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24 août 2011 3 24 /08 /août /2011 00:47

 

Tracks : Þú ert sólin ; Þú ert jörðin ; Tunglið ; Loftið verður skyndilega kalt ; Kjurrt ;Gleypa okkur ; Hægt, kemur ljósið ; Undan hulu ; Þau hafa sloppið undan þunga myrkursins

 

Le soleil à l'horizon décline, boule de feu qui rougeoie peu à peu. Les ténèbres tombent petit à petit, lourdes et froides. De cette fraicheur qui pousse les amoureux à se serrer l'un contre l'autre et les mélancoliques à se calfeutrer dans leurs habits. Le poids de la nuit, ses sous-entendus, sa mélancolie. Tout parait étrangement plus mélancolique et onirique la nuit. Comme si le poids des ténèbres pouvait changer notre vision du monde. « Et ils échappèrent au poids des ténèbres ». Un titre mystérieux qui orne l'image d'un cercle lumineux au milieu des ténèbres. Une éclipse? La trace d'un verre d'alcool sur une table? La barque solaire entourée par Apophis, le serpent géant qui essaye toutes les nuits de la dévorer? Un symbole mystérieux évoquant tour à tour la mélancolie et la renaissance... Pourtant Olafur Arnalds n'en est qu'à son deuxième album avec « ...And They Have Escaped The Weight Of Darkness ». Pour en être exact il n'en est qu'à son deuxième LP, qui fait suite à Eulogy For Evolution et à 3 EPs (Variations Of Static ; Founds Songs ; Dyad 1909) parus entre 2007 et 2010. Et tout au long de ses travaux, le jeune compositeur a fait de la mélancolie un fil conducteur, une amie pesante et indissociable de sa musique classique expérimentale. Comme le poids des ténèbres qui pèserait sur son œuvre. « Et ils échappèrent au poids des ténèbres ». L'été islandais s'approche. La nuit ne tombe plus. Seul un soleil rougeoyant constitue l'apogée de cette nuit du mois de juin. Comme pour s'échapper définitivement des ténèbres de l'hiver...

 

Pourtant lorsque le disque (solaire) se lance avec Þú ert sólin, peu de surprises. Un silence, une montée... Quelques notes de piano qui s'égrènent peu à peu, lentement. Des cordes frottées doucement, tout en retenue. Non ça pourrait ne pas être surprenant. Pourtant à l'écoute de Dyad 1909, l'EP précédant de l'artiste, le contraste est saisissant. Ici par de bidouillages électro, pas de voix trafiquée. Rien d'autre que la pureté même de quelques notes de piano. Þú ert jörðin continue le voyage de manière quasi lunaire, note après note, comme si chacune était un rayon de soleil filtrant à travers un nuage... « Et ils échappèrent au poids des ténèbres ».

 

Miles Davis disait que ce qui comptait, c'était de trouver LA note. Inutile d'en jouer trop, de chercher la technique. Pour lui LA note juste était primordiale et devait pouvoir encadrer le silence. Ce qui comptait aussi, c'était l'usage du silence entre chaque note. C'est qui fait de Miles Davis - In A Silent Way (1969) , un album si magnifique. Le silence est aussi musique lorsqu'il est bien utilisé. Une leçon que semble avoir compris Ólafur sur « ...And They Have Escaped The Weight Of Darkness ». Ici les notes sont calmes, parcimonieuses. Comme si c'était elles qui unes à unes se dégagaient du poids des ténèbres pour arriver jusqu'à nous. Le clavier du jeune compositeur semble n'avoir jamais été aussi habité. De même les cordes se sont plus lentes, plus douces. Peut-être plus mélancoliques aussi. Mais nous sommes loin d'un délire classicisant à là 33:26, morceau qu'on retrouve sur Eulogy For Evolution et Dyad 1909. Ici les cordes jouent elles aussi à cache-cache avec le silence, se faisant douces comme un soir d'été islandais. Le violoncelle d'Undan Hulu est magnifique de retenue et de sobriété, créant un des morceaux les plus envoutants de l'album. Comme les rayons du soleil passant peu à peu à travers les nuages et échappant à la nuit...

 

Pourtant on retrouve quelques éléments qui rappellent qu'Ólafur compose certes de la musique classique, mais en 2011. Et même s'il n'y a pas ici les touches électro qu'il expérimentait sur ses EPs, on retrouve à certains moments une batterie accompagnée d'une guitare électrique (Gleypa Okkur) ou quelques applaudissements discrets en fin de titre (Kjurrt). Tout comme pour Eulogy For Evolution avec 19:53, il y a aussi un morceau qui se démarque particulièrement du reste : Hægt, kemur ljósið. C'est à mes yeux la pièce de résistance de l'album, même si le morceau n'est pas plus long que les autres. Grosse envolée lyrique ici, avec des cordes imposantes, plus rapides que sur le reste de la galette, mais qui s'allient avec le piano et la batterie pour donner un ensemble imposant et superbe. Pourtant simple et assez peu expérimental, mais juste beau. Comme un peu de lumière qui surgit des ténèbres. Comme une fanfare déboulant au coin d'une rue à Ísafjörður pour poser ses cuivres sur Þau hafa sloppið undan þunga myrkursins qui rappelle Sé Lest de Sigur Rós. Une conclusion simple et belle. Plus joyeuse qu'à l'accoutumée d'ailleurs, comme si finalement, Ólafur lui-même avait échappé au poids des ténèbres.

 

Tout simplement beau. Comme l'apogée d'une nuit d'été islandaise où le soleil couchant continue de réchauffer l'environnement. Les ténèbres sont dissipées. « ...And They Have Escaped The Weight Of Darkness » arrive à capter ce sentiment. Il est simplement beau et évocateur, prenant soin de jouer avec le silence nocturne. Moins élaboré et sophistiqué que certains des EPs précédents d'Arnalds, assez peu innovant. Les bidouillages électroniques sont notamment abandonnés ici au profit d'une simple combinaison de piano et de cordes. Mais voilà, Ólafur a su trouver le chemin d'une beauté simple et gracieuse sur ce disque, qui est finalement celui que j'écoute le plus de sa (jeune) carrière. Peut-être manque t-il encore quelque chose pour qu'il se hisse au niveau de ses amis de Sigur Rós en termes de poésie, mais le voyage vaut déjà le coup en lui-même. De quoi attendre avec impatience ses prochains travaux. De quoi échapper le temps de 43 minutes au poids des ténèbres...

 

15,5/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.   

 

PS : L'album est dans la catégorie Post-Rock car je ne vais pas créer une catégorie Musique Classique rien que pour lui, mais il s'agit bien plus de musique classique que de Post-Rock, même s'il certains éléments ici font penser à ce style.

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