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13 septembre 2009 7 13 /09 /septembre /2009 20:38

 

Tracks : Disorder ; Day Of The Lord ; Candidate ; Insight ; New Dawn Fades ; She’s Lost Control ; Shadowplay ; Wilderness ; Interzone ; I Remember Nothing

 

Plaisirs désormais connus… Nous sommes en 1979 en Angleterre, et le mouvement Punk commence à battre un peu de l’aile. Les Pistols sont déjà séparés et les Clash eux-mêmes commencent à explorer d’autres voies (Ska, Dub, Reggae) pour leur futur chef d’œuvre London Calling. Cependant la vie à Manchester reste un vrai cliché postal de déprime. Usines touchées de plein fouet par la crise économique, émeutes raciales, et la délicate Margaret Tatcher en grande dirigeante du pays rendent l’Angleterre bien morne aux yeux de sa jeunesse. Et un groupe va se faire le fer de lance de cette déprime qui sera bientôt le centre de la New-Wave : Joy Division. Ces derniers, menés par le charismatique mais malade Ian Curtis, vont inaugurer en deux albums ce que certains appelleront le mouvement gothique. Mais laissons là ces théories sémantiques et musicales, pour nous plonger corps et âmes dans ces plaisirs inconnus, premier album magistral de ce groupe désormais mythique.

 

L’intro complètement rythmique de Disorder nous emmène en haut d‘un immeuble alors même que les lumières se reflètent partout sur les vitres. L’urgence qui émerge de cette chanson fait penser aux productions punks, mouvement dont Joy Division est issu. Cependant la prédominance de cette basse si caractéristique et ces petits bruits de fond posent bien les bases d’un groupe unique. Et la voix de Ian Curtis nous emmène dans le vide, où seul « demeure encore l’esprit, mais plus les sentiments »…

 

La froide guitare s’accorde à la voix caverneuse de Curtis sur Day Of The Lords. Le rythme est considérablement ralenti ici. Là encore je salue la production de l’album qui lui donne cette nappe de sons si caractéristiques, froids et métalliques. La guitare est un petit régal, pour cette excellente chanson succédant au magistral Disorder d’intro.

 

Candidate semble être une chanson encore plus froide que la précédente. Le rythme est volontairement engourdi, comme pris dans une nappe de gel. Dominent essentiellement ici la batterie et la voix de Ian Curtis, froide et sombre. Les bruits de fonds sont là encore une grande réussite mais peuvent s’avérer réellement stressant si on n’accroche pas à cette chanson. Personnellement j’adore…

 

Insight semble renouer avec une certaine vigueur. Le retour de la guitare électrique est plaisant, et la voix de Curtis se fait moins sépulcrale. Le rythme se permet même quelques excentricités électro/dance pop étranges qui évoquent ce que fera par la suite New Order. Pas forcément ma piste préférée de l’album à cause de ça, mais Insight reste tout à fait correcte.

 

New Dawn Fades se fait plus conventionnelle, notamment sur le chant, tout à fait classique ici. Cependant ne vous attendez pas à des éruptions punk comme en 1977. Le rythme reste relativement lent, et la basse plus mélodique que rythmique apporte cette profondeur absolument superbe au son, concluant ainsi avec langueur la face A.

 

La face B commence par une des chansons les plus connues de Joy Division, She’s Lost Control. Référence à peine voilée à l’épilepsie dont souffre Ian Curtis, l’orchestration se fait ici plus claire et plus rythmée, pour une mélodie qui s’ancre très facilement dans les mémoires. C’est probablement la chanson phare de l’album, la plus réussie au niveau du jeu des membres de Joy Division et du chant de Curtis qui s’accorde étrangement bien à la chanson. On retrouve là encore une multitude de petits bruits de fond qui rendent l’atmosphère de la chanson unique, participant à sa réussite.

 

Sur Shadowplay la guitare semble bien plus agressive qu’avant, donnant même l’impression de mener la chanson (alors que jusqu’ici c’était plutôt la basse qui dominait). Cette chanson est très agréable par ce son si spécial qu’elle possède, même si la guitare sonne étrangement froide et stridente. Un des meilleurs titres de l’album à mon goût.

 

Le riff de Wilderness est assez entêtant (de même que l’écho très important de la voix), par sa stridence et l’impression d’urgence qui s’en dégage. L’engourdissement de certaines chansons de la face A semble éloigné !

 

Interzone renoue clairement avec les débuts du groupe, du temps où il ne s’appelait même pas Joy Division, mais Warzsawa (en hommage à la chanson Warzsaw tirée du Low de Bowie). Le riff est essentiellement mené par la guitare, et le chant se fait relativement classique, tel le punk dont le groupe est fortement inspiré au départ. Une excellente piste très rythmée !

 

Si la plupart des pistes de la face B étaient très dynamiques, c’était peut-être pour nous préparer au final de cet album, la lugubre I Remember Nothing. On retrouve dans cette assez longue chanson une langueur et une froideur absolument magistrales… Ian Curtis chante comme un possédé, lentement, étirant ses mots à volonté, les murmurant ou les psalmodiant. Là encore on retrouve ces bruits si caractéristiques (ou si stressants selon le point de vue) avec notamment des bruits de miroirs brisés. Le groupe se fait relativement discret à part la batterie, un peu sur le même modèle que Candidate, mais en beaucoup plus long et beaucoup plus planant. Une piste absolument magistrale qui peut faire froid dans le dos…

 

Derrière cette pochette étrange, modèle de sobriété et de classe à mon goût se cache un des meilleurs albums de tous les temps pour moi. Pourtant on ne peut pas dire que cela soit dû à un talent particulier des musiciens qui jouent de leurs instruments de manière plutôt simple (à l’exception peut-être du bassiste Peter Hook, très original). On ne peut pas dire non plus que Ian Curtis chante bien. Pourtant sa voix, fortement inspirée de Jim Morrison et d’Iggy Pop (période berlinoise) reste une des plus émouvantes que je connaisse. Même sans aucune technique musicale, Joy Division est un groupe qui sait créer une ambiance unique, planante et glaçante en même temps. Et c’est à la fois ce qui fait le force et la faiblesse du groupe (faut aimer quand même, faut le dire). Certains qualifient ce groupe comme étant le plus déprimant de tous les temps. C’est très caricatural, mais un peu vrai. La musique est en cela aidé par l’énorme travail de production ajoutant ces multiples bruits de fonds, parfois stridents. Cependant, on peut préférer Closer, l’opus suivant (et dernier) de Joy Division, pour sa production d’une sobriété absolue.
Ma préférence ira à ce Unknown Pleasures, pour cette ambiance métallique, froide et unique, et la voix sublime de Curtis qui me fait voyager à chaque fois. Un des meilleurs albums de rock de tous les temps à mon goût... A vous de gouter à votre tour à ces plaisirs inconnus…

 

19/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)

 

Moi-même.

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