Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
9 mai 2012 3 09 /05 /mai /2012 12:18

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/4/42/Sigur-ros-inni.jpg

 

Tracks : Svefn-g-englar ; Glósóli ; Ný batterí ; Fljótavík ; Við spilum endalaust ; Hoppípolla ; Með blóðnasir ; Inní mér syngur vitleysingur ; E-bow ; Sæglópur ; Festival ; Hafsól ; All alright ; Popplagið ; Lúppulagið

 

L'histoire commence en aout 1994 à Reykjavik. Trois jeunes hommes décident de former un groupe de rock. Il s'agit de Jón Þór Birgisson à la guitare et au chant, Georg Hólm à la basse et d'Ágúst Ævar Gunnarsson à la batterie. Le trio prit le nom de Sigur Rós. Londres, 20 et 21 novembre 2008. La route a été longue entre cet été 1994 à Reykjavik et la scène de l'Alexandra Palace. Pourtant entre 1994 et 1999, personne n'aurait parié sur Sigur Rós. Leur premier album, Von, paru en 1997, n'a été vendu qu'à quelques centaines d'exemplaires en Islande. Sigur Rós - Ágætis byrjun (1999) va tout changer, apportant le succès international, les tournées avec Radiohead, les B.O. de films Hollywoodiens comme Vanilla Sky. Sigur Rós, rejoint par le claviériste Kjartan Sveinsson et le batteur Orri Páll Dýrasonau cours de l'année 1999va devenir un des plus grands et des plus intéressants groupes de post-rock au monde. Pourtant lorsque le groupe monte sur scène le 20 et 21 novembre 2008, pour la tournée de l'album Sigur Rós - Með suð í eyrum við spilum endalaust (2008), son avenir est incertain. Ces deux dates sont les deux dernières à l'étranger, avant le retour du quatuor en Islande pour un dernier concert à Reykjavik. Après ça, chacun veut partir dans sa propre direction, s'occuper de sa famille ou vaquer à des projets solos. Jónsi a-t-il déjà en tête les chansons du disque qu'il va enregistrer avec son compagnon Alex Sommers (Jónsi & Alex - Riceboy Sleeps (2009)) ou les morceaux de son propre futur album solo lorsqu'il monte sur scène ce soir du 20 novembre? Possible. Le groupe est à la veille d'une pause dans son activité qui va durer presque quatre ans. Peut-être même songeaient-ils à se séparer définitivement. C'est pourquoi il fallait laisser une trace d'une performance live de Sigur Rós. Deux ans plus tôt, le groupe avait tourné sur son ile natale un film, Heima, qui signifie « à la maison » en islandais. Ils y livraient de superbes prestations acoustiques de leurs chansonsdans des lieux insolites d'Islande. Le film met l'accent sur la magnificence des paysages et la beauté des chansons du quatuor en acoustique, accentuant le lien qui existe entre les deux. Quelques uns de ces morceaux ont d'ailleurs été gravés sur le double album Hwarf/Heim, paru en 2007. Mais il manquait à la discographie du groupe un véritable album live, pouvant retranscrire une performance normale de Sigur Rós sur scène. Le groupe a donc l'idée d'enregistrer ses performances du 20 et 21 novembre 2008, à Londres, pour en faire un nouveau film et un disque live. En résulte Inni, qui paraît en 2011 après trois longues années d'attente.

 

Inni signifie « A l'intérieur » en islandais. Comme une sorte de contrepoids absolu à Heima. Si Heima mettait en scène Sigur Rós dans les sublimes et torturés paysages islandais, Inni met en scène le groupe, et uniquement le groupe, sur une scène anglaise. Le film, à l'opposé des superbes images d'Heima, est en noir et blanc. Dans une esthétique volontairement floue et donnant une image vieillie, centrée uniquement sur les membres du groupe. Le son des deux prestations enregistrées sur Inni est aussi à l'opposé des performances d'Heima. Là où le groupe avait choisi de jouer en acoustique pour Heima, il joue ses titres dans une version très électrique sur Inni. C'est d'ailleurs Svefn-g-englar, un des meilleurs morceaux de leur répertoire qui ouvre le concert. La version est ici particulièrement électrique et rugueuse, car l'absence de production fait ressortir le son très particulier de la guitare électrique frottée par l'archet de Jónsi. Les claviers (et notamment le fameux son de sonar rappelant Echoes de Pink Floyd) sont extrêmement envoutants et nous emmènent directement dans un univers onirique... Pouvait-on imaginer plus belle introduction? Probablement pas, surtout que le groupe enchaine sur Glósóli, autre longue plage qui servait d'introduction à Takk... et à Heima. Même si le morceau est moins bon que Svefn-g-englar, sa lente montée d'émotion achève définitivement de nous envouter et de nous emmener dans le loin voyage planant et électrique que sont ces shows de l'Astoria Palace. Et lorsque surgissent les larsens menaçants de la guitare du terrible Ný batterí, on se dit que Sigur Rós n'est pas qu'un envoutant et magnifique groupe de studio. Ces quatre là forment aussi un formidable groupe de scène, qui sur ce classique issu de leur deuxième album est capable de maitriser la foudre pour créer une tension et une émotion palpables... Dommage malheureusement qu'ils ne jouent que deux titres d'Ágætis byrjun durant le concert. La performance vocale de Jónsi est ici absolument hallucinante d'intensité et les orgues austères instaurent une ambiance extrêmement prenante...

 

La suite du concert est néanmoins un peu plus joyeuse, notamment avec trois morceaux issus de Með suð í eyrum við spilum endalaust (Fljótavík ; Við spilum endalaust et son rythme guilleret et l'époustouflant Inní mér syngur vitleysingur au piano enchanteur) et le très touchant et joyeux Hoppípolla issu de Takk... sur lequel Jónsi livre une prestation vocale absolument hallucinante d'émotivité. Tous ces morceaux sont plus courts que les trois premiers, plus joyeux, mais n'en demeurent pas moins très jolis et plaisants. Un bon reflet du virage moins solennel que Sigur Rós avait pris sur leur dernier album en date. Pourtant c'est le glacial et ténébreux E-Bow, sixième piste originellement sans nom de Sigur Rós - () (2002), qui vient conclure le premier disque d'Inni. Je ne vais pas m'en plaindre, tant je trouve la beauté glaciale et ténébreuse de ce morceau absolument fascinante. Le grondement caverneux et hypnotique qui se dégage de la guitare et des claviers est absolument grandiose et le caractère très électrique et brut du live rend le titre tout aussi impressionnant qu'en studio... C'est bien simple, c'est un des meilleurs moments du concert.

 

Pourtant le deuxième disque ne faiblit pas vraiment avec Sæglópur (issu de Takk...), et surtout avec Festival, qui offre là encore (décidément c'est habituel sur Inni) une performance vocale absolument hallucinante de Jónsi et une interprétation instrumentale particulièrement prenante. Le crescendo final du morceau est un pur bonheur, et c'est probablement pour ça que Festival a été choisi comme premier extrait pour présenter Inni avant sa sortie. Le groupe profite d'ailleurs de ce moment de grâce pour nous livrer ensuite Hafsól, une chanson issue de leur premier album Von. Même si ça fait plaisir d'entendre ce morceau qu'on n'a pas forcément l'habitude d'entendre (surtout que Von n'est pas l'album de Sigur Rós que j'écoute le plus), je dois néanmoins reconnaître qu'il ne s'agit pas du morceau le plus indispensable du live. Tout comme le morceau suivant All alright qui vaut surtout pour le chant très doux et triste de Jónsi. Heureusement le groupe a gardé du très lourd avec Popplagið, morceau qui vient toujours conclure leurs concerts depuis 2002 (et qui conclut l'album () et le film Heima). Long morceau de quinze minutes, Popplagið est un des seuls morceaux du groupe qui après un long crescendo très doux, finit par totalement exploser. Toute l'émotion et la tension accumulées durant le concert trouvent ici leur aboutissement dans une transe salvatrice, sous les coups de butoir de la batterie, le rythme implacable de la basse et les explosions de guitares à la fois destructrices et salvatrices...

 

Le groupe cependant ne s'arrête pas là et nous livre une petite surprise avec la dernière chanson, Lúppulagið. Il ne s'agit en effet pas d'un morceau joué durant les deux concerts, mais d'un instrumental inédit, joué en studio. Le piano qui mène la chanson est très délicat et doux, et si ce n'est clairement pas un chef d'œuvre, on prend plaisir à écouter cette petite pépite que le groupe a placé là pour les heureux possesseurs d'Inni.

 

Néanmoins, Inni n'a pas besoin de ce petit inédit final pour être rigoureusement indispensable, car ce live de Sigur Rós est impressionnant d'intensité et de puissance. Le groupe est ici très en forme, que ce soient les instrumentistes ou Jónsi dont le chant est d'une élégance et d'une émotion impressionnantes. Les morceaux sont ici interprétés à la perfection, sous un jour plus rugueux et électrique qu'on ne connait pas forcément dans le travail studio du groupe. Le seul reproche qu'on peut adresser à Inni concerne probablement la setlist. On retrouve en effet ici une majorité de morceaux provenant de Takk... et de Með suð í eyrum við spilum endalaust et finalement seulement deux morceaux d'Ágætis byrjun et de (). J'aurai aimé avoir certains morceaux comme Starálfur, Ágætis byrjun, Vaka ou Álafoss. De même, l'absence de Gobbledigook, superbe et joyeux titre qui ouvre Með suð í eyrum við spilum endalaust se fait cruellement sentir. Apparemment le morceau a bien été joué, mais un souci technique a eu lieu lors de son enregistrement, l'empêchant d'être mis sur ce live. De même je regrette l'absence de la solennelle et superbe Ára bátur, une des plus belles compositions des islandais à mon goût. En outre on peut se dire que le film n'est pas rigoureusement indispensable, tant le traitement de l'image est plaisant au début, mais devient assez vite lassant. Mais malgré ces petits reproches, ne vous y trompez pas. Inni est un live de très grande qualité, qui montre que les islandais de Sigur Rós sont aussi indispensables sur scène qu'en studio.

 

16/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.

 

Partager cet article
Repost0
3 mai 2012 4 03 /05 /mai /2012 21:07

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/c/cb/Tom_Waits_-_Closing_Time.jpg

 

Tracks : Ol' 55; I Hope That I Don't Fall In Love With You ; Virginia Avenue ; Old Shoes (& Pictures Postcards) ; Midnight Lullaby ; Martha ; Rosie ; Lonely ; Ice Cream Man ; Little Trip To Heaven (On The Wings Of Your Love) ; Grapefruit Moon ; Closing Time

 

La nuit est noire sur Los Angeles. Mais la ville des anges, comme toutes les grandes cités du monde, ne dort pas vraiment. A la porte du Troubadour, un des nombreux bars à concerts de la ville, un homme vient changer l'écriteau. Closed. C'est l'heure de la fermeture. Une heure où il est trop tard pour parler de soir. Une heure où il est trop tôt pour parler de matin. Le cœur de la nuit. A l'intérieur du Troubadour, un homme est accroché au piano. Il est jeune. La vingtaine. Il arbore une casquette comme celle de Dylan sur la pochette de son premier album, ou comme celles qu'affectionnait Woody Guthrie. Une bouteille de whisky est posée à proximité. A moitié pleine ou à moitié vide, c'est selon. Un paquet de cigarettes désespérément vide git à coté. Dans le cendrier, le nombre de mégots témoigne de la longueur de la soirée. A portée de main se trouve aussi un exemplaire d'un livre de Kerouac -peut-être Sur la route- de Cassady ou de Bukowski. Anachronisme en une heure où la chronologie ne compte plus vraiment. Car en 1973 à Los Angeles, la mode n'est plus depuis longtemps aux poètes de la Beat Generation et aux musiciens de jaaz. L'heure n'est même plus vraiment au psychédélisme. L'air du temps est résolument décontracté, cool. Dicté par quelques musiciens vivant à Laurel Canyon comme Crosby, Stills, Nash & Young, les Eagles, Tim Buckley ou Joni Mitchell. Après les années folles du psychédélisme, les festivals géants et la drogue, la mode semble être revenue au folk décontracté et mélodieux. Guitare acoustique en bandoulière, chemise au vent et rail de cocaïne. La seule exception notable semble être Frank Zappa, qui n'a jamais vraiment eu cure des modes. Mais l'homme qui est assis au piano du Troubadour partage de nombreux points communs avec Zappa. A tel point qu'ils tourneront ensemble d'ailleurs. Mais là où Zappa, malgré toutes ses excentricités, est résolument rock, Thomas Alan Waits, devenu sur scène Tom Waits, n'est pas du tout rock. Ça, ça sera pour plus tard, dans une autre vie. En 1973, le jeune Tom semble s'abreuver uniquement de poésie et de jazz. Et bien que signé chez Asylum, label de Zappa, de Beefheart ou des Eagles, il n'envisage alors sa musique qu'à travers le prisme du piano, de la contrebasse, de la guitare acoustique et de quelques cuivres. Et c'est avec cette expérience de jazzman de bar, féru de poésie beat, anachronique avant même d'avoir commencé sa carrière, qu'il publie en 1973 son premier album Closing Time. Pourtant, à cette époque la cote ouest des États-Unis ne manque pas de bons songwriters. Closing Time permet-il au jeune Tom Waits de sortir du lot?

 

Ballades jazz romantiques. Pour quiconque connait l'œuvre de Tom Waits par ses albums les plus récents, leur ambiance de foire déglinguée, les percussions omniprésentes, les guitares électriques blues et les hurlements de loup garou du maitre, Closing Time et ses douces chansons d'introduction Ol'55 et I Hope That I Don't Fall In Love With You surprend. Désarçonne. Clairement à l'écoute de Closing Time, on n'a pas affaire au même personnage que dans l'après Swordfishtrombones. Ici, la batterie (seule percussion) se fait discrète et forme avec la contrebasse un tandem rythmique léger et agréable qui vient appuyer un piano omniprésent. La voix de Tom est incroyablement juvénile. Il faut dire que le lent -mais certain- travail/supplice qu'il lui fait subir grâce à la sainte trinité whisky/cigarettes/insomnies n'en est à l'époque qu'à son commencement. Mais étrangement, si cette voix n'est pas l'attraction principale de Closing Time, les deux titres d'ouverture son beaux et charmants. I Hope I Don't Falling In Love With You notamment est assurément un morceau très touchant, la confession d'un chagrin d'amour qui devient sous les doigts et la voix de Tom une ballade déchirante au piano. La première d'une longue série. Ol'55, même si elle paraît un peu mineure aujourd'hui est un morceau agréable et gracieux. A tel point que les Eagles, que Waits ne portait pourtant pas dans son cœur, la reprendront sur On The Border, leur troisième album.

 

Malheureusement, si ce duo de morceaux ouvre plutôt bien Closing Time, ce dernier se poursuit ensuite de manière plus anodine. L'ambiance piano bar est toujours présente, donnant au disque sa couleur (bleu nuit) prédominante. Mais malheureusement les chansons s'enchainent, plaisantes, délicates et romantiques mais assez vite oubliées. Old Shoes (& Pictures Postcards) est par exemple un morceau sympathique, mais on ne peut guère en dire plus, tant il peine à être pleinement satisfaisant. Parfois la trompette fait quelques jolies incartades comme sur Midnight Lullaby ou sur Little Trip To Heaven (On The Wings Of Your Love), mais ne suffit pas vraiment à captiver l'auditeur. C'est simplement de la bonne musique d'ambiance. Même une ballade au piano appuyée par un violoncelle comme Martha, repérée et reprise par Tim Buckley sur son 8ème album Sefronia, paraît bien anodine et n'est qu'une ébauche du futur génie de Tom dans le domaine des ballades émouvantes au piano. En fait, il faut attendre Ice Cream Man, le seul blues de l'album pour être réellement surpris. C'est en effet un des seuls morceaux de Closing Time où apparaît une guitare électrique (même si on en trouve de manière plus discrète sur Virginia Avenue), et c'est aussi un des seuls à délaisser le cliché jazz hobo romantique pour un blues électrique plein d'humour et surréaliste. Très rythmé, électrique et drôle, le titre, peut-être un peu pataud, est cependant un de ceux qu'on retient le mieux de l'album. La marque de fabrique du futur Tom Waits, même si Ice Cream Man ne supporte pas la comparaison avec les titres de Rain Dogs ou de Bone Machine. L'instrumental qui donne son nom à l'album et qui le conclut est aussi mémorable, dans un registre très jazz qui fait la part belle à la trompette émouvante de Jesse Ehrlich et au piano. Closing Time. Heure de la fermeture.

Les cinq années suivantes, Waits continuera à explorer sans répit cette veine jazz romantique imprégnée de poésie beat, avec une constance et un savoir-faire impressionnants. Les bases du genre étaient déjà posées avec Closing Time, même s'il ne fera que les améliorer avec des albums comme le très jazz The Heart Of Saturday Night ou le superbe Blue Valentines. Mais cette partie de sa carrière est évidemment totalement éludée par la suite, l'après Swordfishtrombones. Est-ce pour cela que malgré ses qualité intrinsèques, Closing Time peine à réellement captiver l'auditeur? L'album est agréable, sans aucun doute. Mais nous sommes loin des chefs d'œuvres à venir (rien qu'Heart Of The Saturday Night et Blue Valentines sont supérieurs). Évidemment, c'est un premier album. On l'écoute donc avec une sympathie spéciale, surtout vu l'homme qui se livre ainsi devant nous. Mais c'est aussi parce que c'est Tom Waits que ce Closing Time paraît si mineur et est à réserver à ses fans, qui apprécieront ici la naissance d'un songwriter unique, qui sera encore meilleur après sa renaissance.

12,5/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.

Partager cet article
Repost0
2 mai 2012 3 02 /05 /mai /2012 13:30

http://aubignynewbuzz.hautetfort.com/media/01/00/1410674797.jpg

 

Deux ans sans Printemps de Bourges. La dernière fois que j'étais allé en terres berruyères, le voyage avait été très fructueux, avec beaucoup de découvertes sur les scènes gratuites, et Iggy & The Stooges dans les concerts payants. Superbe édition 2010 qui m'avait comblé. Malheureusement, je n'étais pas en France lorsque l'édition 2011 a eu lieu. Un coup d'œil à cette programmation 2011 et je me suis dis que ce n'est pas sur les scènes payantes que j'aurai trouvé mon bonheur.

 

2012, week-end d'entre deux tours des élections. Le coup d'œil sur la programmation de cette année n'a pas été plus probant. Rien ne m'a suffisamment motivé pour aller sur les scènes payantes. Certes la soirée rock français a quelques jolis noms avec Izia, Dyonisos et Shaka Ponk, mais rien qui ne puisse réellement motiver votre humble serviteur à payer 30€. La soirée reggae/world a de sérieux arguments (un des fils Marley, Groundation, Tinariwen, Zebda...), mais ce n'est malheureusement pas trop ma came. D'ailleurs après un examen approfondi à la programmation des scènes payantes, je m'interroge. Pourquoi n'y a-t-il plus de soirée métal? Pourquoi n'y a-t-il pas/plus de soirée rock anglophone? Je comprends aisément que le Hellfest soit devenu en quelques années l'eldorado des métalleux français, mais je m'étonne quand même du choix du Printemps de ne plus programmer quelques groupes de métal sur les scènes payantes. Le genre n'est pas rentable? Vu le succès du Hellfest justement, c'est étonnant. Et tous les jeunes de la région centre n'ont pas forcément les moyens de se payer un séjour du coté de Clisson, ce qui représente une certaine somme à débourser (sans remettre nullement en cause la politique tarifaire du Hellfest qui propose énormément de groupes différents). C'est dommage. De même, j'aurai aimé quelques groupes de rock anglophone. Il y a le choix outre-manche pour nous contenter je pense. Il n'y avait aucun groupe de la classe d'Archive ou des Stooges cette année. Là encore je le déplore, surtout que la plupart des groupes croisés en off sur le festival sont des groupes de rock, preuve que le genre est bel et bien vivant.

Néanmoins, même si je n'ai pas trouvé mon compte sur les scènes payantes, le Printemps de Bourges reste une institution. Une sorte de passage obligé, avant les grands festivals de l'été, que je ne peux d'ailleurs jamais aller voir. Mais le Printemps de Bourges, comme l'indique son nom, a lieu au printemps. Avec les conditions climatiques que ça implique. La pluie, donc. Comment souvent au Printemps de Bourges. Teinte grise, atmosphère mouillée et humeur maussade pour cette année. Ce n'est la faute à personne, ainsi nous nous contenterons de pester après le climat, qui même s'il se dérègle, pourrait avoir la gentillesse de ne pas nous gâcher nos festivals de musique. Merci à lui.

 

Printemps tardif et pluvieux pour nous donc. Arrivés le vendredi après-midi sur les lieux, nous avons tourné quelques temps pour trouver quelque chose. C'est le duo folk June & Lula qui jouait sur la scène Jeunes Talent SFR qui a donc ouvert notre printemps de Bourges. Je connaissais le groupe de réputation et j'avais déjà écouté quelques morceaux studios d'elles, et je dois dire que même si je n'étais pas du tout dans l'ambiance (fatigue, temps gris, milieu d'après-midi), ce duo, accompagné ici d'une contrebasse, est charmant. Je ne suis pas forcément un grand amateur de ce genre de musique, mais il se dégage de leurs voix un charme qui opère. Il opère d'ailleurs surement mieux dans d'autres conditions. Mais même ainsi, l'alliance des voix de ces deux jeunes filles reste impressionnante et dégage un charme fou. Pour les amateurs de douceurs folk, il y a donc largement de quoi se faire plaisir.

 

A découvrir ici : link

 

Direction l'Igloo, drôle de stand dédié à des expériences artistiques un peu étranges, pour voir Piano Chat à 17h. Derrière ce drôle de nom se cache un musicien tourangeau, que j'avais déjà vu en juillet 2010 en première partie de mes amis des Paper Plane à Fondettes. A l'époque déjà, il dégageait quelque chose d'impressionnant. Deux ans plus tard et des dates autour du monde en première partie de Yann Tiersen, je voulais donc voir ce que Piano Chat était devenu. Bien m'en a pris. Car le garçon est toujours aussi impressionnant. Non. Il a même gagné en maturité. Ses prestations live sont un concept en elles-mêmes. Le garçon est en effet seul sur scène, mais dégage quand même une puissance phénoménale. Un groupe à lui seul. Usant et abusant de samples qu'il enregistre sur le moment, il empile en effet les riffs et les effets sonores au fur et à mesure de l'élaboration de ses morceaux. Les chansons se construisent sous nos yeux. Le procédé est presque toujours le même. L'enregistrement du riff en premier, qui est samplé. Puis un autre riff, ou quelques effets de guitares (avec un archet ou une baguette de batterie par exemple), samplé à nouveau. Puis les voix. Puis enfin, le morceau explose totalement avec l'enregistrement de la batterie. A ce moment, les morceaux explosent dans une furie monstrueuse. Cet homme, même seul, est capable de dégager un ouragan sonore époustouflant. Les moments plus minimaux et gracieux en début de chansons sont aussi très agréables. Quelques déflagrations quasi-punk injectent aussi de l'énergie quand le besoin s'en fait ressentir. Le concert se déroule vite, avec plaisir. Trop vite. Le seul reproche qu'on peut finalement adresser à Piano Chat, c'est que le concept même de ses prestations live, qui fait tout son charme, est aussi sa limite. En effet lorsqu'on a compris comment il joue les titres en live, on sait qu'ils vont tous suivre le même chemin riffs-effets-voix-batterie. Peut-être devrait-il justifier complètement son nom et parfois introduire d'autres instruments comme des petits claviers, ou des instruments à vents? En tout cas, sa prestation live était excellente et ce chat si agile est amené à se faire connaître un jour, c'est certain.

 

A découvrir ici : link

 

Quelques pérégrinations dans le centre de Bourges plus tard, nous sommes finalement arrivés devant un trio de quinquagénaires jouant des reprises de classic-rock (Stones, Dylan, Beatles, Them...) avec un plaisir communicatif. Rien de bien ambitieux, mais ils jouaient bien, notamment le guitariste électrique sur Fender et c'est peut-être finalement ce que nous cherchions. Du calme, de l'efficace et du plaisir simple à partager. De quoi nous faire passer une heure avec plaisir et nous mener tranquillement vers la soirée, et un très bon repas thaïlandais sur un des stands du festival. Dommage qu'on soit forcément obligé de consommer des boissons en plus de la nourriture pour s'assoir malheureusement... Vu l'état de fatigue général des troupes, nous ne nous sommes pas éternisés le soir.

Retour à Bourges le lendemain à 14h40. Malheureusement trop tard pour voir mes amis des Artramps jouer sur la scène région centre. Vu le niveau habituel de leurs prestations live ([Concert] The Artramps+Les Fouteurs de Bringue+Daoud & Kristobal Tours 07/10/11), je suppose qu'ils ont tout dynamité. J'ai aussi apparemment loupé le très bon trio de la Théorie des cordes qui jouait sur Bourges le samedi. La poisse totale. Malheureusement, nos déambulations dans Bourges ne nous ont pas amené à retrouver un groupe de ce niveau. J'ai même eu l'impression d'être à une mauvaise fête de la musique, tant la qualité générale des groupes que j'ai entendu dans divers endroits m'a laissé perplexe. Entre groupe de blues pas du tout calés, groupes de rock honnêtes mais sans plus et groupes assez expérimentaux, rien ne m'a convaincu. Le seul réconfort de cette journée décevante a été de trouver mes amis des Radiophones en concert sur la scène de la Scala. Un set classique et bien expédié, en deçà de leurs prestations habituelles ([Concert] The Paper Plane+The Radiophones Rouziers 04/02/2012) mais qui prouve que ces gens, même fatigués et en petite forme sont largement au dessus de la mêlée des autres groupes. Ils auraient mérité une autre scène, c'est évident.

 

A découvrir ici : link

 

La fin de la soirée n'a malheureusement pas été à la hauteur de ce concert. La seule éclaircie de la journée? Peut-être était-ce la fatigue, le temps, ou la programmation (ou probablement un peu des trois), mais rien ne nous a vraiment convaincu. Une deuxième journée bien maussade donc, malgré l'ambiance toujours sympa du samedi soir dans les stands. Un Printemps de Bourges décevant pour nous. En espérant que l'année prochaine, la programmation laisse plus de place à des groupes de rock anglophones, et que le temps soit meilleur.

 

Et vous, votre Printemps de Bourges?

 

Moi-même.

Partager cet article
Repost0
19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 10:41

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/3/37/Aerosmith_-_Toys_in_the_Attic.jpg

 

Tracks : Toys In The Attic ; Uncle Salty ; Adam's Apple ; Walk This Way ; Big Ten Inch Record ; Sweet Emotion ; No More No More ; Round and Round ; You See Me Crying

 

En ce milieu d'années 70, la première vague du hard rock est à son apogée. S'engouffrant dans la brèche ouverte par les pionniers anglais (The Who ; Led Zeppelin ; Deep Purple), une multitude de groupes repousse chaque jour les limites du blues et du rock, pour façonner ce que l'histoire retiendra sous le nom de hard rock. 1975 est l'année de sortie d'A Night At The Opera de Queen, Led Zeppelin - Physical Graffiti (1975), Welcome To My Nightmare d'Alice Cooper, du double live Alive! de Kiss ou d'In Trance de Scorpions. La concurrence est rude et sans pitié. Et probablement personne n'aurait parié sur un groupe comme Aerosmith au milieu de tous ces mastodontes. Le groupe révélé deux ans plus tôt par un premier album portant sobrement son nom n'a en effet pas déchainé les passions, malgré la présence de futurs morceaux cultes comme Dream On ou Mama Kin. Tout au plus, on a traité ses membres comme une pale copie hard-rock des Rolling Stones, à cause du physique de Steven Tyler, proche de celui de Mick Jagger et du son du groupe très blues. Difficile donc de parier qu'au milieu de cette fastueuse année qu'est 1975 pour le hard-rock, Aerosmith allait tirer son épingle du jeu. Pourtant l'histoire du rock est pleine de hasards et de rencontres. En 1974, Aerosmith a croisé la route du producteur Jack Douglas qui leur a permis de produire efficacement leur deuxième album Get Your Wings. Mais Douglas va se révéler un apport de choix à l'heure d'enregistrer Toys In The Attic, troisième album du groupe paru en 1975. Un groupe comme Aerosmith avait besoin d'un catalyseur, quelqu'un capable de leur créer un son propre (loin de celui des Stones par exemple), tout en leur faisant faire le tri dans leurs compositions. Douglas et le groupe ont-ils réussi ce pari sur Toys In The Attic alors même qu'une multitude de chefs d'œuvres du hard sont publiés la même année?

 

Soigner l'entrée en matière. C'est probablement ce que Douglas a dû dire à Joe Perry et Steven Tyler. Message clairement entendu lorsque déboule l'étrange mais totalement jouissif morceau Toys In The Attic qui donne son nom au disque. Le riff est puissant et subtil et déboule à cent à l'heure. Commencer un disque par un morceau aussi rapide et étonnant rythmiquement est un pari osé. Le chant de Tyler est aussi particulièrement étonnant, tout en écho sur les refrains. Mais tous ces éléments mis bout à bout, associés avec un son très efficace créent un chef d'œuvre. Pari osé, mais réussi. C'est un des meilleurs morceaux de la galette d'ailleurs. Le solo de Perry vers 1min 40 est particulièrement jouissif, et le groupe semble ne vouloir faire aucun quartier. Tant mieux, on n'est pas là pour ça.

 

Pourtant la cadence ralentit légèrement avec Uncle Salty, morceau plus blues. Pourtant le groupe n'y perd que peu en intensité. Les guitares sonnent en effet ici particulièrement bien et donnent une ambiance vénéneuse et addictive au morceau, bien aidées par un Steven Tyler qui hausse le ton et nous livre ici une prestation vocale entre cris et murmures très efficace et racée.

 

Adam's Apple enfonce encore plus la veine blues qui fait tout le charme d'Aerosmith. Le riff initial de guitare sonne en effet comme un excellent blues électrique et le morceau, s'il n'est pas aussi survolté et puissant que les titres qui l'entourent, est plutôt convainquant. Surtout grâce à la production et au son assez unique du groupe (merci Jack Douglas), car malheureusement le morceau s'éternise un peu.

 

On poursuit avec ce qui doit être le morceau le plus connu du disque (et de la carrière d'Aerosmith), Walk This Way. Même si le titre est probablement plus connu par son remix rap avec Run-DMC (une des premières fusions connues entre rap et rock), cette version originale garde un charme indéniable. Son rythme chaloupé, jouissif et idiot, son riff entêtant et la prestation absolument fantastique de Steven au chant font de ce morceau un classique absolu. C'est d'ailleurs ce titre qui sortit en single et contribuât à révéler complètement le groupe en 1975, et à le faire redécouvrir dans les années 80. J'ai une petite préférence pour la version avec Run-DMC, pleine d'humour et très inventive, mais cette version originale suffit aisément à elle seule à justifier le succès d'Aerosmith.

 

Malheureusement la face A se conclut avec Big Ten Inch Record, un morceau plein d'énergie et avec un piano entrainant, mais qui est probablement le plus mauvais de l'album. C'est énergique, c'est sympathique, mais c'est assez faiblard par rapport aux autres chansons. L'idée même du piano est probablement sous exploitée d'ailleurs. Dommage.

 

Énorme classique pour reprendre la face B, avec Sweet Emotion, qui fut le premier single de l'album. C'est probablement le morceau le plus atypique de la galette (qui en compte pourtant pas mal). Son introduction très spatiale notamment surprend de prime abord, bien aidée par le son de la Talk Box de Perry. Pourtant lorsque le hard reprend ses droits et que les guitares entrent en scène, le doute n'est pas permis. C'est un nouveau coup d'éclat. Sonorités magistrales, riff impeccable et excellent solo final, doublé d'une rythmique de fer (avec l'ajout de marimbas), production qui saisit parfaitement le son du groupe, tout est réuni pour créer un nouveau classique. Dont acte.

 

No More No More poursuit avec un degré de réussite moindre. Non pas que le morceau soit mauvais, ceci-dit. Il est juste difficile de passer après Sweet Emotion. Et ce morceau où le piano fait son retour après Big Ten Inch Record est plutôt agréable et sonne bien. Le refrain est par contre peut-être un peu agaçant. Rien de génial donc, mais un titre honnête (et là encore quel son de Brad Whitford et Joe Perry!).

 

On poursuit avec le très lourd et très zeppelinien Round And Round. C'est le morceau le plus lourd du disque, porté par un riff que n'aurait pas renié Jimmy Page. Le chant même de Tyler qui semble mal mixé rappelle même un peu ce que Robert Plant pouvait proposer à la même époque. Et même si cette lourdeur n'est pas très courante chez Aerosmith (qui n'a rien à voir avec Black Sabbath par exemple), elle sied plutôt bien au groupe de Boston ici, tant l'aspect rouleau compresseur marche bien et la paire de guitaristes inspirée dans ce registre très zeppelinien.

 

Un disque de hard ne serait pas un disque de hard sans une ballade un peu lacrymale, n'est-ce pas? Et bien il a fallu attendre le dernier morceau You See Me Crying pour ça. On connait le don de Tyler pour être époustouflant dans ce registre (Dream On ; I Don't Wanna Miss A Thing...). Et bien ses feulements font ici recette. Le morceau rendu plus épique encore par l'ajout de cordes est grandiloquent et émouvant comme il se doit. Et dans le registre ballade émouvante, Perry sait lui aussi faire pleurer avec brio sa guitare... L'art de séduire les gros durs et les filles, résumé en un groupe.

 

Toys In The Attic a en effet des arguments pour séduire tout le monde. Et c'est ce qui arrivât, puisqu'il fut vraiment le disque de la révélation d'Aerosmith. Si le groupe fait désormais plus parler de lui pour ses frasques que pour sa musique, on se dit qu'à la réécoute, ce succès est mérité. Car le groupe signait pour la première fois de sa carrière un tour de force majeur. Il en signera d'autres (Rocks ; Aerosmith - Pump (1989) ; Get A Grip), mais Toys In The Attic est réellement le premier grand classique d'Aerosmith. Certes tout n'est pas parfait, comme Big Teen Inch Record ou No More No More (ou même Adam's Apple dans une moindre mesure), mais l'ensemble des morceaux est très bon, voire excellent et le groupe nous propose ici trois classiques absolus (Toys In The Attic ; Walk This Way ; Sweet Emotion et même You See Me Crying). Un album classique du rock à ajouter à cette fameuse année 1975 donc... Et le pire c'est que le groupe, plongeant toute narines en avant dans la poudre blanche avec ce succès, trouvera le moyen de frapper encore plus fort l'année suivante avec Rocks.

 

16/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.

Partager cet article
Repost0
1 avril 2012 7 01 /04 /avril /2012 10:47

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/e/ef/Pink_Floyd_-_Obscured_by_Clouds.jpg

 

Tracks : Obscured By Clouds ; When You're In ; Burning Bridges ; The Golds It's In The... ; Wot's... Uh The Deal ; Mudmen ; Childhood's End ; Free Four ; Stay ; Absolutely Curtains

 

Indéniablement, certains groupes ou certains genre musicaux ont une dimension très cinématographique. Il suffit d'entendre quelques notes de ces groupes pour voir un film débuter dans sa tête. C'est le cas de Massive Attack par exemple (ce n'est pas pour rien que des morceaux comme Angel ou Teardrop sont si utilisés dans des films, des pubs ou des génériques de série), ou de Sigur Ros (dont la musique est très utilisée au cinéma). Mais un des groupes les plus cinématographiques qui soient est probablement Pink Floyd. Entre le Floyd et le cinéma, il existe une multitude de liens, puisqu'un film a été tiré d'un de leurs albums (The Wall d'Alan Parker en 1982, film musical qui reprend l'album Pink Floyd - The Wall (1979)), ils ont fait un film de leur concert sans public à Pompeii (Live At Pompeii sorti en 1972), et Stanley Kubrick leur a même demandé l'autorisation d'utiliser le morceau Atom Heart Mother dans Orange Mécanique. Malheureusement pour le groupe, ils ont refusés. La légende veut que pour se consoler, le groupe a synchronisé Echoes avec la dernière partie de 2001 L'odyssée de l'espace. On ne sait pas vraiment si c'est un mythe ou une réalité, mais le résultat est cependant assez concluant (il y a des vidéos sur youtube). Mais surtout, Pink Floyd a au cours de sa carrière participé à une bande originale en proposant quelques morceaux (pour le film Zabriskie Point), et réalisé entièrement deux bandes originales de films, toutes les deux pour des films du cinéaste Barbet Schroeder. La première date de 1969 et s'appelle More, accompagnant le film du même nom. La seconde, réalisée en 1972 alors que le groupe était en pleine élaboration du Dark Side Of The Moon, s'appelle Obscured By Clouds, accompagnant le film La Vallée. Les membres de Pink Floyd avaient été enchantés par l'expérience de l'enregistrement de More, qui leur avait permis d'explorer de nouvelles voies avec un certain succès. A l'écoute, More est même largement supérieur à Ummagumma paru l'année suivante. De plus l'enregistrement du Dark Side Of The Moon était long et fastidieux et lorsque Barbet Schroeder revint vers eux leur proposer la réalisation d'une nouvelle BO, ils n'hésitèrent pas et partirent enregistrer Obscured By Clouds au château d'Hérouville en France (où Bowie et Elton John enregistrèrent certains de leurs albums). Paru en 1972, cette BO illustrant La Vallée (mais s'intitulant Obscured By Clouds suite à une brouille entre le groupe et la société de production du film), permet-elle au Floyd de confirmer l'inspiration de Meddle et du Dark Side Of The Moon qui allait paraître l'année suivante?

 

Si les albums qui l'entourent sont tous géniaux, on ne peut malheureusement pas en dire autant d'Obscured By Clouds. Lorsque le groupe partit pour la France pour enregistrer cette BO, il ne disposait en tout que de deux semaines pour accoucher d'un album. Le studio était en effet réservé ensuite pour T-Rex qui y enregistrait The Slider. Un travail fait dans la précipitation qui leur avait plutôt bien réussi sur More, mais qui ne leur a pas vraiment réussi quatre ans plus tard pour ce disque. Pour la première fois, sous l'effet de cette précipitation, Roger Waters se trouve en retrait, alors même qu'il était le compositeur le plus chevronné du groupe. Contrairement à tous les albums de Pink Floyd d'Atom Heart Mother à The Final Cut, Waters n'est pas le meneur du groupe sur Obscured By Clouds. Il ne fait que cosigner la plupart des titres, dont trois ne sont absolument pas de lui (Mudmen ; Childhood's End ; Absolutely Curtains), chose assez rare pour être soulignée dans cette période du groupe. Seuls deux titres sont réellement signés de Waters : Free Four et Stay, et seul Free Four est chanté principalement par le bassiste. L'album semble donc moins marqué que les autres par les thèmes habituels du parolier (aliénation, folie, contrôle...) et perd cette dimension oppressante que les autres albums du Floyd peuvent avoir. Obscured By Clouds est ainsi un simple disque de 10 chansons, s'enchainant les unes à la suite des autres sans construction particulière. Pas d'élaboration, pas de début, pas de fin. On est loin des essais étranges d'Atom Heart Mother ou de la construction parfaite de Wish You Were Here. L'album est donc nettement moins ambitieux, et il lui manque clairement quelque chose par rapport aux autres. Comble pour un album de Pink Floyd, il est en plus assez mal produit, le son étant assez diffus (certains parlent de son éthéré qui renforcerait l'ambiance onirique de la galette). Un problème technique en est apparemment à l'origine, mais lorsqu'on sait la maniaquerie des productions du groupe, on ne peut que déplorer qu'un tel soin n'ait pas été apporté à Obscured By Clouds.

Ce retrait de Waters profite directement à un autre membre du groupe, David Gilmour, qui se retrouve à mener la danse. S'il y a à mon sens un point positif à retenir de cet album, c'est bien le jeu du guitariste qui laisse ici ressortir ses influences blues tout au long de l'album. On le sait, Gilmour est un excellent guitariste. Si on cite souvent les solos de Time ou de Comfortably Numb pour évoquer son talent, Obscured By Clouds est néanmoins l'album du Floyd où le guitariste est le plus à l'aise, et joue le plus de solos, tous albums du groupe confondus. Son jeu sur les deux morceaux instrumentaux qui ouvrent le disque (Obscured By Clouds et When You're In) rend ces morceaux assez agréables. Il est aussi le chanteur principal sur quatre des six morceaux chantés sur l'album (Burning Bridges ; The Golds It's In The... ; Wot's... Uh The Deal ; Childhood's End), ce qui contribue à l'ambiance apaisante et très planante du disque. Cette place centrale de Gilmour est d'ailleurs ce qui fait le charme de ce disque, assez atypique dans l'histoire du groupe. Malheureusement, c'est bien le seul point vraiment positif d'Obscured By Clouds pour moi.

 

Car les dix chansons composées, sans être exécrables, n'ont rien de mémorable. A mes yeux Obscured By Clouds est le disque le plus insignifiant de Pink Floyd. Non pas qu'il soit mauvais en fait. Il est assez agréable, mais ne parvient pas à dégager d'ambiance particulière. Agréable, mais très vite oubliable. Aucune chanson ne se retient, aucun concept ne s'en dégage. Même More est nettement mieux doté au niveau de la qualité des chansons (Cirrus Minor ; The Nile Song ; Green Is The Colour ; Cymbaline...). Et finalement lorsque j'ai envie d'écouter Pink Floyd, je n'ai jamais vraiment envie d'écouter Obscured By Clouds. Et lorsque je me force à l'écouter, sans que ça me déplaise, je le trouve assez insignifiant. L'album le plus mineur du groupe? Probablement avec A Momentary Lapse Of Reason. Il faut dire que le groupe nous réservait un coup de génie l'année suivante avec The Dark Side Of The Moon qui allait le propulser directement dans la légende...

10/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.

Partager cet article
Repost0
28 mars 2012 3 28 /03 /mars /2012 16:49

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/08/Iceland_satellite.jpg

 

“We come from the land of the ice and snow/from the midnight sun where the hot springs blow”.
Led Zeppelin – Immigrant Song.

 

Jusqu'à la fin des années 80, c'est à peu près la seule trace qu'avait laissée l'Islande dans l'histoire de la musique. Néanmoins, malgré le peu de groupes parvenus jusqu'à nous, l'Islande, comme la plupart des pays nordiques, est un pays à l'univers musical très riche et varié, surtout lorsqu'on sait qu'il y a moins de 400 000 habitants sur toute l'île. Une musique à l'image de ce pays... Aussi multiple que les paysages de l'île, à la fois glacés et volcaniques, aussi étrange et parfois aussi belle. Mais pour les visiteurs, ces trésors sont bien souvent difficiles à trouver sans guide. C'est donc modestement que je vais vous essayer de vous guider dans cette scène musicale qui me fascine, courants musicaux par courants musicaux.

 

Acte II : La scène électronique islandaise

 

Si le post-rock est peut-être la musique la plus représentative de l'ile grâce à Sigur Rós, la musique électronique est aussi très appréciée par les islandais. On retrouve donc une multitude de groupes électroniques plus ou moins connus en Islande. Si certains ne sont malheureusement pas très célèbres, certains bénéficient cependant d'une renommée internationale importante et figurent parmi les musiciens les plus connus du pays.

 

A tout seigneur, tout honneur, la « voix » de l'Islande comme aime à la surnommer la presse : Björk. C'est de loin l'artiste la plus connue du pays, de par sa carrière très longue (son premier disque éponyme date de 1977, elle avait 11 ans) et son succès international. C'est un de ses premiers groupes (pas électronique du tout, mais tant qu'à parler de toute sa carrière), The Sugarcubes qui a fait entendre pour la première fois la musique islandaise aux oreilles du monde. Ce sont les anglais qui se sont en premier particulièrement pris d'affection pour le single Birthday, issu de Life's Too Good, premier album des Sugarcubes, paru en 1988. Ce disque est aussi considéré comme le meilleur des trois que le groupe a fourni (les deux autres ne parvenant pas vraiment à retrouver l'inspiration du premier). La musique se situe plutôt dans une veine rock alternatif assez joyeux, un peu punk sur les bords (promis on revient à l'électro juste après). Par contre, je vous déconseille vraiment le très étrange KUKL, autre groupe de l'islandaise situé dans une veine expérimentale et cold-wave qui joue une musique très étrange et au final très fatigante.

 

A écouter : Life's Too Good (link)

 

Mais finalement les horizons offerts par les Sugarcubes ont vite été trop restreints pour Björk et ses ambitions artistiques. Le groupe finit donc par se saborder et l'islandaise poursuivit sa route toute seule. Avec un album de jazz tout d'abord, Gling-Glo, disque intéressant au demeurant, loin de tout ce qu'elle a fait et fera par la suite. Mais finalement, son vrai départ en solo commence lorsqu'elle s'installe à Londres au début des années 90, et qu'elle trouve sa voie avec les albums Debut, Post et surtout Homogenic, qui explorent tous les trois une veine trip-hop bien dans son époque (Portishead ; Massive Attack ; Morcheeba ; Tricky). Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si on retrouve Nellee Hooper à la production de son premier album (il a aussi produit Blues Lines de Massive Attack), ou que Björk ira poser sa voix sur le Nearly God de Tricky. De ses trois premiers albums trip-hop, mon préféré est Homogenic (avec sa flopée de tubes), mais les trois sont très bons. Oscillant entre musique électronique et musique plus traditionnelle, les années 2000 sont plus expérimentales (Medulla est composé entièrement de voix par exemple, l'étrange BO Drawing Restraint 9...), mais en général intéressantes (Vespertine ; Volta ; Biophilia).

 

A écouter : Homogenic (link) et Volta (link).

 

http://img.over-blog.com/470x313/1/80/73/55//mum.jpg

Pour les connaisseurs, une fois Björk et Sigur Rós abordés, un nom revient assez souvent pour évoquer le troisième groupe le plus connu du pays, Múm. Très expérimental, le groupe marie avec un certain brio un post-rock un peu inspiré par Sigur Rós avec la musique électronique, notamment le glitch. Jouant un peu avec tous les instruments qui lui tombe sous la main, ce collectif de musiciens livre une musique très soignée et travaillée qui fait elle aussi voyager, et qui allie l'expérimentation avec une rêverie très enfantine... Deux périodes se distinguent clairement dans la carrière du groupe. Les trois premiers albums (Yesterday Was Dramatic – Today Is Ok ; Finally We Are No One ; Summer Make Good) où le groupe est mené par les voix très enfantines des jumelles Valtysdottir et leurs derniers albums (Go Go Smear The Poison Ivy ; Sing Along To Songs You Don't Know) où ce chant qui faisait la marque du groupe disparaît. Les débuts du groupe sont très électroniques et ne me plaisent pas forcément (je déteste Yesterday Was Dramatic – Today Is Ok), mais la musique du groupe est devenue de plus en plus organique au fil des albums et devient à mon goût de plus en plus séduisante, notamment sur le glacial et rêveur Summer Make Good (enregistré dans un phare avec la dernière jumelle avant son départ du groupe), et le très plaisant Go Go Smear The Poison Ivy qui m'a fait découvrir et aimer le groupe. Disques à écouter le soir avant d'aller dormir et à réserver à tous les rêveurs que les expérimentations électroniques ne rebutent pas... Pour l'anecdote, la chanteuse et guitariste de folk Ólöf Arnalds (on en reparlera) fait aussi partie de Múm. De même pour Músikvatur qui fait aussi partie d'Apparat Organ Quartet et certains musiciens qui font aussi partie de FM Belfast, groupes dont on parle à la fin de cet article.

 

A écouter : Summer Make Good (link) et Go Go Smear The Poison Ivy (link).

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/03/Gusgus.gif

Impossible d'évoquer la scène électronique islandaise sans évoquer le collectif GusGus, incontournable dans ce pays. Gigantesque collectif oscillant entre trip-hop et électronique, GusGus a vu défiler une multitude de musiciens depuis ses débuts en 1995 avec l'album éponyme GusGus. Reste néanmoins un noyau dur d'artistes qui continuent à mener le groupe, Stephan Stephenson, Birgir Þórarinsson et Daniel Ágúst Haraldsson et qui lui a permis de continuer à sortir régulièrement des albums très électroniques jusqu'à nos jours. Le dernier (et seul que je connaisse, je n'aime pas vraiment le groupe), s'appelle Arabian Horse et a été très bien accueilli en Islande. De quoi vous inciter à écouter ce collectif malgré tout très intéressant.

 

A écouter : Arabian Horse (link).

 

On retrouve d'ailleurs dans les débuts de GusGus une autre artiste qui a souvent été comparée à Björk : Emiliana Torrini. Lorsqu'on écoute l'album Love In the Time Of Science, on comprend aisément pourquoi. L'album, qui est son premier à connaître une renommée internationale (et est en fait son troisième disque) est paru en 1995 et est très proche du trip-hop que Björk pratiquait à la même époque. Elle a d'ailleurs fait quelques tournées avec Tricky. Pourtant, elle prend depuis quelques années un virage beaucoup plus folk acoustique avec ses deux derniers albums Fisherman's Woman et Me And Armini. Mélangeant folk acoustique et certains moments plus électroniques, Me & Armini est très joli, et probablement supérieur à mon goût à Love In The Time Of Science (je suis assez difficile en matière de trip-hop). Une des artistes les plus connues de l'Islande (on la voit apparaître à la fin de la BO des Deux Tours de Peter Jackson pour chanter le thème de Gollum, et on l'a vu apparaître dans un spot publicitaire pour l'Islande récemment), mais elle le mérite amplement.

 

A écouter : Love In The Time Of Science (link) et Me and Armini (link).

 

http://manicowl.com/wp-content/uploads/2010/12/09.jpg

 

On poursuit avec Apparat Organ Quarter, formation très atypique que j'ai eu la chance de découvrir lorsqu'elle a fait l'ouverture d'une série de concerts donnés pour l'inauguration d'Harpa, la grande salle de concerts de Reykjavik ouverte l'an dernier ([Concert] Soirée d'ouverture Harpa Reykjavik 14/05/2011). Comme son nom l'indique assez justement, le groupe est composé de quatre antiques orgues électroniques, auxquels vient s'ajouter une batterie tenue par Armar Geir Ómarsson, qui est aussi le batteur du groupe de métal HAM. Le chant est vocodé, comme Daft Punk, mais le son créé par cette alliance d'orgue hammond, de moog et de synthétiseurs en tout genre semble plus évoquer Kraftwerk (le chant vocodé aussi) pour le son à la fois très électronique et vintage. J'ai beaucoup de mal à écouter les albums en studio, mais l'énergie et la puissance de leur prestation live m'avait conquis, et ce groupe dispose clairement d'un son très particulier que les amateurs de claviers et d'électronique apprécieront. Seulement deux albums sont disponibles, l'éponyme Apparat Organ Quartet et Pólýfónía.
 

A écouter : Pólýfónía (link).

 

Enfin pour conclure, un groupe qui a fait beaucoup de bruit en Islande récemment, FM Belfast (quel curieux nom!). Le groupe, fondé en 2005 est encore une fois une sorte de collectif, dans lequel défilent des musiciens de Múm, de Borko (dont on parlait ici : Tour d'horizon de la musique islandaise - Acte I : La scène post-rock) et d'autres horizons. Mais contrairement à Múm ou Borko, la musique de FM Belfast est nettement plus festive et pleine d'humour. Ce qui ne veut pas dire pour autant que FM Belfast n'est pas à prendre au sérieux, tant leur électro-pop décalée et festive a su séduire l'Islande et le public de certains festivals européens. Véritable phénomène en Islande, le groupe rompt avec les clichés habituels de la musique islandaise très atmosphérique, pour le plus grand bonheur des détracteurs de Múm ou de Sigur Rós. Pas le mien malheureusement, mais leur premier album How To Make Friends est néanmoins à écouter pour les amateurs d'électro-pop fraiche et joyeuse.

 

A écouter : How To Make Friends (link).

 

Bien sur la liste n'est pas exhaustive, surtout sur cette scène électronique islandaise qui est très vivante et mouvementée. Si vous avez des commentaires à faire ou des groupes à nous faire partager, n'hésitez pas!

 

Moi-même.

 

PS : Pour écouter la musique islandaise, je ne peux que vous recommander l'excellent site Gogoyoko, très fourni en albums (la plupart de ceux dont je parle ici y sont) en streaming et en téléchargement légal.

Partager cet article
Repost0
23 mars 2012 5 23 /03 /mars /2012 13:24

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/1/14/On_the_Beach_-_Neil_Young.jpg

 

Tracks : Walk On ; See The Sky About To Rain ; Revolution Blues ; For The Turnstiles ; Vampire Blues ; On The Beach ; Motion Pictures (For Carrie) ; Ambulance Blues

 

L'homme est seul. Debout face à la mer. Dans sa bouche le gout du miel, de la marijuana et l'arrière gout de la tequila se mélangent à l'air marin. Pieds nus, il sent le sable frais sous ses orteils. La mer reflue. Ouvrant un nouveau champ de possibilités immense. Mais dévoilant aussi peu à peu le morne paysage des marées basses. L'homme y voit un reflet à son propre état d'esprit. Il faut dire qu'en deux ans, tout a changé pour Neil Young. Propulsé au rang de superstar en 1972 par le succès inattendu de Neil Young - Harvest (1972) et ses tournées avec Crosby, Stills and Nash, la roue a rapidement tournée. Danny Withen, guitariste de Crazy Horse n'est plus. Overdose d'héroïne. Bruce Berry, roadie et ami de Neil n'est plus. Overdose d'héroïne. Young lui-même ne dit pas non à la cocaïne et l'alcool. Ses crises d'épilepsie sont toujours aussi fortes. Pour noircir encore le trait, son mariage avec l'actrice Carrie Snodgress est en train de définitivement prendre l'eau, et leur fils Zeke souffre d'un handicap mental. Paysage noir, vent glacial. Sur cette plage, Neil trouve le paysage adéquat pour représenter sa dépression. Cependant, le Loner va un peu mieux. Le terriblement noir et dépressif Neil Young - Tonight's The Night (1975), qui dort dans les cartons de sa maison de disques lui a peut-être permis d'exorciser un peu ses démons. Après la nuit, la lumière grise blafarde du matin vient. C'est dans cet état d'esprit que Neil s'enferme en studio en 1974 pour enregistrer son 5ème album studio (en fait 6ème puisque Tonight's The Night date de 1973 mais ne sera publié qu'en 1975), intitulé On The Beach. De quoi permettre au Loner d'exorciser définitivement ses démons qui le poursuivent depuis Harvest?

 

Walk On ouvre le bal avec une insouciance et une certaine forme d'énergie qu'on n'avait pas entendues chez Young depuis Harvest. Le rythme blues est enjoué, malgré la férocité du texte qui évoque un passé heureux (probablement la fin des sixties), mais qui invite à avancer coute que coute. Quitte à partir de ce très joli et ensoleillé morceau jusqu'à l'engourdissement dépressif de See The Sky About To Rain... C'est en effet ici que commence réellement notre voyage tout au long de cette plage grise et ténébreuse. Le piano pourrait provenir d'After The Gold Rush, mais ses notes se diluent dans le ciel gris, s'éparpillent et laissent une impression étrange... Toute la production du disque, extrêmement bizarre donne ce charme éthéré et engourdi aux chansons. Elles semblent se perdre et se diluer dans ce ciel gris, portées par le vent. En gardant toute leur poésie... Et See The Sky About To Rain nous emmène tristement au milieu des nuages. Ce n'est pas un des titres les plus fulgurants de l'album, mais son charme vénéneux est quand même très plaisant.

 

Revolution Blues vient cependant resserrer le propos. Les sixties et les jours heureux sont finis. Et pour ça, Neil invoque le grand épouvantail de l'Amérique dans ce court récit halluciné aux relents blues. Revolution Blues raconte en effet l'odyssée meurtrière de Charles Manson et de sa Family de dégénérés, que Young a plus ou moins connu (comme beaucoup de rock stars californiennes à la fin des années 60 comme les Beach Boys). « Well, I hear that Laurel Canyon/is full of famous stars/But I hate them worse than lepers/and I'll kill them/in their cars ». Le rêve est fini. Les jours heureux sont loin. Reste Neil, corrosif, noir, magistral dans ce blues épique et surpuissant. Sa voix se fait acide et se perd dans ce blues magistral, violent et épique, dont on regrette finalement qu'il ne soit pas plus long (4min02).

 

Après un sommet d'une telle profondeur, For The Turnstiles et Vampire Blues paraissent forcément inférieures. Ces deux chansons ne sont en effet pas à la hauteur de certains des chefs d'œuvres qu'on peut trouver sur l'album. For The Turnstiles est la chanson qui renvoie peut-être le plus à Tonight's The Night avec son banjo très country et le chant déchiré et déchirant de Neil Young qui sent la tequila à plein nez. Néanmoins si le chant est sur le fil, l'ambiance champêtre de la musique est plutôt reposante, ce qui crée une ambivalence étrange au sein du morceau, qui lui nuit peut-être un peu. Vampire Blues est quant à lui un blues (logique vu le titre) assez réussi, mais finalement assez anodin par rapport au reste des morceaux, notamment ceux de la face B.

 

Car ces deux titres sont en effet relégués au second rang par la magnifique chanson éponyme, On The Beach qui lance la face B. Longue rêverie blues où la basse mène la danse de façon lancinante et où la guitare électrique est à l'honneur (superbe solo vers 2min45), cette chanson est un des plus beaux morceaux de la galette (avec Revolution Blues et Ambulance Blues). Un des plus beaux et émouvants de toute la carrière de Neil Young aussi. On en regrette presque que le Loner n'ait pas plus souvent touché au blues durant sa carrière tant les blues qui émaillent On The Beach sont beaux et singuliers.

 

Motion Pictures (For Carrie) lui permet ensuite dans une ambiance irréelle et vaporeuse d'évoquer la fin de sa relation avec sa femme, Carrie Snodgress. Rien de cynique et amer comme le Idiot Wing de Dylan la même année. Juste du regret, une steel guitare éthérée qui intervient ponctuellement, une guitare acoustique, quelques percussions et un déchirant solo d'harmonica suffisent à rendre ce titre merveilleusement désabusé.

 

On conclut avec le plus beau morceau de l'album, une des (nombreuses) pépites de la carrière du Loner : Ambulance Blues. Cette longue rêverie finale (8min56) conclu magnifiquement le disque, et la « Trilogie du fossé » composée du live Time Fades Away, Tonight's The Night et On The Beach. Après ces trois disques Neil Young ne sera plus jamais vraiment le même... Et Ambulance Blues est un adieu absolument sublime à cette dépression, avec cette lenteur engourdie caractéristique, la mélancolie de la voix de Neil (qui chante d'un ton plus grave que d'habitude), et surtout grâce aux interventions d'un tambourin et du violon qui donnent une ambiance lancinante et onirique. Cette balade hallucinée où Neil règle ses comptes avec les critiques musicaux « So all you critics sit alone/You're no better than me/for what you've shown. » est un pur joyau, lancinant, triste mais incroyablement beau. Une quasi pub pour la défonce et la dépression.

 

Autant dire que la face B d'On The Beach est une des plus ténébreuses et magnifiques qui soient. La magie (noire) qui s'en dégage a été assez rarement égalée. Même par Neil Young lui-même. Même si On The Beach reste moins ténébreux que Tonight's The Night (difficile de faire plus drogué et sombre), l'album est noir. Mais apaisé. Et c'est de là que vient toute sa beauté. L'album capte à merveille ce moment de sortie de déprime où Neil était au sommet de son talent et commençait à voir le bout du tunnel. Revolution Blues, On The Beach et Ambulance Blues (et dans une moindre mesure Walk On) sont des morceaux qui sont parmi les meilleurs de sa discographie. Le reste des morceaux est au minimum très bon. Il a plusieurs fois touché le génie au cours de sa carrière avec ou sans Crazy Horse (After The Gold Rush ; Everybody Knows This Is Nowhere ; Ragged Glory ; Rust Never Sleeps), mais rarement avec une telle tristesse et une telle sincérité.

 

17/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.

Partager cet article
Repost0
19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 23:41

 

Tracks : My Rock' n' Roll Band ; No Connection ; Do You Know? ; Daydream ; Jimi, Jim And John ; Back To Gozo ; Tous Beaux, Tous Bons ; Rock The Doc ; Mais Arrêtez De Cloper ; I Hate ; Long Time Gone ; No Connection (Unplugged)

 

Ne plus savoir à quelle divinité se vouer... C'est un peu le choix cornélien qu'a du faire le jeune Laurent Zerat, vers la fin des années 70. D'un coté, Euterpe, muse de la musique. De l'autre Asclépios, dieu grec de la médecine. Il a fallu en choisir un, au détriment de l'autre. Le jeune homme privilégia la médecine, abandonnant radicalement la musique. Il devint donc médecin. Mais la muse Euterpe ne pouvait pas le laisser s'éloigner ainsi d'elle et fomentât sa revanche... Quitte à attendre quasiment 30 ans. Car la musique est un de ces virus qui ne quittent jamais vraiment le corps des gens qu'elle contamine. Vers l'an 2000 après être devenu un cancérologue reconnu, Laurent Zerat est donc revenu vers cette musique qui lui importe tant et a empoigné à nouveau sa guitare. Il apprend à en jouer et peu à peu remonte sur scène, s'entourant de musiciens pros. Entre 2008 et 2010, il joue pendant plusieurs mois sur la scène du Réservoir à Paris, trouvant peu à peu ses marques par rapport au public. Sur les conseil de Marco Beacco il apprend aussi à chanter et peaufine peu à peu son style et son écriture. Au fil des mois, il finit par composer quelques chansons, qu'il utilise pour garnir son premier album Route 55 qui sort le 24 mars 2012. Ce premier essai permet-il au doc rockeur de prendre une nouvelle voie avec succès?

 

Et la route commence plutôt bien avec deux très bons morceaux, l'autobiographique My Rock' n' Roll Band et No Connection, présent ici dans une version électrique. La version acoustique viendra conclure la route. Ces deux morceaux sont d'excellente facture, présentant bien le style rock teinté de blues assez décontracté du Doc. Le titre d'ouverture, choisi comme premier single de l'album (le clip est visible sur youtube) est notamment extrêmement plaisant grâce à son riff blues/rock extrêmement entrainant et grâce à l'ambiance puissante et décontractée qu'il dégage. Clairement, Laurent Zerat s'est d'emblée donné les moyens de son ambition en créant un son rock simple, mais direct et efficace. Le coté autobiographique des paroles et du clip ajoutent au charme du titre, qui est vraiment très sympathique. No Connection est lui aussi excellent, grâce à son excellente rythmique, au chant un peu plus aigu et grâce à de jolis solos de guitares qui poursuivent avec bonheur cette ambiance léchée et décontractée. Un vrai plaisir là encore.

Néanmoins les choses se gâtent à mon goût avec le funk rock Do You Know?, dont je trouve le chant et les paroles inadaptés au style abordé. On sent le chanteur et le groupe moins à l'aise ici (malgré une bonne performance du bassiste), et à mon goût le titre ne fonctionne pas vraiment. Le morceau manque aussi un peu de punch pour moi (problème de production?). Pour une raison que je ne m'explique pas vraiment, je n'aime pas non plus Daydream. Je crois que c'est à cause de l'ambiance éthérée du titre et du refrain, qui ne me plait pas du tout à cause de l'écho mis dans la voix. L'idée d'essayer quelque chose d'autre est louable, mais la simplicité et l'efficacité des deux premiers titres collent mieux au groupe et à Laurent Zerat je trouve, même si c'est un avis purement personnel je suppose.

 

Heureusement, on renoue avec une ambiance plus folk-rock avec Jimi, Jim And John, porté par une très agréable guitare acoustique qui emmène énergiquement toute la chanson. Comme son titre l'indique, celle-ci est dédiée aux héros de Laurent, Hendrix, Morrison et Lennon, dont le Give Peace A Chance est cité dans les paroles. Un petit plaisir nostalgique bien travaillé et léché, avec une refrain assez irrésistible et qui me relance avec plaisir sur cette Route 55. Back To Gozo avec ses guitares électriques syncopées et sa rythmique tendant vers le funk-rock est lui aussi plaisant, plus à mon goût que Do You Know?. Ambiance décontractée et léchée, même si le titre manque peut-être un poil de puissance (reproche que j'adresserai probablement à tout l'album, faute peut-être à une production trop propre et sage). Néanmoins le morceau est agréable.
 

Par contre, il y a deux titres en français sur cet album : Tous Beaux, Tous Bons et Mais Arrêtez de Cloper. Le premier est probablement celui que j'aime le moins de tout l'album, tant je trouve que le français ne colle pas du tout à cette espèce de relecture cynique du God de Lennon (la pirouette finale « je ne crois qu'en moi et en ma guitare »,me rappelle le final du morceau de Lennon). Marier le français et le rock est une chose compliquée et je ne trouve pas ici l'alchimie qui fait la magie de Téléphone ou de Noir Désir. Idem pour le funk rock Mais Arrêtez de Cloper, chanson qui m'évoque la sympathie par son thème (je suis un peu dans le même cas que le narrateur), mais qui ne fonctionne pas vraiment avec des paroles en français à mon goût. Le Doc est bien meilleur quand il chante en anglais, car ces deux titres sont vraiment les moins bons de l'album pour moi avec Daydream.

 

Heureusement pour moi, la fin de l'album sera chantée entièrement en anglais et ne contient que de bons morceaux, à commencer par I Hate, à l'ambiance très blackxploitation assez irrésistible. Cette fois le registre funk-rock est exploité à fond et le groove dégagé par cette composition est excellent. Probablement un des meilleurs morceaux de cette Route 55 décidément pleine d'univers différents. Et c'est d'ailleurs vers Laurel Canyon que nous mène la prochaine chanson, Long Time Gone, une reprise signée David Crosby provenant de l'album Crosby, Stills and Nash. Immanquablement, le morceau est inférieur à l'original, notamment car il n'est pas possible de recréer ces harmonies de voix si particulières qui caractérisent le super-groupe Californien. Mais il faut reconnaître que l'ambiance léchée et décontractée qui fait le charme du morceau dans sa version originale est toujours présente ici, même si le coté hippie désabusé est difficile à retranscrire en 2012... Laurent Zerat s'en sort bien, et encore une fois se fait plaisir et nous fait plaisir avec cette reprise de ses idoles. Et c'est une version absolument délicieuse et délicate de No Connection en acoustique qui vient conclure avec douceur et grâce notre voyage sur cette route 55.

 

Une route parfois parsemée d'embuches à mon goût (Daydream; Tous Beaux, Tous Bons ; Mais Arrêtez de Cloper et dans une moindre mesure Do You Know?) qui font que je n'apprécie pas l'intégralité du voyage. Mais pour le reste, les chansons sont agréables et détendues. Laurent Zerat avec cet album et ce groupe se fait plaisir et l'ambiance s'en ressent. Pour les nostalgiques de Woodstock comme pour les simples amateurs de rock, il y a de très agréables moments à passer en compagnie de ce docteur rockeur à l'univers si attachant. De quoi vous inciter à faire un bout de route avec lui.

 

13/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.

 

Partager cet article
Repost0
16 mars 2012 5 16 /03 /mars /2012 13:47

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/9/95/Unidacoyote.jpg

 

Tracks : Thorn ; Black Woman ; Plastic ; Human Tornado ; If Only Two ; Nervous ; Dwaf It ; You Wish

 

La poussière retombe, se mélangeant avec le sable ocre du désert du désert des Mojaves. État de Californie. Au loin, nous parviennent encore les échos d'instruments portés par le vent. Le cirque a quitté la ville, laissant Sky Valley être balayée par un vent de poussière. Josh Homme est parti de son coté, sabordant Kyuss, pour aller s'enfermer dans des sessions musicales interminables dans le désert. C'est là, au milieu des volutes d'herbes et de LSD que défileront sous le soleil de plomb une pléiade de musiciens qui donneront peu à peu forme aux Queens Of The Stone Age. Mais si Josh Homme trouve un nouveau souffle dans ses desert sessions qui deviendront légendaires (et seront publiées dans plusieurs albums), les autres membres de son ancien groupe Kyuss ne bénéficient pas de la même notoriété. Brant Björk a quitté le navire depuis longtemps. Idem pour Nick Olivieri, même s'il rejoindra l'aventure Queens Of The Stone Age dès le deuxième album du groupe. Mais jusqu'au bout, John Garcia est resté fidèle à Kyuss. Autant que la guitare de Josh Homme ou la frappe très puissante de Brant Björk, la voix de Garcia est un élément central du groupe pionnier du stoner rock. Et le cirque quittât la ville. Désormais seul, Garcia se tourne vers deux autres compagnons de route, réfugiés au fond du désert eux aussi. Cela fait en effet longtemps qu'Arthur Seay (guitare) et Miguel Cancino (batterie) jouent ensemble. Mais il fallu l'arrivé de John Garcia et le remplacement du bassiste Eddie Plascencia par Dave Dinsmore pour qu'Unida naisse. Et pour que ce nouveau groupe prenne la piste du désert à la suite du chemin tracé par Kyuss. Le premier effort du combo est un split cd avec les suédois de Dozer, sobrement intitulé Unida/Dozer, paru en avril 1999. C'est le 16 novembre de la même année que le groupe, épaulé par le producteur Steve Feldman publie son véritable premier album, sur le label bien connu des fans de stoner, Man's Ruin Records. Nommé Coping With The Urban Coyote, l'album permet-t-il à John Garcia de prendre un nouveau départ après la fin de Kyss?

 

Si l'ombre du pachyderme psychotique Kyuss plane forcément tout au long du disque, le titre d'introduction Thorn balaie assez vite les comparaisons. Certes Unida joue du stoner, aussi lourd et puissant que Kyuss ou d'autres groupes du genre. Certes la voix est la même toujours aussi puissante et belle. Garcia est égal à lui-même, c'est à dire impérial. Pourtant, ce riff cyclique de guitare est beaucoup plus simple et immédiat que ce que pouvait faire Kyuss. Fuzz à fond, volume au maximum. Le message ne semble se limiter qu'à ça, contrairement aux essais expérimentaux de Kyuss ou aux velléités pop de Queens Of The Stone Age. Et pourtant ce titre d'introduction est d'une efficacité redoutable, porté par les guitares puissantes, une assise rythmique carrée et profonde et la gueulante superbe de Garcia. Et ce n'est pas Black Woman, déboulant pied au plancher qui viendra calmer le jeu. Parfois l'affaire semble ne se limiter qu'à un morceau joué avec tous les indicateurs dans le rouge. Black Woman semble être de ceux là, et l'osmose du groupe, sa cohérence et sa puissance nous frappent comme un train en pleine course. La basse de Dinsmore lancée dans un galop fou (tel un coyote fondant sur sa proie?), permet à Arthur Seay de nous livrer un solo de guitare aussi jouissif qu'impressionnant, surtout lorsqu'il s'éteint pour relancer le groupe dans avec ce son si gras propre au stoner.

 

Plastic permet ensuite de mettre à l'honneur la subtilité du chant de John Garcia, qui fait réellement des merveilles ici. On reste dans un rock heavy couillu et « simple », mais particulièrement jouissif. Et lorsqu'on a un tel chanteur qui pose sa voix sur une telle section rythmique (notamment le batteur), le caractère répétitif du morceau en devient vite son plus grand avantage... Puissant et hypnotique. Et puisqu'il n'y a aucun mauvais morceau sur cette galette, on poursuit avec Human Tornado, qui m'a fait découvrir l'album (merci à l'ami du Quart d'heure folk d'Alcazar). Ce morceau, carré, compact et puissant est on ne peut plus binaire. Ça en est d'autant plus jouissif. Le solo est d'ailleurs très percutant lui aussi.

 

Finalement, il faut attendre l'équivalent de la face B du disque avec If Only Two pour voir le groupe s'essayer un peu à d'autres choses. Ce titre est en effet un des plus atypiques du disque avec son introduction à la basse (rejointe peu à peu par la batterie puis la guitare), qui s'étend sur environ une minute. C'est aussi le morceau sur lequel Garcia nous offre sa meilleure prestation du disque avec une voix hurlée et éraillée absolument magistrale de puissance et d'émotion. La rage qui imprègne tout le disque trouve ici son expression peut-être la plus impressionnante et la plus passionnante. De quoi enchainer avec bonheur sur le beaucoup plus lourd et traditionnel Nervous à la section rythmique de pachyderme et au riff lourd, gras et écrasant.

 

Dwarf It, comme Black Woman au début de l'album rappelle les relents punk qui contribuent à faire naitre le stoner. Pied au plancher. Volume à fond. La puissance et l'énergie qui s'en dégage est incomparable, et ce court titre (2min33) est percutant. Le coyote ne connait pas le repos. Pourtant le voyage arrive à sa fin... Et c'est bien You Wish, le titre le plus long et le plus étrange de l'album qui achève notre traversée du désert. S'il y a un morceau où on retrouve un peu l'ambiance enfumée et psychédélique de Kyuss (et de beaucoup de groupes de stoner), c'est bien ce You Wish étrange, psychotique, au groove ténébreux et à la tension latente. Il n'y a aucun mauvais morceau sur Coping With The Urban Coyote. Mais You Wish par son ambiance étrange, planante et ténébreuse (cette introduction à la basse) est peut-être un des titres les plus indispensables du disque. A l'exception de tous les autres.

Avec ce premier album complet, Unida frappe en effet très fort. Avec une aisance et une décontraction impressionnante, ce combo accouche ni plus ni moins que d'une référence du stoner. Ni trop expérimental, ni trop psychédélique, ni trop pop. Le groupe se contente de jouer fort et puissamment des titres heavy plus percutants les uns que les autres. Ce Coping With The Urban Coyote est simple, peut-être sans prétentions. Il n'a pas forcément besoin d'herbe pour l'apprécier pleinement (contrairement à beaucoup d'albums de stoner). Probablement moins passionnant que les effort de Kyuss. Mais il est quasiment parfait dans son genre et dépasse très aisément le premier album de Queens Of The Stone Age. Il concurrence d'ailleurs très sérieusement Rated R, sorti la même année. Un disque à écouter fort, en toute décontraction. Mais toujours sans modération.

 

16/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.

 

Partager cet article
Repost0
13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 10:17

http://www.spirit-of-rock.com/les%20goupes/C/Calvin%20Russell/Calvin%20Russell/Calvin%20Russell.jpg

 

Tracks : Let The Music Play ; Nothin' Can Save Me ; I Want To Change The World ; Desperation ; Lovin' You ; Mr Mudd and Mr Gold ; My Love Is So ; Time Flies ; Cut The Silver Strings ; Drive By

 

Parmi tous les mythes de l'Amérique, la route et sa symbolique occupe une place particulière. Prendre la route... Beaucoup de personnages de l'Amérique ont été marqués par les routes du pays, de Kerouac au croisement (crossroads) de Robert Johnson en passant par les milliers d'anonymes qui ont pris un jour les routes de l'Amérique, pour le simple plaisir de voir le pays. La route comme métaphore de la vie... Calvin Russell a beaucoup roulé, bourlingué. Parti d'Austin pour San Francisco à 15 ans, il a fini par revenir sur ses terres natales. Enchainant sales boulots, séjours en prison, drogues et arpentant les routes à travers le pays. C'est à plus de 40 ans, dans un bar d'Austin, alors même que tout semblait perdu pour lui qu'il a été découvert par le français Patrick Mathé, patron du label New Rose. De quoi offrir une nouvelle chance à notre vagabond... En quelques albums, Calvin Russell a en effet pu entreprendre une deuxième vie, parcourir de nouveaux horizons. Et du départ à Austin avec Crack In Time, il nous fera passer par un crossroads mythique (Calvin Russell - Sounds From The Fourth World (1991)), évoquera l'image d'un soldat (Calvin Russell - Soldier (1992)) et nous fera voyager dans les racines indiennes du pays (Dream of The Dog). Le chemin parcouru par Calvin en 1996 est donc imposant et finit par l'emmener jusqu'à Memphis, une de ces villes mythiques de l'histoire de la musique. A quelques pas des studios Sun, là où Elvis et Johnny Cash ont enregistrés leurs premiers succès, Calvin va enregistrer son 5ème album studio, successeur de Dream Of The Dog. Il choisit de l'appeler tout simplement Calvin Russell. De quoi poursuivre avec brio sur cette nouvelle route prise par le bluesman depuis le début des années 90?

 

A Memphis, Calvin retrouve Jim Dickinson, le producteur de Soldier et s'entoure de nouveaux musiciens. On retrouve ainsi Chuck Prophet à la guitare, David Hood à la basse et Roger Hawkins à la batterie, auxquels s'ajoutent un orgue et des chœurs féminins. Néanmoins dès l'entame avec Let The Music Play, le charme a du mal à agir. L'ajout des chœurs sur le refrain (idée qu'on retrouve plusieurs fois sur l'album comme sur le final Drive By par exemple) essaye de dynamiser l'ensemble, mais une impression de mollesse persiste... L'ensemble sonne de manière honnête et carrée, mais manque de cette fameuse étincelle qui rendait Soldier et Sounds From The Fourth World si magiques. L'impression se poursuit avec Nothin' Can Save Me, malgré un joli solo de guitare (ce qui est presque le minimum qu'on puisse exiger sur un disque de Calvin Russell). Et cette impression ne lâchera pas vraiment l'auditeur au fil de l'album...

 

Il y a parfois de bonnes surprises comme ce chant assez habité de Calvin sur I Want To Change The World (peut-être une des chansons les plus inspirées du début de l'album, bien que ce ne soit pas un classique comme l'homme a pu en écrire) ou la bonne reprise de Van Zandt, Lovin' You, à la guitare acoustique. L'émotion est présente lors de ce cours intermède, mais à nouveau, on ne peut s'empêcher de se dire que le texan a fait mieux que ça par le passé... L'autre ballade la plus marquante de l'album est probablement l'attendrissante My Love Is So, aux arpèges de guitares très agréables. Finalement une des meilleures surprises de l'album (et un, voire le meilleur morceau de la galette) est Mr Mudd and Mr Gold avec de bonnes parties de guitare et un orgue qui apporte un soutien agréable à l'ensemble. Néanmoins petit défaut qu'on retrouve tout au long de l'album, la voix de Calvin semble atténuée et mal mixée, alors même que le producteur est le même que sur Soldier, qui n'avait aucun problème de ce coté là. Étrange.

 

Finalement, la route continue pour Calvin Russell avec ce cinquième album éponyme. Le voyage est honnête et agréable, respire le travail bien fait. Mais il manque malheureusement quelque chose à ce disque éponyme pour le rendre aussi attachant que les trois premiers opus de l'homme. Une impression qui se confirmera d'ailleurs dans la suite de la discographie du texan... Reste néanmoins une musique agréable et honnête, sans grande prétention, mais qui nous fait néanmoins passer un agréable moment. De quoi faire sereinement un bout de route...

 

13/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Rock'N'Blog
  • : Blog de chroniques Pop-rock, albums et concerts. Le blog a été tenu à plusieurs mains entre 2008 et 2014, puis repris en 2019 après 5 ans d'absence. Les chroniques seront à partir de 2019 hébergées ici et sur le site de la boite de nuit Pop-Rock Les 3 Orfèvres, située à Tours (37) dont je suis désormais le DJ. Si vous voulez suivre le blog sur Facebook pour vous tenir au courant des dernières nouveautés : http://www.facebook.com/home.php?#!/pages/Rock-n-blog/203862439693573 Et pour la boite de nuit Les 3 Orfèvres : https://www.facebook.com/les3orfevresdiscotheque/?epa=SEARCH_BOX Bonne visite à toutes et à tous ! Moi-même.
  • Contact

Recherche