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12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 23:48

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Tracks : Intro ; Svefn-g-englar ; Starálfur ; Flugufrelsarinn ; Ný batterí ; Hjartað hamast (bamm bamm bamm) ; Viðrar vel til loftárása ; Olsen Olsen ; Ágætis byrjun ; Avalon

 

Il existe un lieu en Islande, à l'est du Mývatn, où se dessinent deux volcans. Le premier, gris et dévasté, l'Hverfjall qui domine le paysage, gardien silencieux des lieux désolés. L'infernal Krafla se situe quelques kilomètres plus loin, furieux, dévastateur et extrêmement actif. Entre ces deux volcans, de nombreuses failles existent, découpant les champs de lave et servant de refuge à la végétation qui tente d'exister. Et le long de ces failles, il existe des grottes où l'eau est éternellement chaude. Lorsque l'humain entre dans ces grottes, le souffre et le silence règnent en maitre. Seul le bruit de l'eau glissant le long des parois volcaniques se fait entendre. La vie telle qu'on la connait ailleurs sur Terre n'existe plus vraiment ici... Lorsque soudain se dessine un petit être au fond des ténèbres. Rachitique et recroquevillé, il pourrait ressembler à un humain. Mais ses membres sont bien trop longs et son crane est trop volumineux. La certitude se fait. L'être déploie deux ailes minuscules. Il n'est pas humain. Est-ce un des rejetons de l'enfer enfui du Krafla? Est-ce un ange? Est-ce un être venu d'une autre planète? A quelques kilomètre de là se dessine un désert dans lequel se sont entrainés Armstrong, Collins et Aldrin avant de rejoindre la lune. L'être les a-t-il suivi au sein d'Appollo 11 avant de se cacher ici?

 

Mais lorsque résonnent les premiers violons d'Intro, on sait que cet être qui orne la pochette d'Ágætis byrjun ne nous veut aucun mal. Il nous invite au voyage avec ces violons et ces voix étranges qui psalmodient. Une prière? Un langage inconnu? La prophétie de ce que sera le morceau Ágætis byrjun puisque le morceau reprend les mêmes violons à l'envers que le titre éponyme... Mais lorsque cette note rappelant un sonar se fait entendre, les amarres sont larguées... Le voyage commence vers la marche des somnambules, Svefn-g-englar. D'emblée le point d'orgue du rêve. Le plus grand morceau de l'album (et un des meilleurs de la carrière des islandais). On plonge dans les profondeurs de la grotte à la suite de cette voix envoutante, émettant une longue plainte superbe... Mais la plongée ne nous entraine pas dans un monde sombre et fermé comme on pouvait le croire. Cette grotte n'est qu'une porte ouverte vers le reste de l'Islande, vers l'espace infini... Et lorsque notre esprit s'en aperçoit, on glisse le long de ces notes de claviers, suivant cette voix comme seule guide au milieu des nappes de guitare créées à l'archet. Et lorsque le morceau explose avec ce break de batterie, on se dit que l'être nous a emmené dans un monde étrange, dont il sera difficile de revenir. Le silence d'une minute nous guide au son du vent, peut-être quelque part à l'est vers Dimmuborgir, où se tient l'elfe vigilant Starálfur. Le piano et les cordes sont ici nos guides pour une voix qui se fait plus claire. Langage émotif et inquiétant, qui fait déambuler l'esprit au milieu des impressionnantes formations de lave de la ville du diable, Dimmuborgir. Un langage et une musique sans amarre qui nous font voyager, nous mettant face à nos propres émotions. Évasion, tristesse, colère, recueillement... Toutes ces émotions que nous apportons en nous ici cohabitent dans les cuivres de Ný batterí, morceau d'une tristesse contemplative à couper le souffle. Conclusion parfaite à ce premier disque...

 

Le cœur bat (Hjartað hamast (bamm bamm bamm)). Est-ce le notre? Celui de l'être qui nous guide? L'espace immense s'ouvre devant nous, ponctué de quelques bruits de réacteurs de fusée. L'être nous a guidé vers ce qui est probablement le moment le plus Floydien du voyage. Le clavier fait en effet penser au Pink Floyd de Meddle, et c'est avec plaisir qu'on poursuit ce rêve entamé il y a 40 ans. Peut-on encore parler de sommet alors que l'on se perd dans l'espace?

 

Le temps s'éclaircit alors qu'on se rapproche à nouveau de la terre. Temps clair pour un raid aérien (Viðrar vel til loftárása)... Une phrase venue d'un présentateur météo lors de la guerre au Kosovo. Mais finalement, on s'imagine plus volant avec les oies islandaises au dessus du Mývatn... Guidé par ce piano, cette voix en écho et ces cordes aériennes... Mais le déluge de cordes final nous ramène vers la Terre. Comme une bombe frappant le sol.

Un silence et une voix plaintive... Nous sommes nous écrasés au centre de l'Hverfjall? La basse nous guide, nous entraine vers ces échos lointains... Lorsque résonne une flute, on sait que nous ne sommes pas abandonnés au milieu de nos propres peurs et émotions. Pour la première fois de l'album, Olsen Olsen est chantée entièrement en vonlenska, un langage inspiré par l'islandais mais qui n'existe pas... Un langage qui reviendra dans l'album suivant du groupe.

 

Ágætis byrjun. Un bon début. Et pourtant la fin du voyage s'amorce... Avec un superbe morceaux, l'être qui nous avait annoncé à quoi ressemblerait les violons de ce morceau nous guide vers la mer... De la plus belle des manières. Et alors qu'on quitte définitivement les cotes islandaises, une ile se dessine au loin. Une silhouette s'y tient debout. L'armure scintille sous le soleil couchant, et un étendard flotte. L'être nous guide vers la mythique ile d'Avalon. Le morceau n'est composé que de parties instrumentales du morceau Starálfur mises bout à bout. Mais finalement, on comprend... On comprend que cet elfe vigilant croisé plus tôt était lui aussi notre guide. Avalon, l'ile mythique où repose le roi Arthur sert de conclusion à ce voyage. Une page finale à un Graal musical perpétuel dans lequel on veut à nouveau boire.

Une coupe pleine d'évasion et d'émotions à (re)découvrir à l'infini...

 

19/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même. 

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