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11 juin 2011 6 11 /06 /juin /2011 07:41

http://4.bp.blogspot.com/_76yJ8ZGb3q0/TS21hCLIyfI/AAAAAAAAAEA/0dWhDeOvAUM/s1600/R-221474-1198853899.jpeg

 

Tracks : Dehli/Katmandou ; Mevlana In Dub ; Replay ; Emergency ; African Airline ; Wicked Tune ; Dreadfull Bass ; Ohm

 

S'il y a bien un domaine dans lequel la musique française se distingue, c'est bien la musique électronique. Alors que le rock français est souvent considéré (à plus ou moins juste titre) comme une vaste blague, l'électronique “made in France” est assez réputée à l'étranger. La French Touch notamment. Air, Daft Punk, Justice... Autant de groupes aussi réputés en France qu'à l'étranger. Mais la scène électronique française ne se limite évidemment pas qu'à la French Touch. Il existe d'autres courants beaucoup moins relayés dans les médias qui pourtant réunissent les foules en concert. C'est le cas de certains groupes du label Jarring Effects, basé à Lyon et du groupe probablement le plus connu de ce label, High Tone. High Tone est né à Lyon en 1997 de l'association de 5 musiciens : Aku Fen à la guitare et aux samples, Flaba Stone à la basse et au Korg MS-20, Selecta Dino à la batterie et à la programmation, DJ Twelve aux scratchs et aux samples et Natural High aux claviers. Après quelques morceaux qu'il produisent indépendamment, ils signent chez Jarring Effects, qui est toujours leur label actuel et va leur permettre de sortir leur premier album en 2000, Opus Incertum. Mais venant d'un groupe français, que peut valoir le dub bien éloigné de ses racines jamaïcaines?

 

C'est bien loin de la France et de la Jamaïque que le groupe nous emmène... C'est en extrême orient que le voyage commence, au pied de l'Himalaya. Dehli/Katmandou nous guide au son de la basse chaude vers des scratchs et des crépitements qui servent d'introduction, pour nous mener ensuite vers cette voix étrange qui semble psalmodier en altitude. Les boucles se répètent en écho, les scratchs rompant la monotonie et peu à peu nous grimpons cette montagne enivrante... Le son de basse nous guide, pour nous mener finalement avec bonheur à Katmandou.

Nous voici au sommet et la lente montée s'accélère pour laisser la place à Mevlana In Dub. Et c'est une flute qui nous guide le long de ce morceau, beaucoup plus rythmé que son prédécesseur. C'est d'ailleurs cette flute qui donne une dimension très orientale au titre qui est le point fort de ce morceau, légèrement inférieur à la montée précédente.

 

Le voyage continue autour de quelques cordes et quelques sons métalliques en écho qui ponctuent Replay. Le son devient ici beaucoup plus électronique et répétitif, faisant intervenir un accordéon saccadé, des voix et une rythmique parfois très lourde. Ambiance plus froide et moins plaisante pour moi donc que les deux premiers titres.

 

Emergency semble nous guider frénétiquement vers la sortie de cet univers froid et mécanique, qui peu à peu prend le contrôle du morceau... Jusqu'à ce que vers 3min50, le dub froid et mécanique revienne vers l'orient, avec cette flute qui semble nous guider au sein d'un vent qui se fait subitement plus chaleureux. La rythmique semble retourner vers les origines reggae du dub et le morceau dans sa deuxième moitié se fait plus séduisant que dans sa première partie ou que Replay.

 

Malgré son nom, African Airline ne nous emmène pas du coté de l'Afrique. On reste dans ce groove mécanique répétitif entrecoupé de bruitages d'avions. J'aurai d'ailleurs préférés des sons africains plutôt que ces bruits d'avions, qui évoquent certes le voyage, mais qui sont moins évocateurs...

 

Malheureusement Wicked Tune semble vouloir à nouveau nous faire voyager, mais ne met pas assez l'accent sur les ambiances orientales. C'est d'ailleurs probablement le titre que j'aime le moins ici, assez long et trop répétitif à mon goût.

 

C'est une voix déformée et samplée à l'infini (façon miaulement de chat) qui lance Dreadfull Bass, au son de basse très épais. Le morceau tourne autour de cette boucle de basse qui monte peu à peu et même s'il est un peu répétitif (après tout c'est du dub), il est prenant et efficace.

 

Ohm, titre final d'Opus Incertum commence par des voix étranges, comme des moines bouddhistes entrain de psalmodier ensemble. Nous revoilà revenus à Katmandou... Et une flute comme venue de l'extérieur du monastère vient continuer à nous guider. Comme un enfant de l'extérieur venant briser la trop grande sérénité du temple... Mais les incantations reprennent, pleines d'échos, de profondeur, à la fois glaçantes et apaisantes. Le son de la basse et le riff de guitare continuent d'assurer la transe... Avant que finalement vers 4 minutes l'ambiance change et qu'une nappe de synthétiseur au son assez étrange viennent modifier l'ambiance. Heureusement on retrouve la flute, car le son du synthé est particulièrement moche à mon goût. Puis très vite les chœurs quasi-religieux reviennent à leur tour, toujours sur ce rythme infatigable. Finalement la pièce de résistance (et meilleur morceau de l'album à mon goût avec Delhi/Katmandou) se conclut vers 6 min 40 pour laisser la place au silence...Qui finalement au bout d'environ une minute laisse la place à la piste cachée de l'album. Morceau qui tourne autour d'un motif de synthétiseur très sympa et surement de melodica qui donnent une jolie ambiance rétro au morceau. Un morceau avec beaucoup de voix par contre, contrairement aux autres et qui pèche un peu de ce coté là. J'aurais préféré qu'Ohm soit le réel titre final (je n'aime pas trop le concept de piste cachée en général), car il concluait mieux l'album pour moi.

 

Un album sur lequel je n'aime pas tout, il faut bien avouer. Cependant, je dois dire aussi que je ne suis pas un amateur de dub. Mais parfois, écouter cet album me tente le soir, lorsque la fatigue et l'envie de voyager se font ressentir. Car certaines pistes de cet album avec les influences de la musique orientales sont très jolies comme Delhi/Katmandou, Mevlana In Dub , la deuxième partie d'Emergency, et le premier morceau d'Ohm. Malheureusement, je n'aime pas trop les incursions électroniques froides et répétitives que le groupe fait sur les autres pistes et qui deviendront la touche du groupe pour les albums suivants (Wave Digger par exemple). Reste néanmoins un premier album qui est suffisamment bon pour plaire à non amateur de dub comme moi. A essayer donc si vous cherchez de nouvelles expériences...

 

13/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.
 

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9 juin 2011 4 09 /06 /juin /2011 16:38

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/e/ed/SabbathBorn.jpg

 

Tracks : Trashed ; Stonehenge ; Disturbing The Priest ; The Dark ; Zero The Hero ; Digital Bitch ; Born Again ; Hot Line ; Keep It Warm

 

Selon la légende, cette formation de Black Sabbath serait née dans un pub (The Bear public House à Oxford), suite à une soirée trop arrosée. Il faut dire qu'elle a de quoi surprendre. Alors même que le groupe a connu et viré deux très grands chanteurs (Ozzy et Dio) en l'espace de 4 ans, c'est finalement Ian Gillian, ex-chanteur de Deep Purple (Mark II, celle d'In Rock et Machine Head notamment) qui se joint à lui. Une cuite légendaire. Bien sur, il est probable que la décision soit plus fine que ça en réalité. Après deux pertes comme celle de l'historique et charismatique Ozzy et du très doué Dio, on ne donne plus très cher de la peau de Black Sabbath en ce début d'années 80. La concurrence de la new-wave of british metal, avec à sa tête Iron Maiden est rude. Ozzy commence aussi à rencontrer ses premiers succès solo (Blizzard Of Ozz, Diary Of A Madman), qui menacent de reléguer son ancien groupe au rayon des antiquités. Engager Ian Gillian, un des chanteurs/hurleurs les plus puissants des années 70 (les noms de Robert Plant et David Coverdale ont aussi été évoqués), paraît donc être une solution intéressante pour que Black Sabbath prenne un nouveau départ. Une nouvelle naissance. Born Again. Commercialement, l'idée s'avérera payante puisque l'album rencontrera un bon succès. Mais qu'en est-il réellement sur le plan critique presque 30 ans plus tard?

 

« J’ai vu la pochette et j’ai vomi. Puis j’ai entendu le mix final et j’ai vomi une seconde fois. » dira Gillian de cet album. Difficile de lui donner tort à posteriori. Car en effet, la pochette est probablement une des plus moches du groupe (qui pourtant est coutumier du fait!). Kitsh, laide, baclée... les qualificatifs ne manquent pas. Et elle rebute atrocement l'auditeur. De même que la production qu'assassine Gillian, à raison. Lorsqu'on écoute la production des Black Sabbath des années 70 ou même Black Sabbath - Heaven And Hell (1980) , la production ne choque pas et est même plutôt efficace. Ici, on assiste au début de la production métal des années 80. Et ça s'entend clairement... Le son est caricatural et mauvais. Les synthés (tenus par l'homme de l'ombre du groupe à l'époque Geoff Nicholls) sont encore discrets, mais le reste du son porte certaines des pires tares des années 80. Notamment la section rythmique mixée de façon absolument abominable, et une batterie au son à la fois écrasant et écrasé. Où est passé le son de basse génial de Geezer Butler? Où est passé la guitare lourde de Iommy, qui avait pourtant l'air en forme sur ce disque?

 

Le pire reste cependant le mixage de la voix. Il est possible que Gillian n'était peut-être pas à sa place au sein du lourd Black Sabbath, moins énergique et survolté que Deep Purple. Mais le mixage de Born Again ne l'a définitivement pas aidé à trouver sa place. C'est bien simple, on a parfois l'impression qu'il chante sur une bande sonore et non au sein d'un groupe. C'est flagrant (et absolument épouvantable) sur la ballade qui donne son nom à l'album. Aucune cohérence entre la musique et le chant, les deux semblant dissociés et partir chacun dans une direction différente (les refrains sont atroces)... Pourtant Gillian n'avait rien perdu de sa superbe durant l'enregistrement de cet album. Disturbing The Priest en est un exemple flagrant. Son chant puissant, son rire démoniaque et ses envolées sont absolument superbes. C'est d'ailleurs sur ce morceau, ainsi que Zero The Hero que la formule fonctionne le mieux.

 

Car il faut bien admettre que le début de l'album fonctionne plutôt pas mal avec l'introduction musclée qu'est Trashed, puis Disturbing The Priest (qui est probablement le meilleur titre de l'album pour moi) et son chant démoniaque. Zero The Hero, avec la courte introduction The Dark (court instrumental qui crée juste le contraste avec le morceau suivant) fait office de plat de résistance, et malgré un refrain un peu étrange (le « Zero The Hero » tombe un peu comme un cheveu sur la soupe je trouve) est le meilleur moment de l'album avec Disturbing The Priest. Il n'y a cependant pas vraiment de quoi crier au génie, surtout vu le passif du groupe. Un début d'album où le Sab se la joue plus démoniaque qu'à l'accoutumée, avec cette ambiance étrange, ses riffs expérimentaux et ses deux instrumentaux à la limite de la caricature (Stonehenge et The Dark). La voix surpuissante de Gillian renforce cette impression. Mais il manque la lourdeur des guitares et l'efficacité des albums précédents. Cette face A essaye certes de renouer avec le coté maléfique du groupe, mais n'y parvient qu'à moitié, en partie à cause de la production qui rend un peu caricatural et plat l'ensemble. La face B est encore plus oubliable, entre un Digital Bitch très Deep Purple, le titre éponyme qui est le plus mauvais de l'album et les deux derniers titres, assez anodins.

 

Finalement, malgré un casting étrange mais prometteur, ce Born Again ne se révèle pas être la deuxième renaissance espérée de Black Sabbath. Pire encore, il amorce une grande période d'instabilité et de de déclin du groupe, qui ne va se stabiliser que dans les années 90. Gillian l'a à priori vite compris vu qu'il quitte le navire quelques mois après l'avoir rejoint. Le batteur Bill Ward s'en ira lui aussi. Reste ce Born Again, album atypique au sein de la discographie de Black Sabbath et qui a ses fans, mais que je juge personnellement aussi mauvais que sa pochette. Ce qui n'est pas peu dire...

07/20
(NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.
 

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7 juin 2011 2 07 /06 /juin /2011 21:51

 

Tracks : The Age of The Understatement ; Standing Next To Me ; Calm Like You ; Separate and Ever Deadly ; The Chamber ; Only The Truth ; My Mistakes Were Made For You ; Black Plant ; I Don't Like You Anymore ; In My Room ; Meeting Place ; Time has Come Again

 

Iggy Pop, David Bowie... Georges Harrison, Eric Clapton... L'histoire du rock est pleine de ses amitiés entre musiciens qui ont conduit à des collaborations mythiques ( Iggy & The Stooges - Raw Power (1973) ; While My Guitar Gently Wheeps). Parfois, l'un est plus connu que l'autre. Ce qui n'empêche pas le résultat d'être bon d'ailleurs. Jack White, après le succès des White Stripes a fondé The Raconteurs avec son vieil ami Brendan Benson. Nouveau succès. On voit tous d'un œil attendri ces amitiés fécondes, accouchant de projets plus ou moins bons, mais souvent sympathiques. Lorsque cette collaboration réunit une star (Alex Turner, leader des Arctic Monkeys), un jeune espoir (Miles Kane, leader des éphémères Rascals et auteur cette année d'un très recommandable album solo) et un précieux homme de l'ombre (Owen Pallett, arrangeur de cordes pour les deux premiers Arcade Fire), l'attente devient vite fébrile. Le projet se concrétise autour d'un nom : The Last Shadow Puppets. C'est sous ce nom que sort le 15 avril 2008 The Age Of The Understatement, fruit de cette collaboration qui fait tant saliver. De quoi assouvir tous nos espoirs?

 

L'un (Turner) est originaire de Sheffield, à quelques centaines de kilomètres de Liverpool. L'autre (Kane) est originaire de Wirral dans la banlieue de Liverpool. Liverpool, trait d'union entre ces deux musiciens qui se sont connus alors que les Rascals faisaient la première partie des Arctic Monkeys. Liverpool, capitale pop du nord de l'Angleterre. La ville de naissance des Searchers, d'Echo and The Bunnymen et bien sur des Beatles. Une précision importante pour The Age Of Understatement, disque illustré par une photo d'un mannequin des années 60, et qui fleure bon la pop comme seul le nord de l'Angleterre sait la créer.

 

Car dès le titre éponyme d'introduction, c'est une fantastique chevauchée pop et épique qui nous happe. Le son des guitares est d'emblée frappant. Très typé western, avec plein de reverb, il crée un univers unique, à mi-chemin entre la pop et la musique de film. Cette impression de fantastique BO de Western est de plus renforcée par les cordes du London Metropolitan Orchestra menées par Owen Pallett. Cet homme se cachait déjà derrière les arrangements de cordes de Funeral et de Neon Bible d'Arcade Fire. Il a ajouté un 3ème grand disque à son palmarès en 4 ans.

 

On a dit parfois que ce disque avait des faux airs d'Ennio Morricone. Ce n'est surement pas faux, le coté western vient en partie de là (et du son des guitares). Pourtant lorsque j'entends Only The Truth ou In My Room, je ne peux m'empêcher de penser à des films plus anglais, comme la BO d'un James Bond par exemple. Après tout, les plus grands auteurs/compositeurs y sont passés, de John Barry à Tina Turner en passant par Jack White, Nancy Sinatra, George Martin ou Paul McCartney. Et devant l'urgence de ce titre, ses cordes agressives, on ne peut qu'imaginer une course poursuite effrénée, mais avec le smoking toujours impeccable... Une classe très anglaise en somme. Une course contre la montre qui débouche sur la mélancolie de Meeting Place. Un lieu de rencontre, où malgré la course, on arrive forcément en retard. Trop tard. Les cuivres mélancoliques et les cordes emplissent le vide laissé par son absence... Il ne fallait pas être en retard. Et même la somptueuse Time has Come Again à l'intime guitare acoustique ne pourra rien y changer. Il est trop tard.

 

Trop tard pour les grandes heures de la musique? Ces deux là se le disent peut-être en effet. Mais ça ne les empêche pas de composer des bombes pop dignes des ainés de Liverpool. Et après le fabuleux titre éponyme qui servit de premier single à l'album, ils enfoncent définitivement le clou avec les deux suivants : Standing Next To Me et My Mistakes Were Made For You. Si Standing Next To Me est une petite perle pop, My Mistakes Were Made For You est à mes yeux le joyau absolu de l'album. Un morceau d'une somptuosité parfaite. Le single pop de l'année 2008? Possible. Un morceau fantastique, issu d'un immense album. On savait Alex Turner doué pour les refrains rock énervés, mais on le connaissait pas en fabuleux orfèvre pop.

 

Il est en effet possible que cette parenthèse enchantée soit déjà refermée, à l'heure où les Arctic Monkeys sortent leur 4ème album Suck It And See et où Miles Kane s'est lancé dans son œuvre solo avec Colour of The Trap. Mais peu importe finalement. Car avec The Last Shadow Puppets, ces deux là ont prouvés que la pop d'aujourd'hui, sans se mélanger à l'électro, peut encore être sublime et innovante. L'album est court pour nos standards actuels (38 minutes, même si c'est souvent la "bonne" durée), parfois un peu trop homogène, mais est cohérent de bout en bout. Tout comme le projet de Damon Albarn l'année précédente ( The Good The Bad & The Queen - The Good The Bad & The Queen (2007) ), il fait honneur à l'Angleterre. Ce qui vu le passé de la glorieuse Albion en la matière fait de ce disque un grand disque de pop et l'un des disques anglais majeurs de 2008.

16/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.
 

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4 juin 2011 6 04 /06 /juin /2011 17:51

Il existe de nombreuses salles de concert à Reykjavik, qui permettent de voir un groupe quasiment tous les soirs si on le souhaite. Une effervescence musicale bien éloignée de ce qu'on connait en France d'ailleurs... Sodoma est une de ses salles où je n'avais pas encore mis les pieds. Autant dire que lorsque j'ai vu qu'Agent Fresco s'y produisait le 1er Juin en compagnie de trois autres groupes, j'ai sauté sur l'occasion. C'est à quelques centaines de mètres de Sodoma que j'ai découvert Agent Fresco il y a quelques semaines à Harpa ( [Concert] Soirée d'ouverture Harpa Reykjavik 14/05/2011 ), et qu'impressionné par ce concert, je me suis procuré leur excellent premier album A Long Time Listening. Un excellent prétexte donc pour les revoir à nouveau sur scène, découvrir une nouvelle salle et de nouveaux groupes, même si j'avais déjà croisé la route de trois d'entre eux.

 

Et alors même que nous patientons pendant une heure et demie en attendant Andvari (commencer un concert à 23h20 au lieu de 22h, il fallait oser), nous faisons la connaissance de la musicienne Elin Ey, qui fait du blues de très bonne facture en plus d'être très gentille. Nous lui avons promis d'aller la voir dimanche prochain en concert au café Rosenberg, et je vous invite à aller poser une oreille sur son blues rock ma foi très sympathique : link

 

Mais finalement, les musiciens d'Andvari finissent par investir la scène, une quarantaine de minutes après avoir fait les balances, assez désastreuses au demeurant. Composé d'une pianiste, guitariste et chanteuse, un bassiste, un batteur et un guitariste/chanteur, le groupe entame le concert par un post-rock très planant... Chose assez prévisible lorsque Nizouille me fait penser qu'Andvari est aussi le nom d'un morceau de Sigur Ros, présent sur leur quatrième album Takk... Mais à la différence de leurs glorieux ainés, les membres d'Andvari font totalement exploser leurs morceaux et mènent leur musique vers une contrée assez inattendue : le métal. Peut-on parler de post-métal? Je suppose que le terme n'existe pas, mais c'est l'idée. On assiste alors à une curieuse dichotomie au sein du groupe. D'un coté le bassiste stoïque et la chanteuse/claviériste qui livrent une musique planante et envoutante et de l'autre coté un guitariste (qui s'improvise hurleur) et un batteur qui s'emploient à dynamiter les deuxièmes parties de morceaux (certains instruments on du souffrir durant le concert). Une alliance contre nature et étrange, mais qui contre toute attente fonctionne de manière alchimique. Elle peut même enlever la frustration ressentie à l'écoute des morceaux de Sigur Ros qui n'explosent jamais. Ici ça explose, et ça rend la chose d'autant plus belle...

 

A découvrir ici : link

 

C'est Valdimar qui prend ensuite le relais. J'avais déjà fait la connaissance de ce groupe sur scène après Agent Fresco, le soir de l'inauguration d'Harpa. Je dois bien avouer que j'avais trouvé la prestation décevante. Et bien je ne sais pas si c'était la scène imposante d'Harpa, le fait de passer après MAMMUT et Agent Fresco, ou juste le trac, mais le groupe est beaucoup plus à son aise sur la scène de Sodoma. C'est même le jour et la nuit. La formation est pourtant quasiment la même (il manque un trompettiste qui était présent à Harpa et n'était pas là ce soir), mais l'envie est là et de la plus belle des manières. Les musiciens sont motivés, à leur aise (comme en atteste les joli solos de guitare, que j'avais trouvé un peu poussifs la dernière fois) et enchainent avec efficacité les morceaux d'Undraland, dernier album du groupe. Même si j'avoue ne pas être forcément un grand fan (ils ont certains bons morceaux, mais d'autres que j'aime moins), ils m'ont agréablement surpris ce soir. De quoi largement justifier le fait de les revoir une deuxième fois, et de réécouter attentivement Undraland. Et se dire qu'il ne faut pas forcément se fier à une seule prestation pour juger un groupe...

 

Leur album Undraland est à découvrir ici : link

 

Lorsqu'arrive sur scène Bennny Crespo's Gang, je m'aperçois que c'est le groupe de Lay Low, une chanteuse islandaise que j'avais croisé dans un concert hommage à Bob Dylan quelques jours auparavant. Un signe de bon augure donc... Mais son groupe n'a absolument rien à voir avec ce qu'elle fait en solo. Le set lorgne nettement plus du coté de Sonic Youth et Queens Of The Stone Age (selon leur myspace) que du coté de Dylan. Larsens, délires bruitistes... Tout y est. Malheureusement, le son était très fort (vraiment trop pour un bar/club comme Sodoma), très mauvais et je crois que je n'avais pas du tout envie d'écouter ce genre de musique ce soir là. Et lorsque les bruits deviennent une épreuve sonore, on croise juste les doigts pour que le set s'achève au plus vite. C'est peut-être très bien (après tout j'aime bien Sonic Youth), mais à revoir ou réécouter dans un autre contexte.

 

Leur myspace: link

 

Finalement, après ce troisième set qui a refroidi mes ardeurs, Agent Fresco arrive enfin sur scène. Il est plus de 2h du matin. Mais pourtant ça n'arrêtera pas le groupe, bien décidé à nous montrer que ça valait la peine d'attendre. Et en effet, ça valait la peine. Le groupe est chez lui et littéralement déchainé. Le public l'attendait, connaissant les paroles par cœur, prêt à prendre part à un moment d'euphorie... Choses rares dans un club comme ça. Preuve s'il en est du talent de ces 4 là, qui mériteraient que leur succès aille au delà de leur ile natale. C'est tout bonnement un des meilleurs concerts en club que j'ai jamais vu. Le groupe semblait avoir entrepris de dynamiter les lieux, prenant le public dans une euphorie collective contagieuse. Et même lorsqu'un spectateur monte sur scène et s'amuse avec les musiciens, ceux-ci assurent le show... Un live marqué par les singles évidents d'A Long Time Listning, comme le titre éponyme (et ses chœurs repris par le public à l'infini), Eyes Of The Cloud Catcher qui sert de conclusion à la nuit ou Implosions. Le concert présente des versions plus bourrines que celles de l'album ou celles du concert d'Harpa, qui était plus grand public et limité à 20 minutes. Ce n'était pas pour me déplaire, même si malheureusement le son était atrocement fort et que les acouphènes se sont invitées le lendemain. Néanmoins, le groupe m'a prouvé une nouvelle fois qu'il est un des groupes marquants de 2011.

Et pour vous faire votre idée, je ne peux que vous encourager à poser une oreille sur leur premier album A Long Time Listening : link

 

Moi-même. 

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1 juin 2011 3 01 /06 /juin /2011 02:41

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/4/4b/Creedence_Clearwater_Revival_-_Pendulum.jpg

 

Tracks : Pagan Baby ; Sailor's Lament ; Chameleon ; Have You Ever Seen The Rain ; (Wish I Could) Hideaway ; Born To Move ; Hey Tonight ; It's Just A Thought ; Molina ; Rude Awakening #2

 

Indéniablement, l'année 1969 a été l'année de gloire pour Creedence Clearwater Revival. 3 albums en un an et Woodstock ont fini de faire du groupe un des plus appréciés des Etats-Unis. C'est donc assez logiquement que lorsque sort Cosmo's Factory en 1970, les californiens connaissent un succès critique et commercial très important et mérité. Mais derrière derrière le succès, le quatuor est déjà en train de se séparer. Le rythme incessant des tournées, la productivité acharnée, la domination de John Fogerty sur les autres membres du groupe... Autant d'éléments qui minent peu à peu la cohésion de Creedence en cette année 1970. Et lorsque le groupe entre en studio en novembre 1970 pour enregistrer le successeur de Cosmo's Factory, l'histoire touche déjà à sa fin. C'est suite à ces sessions que Tom Fogerty, frère du leader John, s'en va vers d'autres horizons en solo. Creedence continuera en trio le temps d'un album, puis se sabordera en 1972. Pendulum, 6ème disque du groupe est-il donc définitivement l'album qui marque le déclin de Creedence Clearwater Revival?

 

Le long Pagan Baby entame pourtant bien les hostilités, comme Ramble Tamble le faisait pour Cosmo's Factory. Le morceau est assez long, mais bien rythmé, puissant et contenant des jolis soli de guitares pour nous séduire. La très bonne production, assurée par John Fogerty fait de ce titre une intro pêchue et agréable, dans la lignée des précédents albums.

 

Mais pourtant dès Sailor's Lament, un doute apparaît. Le morceau, malgré l'inclusion de chœurs et d'un saxophone, tourne totalement en rond. Non pas que le titre soit extrêmement mauvais, mais on a connu CCR plus inspiré. Et l'impression va persister tout au long de l'album. (Wish I Could) Hideaway avec son orgue omniprésent est particulièrement bien produit, mais est un peu plat au final... Idem, même si Dieu sait que j'aime l'orgue hammond, je ne peux m'empêcher de penser qu'il ne sert qu'à faire durer Born To Move pour que le morceau atteigne une durée acceptable. Là encore, lorsqu'on aime ce son d'orgue, c'est plaisant, mais c'est assez peu prenant. Surtout venant de la part de Creedence Clearwater Revival... Et je ne peux finalement m'empêcher de penser que cet orgue qui imprègne tout l'album n'est finalement qu'un moyen de masquer la faiblesse des compositions et le manque de cohésion du groupe. Et lorsque le groupe se lance dans le délire expérimental à la Revolution 9 des Beatles avec Rude Awakening #2 on se dit que vraiment ils n'avaient plus grand chose à dire...

 

Mais un album de Creedence n'en serait pas un sans quelques singles imparables. Et même si Pendulum est probablement un des moins bons albums du groupe, il contient tout de même deux pépites qui parviennent à le sauver in extremis du naufrage. Deux singles donc : Have You Ever Seen The Rain et sa face B Hey Tonight. Le premier est tout simplement une des plus belles chansons du groupe, avec son refrain jouissif et ses paroles qui semblent évoquer la fin du groupe. La pluie tombe lors d'une journée ensoleillée, comme Creedence Clearwater Revival qui explose au fait de sa gloire... Le second single est probablement moins bon, mais on retrouve avec plaisir la voix surpuissante de John Fogerty et un blues-rock certes simple, mais efficace à souhait. Ce que j'attends de Creedence en somme.

 

Mais malheureusement, Pendulum n'est justement pas l'album que j'attends de Creedence. Le groupe est déjà en train de voler en éclat sur cet album, et ça s'entend. Nous sommes loin du faste de  Creedence Clearwater Revival - Willy and the Poor Boys (1969) ou de Green River. Heureusement le groupe, très doué pour les singles sauve encore les apparences pour quelques mois, avant de finalement se séparer l'année suivante après l'échec retentissant de Mardi Gras. Le début de la fin...

11/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
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25 mai 2011 3 25 /05 /mai /2011 23:36

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/3/3f/1965_-_The_Kink_Kontroversy_-_front.jpg

 

Tracks : Milk Cow Blues ; Ring The Bells ; Gotta Get the First Plane Home ; When I See That Girl of Mine ; I Am Free ; Till The End Of The Day ; The World Keeps Going Round ; I'm On An Island ; Where Have All The Good Times Gone ; It's Too Late ; What's in Store for Me ; You Can't Win

 

Pour le rock anglais, l'année 1965 marque un tournant. C'est en 1965 que les Beatles commencent à changer d'orientation avec Help! puis avec Rubber Soul. C'est aussi l'année de sortie du premier album des Who emporté par le ravageur et rageur single My Generation, l'année du triomphe des Rolling Stones avec Out of Our Heads et du mythique I Can't Get No (Satisfaction)... Et les Kinks dans tout ça? Auteurs de deux des singles les plus dévastateurs de l'année 64 (et du rock Britannique en général) avec All The Day and All Of The Night et You Really Got Me, ils continuent sur leur lignée avec leur second album (sorti début 65) plus blues Kinda Kinks. Un album enregistré à la va-vite qui a d'ailleurs déçu le groupe lui-même, tant la production leur déplaisait. Néanmoins, le groupe reste une des formations majeures de la musique Britannique de l'époque et c'est avec l'envie d'assoir définitivement son rang qu'il entre à nouveau en studio en fin d'année 1965 pour enregistrer son 3ème album. Celui-ci sera nommé The Kink Kontroversy en référence aux nombreuses bagarres qui secouent le groupe et qui l'ont amené à être persona non-grata aux Etats-Unis. Mais alors qu'autour d'eux la donne change, qu'en est-il de la musique des Kinks?

 

Et bien, si le style des Kinks est amené à prendre un virage très radical par la suite, ce tournant ne se fera vraiment qu'en 1966, avec le single (absolument superbe) Sunny Afternoon, qui annonce le tout autant superbe album Face To Face. Kink Kontroversy est donc le volet final de la première trilogie rock des Kinks. Alors même que de l'autre coté de l'Atlantique le garage rock est aux mains des Sonics, le groupe des frères Davies nous offre donc avec The Kink Kontroversy un dernier aperçu de leur facette rock avant de plonger dans l'orfèvrerie pop.

 

Le premier titre de l'album Milk Cow Blues annonce clairement la couleur. Il s'agit de la seule reprise de l'album (alors que les Stones remplissaient encore la moitié de leurs albums de reprises à cette période), du bluesman Sleepy John Estes. Mais cette reprise nous plonge directement dans un rock inspiré du blues fiévreux et prenant, très typé sixties (le son incomparable des guitares sur les enregistrements de l'époque), et diablement rythmé (la paire Pete Quaife à la basse et Mick Avory à la batterie, souvent reléguée derrière les frères Davies fait ici des merveilles).

 

D'autres titres comme le rock Gotta Get the First Plane Home ou Till The End Of The Day rappellent l'année 1964... Surtout ce dernier qui servit de single à l'album (avec en face B le très vocal et très bon Where Have All The Good Times Gone, au refrain imparable) et qui ressemble à une variante d'All The Day And All Of The Night, le riff saturé en moins. De même le riff assez aigu (le son de guitare de l'époque là encore) et la voix éraillée de Ray sur What's In Store For Me ou le court solo de guitare de You Can't Win nous ramènent dans le rock anglais de l'époque... Sans être aussi transcendant que peut parfois l'être la concurrence en 65 (My Generation, I Can't Get No Satisfaction), mais très plaisant. A défaut d'être totalement indispensable.

 

Cependant, la galette est un album de transition entre les deux premiers très rock et les perles pop qui vont suivre. On retrouve quelques éléments ici qu'on ne trouvait pas auparavant. Le plus flagrant est probablement l'introduction d'un piano dans la musique des Kinks sur certains des titres de l'album (Milk Cow Blues ; I Am Free ; I'm On An Island surtout ; It's Too Late ; You Can't Win). Le piano est ici tenu par Nick Hopkins, qui fut aussi pianiste à l'occasion chez les Stones ou chez Jeff Beck ( The Jeff Beck Group - Truth (1968) ). Un piano qui sert à agrémenter la très belle pépite rock Milk Cow Blues(qui est mon titre préféré de l'album), mais aussi à créer de petites chansons pop comme I'm On An Island.

 

C'est d'ailleurs cette chanson qui est probablement la plus marquante de l'album à mes yeux avec le titre d'ouverture. Dans un tout autre registre d'ailleurs. Car ici, c'est une guitare douce et le piano qui dominent, et la voix de Ray perd son caractère éraillé pour se faire plus suave comme sur les albums futurs... On retrouve aussi une composition de Dave Davies, I Am Free, qui est superbe et très pop. Très en dessous du joyau Death Of A Clown que Dave composera deux an plus tard, mais un tire qui demeure très agréable quand même.

 

Une phrase qui pourrait s'appliquer d'ailleurs à l'ensemble de The Kink Kontroversy. Un album loin des joyaux à venir (notamment Face To Face l'année suivante), mais qui reste très sympathique. A mi-chemin entre le rock électrifié du départ qui a fondé le garage-rock et des délices pop pastoraux de Village Green Preservation Society... Comme tous les albums de transition il n'est donc pas aussi brillant que ce qui l'entoure, mais possède ce charme hybride propre qui en fait une œuvre un peu à part. Par forcément idéal pour découvrir les Kinks, mais tout à fait plaisant pour un amateur du groupe ou de rock des années 60.

 

14/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même. 

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22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 14:46

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Tracks : Orchestral Intro ; Welcome to the World Of Plastic Beach ; White Flag ; Rhinestone Eyes ; Stylo ; Superfast Jellyfish ; Empire Ants ; Glitter Freeze ; Some Kind Of Nature ; On Melancholy Hill ; Broken ; Sweepstakes ; Plastic Beach ; To Binge ; Cloud of Unknowing ; Pirate Jet

 

A la dérive... Après le magnifique Demon Days, beaucoup pensaient que Gorillaz était mort. Groupe éphémère qui disparut avec la mort de la guitariste (virtuelle) Noodle, à la fin du clip d'El Manana. Après cela, plus de nouvelles... Jusqu'à ce que Murdoc ressurgisse. Murdoc, ténébreux bassiste du groupe, qui avait trouvé refuge dans un lieu à la dérive. Une ile située au point le plus éloigné de toutes les cotes, seule au monde et unique, car constituée uniquement de plastique. Déchets des uns qui allaient faire le bonheur des autres... Car c'est dans ce nouveau refuge, nommé Plastic Beach qu'il allait trainer 2D, alter ego virtuel et résigné du réel Damon Albarn, pour mettre au point le troisième album du groupe. Noodle morte et Russell écarté, Murdoc décide donc de fabriquer un cyborg pour remplacer l'ancienne guitariste, et décide d'ouvrir l'univers de Gorillaz à tous les vents... Jusqu'à même convier Bruce Willis à venir faire une course poursuite haletante dans le désert pour le clip du magnifique Stylo, premier single de l'album. Et c'est à la suite de ce single qu'on suit le bateau qui nous mène à Plastic Beach... Une croisière agréable?

 

Passée une jolie introduction orchestrale, nous sommes accueillis par une voix inhabituelle sur la plage de Plastic Beach : celle de Snoop Dogg. De tous les rappeurs présents ici, c'est probablement celui qui a le phrasé qui me plait le plus, et qui s'adapte le mieux à mon goût à l'univers de Gorillaz. Le son est rêche (adieu la production très fouillée de Danger Mouse, Plastic Beach est auto-produit), la chanson un peu étrange, mais on s'accoutume vite aux effluves étranges du lieu. Néanmoins la suite ne me convainc pas. Car le plastique de la plage est très imprégné de hip-hop, chose beaucoup plus visible sur cet album que dans les autres albums de Gorillaz. Et si la première partie de White Flag qui fait intervenir l'orchestre national de Syrie est absolument superbe, l'autre moitié du titre ne me plait pas du tout... Idem pour Superfast Jellyfish, trop typé hip-hop pour réellement me convaincre. Et quelques titres présentent des sons étranges, très synthétiques qu'on retrouve aussi sur Gorillaz - The Fall (2010) , mais en plus soignés qu'ici à mon goût. Je suis en effet dubitatif sur Rhinestones Eyes, premier titre de l'album à ne recevoir aucun invité, mais qui propose un son synthétique très étrange, et assez déplaisant au final... Je me demande même pourquoi je le trouve déplaisant alors que j'ai adoré The Fall. Le problème est le même pour Glitter Freeze (qui accueille Mark E Smith), qui est totalement insupportable à mes oreilles au bout de deux minutes... Un départ laborieux donc, même si je salue la démarche ambitieuse et classe de tout ce recyclage musical. Les premiers récifs de Plastic Beach m'empêchent juste de totalement accoster dans cet univers.

 

Mais néanmoins depuis le large, je suis guidé par quelques sublimes lumières de Plastic Beach. Tout d'abord l'excellent single, Stylo. Pourtant à première écoute, j'étais dubitatif, comme beaucoup de monde je crois. Où étaient passés les merveilles de Feeling Good Inc ou Clint Eastwood? Mais c'était sans compter sans le génie absolu d'Albarn, et son ouverture musicale hors du commun. Et les relents dubs s'accordent parfaitement à sa voix (il est familier du style, cf la B.O. De 101 Reykjavik), et l'inclusion de la superbe voix soul de Bobby Womack. Un single qui fait à nouveau honneur à la réputation de Gorillaz, un des meilleurs groupes de ces 10 dernières années à ce niveau pour moi. L'autre phare qui me permet d'éviter les récifs de ce début d'album est pour moi Empire Ants. On y retrouve le groupe suédois Little Dragon pour un voyage apaisant au dessus de cet océan pollué. La première partie du titre est absolument aérienne et superbe, et on se laisse dériver derrière le voix et la mélodie planante, comme si on suivait un majestueux albatros... Et lorsque retentissent les sonorités artificielles mais superbes (contrairement à Glitter Freeze) de la seconde partie, je me dis qu'enfin je foule le sol de cette plage de plastique qui miroitait sous mes yeux depuis 7 titres. Et à l'exception de Glitter Freeze justement, c'est en effet le cas.

Car si la première partie de l'album me laissait au large, car trop typée hip-hop à mon goût (ce qui est purement personnel, car je pense ce début d'album très bien léché, mais je ne l'aime pas), le cœur de l'album me fait véritablement chavirer. C'est l'enchainement Some Kind Of Nature/On Melancholy Hill/Broken qui me fait définitivement entrer dans le monde de Plastic Beach. Some Kind Of Nature est probablement la première collaboration sur laquelle j'ai sauté, lorsque j'ai vu qui Murdoc avait invité... Lou Reed en personne. Bien sur, au final le titre n'est probablement pas si merveilleux, mais ça fait tellement plaisir de voir Lou Reed prendre part à un tel projet... Le titre est très facile à mémoriser, et est bon. Mais On Melancholy Hill est encore meilleure... Signée seulement du groupe (de Damon Albarn donc), c'est tout simplement la plus belle chanson de l'album et surement une des trois meilleures de Gorillaz. Le single pop de 2010? Probablement, tant ce morceau est accrocheur, rêveur et sublime. Comme un coucher de soleil sur une plage de plastique... Impression renforcée par le tout aussi rêveur Broken où là encore le groupe sans autres collaborateurs (chose rare sur l'album, seules 4 chansons n'ont pas d'invités), nous laissent gisant sur la plage, brisé par la rêverie. Quelle voix...

 

Une rêverie alanguie dont même le vraiment très hip-hop (et assez racoleur?) Sweepstakes ne parvient pas vraiment à me sortir. Le titre ne me plait cependant pas outre mesure. Mais c'est alors qu'un nouveau casting de rêve apparaît pour le titre éponyme. Mick Jones et Paul Simonon. Guitariste et bassiste des Clash, qui viennent jouer ensemble aux cotés de Damon Albarn. Tout comme pour Lou Reed, le titre aurait surement pu être mieux (même si Some Kind Of Nature est meilleure que la juste honnête Plastic Beach à mon goût), mais l'affiche se suffit presque à elle-seule... A l'exception du très beau Cloud Of Unknowing illuminé par l'organe élastique de Bobby Womack, cette fin d'album laisse d'ailleurs cette impression d'honnêteté douce et plaisante mais un peu moins brillante que le reste. Le plus gros regret finalement c'est que Cloud Of Unknowing ne conclut pas l'album, alors que Jet est quand même assez inférieure.

 

Impression donc un peu mitigée pour ce conglomérat de musique et de sons qu'est Plastic Beach. L'album quelque part force le respect, pour son ouverture d'esprit, son nombre incroyable de collaborations (12 titres), et toutes ces voix qui se succèdent. Car Plastic Beach est un album de voix, tantôt soul, tantôt hip-hop, tantôt rock, tantôt électro... Un melting pot étrange et sur réel qui ne marcherait pas avec tous les groupes. Mais Gorillaz réussit en partie le pari (voir en totalité selon les avis). Pour moi, trop de hip-hop me rebute. La démarche est très belle, mais malheureusement, ça ne me séduit pas. Néanmoins il y en a pour tout le monde ici, et On Melancholy Hill ou Broken raviront aussi les fans de pop plus conventionnelle. De quoi choisir son sac en plastique donc, à défaut de tout prendre...

13/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.

 

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19 mai 2011 4 19 /05 /mai /2011 01:03

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Tracks : Blue Orchid ; The Nurse ; My Doorbell ; Forever for Her (Is Over for Me) ; Little Ghost ; The Denial Twist ; White Moon ; Instinct Blues ; Passive Manipulation ; Take, Take, Take ; As Ugly as I Seem ; Red Rain ; I'm Lonely (But I Ain't That Lonely Yet)

 

Comment surmonter un succès mondial? Nirvana avec Smells Like Teen Spirit ou Radiohead après Creep ont eu affaire à ce problème. Le même dilemme se pose pour les White Stripes après le succès phénoménal de Seven Nation Army, qui a propulsé leur 4ème album  The White Stripes - Elephant (2003) au sommet du rock mondial. La création d'une telle œuvre peut détruire un groupe, ou son leader. Nirvana en est le plus parfait exemple. Que faire une fois au sommet? Continuer sur la même voie? Montrer son véritable visage au public? Vu que le duo de Détroit en est déjà à son quatrième album avec Elephant, ils ont montrés depuis bien longtemps leur vrai visage. Bien avant même que le grand public n'ait la moindre idée de leur existence. Que reste-t-il dans ce cas? L'innovation. Quelque part Jack White, personnage probablement le plus inspiré du rock de la décennie sait qu'il a fait le tour de la question avec les quatre premiers albums des bandes blanches. Reste donc à changer leur visage. C'est néanmoins en restant fidèle aux principes des bases des White Stripes (duo, les trois couleurs, enregistrement en un temps record) qu'il embarque son ex-femme Meg dans une nouvelle aventure. Le nouveau visage des White Stripes est-il néanmoins aussi séduisant que l'ancien?

 

Pas fou, le leader des White Stripes place en introduction le meilleur titre de l'album, un single imparable, dans la plus pure tradition des White Stripes : Blue Orchid. Guitare crade, batterie basique, chant étrange de Jack... La formule est là et elle marche parfaitement. Le magnifique clip (dans lequel joue un mannequin qui allait devenir la femme de Jack par la suite) a contribué à faire entrer ce morceau au panthéon des singles imparables des années 2000. Moins connu que Seven Nation Army, mais probablement aussi jouissif.

 

Mais Blue Orchid ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt. Car si ce morceau contient la guitare saturée et sale habituelle des White Stripes, il est bien un des seuls morceaux de l'album à être ainsi. En fait, la seule autre pièce de choix de la galette pour la guitare électrique est Instinct Blues, crasseux et rugueux à souhait. Le duo n'a pas vraiment perdu son savoir faire, mais l'a volontairement mis de coté. Et c'est flagrant dès The Nurse. La guitare est délaissée pour des instruments beaucoup plus étranges. Marimba, piano, xylophone... L'album est parcouru d'une succession d'essais, d'expérimentations. Jack White touche littéralement à tout et essaye de changer définitivement sa façon d'écrire. Divers instruments se succèdent au sein du même morceau. The Nurse en est une bonne démonstration: les marimbas mènent le morceau, mais s'efface devant une brève coulée de piano et devant quelques éclairs de guitares électriques, fugaces et gras. Beaucoup d'instruments défileront ainsi le long des divers morceaux de l'album, même si le dénominateur commun semble être le piano.

 

Mais devant un tel foisonnement d'instruments, un constat se fait vite. On s'y perd. Trop d'instruments défilent, ne font qu'une brève apparition et s'évanouissent. Trop de sonorités étranges finissent par totalement nous perdre. Et même si cela peut paraître stupide de le faire remarquer, le groupe reste un duo. Une formation au potentiel humain forcément plus limité, surtout lorsque la batteuse ne joue que de la batterie, et de manière particulièrement limitée de surcroit. Certes cela participe au son du groupe. Mais dans un album aussi changeant que ce Get Behind Me Satan, cela relève parfois du handicap. Les titres s'enchainent, plus ou moins passionnants, plus ou moins imposants, plus ou moins oubliables. Il manque un socle commun, une ligne directrice et un son à toutes ces chansons pour leur donner un réel impact. L'expérimentation pour l'expérimentation ne donne pas une fin en soit.

Pourtant certains moments parviennent à peu près à être séduisant, notamment lorsque Jack White s'empare de sa guitare acoustique. Little Ghost par exemple à des relents de Led Zeppelin III avec son ambiance festive, sa guitare acoustique et son banjo. Une vraie pause acoustique qui nous emmène du coté de l'Irlande, pas très loin du cottage de Bron Yr Aur peut-être? Une Irlande vers laquelle les White Stripes retourneront avec bonheur sur  The White Stripes - Icky Thump (2007) avec les morceaux Prickly Thorn, But Sweetly Worn et St. Andrew. J'aime aussi beaucoup As Ugly as I Seem à la guitare acoustique, vraiment très charmante, et bien aidée par de fines percussions, qui ne sont pas du grand art, mais collent parfaitement à l'ambiance du morceau. Un morceau charmant, qui tire son épingle du jeu en changeant le son habituel des White Stripes, mais sans s'éparpiller comme le reste des morceaux.

 

Get Behind Me Satan est donc un disque étrange, le plus atypique de la carrière des White Stripes. Rien que pour cette raison il mérite d'être écouté si vous connaissez déjà un peu le groupe. Mais personnellement, alors que je ne suis pas un grand fan des White Stripes, je trouve cet album vraiment trop inconsistant pour me convaincre. Trop touche à tout, trop éparpillé, et finalement pas assez concentré. La formule a été changé, mais finalement... Le groupe était-il déjà sur le déclin? Un an après, Jack White est parti du coté des Raconteurs livrer The Raconteurs - Broken Boy Soldiers (2006) , excellent premier album qui trouve un second souffle salutaire pour le guitariste de Détroit. Comme un aveu d'impuissance pour la formule White Stripes déjà bien utilisée peut-être?

 

09/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même. 

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15 mai 2011 7 15 /05 /mai /2011 23:43

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En ce samedi soir, Reykjavik est en effervescence. Pour deux raisons. Tout d'abord parce que c'est l'Eurovision, dont les islandais sont visiblement très friands (apparemment 80% auraient regardés la prestation islandaise). Et surtout (enfin pour moi), parce que la ville inaugure sa nouvelle salle de concert, HARPA, située à l'entrée du port. Et pour l'inauguration de cet immense complexe avec restaurants, bars, disquaires, salles de conférences et de concerts, les choses n'ont pas été faites à moitié. Tout d'abord en mettant une salle entière à disposition pour l'Eurovision, retransmise sur un écran géant. Mais aussi et surtout en invitant 8 groupes à se produire dans la nouvelle salle, pour 4h de musique totalement gratuites. Très belle initiative sur laquelle vos serviteurs ne pouvaient que sauter.

 

8 groupes, 4 heures. Autant dire que chaque prestation allait durer 20/25 minutes environ. De quoi être suffisamment frustrant si le groupe est bon, et de quoi être plutôt bienvenu si on n'aime pas un autre groupe. Au milieu de ce nid d'abeille, ces 8 concerts vont donc nous offrir un aperçu de la ruche musicale qu'est Reykjavik...


20:00 Apparat Organ Quartet

 

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Un groupe électro pour commencer. Comme le nom l'indique fort justement, le groupe est composé de 4 claviers, accompagnés d'une batterie. A priori ce n'était pas trop mon style, mais le groupe s'est avéré très bon en live et particulièrement efficace. Lorgnant très clairement du coté d'un Kraftwerk moderne mâtiné de quelques moments faisant penser à Daft Punk, les 4 claviers et la batterie ont fait danser la salle pendant 20 minutes. Les images étranges projetées sur un écran à un rythme épileptique, la voix vocodée et le show façon robot des musiciens ont fait le reste... Je ne suis pas sur que je réécouterais ça à la maison, mais ce groupe a particulièrement bien ouvert le concert. Les amateurs d'électro peuvent être intéressés.

 

A découvrir ici : link



20:30 Mammút

 

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Seul groupe de l'affiche que je connaissais avant le concert. Il est fort probable que je vous dise incessamment sous peu tout le bien que je pense de leur second album Karkari. En attendant, c'est probablement un des groupes pour lequel j'ai le plus regretté qu'ils ne jouent que 20 minutes. Non pas que le show était particulièrement grandiose, mais le groupe en live, tout comme en studio, dispose à mon goût de deux avantages. Tout d'abord un son particulier, bien aidé par des guitares au jeu très reconnaissable et une basse assez mise en avant. Et surtout le groupe a un argument particulièrement audible : sa chanteuse à la voix puissante et à la grosse présence scénique. Un bon concert donc, de seulement 4 ou 5 morceaux, mais très satisfaisant.



21:00 Agent Fresco

 

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Lorsque déboulent ces 4 garçons, je me dis qu'il sera probablement difficile pour eux de suivre le rythme imposé par les deux groupes précédents. Un piano ou une guitare, une contrebasse électrique, un batteur, un chanteur... Et une énorme présence scénique d'un groupe qui livre des morceaux très énergiques et efficaces. Le charisme du chanteur y est pour beaucoup. Il jouait littéralement sa vie sur ces vingt minutes. Un niveau d'engagement rare qui force le respect...Mais même en studio, il faut admettre que ce groupe a de bons arguments à faire valoir. Le son de basse (ou de contrebasse) très épais, la guitare aux riffs de métal et la voix surpuissante du chanteur font de ce combo un groupe à suivre.

 

A découvrir ici : link



21:30 Valdimar

 

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Clairement la déception de la soirée. Je connaissais le groupe de nom avant la soirée, mais j'ai été vraiment déçu par sa prestation. Il y avait pourtant du monde sur scène avec 3 cuivres, un clavier, un guitariste, un bassiste, un batteur et le chanteur qui joue aussi du trombone. Mais finalement, tout ce monde ne parvenait pas à cacher le manque d'envie du groupe. Est-ce dû aux groupes précédents? Au trop grand nombre des musiciens? Possible. En tout cas, aucun des musiciens à l'exception du chanteur ne semblait vraiment concerné. Musiciens qui discutent, qui rêvassent, un guitariste qui peine à sortir son solo... La déception de la soirée.



22:00 Hjaltalín

 

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Après Valdimar, je suis un peu perplexe lorsque je vois à nouveau beaucoup de monde monter sur scène. Mais là où Valdimar s'est avéré être la déception de la soirée, Hjaltalín s'est avéré être la deuxième bonne surprise des concerts après Agent Fresco. Le groupe fait un peu penser à Arcade Fire dans l'approche, notamment grâce au violon et au duo de voix entre une voix masculine émotive et une fois féminine très puissante. Le groupe prend beaucoup de plaisir à jouer, les compositions à mi chemin entre le psychédélisme et la musique un peu orientale sont prenantes... Voilà 20 minutes qui furent indéniablement trop courtes.

 

A découvrir ici : link



22:30 Jónas Sigurðsson og ritvélar framtíðarinnar

 

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Là encore, beaucoup de monde sur scène. Le groupe est plus âgé que ses prédécesseurs mais semble particulièrement s'éclater sur scène. Mené par un chanteur au faux-air de Morrissey, c'est le groupe qui saura distiller la meilleure ambiance du concert, à l'exception d'HAM dans un autre registre. Joyeux, enjoué, énergique, jouant avec le public, le groupe est un peu être un poil trop cacophonique pour complètement me convaincre, mais nous a fait passer 20 bonnes minutes, à défaut d'avoir été les plus inoubliables du concert.

 

A découvrir ici : link

 

 

23:00 Lights on the Highway

 

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Je dois vous avouer qu'en toute honnêteté après 3h de concert, je n'ai pas fait particulièrement attention à ce groupe. Un groupe plus traditionnel, proposant une pop à la Coldplay probablement pas désagréable, mais qui m'a totalement laissé indifférent. La pop n'est déjà pas forcément ma grande tasse de thé, alors après 3h de concert... Les morceaux studios ne m'ont d'ailleurs pas plus emballés que ça.

A découvrir ici : link

 

 

23:30 HAM

 

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Une bonne tranche de viande bien saignante pour finir. Car lorsque le public commence à scander le nom du groupe de façon assez martiale avant que celui-ci ne soit sur scène, je me doute que le groupe attendu ne va pas faire dans la dentelle. Et pourtant, ce sont 5 quadragénaires en costume qui montent sur scène, impeccables. Mais nous sommes en Islande... Pays où les reggaemen n'ont pas de dreadlocks et où les métalleux sont des quadragénaires en costume. Car oui, HAM était bien un groupe de métal, et lorsque le chanteur à la voix surpuissante commence à haranguer le public (qui s'est considérablement rajeuni dans les premiers rangs), le doute n'est plus permis. Les 20 prochaines minutes seront violentes et jouissives à souhait. Le chanteur a une voix extrêmement impressionnante et teigneuse, les guitaristes font des chœurs un peu médiévaux très efficaces et le groupe instille d'emblée l'ambiance traditionnelle d'un concert de métal (en plus calme, le public étant assez hétéroclite). Je suis juste un peu étonné par l'absence totale de solo de guitare (ce qui ceci dit ne s'insérerait peut-être pas forcément dans le son du groupe) et par la quasi absence d'introduction aux chansons (chose que j'aime beaucoup chez un groupe -au hasard- comme Metallica). Mais HAM était l'excellente conclusion simple et jubilatoire pour cette soirée placée sous le signe de l'éclectisme musical. On ne peut que saluer l'organisation d'avoir sélectionné et fait cohabiter un tel panel de groupes islandais en une soirée...

 

Une belle soirée donc. Et l'Eurovision dans tout ça? La France finit 15ème et l'Islande 20ème. Comme quoi, il valait mieux aller à Harpa samedi soir.

 

Moi-même.

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12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 23:48

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Tracks : Intro ; Svefn-g-englar ; Starálfur ; Flugufrelsarinn ; Ný batterí ; Hjartað hamast (bamm bamm bamm) ; Viðrar vel til loftárása ; Olsen Olsen ; Ágætis byrjun ; Avalon

 

Il existe un lieu en Islande, à l'est du Mývatn, où se dessinent deux volcans. Le premier, gris et dévasté, l'Hverfjall qui domine le paysage, gardien silencieux des lieux désolés. L'infernal Krafla se situe quelques kilomètres plus loin, furieux, dévastateur et extrêmement actif. Entre ces deux volcans, de nombreuses failles existent, découpant les champs de lave et servant de refuge à la végétation qui tente d'exister. Et le long de ces failles, il existe des grottes où l'eau est éternellement chaude. Lorsque l'humain entre dans ces grottes, le souffre et le silence règnent en maitre. Seul le bruit de l'eau glissant le long des parois volcaniques se fait entendre. La vie telle qu'on la connait ailleurs sur Terre n'existe plus vraiment ici... Lorsque soudain se dessine un petit être au fond des ténèbres. Rachitique et recroquevillé, il pourrait ressembler à un humain. Mais ses membres sont bien trop longs et son crane est trop volumineux. La certitude se fait. L'être déploie deux ailes minuscules. Il n'est pas humain. Est-ce un des rejetons de l'enfer enfui du Krafla? Est-ce un ange? Est-ce un être venu d'une autre planète? A quelques kilomètre de là se dessine un désert dans lequel se sont entrainés Armstrong, Collins et Aldrin avant de rejoindre la lune. L'être les a-t-il suivi au sein d'Appollo 11 avant de se cacher ici?

 

Mais lorsque résonnent les premiers violons d'Intro, on sait que cet être qui orne la pochette d'Ágætis byrjun ne nous veut aucun mal. Il nous invite au voyage avec ces violons et ces voix étranges qui psalmodient. Une prière? Un langage inconnu? La prophétie de ce que sera le morceau Ágætis byrjun puisque le morceau reprend les mêmes violons à l'envers que le titre éponyme... Mais lorsque cette note rappelant un sonar se fait entendre, les amarres sont larguées... Le voyage commence vers la marche des somnambules, Svefn-g-englar. D'emblée le point d'orgue du rêve. Le plus grand morceau de l'album (et un des meilleurs de la carrière des islandais). On plonge dans les profondeurs de la grotte à la suite de cette voix envoutante, émettant une longue plainte superbe... Mais la plongée ne nous entraine pas dans un monde sombre et fermé comme on pouvait le croire. Cette grotte n'est qu'une porte ouverte vers le reste de l'Islande, vers l'espace infini... Et lorsque notre esprit s'en aperçoit, on glisse le long de ces notes de claviers, suivant cette voix comme seule guide au milieu des nappes de guitare créées à l'archet. Et lorsque le morceau explose avec ce break de batterie, on se dit que l'être nous a emmené dans un monde étrange, dont il sera difficile de revenir. Le silence d'une minute nous guide au son du vent, peut-être quelque part à l'est vers Dimmuborgir, où se tient l'elfe vigilant Starálfur. Le piano et les cordes sont ici nos guides pour une voix qui se fait plus claire. Langage émotif et inquiétant, qui fait déambuler l'esprit au milieu des impressionnantes formations de lave de la ville du diable, Dimmuborgir. Un langage et une musique sans amarre qui nous font voyager, nous mettant face à nos propres émotions. Évasion, tristesse, colère, recueillement... Toutes ces émotions que nous apportons en nous ici cohabitent dans les cuivres de Ný batterí, morceau d'une tristesse contemplative à couper le souffle. Conclusion parfaite à ce premier disque...

 

Le cœur bat (Hjartað hamast (bamm bamm bamm)). Est-ce le notre? Celui de l'être qui nous guide? L'espace immense s'ouvre devant nous, ponctué de quelques bruits de réacteurs de fusée. L'être nous a guidé vers ce qui est probablement le moment le plus Floydien du voyage. Le clavier fait en effet penser au Pink Floyd de Meddle, et c'est avec plaisir qu'on poursuit ce rêve entamé il y a 40 ans. Peut-on encore parler de sommet alors que l'on se perd dans l'espace?

 

Le temps s'éclaircit alors qu'on se rapproche à nouveau de la terre. Temps clair pour un raid aérien (Viðrar vel til loftárása)... Une phrase venue d'un présentateur météo lors de la guerre au Kosovo. Mais finalement, on s'imagine plus volant avec les oies islandaises au dessus du Mývatn... Guidé par ce piano, cette voix en écho et ces cordes aériennes... Mais le déluge de cordes final nous ramène vers la Terre. Comme une bombe frappant le sol.

Un silence et une voix plaintive... Nous sommes nous écrasés au centre de l'Hverfjall? La basse nous guide, nous entraine vers ces échos lointains... Lorsque résonne une flute, on sait que nous ne sommes pas abandonnés au milieu de nos propres peurs et émotions. Pour la première fois de l'album, Olsen Olsen est chantée entièrement en vonlenska, un langage inspiré par l'islandais mais qui n'existe pas... Un langage qui reviendra dans l'album suivant du groupe.

 

Ágætis byrjun. Un bon début. Et pourtant la fin du voyage s'amorce... Avec un superbe morceaux, l'être qui nous avait annoncé à quoi ressemblerait les violons de ce morceau nous guide vers la mer... De la plus belle des manières. Et alors qu'on quitte définitivement les cotes islandaises, une ile se dessine au loin. Une silhouette s'y tient debout. L'armure scintille sous le soleil couchant, et un étendard flotte. L'être nous guide vers la mythique ile d'Avalon. Le morceau n'est composé que de parties instrumentales du morceau Starálfur mises bout à bout. Mais finalement, on comprend... On comprend que cet elfe vigilant croisé plus tôt était lui aussi notre guide. Avalon, l'ile mythique où repose le roi Arthur sert de conclusion à ce voyage. Une page finale à un Graal musical perpétuel dans lequel on veut à nouveau boire.

Une coupe pleine d'évasion et d'émotions à (re)découvrir à l'infini...

 

19/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même. 

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