Tracks : Dehli/Katmandou ; Mevlana In Dub ; Replay ; Emergency ; African Airline ; Wicked Tune ; Dreadfull Bass ; Ohm
S'il y a bien un domaine dans lequel la musique française se distingue, c'est bien la musique électronique. Alors que le rock français est souvent considéré (à plus ou moins juste titre) comme une vaste blague, l'électronique “made in France” est assez réputée à l'étranger. La French Touch notamment. Air, Daft Punk, Justice... Autant de groupes aussi réputés en France qu'à l'étranger. Mais la scène électronique française ne se limite évidemment pas qu'à la French Touch. Il existe d'autres courants beaucoup moins relayés dans les médias qui pourtant réunissent les foules en concert. C'est le cas de certains groupes du label Jarring Effects, basé à Lyon et du groupe probablement le plus connu de ce label, High Tone. High Tone est né à Lyon en 1997 de l'association de 5 musiciens : Aku Fen à la guitare et aux samples, Flaba Stone à la basse et au Korg MS-20, Selecta Dino à la batterie et à la programmation, DJ Twelve aux scratchs et aux samples et Natural High aux claviers. Après quelques morceaux qu'il produisent indépendamment, ils signent chez Jarring Effects, qui est toujours leur label actuel et va leur permettre de sortir leur premier album en 2000, Opus Incertum. Mais venant d'un groupe français, que peut valoir le dub bien éloigné de ses racines jamaïcaines?
C'est bien loin de la France et de la Jamaïque que le groupe nous emmène... C'est en extrême orient que le voyage commence, au pied de l'Himalaya. Dehli/Katmandou nous guide au son de la basse chaude vers des scratchs et des crépitements qui servent d'introduction, pour nous mener ensuite vers cette voix étrange qui semble psalmodier en altitude. Les boucles se répètent en écho, les scratchs rompant la monotonie et peu à peu nous grimpons cette montagne enivrante... Le son de basse nous guide, pour nous mener finalement avec bonheur à Katmandou.
Nous voici au sommet et la lente montée s'accélère pour laisser la place à Mevlana In Dub. Et c'est une flute qui nous guide le long de ce morceau, beaucoup plus rythmé que son prédécesseur. C'est d'ailleurs cette flute qui donne une dimension très orientale au titre qui est le point fort de ce morceau, légèrement inférieur à la montée précédente.
Le voyage continue autour de quelques cordes et quelques sons métalliques en écho qui ponctuent Replay. Le son devient ici beaucoup plus électronique et répétitif, faisant intervenir un accordéon saccadé, des voix et une rythmique parfois très lourde. Ambiance plus froide et moins plaisante pour moi donc que les deux premiers titres.
Emergency semble nous guider frénétiquement vers la sortie de cet univers froid et mécanique, qui peu à peu prend le contrôle du morceau... Jusqu'à ce que vers 3min50, le dub froid et mécanique revienne vers l'orient, avec cette flute qui semble nous guider au sein d'un vent qui se fait subitement plus chaleureux. La rythmique semble retourner vers les origines reggae du dub et le morceau dans sa deuxième moitié se fait plus séduisant que dans sa première partie ou que Replay.
Malgré son nom, African Airline ne nous emmène pas du coté de l'Afrique. On reste dans ce groove mécanique répétitif entrecoupé de bruitages d'avions. J'aurai d'ailleurs préférés des sons africains plutôt que ces bruits d'avions, qui évoquent certes le voyage, mais qui sont moins évocateurs...
Malheureusement Wicked Tune semble vouloir à nouveau nous faire voyager, mais ne met pas assez l'accent sur les ambiances orientales. C'est d'ailleurs probablement le titre que j'aime le moins ici, assez long et trop répétitif à mon goût.
C'est une voix déformée et samplée à l'infini (façon miaulement de chat) qui lance Dreadfull Bass, au son de basse très épais. Le morceau tourne autour de cette boucle de basse qui monte peu à peu et même s'il est un peu répétitif (après tout c'est du dub), il est prenant et efficace.
Ohm, titre final d'Opus Incertum commence par des voix étranges, comme des moines bouddhistes entrain de psalmodier ensemble. Nous revoilà revenus à Katmandou... Et une flute comme venue de l'extérieur du monastère vient continuer à nous guider. Comme un enfant de l'extérieur venant briser la trop grande sérénité du temple... Mais les incantations reprennent, pleines d'échos, de profondeur, à la fois glaçantes et apaisantes. Le son de la basse et le riff de guitare continuent d'assurer la transe... Avant que finalement vers 4 minutes l'ambiance change et qu'une nappe de synthétiseur au son assez étrange viennent modifier l'ambiance. Heureusement on retrouve la flute, car le son du synthé est particulièrement moche à mon goût. Puis très vite les chœurs quasi-religieux reviennent à leur tour, toujours sur ce rythme infatigable. Finalement la pièce de résistance (et meilleur morceau de l'album à mon goût avec Delhi/Katmandou) se conclut vers 6 min 40 pour laisser la place au silence...Qui finalement au bout d'environ une minute laisse la place à la piste cachée de l'album. Morceau qui tourne autour d'un motif de synthétiseur très sympa et surement de melodica qui donnent une jolie ambiance rétro au morceau. Un morceau avec beaucoup de voix par contre, contrairement aux autres et qui pèche un peu de ce coté là. J'aurais préféré qu'Ohm soit le réel titre final (je n'aime pas trop le concept de piste cachée en général), car il concluait mieux l'album pour moi.
Un album sur lequel je n'aime pas tout, il faut bien avouer. Cependant, je dois dire aussi que je ne suis pas un amateur de dub. Mais parfois, écouter cet album me tente le soir, lorsque la fatigue et l'envie de voyager se font ressentir. Car certaines pistes de cet album avec les influences de la musique orientales sont très jolies comme Delhi/Katmandou, Mevlana In Dub , la deuxième partie d'Emergency, et le premier morceau d'Ohm. Malheureusement, je n'aime pas trop les incursions électroniques froides et répétitives que le groupe fait sur les autres pistes et qui deviendront la touche du groupe pour les albums suivants (Wave Digger par exemple). Reste néanmoins un premier album qui est suffisamment bon pour plaire à non amateur de dub comme moi. A essayer donc si vous cherchez de nouvelles expériences...
13/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
Moi-même.