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13 novembre 2011 7 13 /11 /novembre /2011 19:57

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/6/66/SallyCD.jpg

 

Tracks : Ride Sally Ride ; Animal Language ; Baby Face ; N.Y. Stars ; Kill Your Sons ; Ennui ; Sally Can't Dance ; Billy

 

Meurtri. Haineux. Drogué. Autant de qualificatifs qu'on pourrait appliquer à Lou Reed après l'échec cuisant de Berlin. Après la gloire de Lou Reed - Transformer (1972) , l'ex leader du Velvet Underground avait mis toutes ses tripes et toute son inspiration dans ce film pour les oreilles qu'était Berlin. Sans effet. Le public l'a boudé. Lui préférant le glam-rock de Transformer ou l'extrémisme expérimental du Velvet. Il a fallu que le New-yorkais mette sur pied une des tournées les plus destroy et les plus impressionnantes de son époque (immortalisée par les albums Rock N'Roll Animal et Lou Reed Live) pour défendre sur scène Berlin et le faire grimper finalement dans les charte. Mais cette bataille n'a pas été sans conséquence sur Lou. Lui qui est si friand d'ironie vient d'en vivre une belle. Il vient de créer ce que la critique reconnaitra ultérieurement comme son chef d'œuvre, mais le disque a été un échec commercial. Pourquoi ne pas tenter l'inverse alors? Pourquoi ne pas tenter de faire un album basique, conçu comme une simple succession de chansons et voir comment le public va l'accueillir? Le corps plein d'amphétamines et d'héroïne, l'esprit occupé par cette (juste) colère, Lou entre donc en studio en avril 74 pour enregistrer son 4ème album solo. Le successeur de Berlin. Intitulé Sally Can't Dance, celui-ci sort en Aout 1974 sous une pochette... Disons discutable. Atroce en vérité. Ce qui vu l'état mental de Lou Reed à ce moment, est plutôt logique. Mais musicalement, que vaut ce Sally Can't Dance?

 

Pour la plupart des gens, Sally Can't Dance est le premier loupé de la carrière solo. Hormis  Lou Reed - Lou Reed (1972) (que j'affectionne tout de même), Lou Reed a en effet un parcours sans faute jusqu'en 1974. Pour beaucoup, ce Sally Can't Dance est son premier mauvais album solo. Lou lui-même reconnait s'être peu investi dans l'album, par cette phrase restée célèbre : “It seems like the less I'm involved with a record, the bigger a hit it becomes. If I weren't on the record at all next time around, it might go to Number One.”Moins Lou s'implique dans un album, plus haut il est dans les charts. Car c'est un fait établi, Sally Can't Dance fut son plus gros succès dans le Billboard américain, se glissant jusque dans le top 10. Mais à contrario, un fan de Lou Reed vous dira que comme le new-yorkais lui-même le reconnait, l'album ne valait même pas la peine qu'il s'y investisse. Ce qui est vrai en partie.

 

8 chansons, 33 minutes. On ne peut pas dire que le Lou se soit foulé sur la quantité. Minimum syndical pour ce Sally Can't Dance. Surtout qu'effectivement, la prise de risque est nulle : un album pleins de chœurs féminins (c'est souvent le cas chez Reed) et de cuivres. Ce qu'on entend parfaitement sur le titre d'ouverture Ride Sally Ride. Un titre qui donne déjà le ton de l'album à mes yeux. Pas mauvais (la voix de Lou Reed est inégalable à l'époque), mais pas franchement bon non plus. Assez vite oubliable en fait. Et les cuivres et les chœurs n'apportent rien ou peu de chose. Idem avec Sally Can't Dance, l'avant dernier morceau de l'album. La piste est correcte, mais l'ajout de cuivres et de voix féminins semblent masquer la banalité du morceau. Et lorsque déboule Animal Language avec un Lou essayant d'imiter des bruits d'animaux et nous offrant un des pires refrains de sa carrière, on se dit qu'effectivement, l'album s'annonce mal. Voire très mal, pour les plus pessimistes d'entre nous.

 

L'espoir renait avec le calme Baby Face, un titre qui n'est pas franchement à s'en relever la nuit, mais qui bénéficie d'une belle partie de guitare de Danny Weis, toute en finesse. On dirait presque un blues. Ennui est un peu dans le même genre, même si on peut lui reprocher de trainer en longueur. Mais c'est réellement N.Y. Stars dans laquelle Lou s'en prend à tous les groupes suiveurs du Velvet qui ont essayés de l'impressionner qui s'impose comme la première bonne chanson du disque. Lou Reed s'y fait moqueur et méchant sur un riff de guitare quasi hard-rock. Il y est donc à son meilleur. Et sa voix devient encore plus glaciale et méprisante sur Kill Your Sons, assurément le chef d'œuvre de l'album. Un chef d'œuvre électrique... Comme ces séances d'électrochocs que Lewis Alan Reed a dû subir dans sa jeunesse pour le “guérir” de son homosexualité. Glaciale et méprisante, pleine d'une violence latente (la guitare), la chanson évoque cette expérience fondatrice d'une partie de la psyché de Lou Reed. Le poète new-yorkais n'est jamais autant à son meilleur que quand il évoque des sujets aussi malsains...

 

Mais la chanson finale, Billy me fait mentir. Car si Lou est à son meilleur lorsqu'il est plein de rage comme sur Kill Your Sons, il sait aussi être émouvant lorsqu'il évoque des choses simples. Des choses simples comme l'amitié. Reed y évoque ici un ami d'enfance, Billy, avec qui il a grandi “We grew up together ever since we were nine/We went to school, he was my best friend”, qui est devenu docteur, mais a du partir à la guerre (du Vietnam je suppose). Et son retour de la guerre : “When he came back, he wasn't quite the same/His nerves were shot, but not me”. Un texte émouvant, triste, mais pas malsain comme peut l'être le répertoire de l'ex-Velvet. Et lorsqu'il se fait sobre ici en s'accompagnant d'une simple guitare acoustique et d'un saxophone (avec Doug Yule du Velvet à la basse), il atteint des sommets. Moins belle que Kill Your Sons, mais une bonne chanson quand même.

Une fois le bilan fait, difficile donc de classer Sally Can't Dance comme un grand cru de la carrière solo de Lou Reed. Seuls deux titres sont vraiment très bons : le glacial Kill Your Sons et le touchant Billy. Le reste oscille entre le bon (N.Y. Stars), le plutôt sympa (Baby Face ; Ennui) et le vraiment moyen (Ride Sally Ride ; Sally Can't Dance). Au final seul Animal Language est vraiment une mauvaise chanson. On est loin du naufrage donc. Mais on est aussi loin de la réussite, puisque deux “vrais” bons titres, c'est un peu juste. Surtout venant de Lou Reed. Un Lou(p) qui finalement mettra sa menace à exécution... Il ne chante, ni ne joue sur l'album studio qui suit Sally Can't Dance. Il fallait vraiment qu'il soit au fond du gouffre pour enchainer un album aussi dispensable que Sally Can't Dance avec Lou Reed - Metal Machine Music (1975)

 

12/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.

 

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