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10 mai 2011 2 10 /05 /mai /2011 00:03

benighted-soul-stamina-nkvd-18900.jpg

 

20H30, sur le port de commerce de Brest, quelques touristes et habitués sur la terrasse des bars ou dans les restaurants, des goélands, des bateaux…et quelques métalleux qui attendent devant une porte fermée un concert qui devait commencer à 20H. 20H45 environ, la porte s’ouvre enfin et nous pouvons rentrer.


Le concert démarre sur le coup de 21H avec les Lorientais de NKVD. Sous ce nom se cache un groupe de 5 cyborgs nous venant d’un futur lointain pour nous faire partager leur musique. Des sonorités électroniques mêlées à un métal sombre et puissant nous emmènent dans cet univers spatial futuriste, le tout soutenu par un style visuel très travaillé (les membres du groupe passent presque autant de temps à jouer qu’à bricoler m’a confié l’un des leurs après le set). Même si le public ne s’est vraiment approché de la scène qu’à la fin, ce groupe très sympathique a réussi à le faire bouger tout le long du set. En conclusion, un bon moment et une bonne découverte.


Le groupe qui suit, Stamina, nous vient de Brest  et propose du métal électro oriental. Ce mélange de style est effectivement une bonne description de leur musique avec le mélange d’électro avec le métal et des passages qui nous emmènent loin de nos contrées. D’un point de vue musical, je m’interroge sur le choix d’un doublé de guitaristes qui font exactement les mêmes riffs. On regrette quelques problèmes de réglages du son sur ce concert malgré une amélioration, hélas un peu tardive, sur les derniers morceaux. En effet, les deux guitares étaient un peu écrasées sous le son du clavier. Un set pas désagréable, mais qui ne m’a pas autant transporté que celui de NKVD.


Le groupe leader de la soirée, Benighted Soul entre ensuite en scène. Une formation plus typique, un son peut-être mieux réglé que pour Stamina et une bonne dose de talent font de ce concert le deuxième bon moment de la soirée. Le métal que nous proposent ces Lorrains est prenant, la voix de la chanteuse, envoûtante, le tout saupoudré de la puissance des instruments et de la voix du bassiste/chanteur.  Un cocktail de métal symphonique et progressif dont on redemande. Le groupe dégage beaucoup d’énergie sur scène et c’est un vrai plaisir d’assister à ce concert.  A suivre pour les amateurs de métal symphonique. Un excellent concert en résumé.


Une soirée mouvementée, à la frontière entre différents univers et styles de métal. Trois bons groupes malgré un petit bémol pour Stamina. Ca valait le coup d’attendre devant cette porte fermée.


Jid.

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7 mai 2011 6 07 /05 /mai /2011 16:55

23h20, la nuit tombe sur Reykjavik. Enfin, le jour décline pour être plus précis. Car en cette période de l'année, le ciel du coté du port était encore bleu ciel. Après tout on se rapproche de l'équinoxe d'été, durant lequel on peut parait-il lire un livre dehors à n'importe quelle heure de la journée. La nuit tombera-t-elle complètement ce soir sur la capitale de l'Islande? Je me le demande, avant de rentrer à la Faktory, bar à concerts célèbre de la ville. J'y avais vu il y a quelques semaines Amiina et Borko ( [Concert] Amiina Reykjavik 07/04/2011 ). Les premiers m'ont déçus, mais le second m'avait agréablement surpris (je suppose que l'album Celebrating Life sera chroniqué ici un de ces jours). C'est donc avec curiosité que j'entre à la Faktory ce soir pour voir trois groupes islandais qui viennent y jouer. Pour le prix d'une bière (dégueulasse d'ailleurs, les islandais n'ont pas une seule bière digne de ce nom), trois groupes vont défiler ce soir sur la scène de la Faktory.

 

Ce sont les 5 musiciens de The Hydrophobic Starfish (le nom me fait rire en tout cas) qui ouvrent le bal. Le groupe est composé d'un batteur, un bassiste, un guitariste (arborant une guitare électrique Coca-Cola), un clavier et une chanteuse. Ce sera le set le plus court de la soirée (ils ont du jouer 5 morceaux environ), mais ma foi, il sera relativement agréable. Ces cinq là n'inventent pas grand chose, mais jouent un rock nerveux assez efficace. La chanteuse, malgré quelques petites imperfections techniques a une jolie voix et essaye d'assurer le show. L'atout principal du groupe vient à mon sens du clavier qui sonne comme un orgue et donne un air un peu rétro à cette musique. Je n'aime pas trop les soli trop rapides du guitariste (c'est une pure question de goût, je préfère les solos avec plus de feeling et moins de vitesse), mais pour le reste... Ils ont joués fort, mais correctement. Une entame sympathique, meilleur en live que sur les morceaux présents sur le myspace. Si vous voulez les découvrir, c'est ici que ça se passe : link

 

Dehors, la nuit n'était toujours pas tombée. Allait-elle tomber durant le set d'Hellvar, second groupe à fouler la scène ?

 

A vrai dire, c'est de loin le groupe que j'ai le moins aimé de la soirée. The Hydrophobic Starfish m'avait plutôt plu. De quoi justifier les 750 couronnes (environ 5€) lâchées pour le truc qu'on nous a vendu pour de la bière. Mais Hellvar par contre ne m'a pas du tout emballé. Composé de 3 guitares, une basse et une batterie, le groupe a selon moi oublié quelques règles essentielles du live rock. Notamment la rythmique, absolument désastreuse. Se planquer derrière trois guitares jouant les mêmes notes n'y change rien : la rythmique est un élément essentiel du rock en live. Et le son des guitares, lorgnant un peu du coté de Sonic Youth (en moins bien forcément) n'était vraiment pas enthousiasmant. Ni même expérimental ou crade comme peuvent le faire les New Yorkais. Juste trop long. La chanteuse chantait plutôt pas mal, mais en faisait des tonnes alors que la musique ne décollait pas. Un set plus long que le premier, mais qui m'a laissé totalement de marbre. Comme je n'ai pas trouvé de site internet pour ce groupe, vous n'avez plus qu'à me croire sur parole.

 

Et la nuit dans tout ça? Et bien, toujours aussi claire. Et alors que s'installe la tête d'affiche Who Knew, je me demande si le soleil est finalement en train de se coucher ou s'il commence à se lever. Quelques minutes avant une heure du matin...

 

Le public a considérablement grossi lors de mon retour dans la salle. Il est aussi nettement plus survolté que pour les deux premiers sets, notamment le deuxième qui s'est déroulé dans un calme poli. Mais l'ambiance gagne très vite quelques degrés. Et à raison. Car des trois groupes à fouler la scène ce soir, les excentriques membres de Who Knew sont de loin les plus célèbres, et de loin les meilleurs. Il y avait du monde sur scène : un claviériste, un chanteur/coureur (il a du perdre quelques kilos durant le set), deux guitaristes (dont un assure un peu de chant), un bassiste et un batteur. Mais cet effectif est nécessaire pour nous servir une pop nerveuse et puissante, très moderne comme peut faire par exemple MGMT. Le clavier et sa prédominance y est pour beaucoup je suppose. Le mauvais goût vestimentaire assumé des musiciens aussi. Mais l'effet est réussi. Les pas de danse des filles de la salle se calent rapidement sur la basse, et la machine est lancée. L'énergie déployée par le groupe, notamment par le chanteur, et le sentiment de douce folie qui en émane se répand très vite à travers la salle. Le set débute très bien, et réussira à tenir l'auditoire fiévreux jusqu'au bout, malgré une légère baisse de régime. Ces gars savent y faire, et leur pop sonnent de manière très intéressante et maitrisée. Sans être forcément mon truc, c'est un concert et un groupe qui valait le déplacement (et les 750 couronnes de la pisse d'âne que j'ai bu), et qui mérite une écoute. Pour vous faire une idée, leur myspace est disponible ici : link

 

2h du matin, sur Laugavegur, rue principale de Reykjavik. Les Islandais sont de sortie, et la ville grouille de vie comme un samedi après-midi. Évidemment il n'y a plus de bus à cette heure là. Mais au moins, une certitude se fait lors de notre retour à pied. Le jour se lève. Et lorsque vers 3h30, je me couche il fait déja jour.

 

Moi-même.

 

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6 mai 2011 5 06 /05 /mai /2011 17:37

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/8/81/Joy_Division-Substance_%28album_cover%29.jpg

 

Tracks : Warsaw ; Leaders Of Men ; Digital ; Autosuggestion ; Transmission ; She's Lost Control ; Incubation ; Dead Souls ; Atmosphere ; Love Will Tear Us Apart ; No Love Lost ; Failures ; Glass ; From Safety To Where...? ; Novelty ; Komakino ; These Days

 

Lorsqu'on parle de la musique anglaise des années 80, le nom d'une ville s'impose rapidement : Manchester. Pour les Smiths évidemment, mais aussi pour les groupes gravitant autour du label Factory, parmi lesquels les Happy Mondays et New Order, formation qui à la fin des années 70 avait ramené l'attention sur la ville. A l'époque, le groupe s'appelait Joy Division. Un nom mythique, pour un des groupes majeurs du post-punk, précurseur de ce que les critiques ont appelé la Cold-wave. Une formation à la trajectoire fulgurante et brève. Comme tant d'autres étoiles filantes du rock (The Jimi Hendrix Experience, Janis Joplin, Nirvana...), le groupe sous cette forme n'a été actif que quelques années. De 1977 à 1980 pour être exact. Le temps de nous livrer deux albums totalement indispensables ( Joy Division - Unknown Pleasures (1979) ; Joy Division - Closer (1980) ) et énormément de singles, éparpillés à droite à gauche sur des 45 Tours et des EPs. L'histoire s'est achevée tragiquement le matin du 18 mai 1980, avec le suicide du chanteur Ian Curtis. Le gisant de la pochette de Closer servira de testament sonore à Joy Division. Les membres survivants du groupe préférèrent tourner la page, et se métamorphoser en New Order, groupe aux influences plus dance et électro. Mais l'histoire ne pouvait pas s'arrêter là. Et lorsque New Order décide de se replonger dans ses archives pour réaliser leur première compilation Substance (sortie en 1987), ils décident de se pencher sur les cendres désormais froides de Joy Division. C'est depuis ces cendres qu'ils extraient Substance, une compilation de titres de Joy Division qui n'étaient alors trouvables que sur des singles et des EP. De quoi nous montrer un autre visage du groupe désormais mythique?

 

Substance révèle même plus d'un visage du combo de Manchester. En 3 ans d'existence, le groupe a connu plusieurs vies, toutes présentes sur cette compilation. On retrouve en effet Joy Division dans sa première inspiration ici : le punk. Selon la légende le groupe s'est formé après un concert des Sex Pistols. Et lorsque les quatre garçons décident de former un groupe, ils l'appellent tout d'abord Warsaw (en référence à la chanson Warszawa sur David Bowie - Low (1977) ). On retrouve cette influence des débuts, plus punk, plus agressive et un peu moins originale que la musique future de Joy Division. C'est notamment flagrant sur Warsaw ; Leaders Of Men ; No Love Lost et Failures, titres beaucoup plus rock et punk que les titres qu'on peut trouver habituellement dans le répertoire de Joy Division. Et pour cause : ces 4 titres forment le premier EP de Joy Division, An Ideal For Living, raretée qui se vend maintenant à un prix exorbitant auprès des passionnés. Substance nous permet au moins d'écouter ces 4 titres. Cependant, pour l'auditeur habitué à Unknown Pleasures et Closer, le choc peut être grand. Il n'y a en effet rien à voir avec le morceau d'ouverture Warsaw, qui démarre par un décompte (un truc très punk, qu'on retrouve aussi chez Wire), et se poursuit par un riff de guitare tranchant et vif. Même la voix est tout simplement méconnaissable : claire et nerveuse, loin de la gravité glaçante des chansons de Closer. On retrouve néanmoins ce son de basse unique (Leaders Of Men) et cette batterie assez caractéristique. Leaders of Men et No Love Lost laissent déjà entrevoir ce que Joy Division sera un an plus tard, lorsque Martin Hannett produira le groupe.

 

Cependant, gros point noir à mes yeux : les titres sont particulièrement mal agencés. C'est le cas pour ces 4 titres, qui sont séparés dans l'album. Mettre les 4 à la suite en introduction aurait été nettement plus judicieux je trouve. Car dès la fin de Leaders Of Men, on rentre plus dans le son de Joy Division période Unknown Pleasures, avec certains de mes titres préférés du groupe. Transmission est de ceux là. Il est célèbre pour avoir été un des morceaux joués par le groupe à l'émission de télé So It Goes de Tony Wilson. La ligne de basse du morceau est abrupte, mais hypnotique, et le chant absolument possédé de Curtis (les images du passage télé sont encore plus marquantes) font de cette chanson une des meilleurs absolues de Joy Division. Rien que pour cette chanson et les morceaux d'An Ideal For Living, la compilation serait déjà justifiée à mes yeux.

Mais évidemment, Substance ne s'arrête pas là et propose d'autres immenses chansons de Joy Division. La plus connue du groupe tout d'abord, Love Will Tear Us Apart. Plus dansante et moins lugubre que certains autres morceaux de la compilation, cette chanson laisse entrevoir ce que sera New Order quelques années plus tard. La chanson ne fait pas fondamentalement partie de mes préférées des Mancuniens, mais il était indispensable qu'elle soit ici et son coté dansant (et quel refrain!) est plutôt plaisant.

 

Mais Love Will Tear Us Apart est précédée par ma chanson préférée du groupe. Beaucoup plus lugubre, engourdie, morbide. Atmosphere aurait pu être issue de la face B de Closer avec ses nappes de synthés froides et poignantes, et la voix de Curtis semblant déjà sortir d'outre-tombe. Impossible d'écouter Atmosphere sans ressentir quelque chose... Est-ce parce que la chanson est utilisée lors du générique final du film Control d'Anton Corbjin qui filme le crématoire où fut incinéré le corps de Curtis? Possible. En tout cas, Atmosphere suspend le temps, pour un instant d'éternité d'une beauté à couper le souffle. D'ailleurs j'aurai probablement préféré qu'ils placent ce titre en dernier (ou Ceremony s'ils l'avaient utilisés), plutôt qu'en plein milieu de l'album avant la plus joyeuse Love Will Tear Us Apart.

 

Il est d'autant plus dur de retrouver après les titres issu d'An Ideal For Living. Néanmoins, Substance propose ensuite d'autres titres un peu atypiques, mais absolument indispensables du groupe. Glass notamment, par le chant possédé de Curtis qui hurle comme un damné est impressionnante. Folle jusqu'au malaise... Malaise engourdi par From Safety To Where...? et ses contretemps silencieux, et cette basse qui se fait plus calme.

 

Assez étrangement l'album se conclut par des morceaux qui semblent issus de la face A de Closer (Komakino et ses percussions tribales) et l'agressive These Days, très portée sur la guitare. De bons titres, mais que je ne voyais pas vraiment conclure l'album (Atmosphere...).

 

Mais après tout Substance ne reste qu'une compilation et non un album pensé en tant que tel. C'est d'ailleurs quasiment le seul reproche qu'on peut adresser à cette galette : sa trop grande hétérogénéité, renforcée par un tracklisting des plus discutables. La production n'est pas toujours assurée par Martin Hannett (qui apporte énormément sur Unknwon Pleasures et Closer), ce qui fait que les morceaux sont assez disparates. Néanmoins Substance reste indispensable. On trouve en effet ici beaucoup de titres difficiles à trouver autrement, et les doublons sont inexistants ou presque (She's Lost Control est dans une version alternative à celle d'Unknown Pleasures). Et certains de ces titres (Transmission, Love Will Tear Us Apart, Atmosphere) sont parmi les meilleurs du groupe. Il manque malheureusement Ceremony, qui aurait pu être à mon sens une habile façon de conclure cet album (c'est le dernier single de Joy Division), alors même la version de Ceremony de New Order ouvre Substance 87, alter-ego de ce disque pour NO. Pour découvrir Joy Division, il est préférable de se procurer un des deux albums officiels. Mais si vous aimez ces deux albums, précipitez vous vers ce Substance (et sur Still), pour enfin avoir accès à toute la substantifique moelle de ce groupe, unique et mythique...

17/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même. 

 

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30 avril 2011 6 30 /04 /avril /2011 14:23

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/b/b8/MeatMurder.jpg

 

Tracks : The Headmaster Ritual ; Rusholme Ruffians ; I Want The One I Can't Have ; What She Said ; That Joke Isn't Funny Anymore ; How Soon Is now? ; Nowhere Fast ; Well I Wonder ; Barbarism Begins At Home ; Meat Is Murder

 

Clichés en noir et blanc... Manchester, années 80. Une de ces villes et une de ces époques cruciales pour le rock. Une jeunesse luttant contre Tatcher et le chômage. Images en noir et blanc de groupes de l'époque. Ian Curtis est mort depuis 5 ans déjà. Le punk aussi. Restent les Buzzcocks et New Order. Et les Smiths, lancés en 1984 par leur premier album éponyme et la compilation Hatful Of Hollow. Images en noir et blanc d'une époque. Comme ces pochettes reprenant des photos, toujours sans couleurs, de jeunes hommes, allant de Delon à Jean Genet. Un de ces clichés en noir et blanc orne leur second album, paru durant l'hiver 1985. La photo est tirée d'In the Year Of The Pig, documentaire de 1968 d'Emile de Antonio. « Make War, Not Love » était l'inscription initiale sur le casque du soldat. En cet hiver 1985, elle devient Meat Is Murder. Le rouge sang s'invite au milieu des teints monochromes des Smiths. Car les mancuniens teintent leur musique de connotations plus politiques et plus controversées. C'est à cette époque que Morrissey s'en prend violemment au Band Aid pour l'Ethiopie, ou qu'il attaque dans la presse la famille royale ou Margaret Tatcher. Meat Is Murder. C'est aussi à cette époque qu'il étale aux yeux de l'Angleterre ses convictions végétariennes. Pour la première fois ces images en noir et blanc se teintent du rouge de la colère et du rouge sang des animaux que Morrissey s'évertue à défendre. De quoi transformer la seconde galette des Smiths en réussite?

 

L'album débute avec une de ces chansons polémiques : The Headmaster Ritual. Morrissey, sur une superbe guitare s'attaque à un prof de gym, adepte de la maltraitance physique. Le titre est superbe, les paroles sombres et cinglantes, comme autant de coups. Et les Smiths frappent ici fort en introduction. C'est même probablement le plus beau morceau de la face A à mon goût, et un des incontournables de l'album. Face A d'ailleurs dans la lignée assez typique des premiers albums des Smiths. La guitare acoustique s'y taille allègrement la part du lion, en conservant cette délicatesse, ce caractère précieux qui fait le charme des mancuniens. La seule exception est What She Said ici, plus brute, plus rugueuse, et plus plaisante aussi pour moi (j'aime bien lorsque les Smiths utilise un peu différemment la guitare, ça tranche avec bonheur avec le reste). Pour beaucoup de ses semblables, Johnny Marr est un orfèvre des belles mélodies, ciselées à la perfection. Il fait étalage de son savoir-faire ici, notamment sur That Joke Isn't Funny Anymore, qui servit de single à l'album. Un single qui n'eut d'ailleurs pas un grand succès (contrairement à d'autres du groupe). On peut d'ailleurs le comprendre, car le titre est certes joli, mais ne fait vraiment pas partie des indispensables du quatuor de Manchester.

 

Par contre, une chanson ici fait sans aucun doute partie des indispensables des Smiths. Il s'agit d'How Soon Is Now?, qui servit aussi de single aux USA. Le problème, c'est que cette chanson n'était pas sur le vinyle original vendu en Europe et au Royaume-Uni. D'ailleurs son absence se fait cruellement sentir sur le vinyle. La face B parait en effet plus courte que la A (alors qu'en fait ce n'est pas le cas, elle fait environ 20 minutes comme la première), et surtout nettement moins prenante sans How Soon Is Now?. Notamment parce que Nowhere Fast et Well I Wonder sont totalement insignifiantes à mes oreilles. Pas mauvaises (globalement, c'est toujours joli), mais vraiment mineures, surtout comparées au délicat psychédélisme d'How Soon Is Now? ou par rapport aux deux imposants titres finaux.

 

Car évidemment, ces deux titres finaux sont le plat de résistance de l'album. Sans mauvais jeux de mots (quoique). Ma préférence va à Barbarism Begins At Home, notamment grâce à une chose : la basse d'Andy Rourke. Ce dernier, souvent relégué au second plan derrière le génie poétique de Morrissey et le génie mélodique de Johny Marr fait ici étalage de son talent (comme à d'autres endroits d'ailleurs, mais ici de manière plus flagrante). La partie de basse de ce morceau, que certains qualifient parfois de funk est vraiment excellente et la très bonne production de la galette (une constante chez les Smiths à partir de cet album) la met très bien en valeur. Cela permet au titre, relativement long (trop?) de tenir la route jusqu'au bout. Un titre marqué aussi par le chant de Morrissey qui glapit de manière assez effrayante par moment, et qui nous livre un texte assez court et assez simple sur la maltraitance physique des enfants. Assez dérangeant d'ailleurs, de par sa simplicité même : « A crack on the head/Is what you get for not asking/A crack on the head/is what you get for asking »...

 

Mais évidemment, Meat Is Murder, c'est aussi son long titre éponyme final, probablement le plus symbolique de cet album. Le plus controversé aussi. Car Morrissey ici attaque de manière frontale ceux qui mangent de la viande, n'hésitant pas à les taxer d'assassins. Et autant on est globalement tous d'accord pour dire que la maltraitance physique des enfants c'est mal (putain on dirait Bono), autant la charge virulente sur la viande... Soyons clairs. L'idée végétarienne a toute ma sympathie, et je respecte particulièrement ceux qui parviennent à devenir et rester totalement végétariens. Mais je n'apprécie pas vraiment de me faire traiter d'assassin lorsque je mange de la viande. Je suis donc fondamentalement partagé sur cette chanson... De même selon mon humeur, les divers bruits d'animaux (bêlements de moutons, meuglement de vaches...) audibles durant la chanson peuvent m'émouvoir (forcément, même devant un steak on évite de penser à l'image d'une vache à l'abattoir hein?), mais peuvent à une autre écoute être ridicules. Voire me faire rire. Ce qui est dommage car le cadre sonore créé pour cette chanson, notamment grâce au magnifique et lugubre piano tenu par Marr est somptueux. Triste et lugubre, mais somptueux. Pour le coup, ça me fait même penser à l'angoissante chanson Holocaust, de Big Star. C'est dire... Mais le sujet même fait que j'ai du mal à envisager cette chanson comme le chef d'œuvre de l'album, titre que je décerne donc de mon point de vue à Barbarism Begins At Home.

 

Cependant, s'il contient de bonnes chansons, Meat Is Murder n'est pas mon album préféré du quatuor de Manchester. D'ailleurs, je trouve que les Smiths, c'était un peu comme le bon vin : plus le temps passaient, meilleurs ils étaient. Leurs albums sont de mieux en mieux à mon goût, et mon album préféré du groupe est leur dernier, Strangeways, Here We Come de 1987 (et le moins bon est le premier de mon point de vue). Bien sur, c'est discutable. Mais ce Meat Is Murder est pour moi encore assez loin de la maitrise totale et de la variété de styles proposées par l'album de 1987, ou de la beauté très anglaise de Queen Is Dead, troisième album du groupe qui sortira en 1986. C'est une étape, non négligeable si vous aimez le groupe, mais imparfaite à mes oreilles. Je dois bien avouer aussi que je ne suis pas un grand amateur des Smiths, même si je prends toujours du plaisir à écouter les deux derniers albums. Un fan trouvera donc aisément son compte ici (il y a de bonnes chansons comme How Soon Is Now, The Headmaster Ritual ou Barbarism Begins At Home), mais il y a eu mieux ensuite. D'ailleurs l'édition originale européenne du fait de l'absence d'How Soon Is Now est moins bonne que les éditions ultérieures. Restent ces clichés en noir et banc, pleins de l'ambiance d'une époque. Reste la musique des Smiths, qui n'est pas à son zénith, mais demeure déjà très plaisante. En attendant la suite...

13/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même. 

 

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25 avril 2011 1 25 /04 /avril /2011 16:27

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/b/bd/Different_Gear%2C_Still_Speeding.jpg

 

Tracks : Four Letter Word ; Millionnaire ; The Roller ; Beatles and Stones ; Wind Up Dream ; Bring The Light ; For Anyone ; Kill For A Dream ; Standing On The Edge Of The Noise ; Wigwam ; Three Ring Circus ; The Beat Goes On ; The Morning Son

 

28 août 2009. Le rideau final s'abat sur Oasis dans les coulisses de Rock en Seine. Ultime baston entre les deux frères ennemis Gallagher. Noel quitte la formation, entrainant la fin d'un des groupes les plus plus appréciés des années 90. Mais si beaucoup pensaient qu'Oasis ne survivrait pas au départ de l'ainé Gallagher, ils n'avaient qu'en partie raison. Oasis en tant que tel n'a en effet pas survécu. Mais rapidement, Liam -autoproclamé dernière rock star vivante- annonce la création d'un nouveau groupe, reprenant tous les membres d'Oasis, à l'exception de Noel. Vers fin 2010, on connait le nom de ce nouveau groupe : Beady Eye, l'œil perçant. « Pour garder un putain d'œil sur toutes les putains de choses », du pur Liam Gallagher dans le texte. Un Liam plus lad et sur de lui que jamais, affichant sa joie d'être (enfin?) débarrassé de Noel et d'Oasis. Et qui annonce fièrement que Beady Eye sera un putain de groupe de rock n roll, rien d'autre (It's Only Rock N Rol But I Like It comme disaient les Stones il y a presque 40 ans). De quoi susciter ma curiosité, alors même que je ne suis pas du tout (euphémisme) un fan d'Oasis. Et le premier single « Bring The Light » a suffisamment attisé ma curiosité pour que je me dise « et si j'écoutais cet album finalement? ». La galette sortit le 28 février dernier, sous une pochette assez affreuse, et un titre d'un poésie à faire pâlir Johnny Hallyday (Changement de vitesse, toujours à fond). Vraiment toujours à fond Liam?

 

En écoutant Four Letter Word et Bring The Light, en toute honnêteté, on pourrait répondre que oui. C'est d'ailleurs Bring The Light qui m'a le plus frappé lorsque je l'ai entendu pour la première fois. Pour une chose, qu'on entend d'ailleurs fort bien : le piano façon Jerry Lee Lewis. Des influences fifties plutôt inattendues de la part d'anciens membres d'Oasis, qui citent plus facilement les Beatles ou les Kinks comme sources d'influence. La première fois, j'ai même pensé à une version plus pop de Jim Jones Revue, ce qui n'était pas fondamentalement pour me déplaire. Bon avec le recul, Jim Jones Revue reste quand même très largement meilleur. Mais Bring The Light reste un morceau plutôt innovant pour du Liam Gallagher/Oasis, ce qui m'a fait espérer un changement d'orientation bienvenu.

 

« On ne va pas s’amuser à entrer dans une phase africaine ou un truc du genre, avoir une putain de phase batteries du Burundi, juste pour le principe. » disait Liam dans une interview aux Inrocks avant la sortie de l'album (link). Et en effet, les sentiers tracés par Oasis sont vite retrouvés après Bring The Light, qui finalement tombe comme un cheveu sur la soupe au milieu de l'album. Innovations à venir : proches de zéro. Ah si y a un harmonica sur Wind Up Dream. C'était prévisible ce manque d'innovation, mais ça me déçoit un peu. Pourtant au début ça marche : Four Letter Word est une très bonne chanson, teigneuse, au riff tranchant et à l'orchestration un peu pompeuse, mais efficace. La chanson la plus efficace de l'album à mon goût, et aussi la plus rock. Celle qui nous fait croire Liam lorsqu'il dit « It's only Rock N'Roll ». Millionaire fait vite déchanter. Contraste fulgurant. La chanson prend des airs de folk psychédélique. On pense aux Beatles bien sur, mais ça ne colle pas vraiment. La chanson tourne un peu en rond et le mixage est absolument horrible. Déjà parce qu'il nécessite le casque pour entendre quelque chose et ensuite parce que la voix est surmixée par rapport aux guitares. Je sais bien que le projet tient sur la voix et la grande gueule de Liam, mais il y a des limites... Enfin globalement, vu comme les guitares tournent en rond et vu le relatif manque de pertinence du chant sur ce morceau, on se dit que Four Letter Word est déjà loin. Pourtant The Roller se laisse aisément écouter. C'est même un titre relativement sympathique, mais qui revient chasser sur les terres d'Oasis, avec une mauvaise production et un manque de pêche évident.

Les terres d'Oasis... En effet Beatles and Stones, avec son titre stupide va puiser dans les références de Liam. « It's only rock n roll » clame le mancunien sur un riff mou qu'on croirait piqué au My Generation des Who. Ben oui Liam, on n'en doute pas un instant, mais vois-tu, le rock ça pulse, ça bouge, ça vit. My Generation est une chanson vivante parce qu'elle a du rythme, pas juste à cause de son riff... Et visiblement Beady Eye a loupé ce chapitre. La section rythmique n'était pas le point fort d'Oasis à mes yeux (euphémisme), et ça continue chez Beady Eye. Liam a beau faire son méchant hooligan abreuvé de bière et de gros rock qui tache, Beady Eye poursuit dans la pop d'Oasis. Et les ballades comme For Anyone ne sont pas désagréables (même si elle réussit l'exploit de durer un peu trop longtemps alors qu'elle ne dure que 2min16), mais n'apportent finalement que peu de sensations. Trop vite torchée? Trop mal produite? On manque peut-être d'indulgence vu le CV de ces quatre là? Possible pour les trois questions.

 

Mais il faut bien avouer que les chansons sont vraiment mal torchées. Kill For A Dream tourne quand même en rond avec des « na na na na » pendant une minute, et le riff tourne en boucle. Idem pour Wind Up Dream qui tient la durée avec un peu d'harmonica et quelques paroles stupides. Quant à Bring The Light, même si elle m'est sympathique, elle est rallongée à l'extrême par un « baby come on » répété je ne sais combien de fois à la fin du morceau. C'est bien Liam, tu t'es bien foulé sur tes lyrics. Tu vas nous faire passer Keith Richards (malgré notre éternelle dévotion pour lui) pour un fin parolier à ce rythme là. Et le phénomène est encore pire sur Wigwam, chanson qui dépasse les 6 minutes. Sans mentir, au moins 3 minutes de la chanson ne sont faites que de la répétition du même motif musical, et de la phrase « I'm comin up » entrecoupée de « Shala la la la ». Pas la peine de faire des chansons de 6 minutes si c'est pour coller 3 minutes de répétitions merdiques. En musique, longueur ça veut pas forcément dire bonheur Liam.

 

Bon et puis on sait bien que ta référence ultime c'est John Lennon. T'as même appelé un de tes fils Lennon. Mais franchement, une chanson comme The Beat Goes On? Tu crois pas que Lennon a fait mieux dans ce registre? C'est pas désagréable, ceci dit. C'est juste que beaucoup de tes chanson sentent les clichés Beatles à plein nez, mais en moins bien. Quand je suis d'humeur taquine, je dis qu'Oasis était le meilleur tribute band des Beatles qui existe (il faut dire que votre reprise d'I'm The Walrus en fin de concert, elle dépotait). Et bien Beady Eye, c'est un peu la même chose en fait hein? Vous vous attaquez même aux covers des Kinks maintenant avec le titre bonus World Outside My Room? Bon ceci-dit ça se laisse écouter, c'est toujours ça. Le solo de Three Ring Circus juste avant The Beat Goes On est suffisamment joli pour qu'on salue Andy Bell. Faut dire qu'il est pas trop à l'honneur sur l'album ceci dit, tant à cause de ses riffs assez pauvres, de ses soli inexistants que de la production qu'il l'enterre dans la tombe d'à coté de votre bassiste. J'ai bien cru que vous vouliez nous refaire Champagne Supernova sur le final The Morning Son. Qu'Andy avait été déterré et allait faire du Noel. Et bien non. Et comme le titre fait plus de 6 minutes, il est encore interminable, comme Wigwam. On repassera pour la coupe de champagne.

 

Finalement, le bon point pour moi, c'est que n'aimant pas Oasis, je n'attendais rien de Different Gear, Still Speeding. Je suis même relativement surpris, car l'album est moins loupé que ce que j'aurai pu imaginer. Il se laisse même écouter. Bon quelque part Bring The Light et Four Letter Word laissaient augurer quelque chose de mieux. Donc je suis tout de même partiellement déçu car ces deux morceaux avaient éveillé mon intérêt. Mais ce sont de loin les deux meilleurs de la galette pour moi. Peut-être qu'en se précipitant moins (rétrograder, c'est pas un gros mot Liam), le groupe fera mieux la prochaine fois sur les compositions? Peut-être que tu prendras le temps d'écrire des vraies paroles Liam ? Peut-être que Steeve Lillywhite prendra le temps de vous produire correctement? Réponses au prochain disque. En attendant Liam, tu nous laisse des interviews promotionnelles savoureuses, à la hauteur de ton personnage. Au milieu de cette belle année 2011 (musicalement) qui voit le retour d'aussi bons groupes que Radiohead, les Strokes ou TV on The Radio, c'est bien tout ce que ton Beady Eye nous offre d'excitant.

 

10/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.  

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23 avril 2011 6 23 /04 /avril /2011 01:02

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Tracks : Rainbow Children ; Muse 2 The Paraoh ; Digital Garden ; The Work pt. 1 ; Everywhere ; The Sensual Everafter ; Mellow ; 1+1+1 Is 3 ; Deconstruction ; Wedding Feast ; She Loves Me 4 Me ; Family Name ; The Everlasting Now ; Last December

 

“Prince est le nouveau Duke Ellington”, disait Miles Davis dans les années 80. Une affirmation difficile à comprendre pour beaucoup de gens, surtout maintenant. Il faut dire que la trajectoire du Kid de Minneapolis est des plus étranges. Superstar des années 80, au même titre que Michael Jackson avec qui il est souvent mis en opposition, il signe deux des albums les plus importants de la décennie :  Prince & The Revolution - Purple Rain (1984) et Prince - Sign O' The Times (1987) . Mais cet artiste hors norme qui faisait rimer succès critique et commercial, adulé du public et de ses pairs, va disparaître durant les années 90. Étrange histoire que celle de cette superstar qui suite au conflit avec sa maison de disques perd jusqu'à l'usage même de son nom. Prince, seigneur des charts des années 80 disparaît sous la forme d'un symbole (le fameux Love Symbol), ou sous un acronyme utilisé par la presse, TAFKAP. The Artist Formally Known As Prince. Il fut Prince, mais les années 90 s'apparentent à une traversée du désert pour celui qui se disait esclave des maisons de disques. Et s'il parvient à sortir un album quasiment tous les ans, aucun n'a vraiment l'impact de Sign O'The Times, faute d'une réelle promotion et d'une réelle inspiration. Mais finalement, Prince Roger Nelson finit par retrouver l'usage de son nom, et bénéficie enfin de toute la liberté artistique qu'il désire. Il est libre, comme il le fait savoir avec le chargé Emancipation en 1996. Libre au point de pouvoir enfin concrétiser ce que Miles Davis avait vu en lui 20 ans plus tôt. Libre même d'aller explorer le jazz, comme il va le faire avec The Rainbow Children, son vingtième album studio (en comptant les diverses BO). Une incursion réussie vers ce genre musical?

 

De nouveaux horizons... Prince abandonne enfin son symbole incompréhensible. Il est aussi devenu témoin de Jéhovah. Et il s'ouvre au jazz, le mêlant au funk et au rock, ses terrains de prédilection habituels. Un véritable kaléidoscope, un arc en ciel de sonorités et de genres mélangés, différents. Mais finalement aussi cohérents que les différentes couleurs d'un arc en ciel.

 

Prince, comme à son habitude, joue de quasiment tous les instruments ici, à l'exception de la batterie tenue par John Blackwell (crédité John Blackwell, The Magnificent), qui joue sur tous les titres sauf Wedding Feast. Mais Prince fait aussi entrer des instruments plus surprenant dans l'univers de The Rainbow Children : des cuivres. En effet dès le sublime morceau d'ouverture, on retrouve un saxophone, tenu par Najee, qui tient aussi la flute dans ce morceau et dans le morceau Mellow. Et c'est un métissage surprenant qui se met en place sous nos yeux : le rythme est jazz (batterie et basse jouent un rythme assez conventionnel pour le genre), le saxo aussi. Mais c'est sans compter sur Prince, qui rappelle pourquoi on le compare si souvent à Hendrix. Vous vous êtes parfois demandé pourquoi? Rainbow Children devrait vous éclairer. Le jazz peu à peu devient psychédélique, électrique, planant et furieux. La basse elle-même se modifie, lorgne vers le funk, et laisse les fulgurances de la guitare nous guider au milieu de l'arc en ciel. La montée de ce morceau est longue (10min03), mais une fois rendu au sommet de l'arc en ciel, rien ne nous fera plus redescendre.

Car le maitre des lieux a plus d'une corde à son arc, plus d'une couleur a sa palette. Lorsque la ballade Muse 2 Paraoh poursuit le voyage, les fulgurances électriques sont déjà loin. C'est la soul, moderne comme celle de D'Angelo (dont l'album Voodoo est peut-être passé par les oreilles de Prince) qui est convoquée dans cette union avec le jazz. Ballade au piano, à l'âme jazz-soul, à laquelle vient se mêler avec succès et beauté un peu de rap...

 

Alternances d'ambiances tout au long de ces déambulations célestes, parfois au sein même des morceaux. Digital Garden commence sur des percussions qui donnent un air de samba, pour ensuite se terminer sur un délire de guitare électrique nous faisant croiser à nouveau le fantôme d'Hendrix. Du bleu reposant au rouge ardent et endiablé de l'arc en ciel... Mais sa majesté pourpre n'en oublie pour autant pas son fer de lance : le funk. Et sur The Work pt.1 il convie même Larry Gaham, ex-bassiste de Sly & The Family Stone ( Sly & The Family Stone - Stand! (1969) ) pour nous le rappeler, ainsi que 5 trompettistes (The Hornheadz). Autant dire que le morceau pulse à tout va. Une pépite funk comme il y en a d'autres sur l'album (1+1+ Is 3 ; Family Name, chanson que n'aurait surement pas renié Sly Stone justement). Mais ce voyage céleste est aussi fait d'accalmies comme sur l'enchainement Everywhere/The Sensual Everafter/Mellow (avec une jolie flute). On retrouve même une ambiance que ne renierait pas Santana avec quelques percussions et un peu de guitare très planante (The Sensual Everafter). Les images des guitar heroes se suivent, mais ne se ressemblent pas. Parfois Prince revient vers ses propres bases, et un slow comme She Loves Me 4 Me rappelle aisément ses travaux antérieurs. Peu importe après tout, car il maitrise parfaitement l'exercice.

 

Et il faut bien dire que la fin de l'album est un véritable sans-faute entre un Family Name funk en diable, et qui est mon morceau préféré de l'album avec le titre d'ouverture Rainbow Children. Hendrix, Sly & The Family Stone, Prince lui-même... Les couleurs et les images défilent le long des cuivres, de la basse et de la guitare de The Everlasting Now, morceau de qualité, malgré quelques bruitages de foule stupides (l'ambiance est bien léchée pour un live je trouve, même si ça en est peut-être un) et un synthé un peu vilain. De quoi nous mener tranquillement vers la ballade finale Last December, qui si elle n'a pas toute la magie de Purple Rain, ne démérite pas pour autant surtout grâce à son joli solo de guitare.

 

Cependant pour qu'un arc en ciel apparaisse, il faut bien quelques nuages à l'horizon. Notamment cette voix off vocodée, qui intervient durant l'album pour un genre de narration, et qui est absolument incompréhensible et horrible. La spiritualité a toujours été au cœur de l'œuvre de Prince (la rumeur veut qu'il était déjà Témoin de Jéhovah à ce moment là), mais de manière moins pesante et loupée qu'ici. Certains bruitages stupides et nuisibles (comme la foule sur The Everlasting Now) viennent aussi parfois parasiter l'ensemble. Autre nuage : le cœur de l'album est un peu moins performant que le début et la fin. Deconstruction et Wedding Feast sont par exemple totalement inutiles et insignifiantes au milieu de l'album, et se diluent parmi le reste. A noter aussi qu'il y a plusieurs pistes cachées silencieuse à la fin de l'album, qui mènent à une très courte reprise du mot « one » issu de Last December. Un passage inutile, comme Prince les affectionne (cf les multiples pistes cachées silencieuses de 20Ten). Rien de grave après tout, les nuages aident à faire ressortir la lumière des autres titres.

Car assurément, The Rainbow Children est un album lumineux. Un disque comme je n'attendais pas (plus?) vraiment de la part de Prince, qui se défait ici avec délectation des années 80. Un disque où il prouve encore une fois qu'il est définitivement un génie. Alors certes il a fait mieux (Sign O'The Times), et il y a quelques défauts ici qui empêchent l'album d'être vraiment parfait. Mais cette balade avec les enfants de l'arc en ciel est superbe, et constitue surement un des sommets de l'œuvre de Prince.

 

16/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.

 

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19 avril 2011 2 19 /04 /avril /2011 19:57

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Tracks : Undernearth The Stars ; The Only One ; The Reasons Why ; Freakshow ; Sirensong ; The Real Snow White ; The Hungry Ghost ; Switch ; The Perfect Boy ; This. Here and Now. With You ; Sleep When I'm Dead ; The Scream ; It's Over

 

The Cure. Un nom qui évoque à beaucoup une succession de clichés, de sons. Robert Smith guitare à la main, le rouge à lèvres dégoulinant le long de son visage. Les images angoissantes du clip d'A Forest. La claustrophobie de  The Cure - Seventeen Seconds (1980), The Cure - Pornography (1982) et de Disintegration. Et souvent, l'image même de ce que pouvait être un groupe anglais dans les années 80, de la new-wave et ses clichés plus ou moins ridicules. Mais c'est oublier Bloodflowers. L'album de 2000 est la preuve même qu'à 40 ans, Robert Smith avait encore des choses à écrire, à ressentir. La crise de la quarantaine remplaçant le spleen adolescent? C'est ce que Robert Smith semblait évoquer après la sortie du point final à la trilogie Pornography/Disintegration/Bloodflowers. En tout cas, les années 2000 s'ouvrait bien pour The Cure. Suffisamment pour que Robert Smith envisage pour son 13ème album solo un double album. Projet qui avortera, suite à une mésentente avec la maison de disques sur les royalties. C'est donc après de nombreux reports de sortie, l'amputation de la moitié des titres et après une attente de 4 ans que sort finalement 4:13 Dream, treizième galette du groupe. Annoncé par 4 singles qui sortirent tous le 13 des mois précédents l'album (The Only One le 13 mai ; Freakshow le 13 Juin ; Sleep When I'm Dead le 13 juillet et The Perfect Boy le 13 aout), le disque poursuit-il dans la lancée de Bloodflowers et de The Cure paru en 2004?

 

Pour la première fois depuis Wild Mood Swings (1995), Robert Smith procède à des remaniements au sein du groupe et vire le claviériste Roger O'Donnel et le guitariste Perry Bamonte. Retour du guitariste Porl Thompson qui avait quitté l'aventure avec Wish, après 8 ans de services au sein du groupe. Des modifications qui indiquent une volonté de changement entre The Cure de 2004 et ce 4:13 Dream, malgré le style semblable (et horrible) des deux pochettes.

Et en effet, il y a rupture. Rupture douloureuse même. Car la fine équipe précédente avait accouché d'un très bon album (Bloodflowers) et d'un bon album (The Cure). Celle-ci ne peut pas en dire autant, en tout cas pour le moment. Pourtant Robert Smith frappe fort avec le morceau d'ouverture Undernearth the Stars, une belle plage planante et introspective, un peu mélancolique mais somptueuse. La seule ombre au tableau est ce son de batterie, que je n'aime vraiment pas. Le morceau reste très bon néanmoins. Robert Smith nous connait. Il sait que placer un tel morceau en ouverture fera plaisir à tous les amateurs du groupe. Il a bien raison. Dommage que le reste ne soit pas à l'avenant.

 

Il paraît que Robert Smith a éliminé les chansons les plus sombres de l'album pour les garder pour un hypothétique « Black album », qui serait le versant sombre de ce 4:13 Dream. J'espère sincèrement que si ce Black album sort un jour, il fera moins auberge espagnole que ce disque. Car en général, ce qui fait à mes yeux la force d'un bon album de The Cure (Seventeen Seconds, Bloodflowers, Disintegration ou Pornography, même si je n'ai pas accroché à l'ambiance de ce dernier), c'est son homogénéité. Chaque (bon) album est un voyage, marqué par une couleur, des sentiments... Souvent reflets de leurs pochettes. Seventeen Seconds me paraît froid et gris comme la brume, Pornography rouge et infernal, Disintegration bleu nuit et Bloodflowers me paraît être blanc évanescent, comme un couloir d'hôpital. A contrario, 4:13 Dream ne m'évoque rien. Rien d'autre que le même bordel cacophonique et assez laid de la pochette.

Les chansons sont globalement pop, et s'enchainent mal. Et si le groupe est capable de faire d'excellentes bombes pop (il l'a prouvé par le passé), Robert Smith a ici perdu son savoir faire à mon goût. Non pas que ça soit abominable, mais à part Undernearth The Stars et The Scream, l'album ne m'a pas vraiment captivé. Les singles ne sont vraiment pas transcendant(Freakshow est même à mon goût un des pires morceaux de l'album), et annoncent finalement plutôt bien la couleur: un album assez décousu et pauvre. Rien d'infâme probablement. Après 30 ans de carrière, il faut bien qu'il y ait des hauts et des bas. Et malgré quelques bons moments parsemés ici ou là au fil des chansons et la voix de Smith au top, je n'ai pas eu grand chose à se mettre sous la dent. La basse est très en retrait et le son de la batterie est abominable (on n'en est pas à Metallica - St. Anger (2003) , mais pas loin). Les compositions assez plates font de cet album un raté à mon goût, pas scandaleux mais un raté tout de même. Et lorsque l'album se termine avec It's Over (chanson plutôt intéressante au demeurant), on n'espère qu'une chose : que la bande de Robert Smith ne s'arrête pas sur un tel album et nous propose rapidement une suite à la hauteur du mythe. Le 13 leur a porté malheur.

 

09/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même. 

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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 13:50

Setlist : Dagoba : Votre humble serviteur, découvrant Dagoba sur ce concert, se voit dans l’incapacité de fournir une setlist.


Apocalyptica : 1. At the Gates of Manala 2. Grace 3. Master of Puppets 4. End of Me 5. I’m not Jesus 6. For Whom the Bells Told 7. ??? 8. Beautiful 9.??? 10. Nothing Else Matters 11. Last Hope 12. Bring Them to Light 13. Seek and Destroy 14. ??? 15. ??? 16. I Don’t Care 17. Metal Classic Medley.

 

Il y a quelques mois, je vois qu’un concert d’Apocalyptica est prévu au bout de la terre (Finis-tère). Le lendemain je me pointe pour acheter mes billets. Et je ne sais pas à ce moment à quel point je fais bien de m’y prendre à l’avance. Arrivé au jour J devant la salle (ou plutôt devrais-je dire au début de la file d’attente qui se mesure en centaines de mètres !!!) je me félicite de m’y être pris tôt.


Enfin arrivé dans la salle je suis accueilli par les premiers coups de la surpuissante batterie de Dagoba. Surpuissance, c’est l’adjectif qui qualifie ce live du quatuor Marseillais. Une heure de métal bien brut de fonderie que viennent tempérer un ou deux morceaux plus calmes.  Une très bonne mise en jambes pour ce qui nous attend par la suite et une découverte qui va me pousser à écouter ce que donnent leurs albums.


Après une attente paraissant interminable après cette montée d’énergie, le quatuor leader de la soirée, Apocalyptica, monte sur scène. L’ouverture se fait sur le même morceau que leur dernier album (7th Symphony) : At the Gates of Manala, morceau énergique qui donne tout de suite le La pour ce concert. La suite ne nous laisse pas nous reposer avec l’enchaînement de Master of Puppets, End of Me et du très puissant I’m not Jesus. Pour ces deux derniers morceaux un chanteur (dont j’ai mangé le nom et je m’en excuse auprès de lui) vient renforcer le groupe, il reviendra plus tard pour les autres morceaux chantés du concert. On reprend avec la formation classique pour les morceaux suivants. A partir de Beautiful le groupe nous propose en session acoustique avec le renfort du batteur qui se met violoncelle pour accompagner le trio de cordes classique puis au tambour pour le morceau 9. La session acoustique se termine avec la monumentale, la magnifique, l’exceptionnelle reprise de Nothing Else Matters de Metallica.


Après une petite séance francophone de Perttu Kivilaakso, le concert reprend avec Last Hope de leur avant dernier album Worlds Collide. Après un retour du chanteur sur Bring Them to Light, c’est au tour du public, invité par le groupe, de donner de la voix sur le refrain de Seek and Destroy. Après deux autres pistes dont j’ai égaré le nom entre les émotions de la soirée et ma connaissance un peu émoussée de leur discographie, le chanteur nous revient pour I Don’t Care ; sur laquelle j’ai fini de me cramer les cordes vocales d’ailleurs (j’ai presque la voix passée au papier de verre et imbibée de whisky de Tom Waits à l’heure où j’écris ces lignes). Le concert se termine ensuite sur un Medley de morceaux de musique classique assaisonné à la sauce métal par le quatuor Finlandais.


Un excellent concert pour résumer. Le choix des pistes fait que le concert est fluide, sans accrocs, les morceaux du répertoire original du groupe se succédant délicieusement avec les reprises de Metallica. En plus de la musique dont la qualité ne se présente plus, l’interaction du groupe avec le public, malgré une compréhension parfois un peu lente de celui-ci du merveilleux langage qu’est l’Anglais, est excellente, le one man show de Perttu, entre autres, étant très sympathique. On sent que les musiciens prennent du plaisir à jouer, plaisir partagé par le public.


En conclusion : si Apocalyptica passe près de chez vous, sautez sur vos places, c’est un concert unique qui vaut vraiment plus qu’un détour. Et si vous vous posiez la question : «  un violoncelliste peut-il headbanger ? » la réponse est OUI.


Jid .

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13 avril 2011 3 13 /04 /avril /2011 17:02

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Tracks : Soldier ; Stanger ; Characters ; I Dreamed I Saw ; Rats and Roaches ; Down In Texas ; Shakles and Chains ; This Could Be The Day ; This Is Your World ; White Rails

 

Le 3 avril 2011, Calvin Russell s'éteignait à Austin au Texas, ville qui l'avait aussi vu naitre. Cancer du foie. Ses mauvaises habitudes avec le whisky ont finalement eu raison de lui. Mais malgré tout, l'homme nous laisse une belle discographie, même s'il a commencé sur le tard. A 40 ans passés pour être exact. C'est en 1989 que Calvin se lançât dans la musique, repéré par le patron du label français New Rose, Patick Mathé. Son statut de marginal, hors la loi réfractaire à la société et dealer pour survivre marque déjà les esprits. Son visage buriné semble être le reflet de ce sud de l'Amérique, sa violence, sa chaleur, ses fantômes et sa poésie. Le talent fait le reste. Et dès le début de sa carrière, l'homme nous livre des pépites, telles A Crack In Time et Calvin Russell - Songs From The Fourth World (1991) . Autant de flops au Texas, mais de jolis petits succès en France. C'est sur ce début de renommée que l'homme se lance dans l'écriture de son troisième album, pour lequel il reçoit le soutien de Jim Dickinson, collaborateur de Ry Cooder, des Rolling Stones et de Bob Dylan. Autant dire qu'une certaine attente pesait sur les épaules de Calvin Russell lorsqu'il livre Soldier en 1992, sa troisième galette en 2 ans. De quoi définitivement poser les bases de son mythe?
 

Et c'est avec le titre éponyme que Soldier démarre. Et c'est tout simplement un des plus beaux morceaux de toute la carrière de Calvin qui se dévoile ici. Si on devait résumer l'œuvre de Calvin à deux titres (même si c'est très réducteur), ce serait Crossroad (sur Songs From the Fourth World) et Soldier. Les accords acoustiques sont ici superbes et Calvin chante de sa plus belle voix... « I'm just a person/I don't claim no country/I just don't need a flag/To say who I am ». Un titre pacifiste magnifique d'émotion, de délicatesse et de feeling. Et lorsqu'éclate le superbe solo de guitare électrique final, la légende se construit, et Soldier en sera une des clés de voute.

Après un tel éclair de génie, Stanger fait (logiquement) bien pale figure. La chanson est plus rythmé, acoustique elle aussi, mais est nettement moins prenante que ne peut l'être le superbe titre d'ouverture ou I Dreamed I Saw. Convaincant, mais sans plus.
 

Characters l'est nettement plus. La guitare électrique fait ici son entrée pour un titre complet, et nous offre un riff excellent, sec et rêche, qui s'accompagne très bien d'un peu d'orgue Hammond. Une rudesse électrique superbe pour que Calvin évoque ses compagnons de cellule, ces fameux Characters qui défilent tout le long du titre. Pas le meilleur titre électrique de l'album, mais une (très) belle chanson quand même...

 

Mais un album de Calvin Russell, c'est aussi l'alternance entre pépites électriques et pépites acoustiques. Après le très bon Characters, c'est donc l'acoustique I Dreamed I Saw qui poursuit la route. Le titre est après Soldier, mon titre acoustique préféré de l'album, tant il est poétique (les paroles sont très belles) et fin. L'évocation de cette cité et de la nature est simple, mais émouvante au possible, tout comme ces arpèges. Un titre superbe d'émotion, un folk absolument magnifique à vous en tirer des larmes. Après tout, la simplicité peut-être très belle...


Et après le folk, c'est le blues qui est convoqué avec Rats And Roaches. Blues acoustique, à l'ancienne. Un temps ancien où il n'y avait pas autant de puits de pétrole au Texas. Et ce qui se dégage de ce titre, c'est son authenticité, sa rudesse et son charme rustique. Ce n'est qu'un blues parmi tant d'autres dans la carrière de Calvin. Mais ce blues acoustique est excellent, notamment grâce à la guitare, et s'il n'invente rien, il est néanmoins très bon.


Down In Texas est par contre nettement plus inventif et étrange. Le titre est entièrement électrique, et ce riff étrange « plane » tout le long du titre. Il y a même quelques effets sur la voix qui lui donne un aspect étrange, presque robotique à un moment. Une sacrée surprise que ce titre innovant au milieu de cet album assez traditionnel. C'est surement ce qui fait que ce titre très atypique est mon préféré de l'album avec Soldier et I Dreamed I Saw, et mon préféré à la guitare électrique ici.

 

Un piano fait son apparition pour Rats And Chains, titre à l'ambiance plus hispanisante et country. L'ambiance « cow-boys fatigués à la frontière mexicaine » est plutôt réussie grâce à ce piano et à des chœurs qu'on dirait pris dans un bar. Enfin c'est un des titres les plus faibles de l'album à mon goût néanmoins.

 

This Could Be The Day vient relever le niveau avec un titre acoustique un peu dans la lignée de Soldier (la guitare est dans le même style), simple, mais émouvant... La magie du titre tient surtout à la guitare acoustique, superbe, et qui amène le morceau au même niveau de plaisir que I Dreamed I Saw. Manque peut-être un petit solo de guitare électrique et des paroles un peu plus poussées pour faire de ce titre un équivalent à Soldier ou Crossroad.


This Is Your World est un titre électrique plus rock, assez basique et un peu « plat » je trouve. C'est dommage, il y a une belle conviction dans la voix de Calvin, un sympathique orgue Hammond en soutien et un joli solo de guitare électrique, qui est assurément le meilleur moment du morceau. Un morceau probablement meilleur sur scène que sur ce mix (intitulé Memphis Mix) qui l'aplatit un peu.

 

C'est à un boogie qu'il revient de conclure l'album : White Rails. Le titre est rythmé, assez électrique  mais ne parvient pas à la hauteur d'un Characters ou Down In Texas. Le titre tout comme This Is Your World et Rats And Chains me paraît assez moyen, pas mauvais, mais pas transcendant. Après les pépites que contient cet album, c'est d'autant plus dommage.

 

Car si Soldier n'est probablement pas le meilleur album de Calvin Russell (Songs From The Fourth World est supérieur), il comporte un bon nombre de magnifiques morceaux. En premier lieu le titre éponyme, Soldier, qui est un classique. Mais des pépites comme I Dreamed I Saw, Characters, Down In Texas ou Rats And Roaches sont aussi à découvrir et savourer. La fin de l'album un peu plus moyenne empêche néanmoins cet album d'être le plus accessible de cet artiste. Un vrai bluesman sensible et poétique, qui va beaucoup me manquer... Quelque soit la route qu'il ai désormais pris au crossroad, il nous laisse de superbes chansons et de superbes albums comme ce Soldier à (re)découvrir...

 

15,5/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même. 

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9 avril 2011 6 09 /04 /avril /2011 23:31

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“Heima”, à la maison. Quiconque est déjà venu à Reykjavik sait que la capitale de l'Islande est une vraie maison pour une scène musicale unique et vivante. La ville grouille littéralement de musiciens, de scènes, de bars pouvant accueillir des concerts, et bien sur de groupes. Évidemment on pense aux superstars comme Björk ou Emiliana Torrini, ou à Jonsi, leader charismatique de Sigur Ros, probablement un des groupes majeurs sur la scène internationale de ces dix dernières années. Et c'est justement un groupe ayant un rapport étroit avec Sigur Ros et son leader qui joue ce 7 avril à la Faktory. Si le nom d'Amiina ne vous dit rien, il s'agit en fait de 4 joueuses de cordes, qui accompagnent Sigur Ros sur des albums comme () ou Takk... Elles décidèrent finalement de s'émanciper un peu de Sigur Ros en 2006, avant de sortir leur premier véritable album Kurr en 2007 (je vous en reparlerai à l'occasion), en se faisant accompagner d'un batteur et d'un DJ.

 

Autant dire que voir ce groupe à la Faktory, un des nombreux bars de la ville dédiés aux concerts, était inespéré pour moi. C'est donc en bravant un vent à décorner les bœufs (Copyright mon papy) que Nizouille et moi allons à la Faktory ce jeudi pour voir Amiina et sa première partie, le groupe Borko. C'est donc ce premier groupe qui entame la danse, après 20 minutes d'attente.

 

Il y avait du monde sur la petite scène de la Faktory lorsque Borko a commencé son set d'environ 45 minutes : Un chanteur/guitariste acoustique (Borko lui-même, de son vrai nom Björn Kristiansson), un bassiste, un guitariste électrique, un batteur (celui d'Amiina en fait), et 3 cuivres: une trompette, un trombone à coulisse et un tuba. Du monde sur scène donc, pour une musique qu'on peut qualifier d'irrémédiablement islandaise... Évidemment. Globalement, on entend souvent l'influence de Sigur Ros ici dans la musique. De longues compositions alambiquées, avec plusieurs parties qui se lient et une guitare électrique qui au lieu de jouer des riffs joue des trames sonores... Un rythme absolument pas binaire qui soutient le reste et beaucoup d'expérimentations. Pour le coup il y a du talent dans ce groupe, notamment grâce aux cuivres qui apporte un indéniable plus. Les ambiances qui montent progressivement étaient plutôt extrêmement plaisantes, les « explosions » de cuivres plutôt prenante et ma foi le concert plutôt surprenant. Dans le bon sens du terme. Parfois certaines influences étaient un peu évidentes (des alternances violence/chant a capella qui rappellent les Pixies), et moyennement maitrisées. Le chanteur a même un petit faux air de Francis Black, le chant en plus banal. Quelques problèmes de cohésion entre les parties des morceaux (des transitions à la guitare était un peu foireuses) sont aussi à noter, mais ce fut une première partie vraiment plaisante. C'est aussi très bon en studio, et c'est à découvrir sur leur myspace : link

 

Après la bonne surprise de Borko, nous assistons depuis le premier rang (bon la salle n'est pas très grande, c'est facile) à la mise en place d'Amiina avec une certaine impatience. Le nombre d'instruments installés fait saliver. Deux claviers, une batterie, 3 violons électriques, un violoncelle électrique, deux xylophones, un accordéon, des scies, un mac (pourquoi tous les musiciens sont-ils chez Apple?), 4 verres d'eau (je suppose que c'était du cristal) et de petits instruments à cordes pincées que je ne connaissais pas. De quoi saliver avant l'entrée des 6 membres du groupes, tant le nombre d'instruments laissait présager du meilleur.

 

Mais finalement, ce nombre d'instruments, et le talent des musiciens fut paradoxalement un des points faibles du show. Je m'explique. Les 4 demoiselles sont toutes multi-instrumentistes, ce qui est certes très bien. Mais elles tournaient entre les mêmes instruments, se relayant au xylophone, aux petits instruments à cordes pincées ou aux claviers. Je vois assez mal l'intérêt de tourner ainsi, et surtout ça cassait allègrement l'ambiance du concert en faisant de longues pauses entre les morceaux (quelques problèmes techniques avec notamment un violon ont aussi pas mal affectés le show, mais ça arrive). Autre problème : malgré le nombre impressionnant d'instruments, les musiciennes tournaient toujours entre les mêmes. L'accordéon par exemple n'a servi que sur le premier (et meilleur) morceau, idem pour les verres d'eau (un son amusant). Même le violoncelle n'a servi qu'une fois, et il n'y a eu qu'un titre où les 3 violons on été de sortie ensemble. Très peu de cordes au final, ce qui est un peu étonnant. Les cordes apportaient de plus un son plus global et massif que les nombreux instruments dont elles jouaient. Le xylophone (qui était présent dans tous les morceaux) n'est par exemple pas un instrument qui donne une ampleur au son pour vous transporter en concert. Idem pour les petits objets à cordes pincées, ou pour les scies qui étaient frappées, qui produisent un son intéressant, mais juste un « son » finalement. Peut-être manquait-il un instrument plus massif pour accompagner la batterie, comme une basse ou une guitare? Possible. Les musicien(ne)s donnaient plus l'impression de jouer chacun de leur coté de leur instrument plutôt que de jouer une musique globale. En tout cas j'ai été un peu déçu par ce concert, sympathique, mais qui n'a pas été à la hauteur de ce que j'attendais du groupe. Ça n'enlève rien à la qualité de leurs très sympathiques albums (Kurr est vraiment plaisant, je ne connais pas l'autre), mais en tout cas je n'ai vraiment pas été accroché par ce concert d'Amiina. Borko pour le coup m'a nettement plus convaincu. De quoi nous consoler dans notre périple de retour contre le vent. C'est aussi ça l'Islande.

 

Moi-même.

PS: La photo n'est pas tirée du show, mais d'un show de 2010 que j'ai trouvé sur le Facebook d'Amiina. Si vous souhaitez voir des photos et une chronique en anglais de cette soirée, il y en a ici: link

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