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6 février 2010 6 06 /02 /février /2010 16:43

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/d/d0/Massive_Attack_Heligoland.jpg

Tracks : Pray For Rain ; Babel ; Splitting The Atom ; Girl I love You ; Psyche ; Flat Of The Blade ; Paradise Circus ; Rush Minute ; Saturday Come Slow ; Atlas Air

 

Dire que ce cinquième album de Massive Attack était attendu par beaucoup (dont votre fidèle serviteur) est un euphémisme. Il faut dire que le collectif de Bristol n’est pas un gros producteur de disques. C’est seulement le cinquième album en 19 ans que nous livrent Daddy G et 3D, deux des trois membres d’origine. Nous avions laissé Massive Attack en 2003 après 100th Windows, album assez controversé où 3D s’était retrouvé seul aux commandes, après le retrait de Daddy G qui souhaitait s’occuper de sa famille. C’était bien compréhensible, mais l’album que réalisât 3D, plus orienté vers l’électronique qu’auparavant, avait étonné, et divisé. Enfin tout de même, il faut bien admettre que même si différent, 100th Windows est une perle, moins évidente que les trois premiers opus du groupe, éloigné du trip-hop original, mais vraiment prenant. D’ailleurs qu’est ce que le trip-hop près de 20 ans après l’apparition de ce mouvement musical ? Massive Attack peut-il nous refaire un Blue Lines ou un Mezzanine ? Evidemment la question insidieuse rôde. Et évidemment il ne faut pas oublier que Massive Attack, comme Radiohead, est un groupe qui fuit perpétuellement vers l’avant. Ne jamais refaire deux fois la même chose, et continuer d’évoluer. Un credo que le groupe applique depuis ses débuts. Alors après 7 ans d’attente et le retour de Daddy G, que peut bien valoir cette virée du coté d’Heligoland ?

 

Notre voyage débute avec l’étrange invocation de Pray For Rain. Le rythme est déglingué, un peu étrange et la trame sonore très électronique et artificielle surprend. Autre surprise, c’est la voix, un peu étrange, qui est celle de Tunde Adebimpe, le chanteur américain de TV On The Radio. La voix est énormément travaillée, avec pas mal d’overdubs et de samples, et à la première écoute ce titre est vraiment très étrange, voir même déconcertant. Mais au fil des écoutes, j’ai appris à l’aimer et cette langoureuse montée d’adrénaline (avec un intermède que je trouve sublime vers 5 minutes) qu’est ce titre d’intro est tout simplement sublime. De quoi nous rassurer sur la qualité de l’album qui s’ouvre devant nous. Le titre finit avec des gouttes de pluies qui ruissellent et assurément, cette prière pour la pluie est d’entrée de jeu un des meilleurs titres de l’album pour moi.

 

Babel nous permet de vieilles retrouvailles avec une chanteuse que nous avions laissé aux cotés de Tricky aux dernières nouvelles. C’est en effet Martina Topley-Bird qui assure le chant sur ce titre, elle qui fut pendant les quatre premiers albums du Kid de Bristol sa muse et compagne. La trame sonore du titre est assez fidèle au reste de l’album, ressemblant à un electro-rock assez éloigné des débuts du groupe, mais vraiment prenant à mon goût. C’est vrai qu’on est très éloigné des racines soul et/ou rap des débuts, mais j’aime vraiment ce son, qui semble plus issu de Mezzanine. Ce morceau est plutôt bon aussi, même si je l’aime moins que le titre d’ouverture, ou les titres suivants.

 

Notre voyage semble s’assombrir avec Splitting The Atom qui renoue par contre avec un phrasé nettement plus rap. On entend enfin la voix de Grant « Daddy G » Marshall qui s’occupe des couplets avec son phrasé profond et vraiment addictif, et la voix de Robert « 3D » Del Naja qui s’occupe des refrains. Perce aussi la voix d’un autre habitué de Massive Attack, le reggaeman Horace Andy. Ce titre est volontairement sombre, le beat est masqué par une foule de bruitages et d’arrangements, énormément d’overdubs de voix… La plongée se fait nettement plus sombre et inquiétante, comme un voyage fait de nuit… 5 min 13 très intenses, et vraiment là encore un des plus beaux titres de l’album.

 

Ah mais le problème, c’est que les beaux titres abondent en ce début d’album. Là on a vraiment affaire à mon préféré de l’album, Girl I Love You. Le chant est assuré uniquement par Horace Andy, et honnêtement, j’ai l’impression de ré-entendre Angel, le titre d’ouverture de Mezzanine (et un de mes préférés de leur discographie), tant j’adore ce morceau. Sincèrement le vrombissement langoureux de la basse associé à un beat absolument magistral est vraiment bien, et en plus des cuivres, qui semblent un peu venus d’Amnesiac de Radiohead donnent une trame sonore absolument géniale. La voix d’Horace Andy est magnifique, ça on le sait depuis un moment maintenant, et elle m’envoute toujours autant. Un immense moment, qui a d’ailleurs été choisis pour servir de générique dans le grand journal de Canal +. Mon titre préféré comme vous l’aurez compris.

 

Psyche nous fait revenir à la voix de Martina Topley-Bird. Bon là en fait je dois avouer que j’ai un peu de mal avec la version qui semble avoir été choisie pour l’album. J’ai en effet entendu une version ralentie de ce titre (sur l’EP Splitting The Atom), appelée Psyche (Flash Treatment) qui est vraiment mieux que celle que j’ai entendue sur Deezer. Vous avez été sage ? Elle est ici : (http://www.youtube.com/watch?v=ZseYOwfJzro). Autant j’adore la version ralentie, qui respire la grâce et donne un incroyable sentiment de douceur quasi aquatique, autant la version accélérée qui est sur l’album sur Deezer… Dommage.

 

On poursuit avec l’inquiétante douceur de Flat Of The Blade (connue sous le nom de Bulletproof Love sur l’EP Splitting The Atom et durant les concerts). C’est encore un nouveau chanteur qui fait son apparition sur ce morceau, en l’occurrence Guy Garvey. La trame sonore est assez minimaliste, tandis que la voix est très douce. On sent une impression de voyage, comme bien souvent, mais je ne saurai pas dire où exactement, ni pourquoi… Un des morceaux les moins percutants de l’album pour moi, et pourtant, il y a une certaine magie qui opère.

 

Paradise Circus respire par contre d’une grâce désolée de toute beauté. C’est encore une nouvelle voix qui apparait, en l’occurrence celle de Hope Sandoval, chanteuse de Mazzy Star et Hope Sandoval and The Warm Inventions. Ce titre est probablement mon second préféré de l’album avec Girl I Love You, tant la mélodie est sublime (cette basse), et la voix de la chanteuse absolument rêveuse et magnifique. Je rêve que je me ballade au milieu de ruines qui semblent magnifiques... Un titre merveilleux, vous l’aurez compris.

 

Rush Minute porte la pate inquiétante et froide de Robert « 3D » Del Naja. Le morceau rappelle un peu 100th Windows dans sa froideur, et son chant, typique de 3D. Ce n’est pas un de mes préférés d’Heligoland, mais ça reste du haut niveau…

 

Saturday Come slow fait apparaître le dernier invité de l’album, celui qui est d’ailleurs probablement le plus connu : Damon Albarn, membre de Pulp et Gorillaz. Le titre me fait un peu penser à Pray For Rain, le morceau d’ouverture, tant cette douce invocation est étrange à la première écoute, puis devient de plus en plus addictive au fi des écoutes. C’est avec Pray For Rain et Girl I Love You un des titres les plus entêtants de l’album. Fortement addictif donc, méfiance.

 

Le voyage se conclut avec Atlas Air, qui est probablement un des plus beaux titres depuis Paradise Circus. Le titre est long, et vraiment aérien et magnifique. Nous sommes guidés par le phrasé rap de 3D, qui décidemment assure plus de chant que son compère Daddy G. Mais ce titre est vraiment sublime, nous invite à voyager du coté de l’Atlas (le titre s’intitulait Marrakesh durant les tournées), et woow… Une magnifique conclusion et un bel atterrissage en douceur.

 

Et nous voici déjà de retour, sauf si vous écoutez l’édition de luxe avec 4 remixes plus ou moins dispensables (même si j’aime bien le premier remix de Paradise Circus par Gui Boratto). Que retenir de ce voyage ? Massive Attack a encore changé. Le groupe nous propose un nouvel album, qui fidèle à la réputation du groupe, innove. La base semble en être plus le précédent album que Blues Lines qui a maintenant presque vingt ans. Et en toute honnêteté, je crois qu’on ne peut que s’incliner devant ce choix à l’écoute d’Heligoland. Les sons sont extrêmement travaillés, les mélodies entêtantes, et le voyage proposé est toujours aussi magnifique. Les plus « mauvais » morceaux de cet album sont juste « bons », les meilleurs sont dans la lignée de ce que Massive Attack a fait de mieux. Alors bien sur, on entend d’ici les protestations, type « ce n’est pas du trip-hop, ils ont perdus leur ame, etc… ». Mais Massive Attack, comme Portishead sur Third, a fait évoluer sa musique avec une intelligence et une sensibilité rares. Heligoland est donc un nouveau chef d’œuvre à mettre au crédit de la mythique formation de Bristol, et à coup sur un des meilleurs albums de 2010. En vous souhaitant un agréable voyage dans cet archipel perdu en plein mer du Nord…

 

17/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)

 

Moi-même.

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