guitare électrique pendant quelques minutes, avant que celle-ci ne se mette à nouveau à jouer au chat et à la souris avec la flute. Et c'est Al Foster qui conclut sur un rythme un peu fou le premier disque magique d'Agharta entre incendie et quiétude.

 

Un grand jet d'essence au cœur du brasier. C'est un peu l'effet que fait Interlude lorsque le deuxième disque démarre. Là encore, c'est la rythmique qui est responsable : Al Foster matraque ses futs comme s'il était possédé par un démon africain et Michael Henderson nous livre un groove titanesque et parfaitement audible. Autant d'éléments qui permettent aux guitaristes de se laisser aller et de dominer le premier tiers du morceau, électrique, métallique, tranchant. Mais bien sur, la trompette arrive, magnifique, étrange, évocatrice... Et si c'était elle qui parvenait à contrôler les démons libérés par cette musique? Si c'était elle le fil conducteur auquel s'accrochaient les ombres immémoriales venues du continent noir? A moins que ce ne soit cette guitare évocatrice, calme dans ses soli vers 15 minutes qui nous guide là où Hendrix nous guidait aussi quelques années auparavant ? Quel dommage que le mythique gaucher de Seattle soit mort avant d'avoir pu enregistrer quelque chose avec Miles...

 

Et le disque se conclut par un dernier morceau de 25 minutes, qui occupe toute la face B, Theme From Jack Johnson, qui rappelle l'album A Tribute To Jack Johnson, disque réalisé en hommage à Jack Johnson, le premier boxeur noir à être devenu champion du monde des poids lourds en 1908, et que Miles admirait. Le morceau met un peu de temps à démarrer (les 3 premières minutes), mais la guitare finit par nous emmener dans une danse langoureuse qui ressemble un peu à du blues. Le morceau est probablement le plus psychédélique de l'album, très planant, et moins entrainant que ces prédécesseurs (surtout Prelude et Interlude). Ici c'est moins le rythme qui nous entraine que les nappes de claviers, et la guitare, plus calme que précédemment, mais néanmoins magnifique. Au niveau de la guitare, c'est peut-être d'ailleurs la piste que je préfère, car les éruptions incandescentes laissent un peu de place à une beauté fragile et douce... Le brasier est installé, maitrisé et devient un feu qui nous consume lentement, doucement... Lorsque vers 13 minutes la guitare s'efface pour laisser la place à la trompette, on assiste à un instant délicat, une symbiose simple, mais superbe. Miles parlait souvent de la valeur des silences. Ici il laisse le silence encadrer son jeu, il laisse le silence faire la transition, et c'est le silence, qui nous ouvre la voie de l'espace infini....

 

« Tu sais, après ce disque, j'ai jamais revécu un trip pareil, même sur The Jimi Hendrix Experience - Electric Ladyland (1968) . Du coup j'ai arrêté l'acide, et je me suis promis que j'en reprendrai que lorsque je trouverai Pangaea en vinyle ». Miles lui-même se retira pendant 6 ans après ces deux shows à Osaka, vidé, épuisé par tant de créations géniales en si peu d'années (et par trop de coc). Mais reste ce disque, véritable voyage dans un pays tour à tour évocateur de la chaleur du continent noir et de l'immensité de l'espace. Un disque sublime pour peu que vous ne soyez pas rebuté par la longueur des morceaux. Bien sur, il ne vaut mieux pas commencer par ce disque ( Miles Davis - In A Silent Way (1969), On The Corner ou Bitches Brew sont plus indiqués je pense), mais si vous aimez les voyages, ce disque est tout simplement un chef d'œuvre. Un putain de trip cosmique.

 

19/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.
 

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5 janvier 2011 3 05 /01 /janvier /2011 19:00

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/8/8f/Michaelalbumcover.jpg

 

Tracks : Hold My Hand ; Hollywood Tonight ; Keep Your Head Up ; (I Like) The Way You Love Me ; Monster ; Best Of Joy ; Breaking News ; (I Can't Make It) Another Day ; Behind The Mask ; Much Too Soon

 

Il fallait s'y attendre, forcément. Avait-on déjà vu une telle vague d'émotion suscitée par la mort d'un artiste? Pas depuis longtemps en tout cas. La question demeurera à présent : « Où étais-tu et comment as-tu appris la mort de Michael Jackson le 25 juin 2009? ». J'étais dans mon lit, prêt à aller me coucher. Un dernier tour sur facebook, et c'est comme ça que j'ai appris la nouvelle. Et comme tout le monde, lorsque j'ai vu l'ampleur de l'émotion mondiale suscitée par la disparition du King Of Pop, je me suis dit qu'il y avait un beau filon à exploiter. Les maisons de disques et les ayants droits ont du se dire logiquement la même chose. Ca a donc commencé avec Michael Jackson - This Is It (2009) , film et disque sur la dernière tournée avortée (et pour cause) de Michael Jackson. Je n'ai pas vu le film, mais le cd est une compilation plutôt honorable, à défaut d'être indispensable. Mais bien sur, les choses ne pouvaient pas vraiment en rester là. Et plus d'un an après sa mort, c'est donc un album studio complet qui est exhumé des archives. Intitulé fort sobrement Michael, l'album est donc là pour surfer sur l'émotion provoquée par la mort de «Bambi ». Un véritable hommage, ou un album juste bon pour remplir les poches des ayants droits?

 

Et dès Hold My Hand en duo avec Akon j'avoue avoir déjà eu ma petite idée sur la réponse à apporter. Bon j'avoue Akon et ce type de R'n'B, très peu pour moi personnellement. Rien que la voix déformée du chanteur m'agace... Et le reste ne sauve pas particulièrement cet album. Un hommage? La pochette peut être considérée comme un hommage, malgré son coté kitsh et grandiloquent. Le reste de l'album, j'en doute un peu plus...

 

Est-ce parce que Michael Jackson faisait à la fin de sa vie un R'n'B qui ne m'emballe pas autant que la pop des années 80 (que je ne vénère pas non plus)? Possible. Il faut dire que l'ajout d'invités comme Akon sur Hold My Hand ou 50 Cent sur Monster ne m'aide pas vraiment. Il est quand même loin le temps où Bambi s'entourait des membres de Toto, d'Eddie Van Halen, de Slash, d'un producteur de jazz comme Quincy Jones ou d'un bassiste de funk aussi exceptionnel que Louis Johnson. Et que dire de titres comme Breaking News ou Behind The Mask, avec des voix modifiés et des rythmes très R'nB? Du R'n'B de série B même, bien que Behing The Mask possède des arrangements de cuivres sympas et une ligne de basse relativement plaisante.

 

Alors bien sur pour l'amateur de rock, il y a le duo avec Lenny Kravitz, qu'on attend un peu tous de pied ferme. Correct mais sans plus. Il est possible que pour un autre artiste on se soit dit que c'était bien. Il est possible que je n'arrive pas à faire abstraction du fait que ça soit Michael Jackson. Mais ce titre, plutôt correct au demeurant est quand même à des années lumières d'un Beat It ou d'un Black Or White. Alors, qu'en penser? Que penser de ce Hollywood Tonight qui devrait groover, mais qui manque cruellement de pèche?

Quant au reste on a souvent affaire à du Michael Jackson assez typique, mais assez mou. On retrouve les fameuses ballades de Bambi, probablement le type de chansons que j'aime le moins chez lui. Keep Your Head up, Much Too Soon... Autant de titres bien fades pour moi. Et pour le coup, je ne pense même pas à d'autres titres de l'artiste en comparaison. Je trouve ça juste mou et un peu fade.

 

Non vraiment, rien ne me convainc ici. Il y a même eu des polémiques sur cet album, puisque certains dont Jermaine Jackson ont dit que ce n'était pas Michael qui chantait sur tous les titres. Breaking News est en effet problématique sur ce plan. La voix est très déformée et il est effectivement dur de reconnaître Michael Jackson là dessus. Après le débat reste largement ouvert... Ce qui est sur, c'est que peu importe qui chante sur ces chansons, elles ne me plaisent pas. Elles sont vraiment trop insipides à mon goût. Et plutôt que de nous donner ces inédits plutôt douteux, la maison de disques ferait mieux d'éditer des lives (comme celui de 1992 à Budapest), qui contenteraient nettement mieux tout le monde je crois. Ou prendre exemple sur le très beau Valleys Of Neptune qui a été sorti cette année, 40 ans après la mort d'Hendrix. Car ce Michael n'aurait probablement jamais du sortir pour moi (enfin s'il fait plaisir aux fans, c'est toujours ça). Une élégie bien triste que ce Michael raté...

 

04/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même. 
 

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4 janvier 2011 2 04 /01 /janvier /2011 17:47

Nous vous souhaitons avec un peu de retard (exams obligent) une joyeuse année 2011 à vous, et à ceux que vous aimez!

 

2010 s'achève donc, nous laissant pas mal de disques marquants, et d'autres un peu moins. Voici notre sélection de nos coups de coeurs et "déceptions" de l'année.

Ce que j'ai aimé :

 

- Massive Attack - Heligoland (2010) : Plus lumineux que les obscurs Mezzanine et 100th Windows, le combo de Bristol revenu à un duo après le retour de Daddy G signe un opus aéré et aérien, très marqué par de nombreuses collaborations vocales et qui nous emmènent voyager le long d'un archipel perdu de la mer du nord. Le disque de l'année? A mon gout, oui.

 

- The Dead Weather - Sea Of Cowards (2010) : Le retour de ce qui fut probablement ma meilleure surprise de 2009. Un deuxième disque en 10 mois, sombre, vénéneux et encore plus étouffant que le premier opus. Une ambiance stoogienne règne sur ce disque, et le roi Midas Jack White a encore une fois transformé en or ce qu'il a touché.

 

- The Paper Plane - The Paper Plane (2010) : Ce sont des copains, bercés dans la même musique qui nous animent tous. Led Zeppelin, Rolling Stones, Bob Dylan, Who... Il y a tout ça dans ce très bon premier LP (désormais disponible sur deezer link), et bien plus encore! A découvrir aussi sur scène, surtout que sans vendre la mèche, leur actualité en 2011 devrait être bien chargée!

 

- The Jim Jones Revue - Burning Your House Down (2010) : Et si le rock n' roll, c'était juste brancher sa guitare et balancer la sauce en reprenant les riffs de Chuck Berry et le boogie de Jerry Lee Lewis? Pas inventif pour deux ronds, mais efficace. C'est peut-être ça le rock n roll incarné par ce groupe d'Anglais, dévastateur sur scène à ce qu'il parait.

 

- The Radiophones - The Radiophones EP (2010) : Tout comme les Paper Plane, le groupe est de Tours et a sorti cette année son premier EP. Si les Paper Plane sont attirés par les Stones, alors les Radiophones sont plus Beatles... Un groupe de Britpop qui a beaucoup écouté Blur, Oasis, Kasabian et bien sur les Beatles et qui nous offrent donc une jolie galette pop de toute beauté en cette fin d'année.

 

- Gorillaz - The Fall (2010) : Deux Gorillaz pour le prix d'un cette année. Le groupe a fait son retour en Mars avec Plastic Beach, disque sous grosse influence hip-hop qui m'avait un peu laissé sur ma faim (trop de hip-hop à mon gout, malgré de superbes chansons comme On Melancholy Hill ou Stylo). Mais le jour de Noel, le père Noel Damon Albarn nous a fait cadeau du 4ème album du groupe, entièrement réalisé sur Ipad pendant une tournée américaine en octobre et novembre. Un beau cadeau, surtout que l'absence de guests fait revenir Gorillaz à un electro bourbeux sur lequel plane magistralement la voix d'Albarn. J'ai préféré The Fall à l'éparpillement d'invités de Plastic Beach (qui n'est cependant pas mauvais non plus).

 

-Bruce Springsteen - The Promise : La mode a été aux rééditions cette année. Entre Valleys Of Neptune d'Hendrix, Raw Power des Stooges, Station To Station de Bowie (avec le superbe live à nassau de 1976), Exile On Main Street, le légendaire Ladies & gentleman, tous les Lennon solo, Bitches Brew de Miles Davis, il y avait du choix pour l'amateur de rock vintage cette année. Mais le Boss se démarque en sortant carrément un double album studio constitué de chutes de son plus grand album à mon gout, Bruce Springsteen - Darkness On The Edge Of Town (1978) . Beaucoup de ces rééditions sont hautement recommandables, je ne les ai d'ailleurs pas toutes épluchées en détail, mais celle-ci est vraiment superbe. Mention spéciale aussi à la réédition de Station To Station de Bowie avec un live absolument monstrueux et un beau packaging.

 

-AaRON - Birds in The Storm : J'ai d'abord été attirée par la pochette (magnifique photo), puis la musique m'a vraiment emballée. Un bel album que nous offre ce duo français, entre électro, expérimentations qui m'ont un peu rappelé TV On The Radio et pop à la Radiohead. Une bonne surprise, qui confirme une fois encore que la France a des talents cachés qui ne chantent juste pas forcément en français... Je vous en reparlerai à l'occasion.

 

Ce qui m'a "déçu":

 

- Prince - 20Ten (2010) : Un retour médiatique impressionnant pour vendre ce disque Un album offert dans le Courrier international, ça fait une sacrée com. Mais passé l'effet d'annonce, si l'album n'est pas ignoble, il n'est pas transcendant non plus à mon gout. Trop ancré dans les années 80...

 

- Slash - Slash (2010) : On l'attendait celui-là, surtout que j'avais beaucoup aimé Chinese Democracy. Mais Axl Rose, malgré son caractère de merde, gagne le "match". Slash est un excellent guitariste, mais ne convainc pas encore par ses talents de compositeur. Il y a du bon dans cet album, mais pas assez pour faire du disque du guitar-hero, une galette mémorable. Dommage... La prochaine fois peut-être?

 

- Neil Young - Le Noise (2010) : Celui-ci peut tout aussi bien se classer dans les meilleurs albums de 2010 et dans les moins convaincants, selon les gens. Il faut dire que ce disque, fort d'un concept très particulier (Neil Young seul avec sa guitare et Daniel Lanois qui met énormèment d'effets), peut plaire comme rebuter. Je n'ai pas particulièrement accroché, préférant un album comme Ragged Glory. Après il mérite largement une écoute pour se faire une idée.

 

-Eric Clapton - Clapton : Le disque de reprises avait la cote cette année. Entre le sympathique Robert Plant and The Band Of Joy - Band Of Joy (2010), Symphonicities de Sting et Mean Old man de Jerry Lee Lewis, c'est Clapton qui a mon gout manque un peu son coup avec un disque de reprises entre blues et jazz d'une molesse... Il a beau reprendre les feuilles mortes de Montant, ce disque m'a autant motivé qu'un matin pluvieux d'octobre...

 

- Michael Jackson - Michael (2010) : De qui se moque t'on? Un disque qui contentera peut-être les ultras fans, mais qui a fait polémique (ça ne serait pas la voix du King Of Pop qu'on entendrait sur toutes les pistes selon son frère) et qui au delà de la polémique n'aurait jamais du sortir car il est juste nul. 

 

Je n'ai par contre pas vraiment écouté attentivement deux poids lourds sortis cette année à savoir Congratulations de MGMT (je n'ai du l'écouter qu'une fois ou 2 distraitement) et Suburbs d'Arcade Fire. Donc j'ai forcément loupé des trucs, même gros....

 

Moi-même.

 

Ce qui a plu à Nizouille:

 

-Olöf Arnalds - Innundir Skinni : Venue d'Islande, voici un disque frais et léger de folk, fait à la maison avec l'aide de quelques fées. On compte parmi ces fées la plus célèbre d'Islande, Björk qui pose sa voix sur un titre de cet album venu d'un pays décidement unique. Et un peu magique...

 

-Bob Dylan- The Bootleg Series Vol.9 : Des inédits et des versions alternatives de ma période préférée de Dylan. Que demander de plus?

 

Nizouille.

 

En attendant le nouveau Radiohead, le nouveau Amy Winehouse, le 4ème album des Strokes, le second album de Them Crooked Vultures et peut-être un nouvel album des Stones pour 2011!

 

Et vous, qu'avez-vous aimé en 2010?

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  • : Rock'N'Blog
  • : Blog de chroniques Pop-rock, albums et concerts. Le blog a été tenu à plusieurs mains entre 2008 et 2014, puis repris en 2019 après 5 ans d'absence. Les chroniques seront à partir de 2019 hébergées ici et sur le site de la boite de nuit Pop-Rock Les 3 Orfèvres, située à Tours (37) dont je suis désormais le DJ. Si vous voulez suivre le blog sur Facebook pour vous tenir au courant des dernières nouveautés : http://www.facebook.com/home.php?#!/pages/Rock-n-blog/203862439693573 Et pour la boite de nuit Les 3 Orfèvres : https://www.facebook.com/les3orfevresdiscotheque/?epa=SEARCH_BOX Bonne visite à toutes et à tous ! Moi-même.
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