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7 juin 2012 4 07 /06 /juin /2012 01:25

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Setlist : Party, Party, Party ; Damiens ; Derrière ; Aux Trains ; L'amour Propre ; Décembre ; You Made Me Realize ; Le roi, la Vierge, le Doigt ; Sarah ; Derzelait

 

En marge du festival Aucard de Tours qui a débuté mardi 5 juin, Radio Béton organise en ce moment à Tours des concerts de rue, près de certains bars. Hier, mercredi 6 juin, anniversaire du débarquement de Normandie (coïncidence amusante) c'était le Général de Gaulle qui descendait donc sur le pavé des rues entourant le McCool's, pub irlandais que tous les tourangeaux adeptes de Guinness connaissent. Je dois dire que même si j'aime particulièrement l'idée de voir le Général descendre dans la rue à la rencontre du peuple tourangeau, l'horaire était quant à lui assez surprenant. 12H30. Heure de l'apéro. Ou du café matinal, au choix. Votre humble serviteur se sera contenté du noir breuvage, et taira le nom de ceux qui commençaient de fort bonne heure à déguster des breuvages alcoolisés. Mais peu importe après tout, puisque le Général de Gaulle venait porter son message au plus près d'un public assez nombreux, massé dans la rue, les kebabs voisins et la terrasse du McCool's, sous l'œil des caméras de France 3. Il faut dire que Général de Gaulle est un des groupes les plus atypiques de Tours, mélant lourdes guitares stoner rock, rythmiques lancinantes, violon et textes en français. La première fois que j'ai rencontré Achille, bassiste et chanteur du groupe, il m'avait confié chercher un son « mélangeant Arcade Fire et Queens Of The Stone Age avec des textes en français ». Un pari qui a donné de très bonnes chansons sur leur premier EP, que j'avais chroniqué il y a quelques mois : Général de Gaulle - Le général est nyctalope (2011). Restait à voir ce que le Général de Gaulle avait à nous dire sur cette scène atypique du vieux Tours.

 

Et le moins qu'on puisse dire, c'est que le Général version été 2012 n'a plus exactement le même son et les mêmes chansons dans son répertoire que lorsqu'il a enregistré son premier EP, Le général est nyctalope en 2011. Le répertoire de la première partie du set est totalement nouveau et exclusif. Pourtant la touche du groupe est immédiatement reconnaissable et palpable. Les rythmiques lancinantes, le violon et la voix d'Achille nous emmènent en terrain connu... Bien que le chant a un peu changé, passant dans un registre un peu plus aigu (perdant ce coté désabusé à Lou Reed que j'aime particulièrement), qui avait du mal à se faire comprendre dans le mix de plein air. Ce genre de chant est probablement dur à sonoriser, surtout en pleine rue, on n'en tiendra donc rigueur à personne, même si les textes constituent clairement un des points forts du groupe.

 

Néanmoins, si le concert gagne peu en peu en puissance et en efficacité au fil des chansons, on remarque surtout que quelque chose a changé chez Général de Gaulle. Le rôle de la guitare est accentué et les rythmiques très lourdes sont de plus en plus présentes dans la musique du groupe. Le caractère cyclique de la guitare archi saturée, intervenant par salves (comme Kyuss adorait le faire sur un morceau comme Supa Scoopa and Mighty Scoop par exemple) et par explosions est particulièrement jouissif. Explosions... Le terme est lâché. Car finalement, les moments de calme, voire de tension (à la basse par exemple) permettent de créer un climat lancinant et faussement doux, propice à tous les déchainements guitaristiques. Le groupe parvient avec brio à faire cohabiter le violon et la guitare électrique, mélange un peu étonnant de prime abord, mais qui lorsqu'il marche est dévastateur. Lorsque le quatuor enchaine sans pause Derrière et Aux trains, les deux morceaux fusionnent avec harmonie pour donner une longue transe de 7/8 minutes (peut-être plus) dont les enchainements d'ambiances, le violon, le jeu du chant entre Achille et Pascaline, la violoniste, et les déchainements de guitares m'évoquaient Godspeed You ! Black Emperor. Entre noirceur et beauté... C'est dire tout le bien que j'en ai pensé.

 

Le groupe s'est d'ailleurs fait particulièrement plaisir vers le milieu du set en enchainant Décembre, chanson extrêmement lancinante et douce issue de leur premier EP (la chanson est sur youtube), avec You Made Me Realize, une reprise de My Bloody Valentine où le groupe a joué a fond, toute distorsion en avant. De quoi permettre une petite provocation d'Achille « c'est pour la prog du Temps Machine (NDLR : une nouvelle salle de spectacle à Tours), il y avait plein de notes ». Et de quoi finalement résumer la démarche du groupe, entre morceaux tristes et lancinants, et furies rock. Le concert se conclura d'ailleurs par un Sarah très dansant, et par un excellent Derzelait en rappel, avec sa partie de basse slapée de toute beauté et ses riffs de guitares très lourds et jouissifs dignes des plus grandes heures du stoner. Je regrette juste l'absence d'Eiffel et de Nous nous sentions anarchistes (qui n'entre peut-être plus trop dans le registre du groupe malheureusement), durant le set.

 

Reste maintenant à voir si le Général de Gaulle parviendra à trouver un son et une direction aussi satisfaisante en studio qu'en live, pour voir si leurs recherches sonores aboutiront et si les textes resteront toujours aussi pointus. Mais une chose est néanmoins sure après ce concert. Même si ce groupe n'est pas celui dont on entend le plus parler actuellement à Tours et qu'il cherche toujours à évoluer, il faudra compter sur eux à l'avenir.

Moi-même.

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4 décembre 2011 7 04 /12 /décembre /2011 11:36

http://ecx.images-amazon.com/images/I/41djC-%2BbnOL._SL500_AA300_.jpg

 

Tracks : L'homme à tête de chou ; Chez Max coiffeur pour hommes ; Marilou Reggae ; Transit à Marilou ; Transit Forward ; Aéroplanes ; Premiers Symptômes ; Ma Lou Marilou ; Variations sur Marilou ; Meurtre à l'extincteur ; Marilou sous la neige ; Lunatic Asylum

 

Un même gout pour les belles femmes, les cigarettes et l'alcool. Des passions qui les tueront, l'un et l'autre. Depuis que le premier avait disparu depuis 1991, on avait tendance à dire que le second était son successeur. Serge Gainsbourg et Alain Bashung. Les comparaisons entre ces deux là sont tentantes. Mais le lien le plus évident, c'est ce gout pour la langue française, une langue qu'ils ont tous les deux torturée et magnifiée tout au long de leur longue carrière. Alors que Gainsbourg s'éteignait en 1991, Bashung entamait une série d'albums qui allaient être autant de chef d'œuvres du rock français avec Alain Bashung - Osez Joséphine (1991) . Il fallait bien que ces deux là se rencontrent. C'était déjà le cas en 1982 pour Play Blessures, au début de la carrière d'Alain. Mais un des derniers projets de la vie de Bashung, quelques semaines avant son décès, a été de revenir vers Gainsbourg. Alors que le cancer était en passe de gagner le combat, Alain enregistrât sa voix à capella sur les textes de Serge Gainsbourg - L'homme à tête de chou (1976) . Un ultime hommage d'un maitre de la musique française envers un autre, destiné à devenir un spectacle de danse et un disque qui est sorti cette année, deux ans après la mort de Bashung, et vingt après celle de Gainsbourg. De quoi voir si l'histoire de ce type moitié mec, moitié chou, amoureux de la diabolique Marilou appartient toujours au présent?

 

L'histoire et les chansons sont toujours les mêmes que sur l'album de Gainsbourg. Le disque raconte l'histoire d'un quadragénaire à tête de chou, qui rentrant dans un salon de coiffure, tombe amoureux d'une jeune shampouineuse, Marilou (Chez Max coiffeur pour hommes). Il invite cette dernière à sortir, et une relation nait entre eux (Marilou Reggae, Transit à Marilou). Mais très vite, l'infidélité de Marilou (Transit Forward ) rend le narrateur malade de jalousie, et la violence et la folie commencent à s'immiscer dans la relation (Premiers Symptômes ; Ma Lou Marilou), malgré leur évidente complicité sexuelle (Variations sur Marilou). Une histoire passionnelle qui finit mal... A grand coups d'extincteur, le narrateur tue Marilou (Meurtre à l'extincteur ; Marilou sous la neige). Et il sombre dans la folie (Lunatic Asylum)...

 

Alors qu'est-ce qui peut bien justifier de faire revivre ainsi L'homme à tête de chou? Plusieurs choses en fait. Déjà, la plus évidente, le plaisir d'entendre à nouveau la voix d'Alain Bashung. Ce dernier apporte une identité vocale totalement différente de celle de Gainsbourg à cet homme à tête de chou. La voix est plus grave, plus profonde et se distancie un peu du chant parlé de Serge à la fin des années 70. L'histoire du disque est d'ailleurs probablement plus facile à suivre avec le chant parlé de Gainsbourg. Les deux choix sont biens, néanmoins. Je n'arrive pas forcément lequel de ces deux registres vocaux est le mieux adapté à l'album. Il n'y en a probablement aucun. Mais l'interprétation de Bashung (qui est un excellent interprète, cf Bleu Pétrole) apporte un souffle unique et nouveau au disque. Petit reproche néanmoins, il a mieux chanté par le passé, rien que sur Bleu Pétrole. On sent bien qu'Alain avait enregistré ces pistes de chant à capella avec l'intention d'y revenir, car il n'y atteint pas toujours le niveau d'excellence vocale auquel il nous avait habitué par le passé. Le cancer ne lui a pas laissé le temps de revenir finir le travail. Mais rien que pour le plaisir d'entendre à nouveau cette voix, L'homme à tête de chou est déjà un cadeau inestimable...

 

De plus, les musiques, enregistrées après le décès d'Alain, valent elles-aussi largement le détour. L'album originel date en effet de 1978, et s'il a plutôt bien vieilli, il est forcément un peu daté. Ici les musiciens, comme sur l'original, mélangent beaucoup de styles musicaux pour donner une trame sonore à ce disque. Rock, reggae, orchestrations de cordes, rythmes électro ou cuivres de jazz se mêlent ici dans une trame sonore moderne, forcément plus percutante que la version originale (on en reparlera dans 30 ans), sans pour autant l'enterrer. J'aime particulièrement l'ajout du trompettiste qui transfigure totalement l'ambiance de folie latente qu'il y a sur Premiers Symptômes et Lunatic Asylum. Ces relectures sont absolument magistrales, notamment Lunatic Asylum qui m'évoque Miles Davis, malgré une conclusion trop brutale (comme c'est le cas à plusieurs reprises sur l'album). Pour le reste, et bien c'est excellent, comme l'était l'original, et l'orchestration rallonge parfois certains morceaux de très belle manière, comme c'est le cas pour Meurtre à l'extincteur qui devient un pur régal malsain, ou le joyau de l'album, la sensuelle et sexuelle Variations sur Marilou. C'est d'ailleurs ce morceau qui a logiquement était choisi pour promouvoir l'album, via un clip animé assez équivoque (la chanson décrit Marilou en train de se masturber) mais joli. De quoi replonger à nouveau avec délice dans le monde de Lewis Caroll derrière ce lapin blanc toujours aussi magistral qu'est Bashung...

Deux facettes d'une même pièce. Forcément on préfèrera l'original, qui impose forcément plus le respect. Mais cette relecture de L'homme à tête de chou par ce grand monsieur de la chanson française qu'était Alain Bashung est indispensable si vous aimez son univers, et/ou celui de Serge Gainsbourg. Car cet hommage, à la fois fidèle et novateur est très réussi. La magie est là, la beauté des mots et des mélodies aussi. Et cette rencontre d'outre-tombe nous fait frémir de bout en bout... Y a-t-il quelqu'un à l'heure actuelle capable de succéder à ces deux monstres sacrés?

 

15/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.
  

 

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 18:25

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Tracks : Derzelait ; Eiffel ; Nous nous sentions anarchistes ; L'ancien singe ; Caroline ; Chemicals ! ; Décembre ; Sarah

 

« Une certaine idée de la France ». « L'indépendance de la France par rapport à l'Europe et aux États-Unis ». « Le premier résistant ». Autant d'idées qui s'invitent dans le débat lorsqu'on évoque le Général de Gaulle. Pourtant, d'autres événements négatifs viennent aussi s'associer à ces images. Les déclarations aux pieds noirs « Je vous ai compris! » ou le « Vive le Québec libre ! », les révoltes de Mai 68... C'est d'ailleurs une photo de Mai 68 qui orne le verso de l'album Le général est nyctalope, du groupe de rock tourangeau Général de Gaulle. Un bon nom de groupe est un nom qui fait parler. C'est probablement ce qu'ont dû se dire les quatre musiciens. Le choix du nom n'est pas anodin, déjà parce qu'il porte en lui-même une provocation purement rock n'roll (pour les gens de droite comme de gauche). Mais il permet aussi d'affirmer la volonté du groupe de chanter en français sur une musique purement anglo-saxonne, le rock donc. Qui n'a jamais vraiment été une chose française. De quoi imposer « Une certaine idée de la France », comme aurait dit le grand Charles. Ce mélange est-il concluant à l'écoute du Général est Nyctalope, leur premier EP sorti en janvier 2011?

 

Les hostilités démarrent avec la basse de Derzelait qui introduit des guitares particulièrement lourdes. Sur cette lourdeur des guitares, se pose la voix d'Achille, qui chante donc en français. Alliance contre nature? Clairement non, tant ce rythme lourd et lancinant colle étrangement bien aux paroles sombres et un peu désabusées. “J'ai du sang sur les mains, pas celui de mes frères/Tout ce que tu possèdes fonctionne à l'envers”, paroles sombres à mi-chemin entre le commentaire social (pourtant pas le point fort de de Gaulle) et un constat désabusé sur la société et l'humain. Des thèmes qui semblent revenir en filigrane tout au long de l'album, que Derzelait lance de la plus belle des manières.

 

Eiffel poursuit sur cette lignée, en proposant un riff de guitare assez lourd, mais le morceau est un poil plus énergique que Derzelait. Le riff et la guitare sont réellement des points forts du titre, assez amusant du fait du texte (« Les petits suisses et les petits suivent » ) et des « La la la » qui lancent le refrain. Même si je n'aime pas trop ces chœurs malheureusement. Néanmoins ça n'empêche pas ce morceau d'être particulièrement addictif après quelques écoutes!

 

On continue avec ce qui est probablement mon morceau préféré de l'album (avec Décembre), Nous nous sentions anarchistes. Le groupe range ici ses guitares proches du stoner pour se tourner vers une instrumentation nettement plus douce. On retrouve ici de la guitare acoustique, un violon et un didgeridoo qui apporte une trame répétitive mais très poétique à la chanson. Les divers solis de violon et la beauté mélancolique et révolutionnaire du texte font de cette chanson un pur moment de grâce. Si même le Général de Gaulle est anarchiste, alors où allons nous?

 

Néanmoins, il fallait bien que ça arrive après ce sans-faute d'introduction, je n'aime pas du tout L'ancien singe. Je trouve le morceau un peu bordélique et le chant crié et incompréhensible me rebute énormément. Le groupe semble partir dans un délire vocal et sonore qui me rappelle les Pixies, groupe que je n'aime pas du tout. Cet ancien singe m'apprend donc à faire la grimace.

 

Heureusement, L'ancien singe est le seul morceau que je n'aime vraiment pas de l'album. Caroline rehausse tout de suite le niveau, sans être au niveau des trois premières chansons. Semblant évoquer une fille un peu paumée qui se fait tromper par son amant (référence au Caroline Says de Lou Reed sur Berlin?), le morceau est particulièrement axé sur des guitares lourdes et martiales. Seul le final au violon semble sortir ce morceau plutôt sympathique de sa lourdeur électrique.

 

Chemicals ! Est le morceau où Général de Gaulle semble le plus étaler son influence stoner. Difficile en effet de ne pas penser à Queens Of the Stone Age dans le son de la guitare et dans la structure (forcément étrange) du titre. Cette alternance entre riff très lourd qui écrase les refrains et la basse ténébreuse des couplets semble directement issue de Palm Desert. Et même si on est bien loin de la France de de Gaulle, l'exercice est plutôt réussi, même s'il manque d'une étincelle qui rendrait la chose totalement convaincante.

 

Cette étincelle, on la trouve par contre sur Décembre, qui est mon titre préféré de l'album avec Nous nous sentions anarchistes. Basée sur un rythme à trois temps diabolique d'efficacité et un violon entêtant, la chanson est un pur joyau, d'une beauté lancinante. La voix grave d'Achille et la beauté sombre et poétique du texte (Dressées devant toi comme autant de silhouettes/Toutes ces filles de joie/Marchant sur la tête) contribuent à donner une urgence et une beauté étonnante à ce morceau. Une ambiance unique à savourer en ce mois de Décembre, mais tout le reste de l'année aussi.

 

Sarah vient conclure l'album sur une note nettement plus énergique, et moins réussie aussi. Non pas que le titre soit mauvais, ceci-dit. Tout comme Caroline et Chemicals ! Il manque juste à mes oreilles de l'étincelle qui rend par exemple Décembre aussi belle. Le violon énergique est néanmoins très agréable, et le mépris et l'amertume du texte (Sarah/Tu es tout seule avec ton chat/Et tes autres gars sont moins biens que moi) lui donnent un coté très savoureux. D'ailleurs, le thème me rappelle une autre Sarah, qui concluait Bob Dylan - Desire (1976). Coïncidence?

 

Avec Le général est nyctalope, Général de Gaulle nous livre donc un premier EP sous influences, mais qui déclare immédiatement ses intentions entre guitares lourdes et poésie française. Parfois le mélange ne trouve pas tout à fait l'étincelle (Caroline, Chemicals !, Sarah) ou échoue complètement pour moi (L'ancien singe). Mais ce Général sait déjà faire preuve d'une grâce hors normes et d'un son unique sur certains morceaux (Derzelait ; Nous nous sentions anarchistes ; Décembre et dans une moindre mesure Eiffel). Ce qui en dit long sur le potentiel de son futur parcours.

13/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.
  

 

PS : Certaines chansons de l'album peuvent s'écouter sur leur page Facebook (link), ou sur leur myspace (link).

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29 octobre 2010 5 29 /10 /octobre /2010 15:28

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/d/d1/Bonnie_and_Clyde.png

 

Tracks : Bonnie and Clyde ; Bubble Gum ; Comic Strip ; Un jour comme un autre ; Pauvre Lola ; L’eau à la bouche ; La Javanaise ; La Madrague ; Intoxicated Man ; Everybody Loves My Baby ; Baudelaire ; Docteur Jekyll et Monsieur Hyde

 

Difficile d’ignorer qu’en 1967/1968, Brigitte Bardot et Serge Gainsbourg eurent pendant quelques mois une histoire d’amour torride et passionnée. C’est à cette occasion que Brigitte demande à Serge de lui composer « la plus belle des chansons d’amour ». Naitra la chanson que tout le monde connaît : « Je t’aime moi non plus » dans une version magnifique et si érotique qu’elle ne sortira finalement qu’en 1986 à la demande de Bardot (la reprise avec Jane Birkin sortira beaucoup plus tôt elle). Mais si la chanson est un mythe que chaque français a probablement du entendre au moins une fois dans sa vie, elle n’est pas la seule composée par Gainsbourg pour Bardot à cette époque. La liaison fut brève, mais marquât durablement le chanteur. Elle fut une période de grande créativité, durant laquelle naitront des hits comme B.B. Initials, Harley Davidson, Comic Strip… Et bien sur, Bonnie and Clyde qui donne son nom à cet album, paru en 1968. Avec l’album Initials B.B. (ils ont d’ailleurs quelques chansons en commun), l’album est donc le témoin de ce couple sulfureux et mythique. L’album est-il pour autant aussi sulfureux et mythique ?

 

C’est le titre éponyme Bonnie and Clyde qui nous accueille. Un des titres que je préfère de Gainsbourg, d’entrée de jeu. Il s’agit d’un duo langoureux avec Brigitte Bardot, retraçant une version romantique et torride de la vie des gangsters Bonnie and Clyde qui vécurent aux Etats-Unis durant les années 30. Et je dois avouer que le duo met ce qu’il faut de romance et de romantisme pour me transporter, accordant parfaitement leur ton lascif et doux… Les arrangements sont au top ici, entre les cordes, les chœurs et ce petit riff de guitare acoustique très joli. Une ambiance magnifique, pour une odyssée sanglante qui finit forcément mal… L’histoire reste néanmoins superbe.

 

Bubble Gum laisse place à Bardot, seule au chant. Ambiance étrange, proche d’une ambiance de foire (le rythme sautillant) avec quelques cuivres, sur laquelle Brigitte Bardot aimerait « jeter son homme comme du Bubble Gum ». Une allégorie étrange, mais qui donne lieu à de jolies rimes, et une petite chanson décalée et plaisante. Pas un sommet comme Bonnie and Clyde, mais un bon titre.

 

Comic Strip voit le retour de Serge pour un duo là encore très connu. Une chanson à l’ambiance étrange, pleine d’onomatopées comme le fameux « shibam pa wiiiiiiiiz ». C’est décalé, se voulant proche de la pop anglo-saxonne, et si c’est très loin d’être le morceau que je préfère de l’album, je reconnais son caractère sympathique et amusant.

 

Un jour comme un autre casse par contre un peu l’ambiance. L’ambiance se fait très jazz avec une trompette mélancolique sur le canal droit qui accompagne Brigitte qui raconte ce « jour comme un autre où tu t’en vas vers une autre »… Une triste chanson de rupture aux forts relents de jazz, à l’ambiance feutrée, sublimée à mon gout par la trompette. Très émouvant (je crois que j’adore vraiment la trompette en fait…).

 

Pauvre Lola retourne vers des horizons plus ensoleillés avec des percussions qui donnent un petit air de salsa à mon gout à ce titre. Serge se fait séducteur ici, mais je n’aime pas trop ce morceau à cause du rire strident de la jeune fille qui revient en boucle durant la chanson. J’ai le même problème sur le titre En Melody sur Serge Gainsbourg - Histoire de Melody Nelson (1971) , d’ailleurs. On retrouve aussi ce titre sur un album précédent de Gainsbourg, Gainsbourg Percussions.

 

L’eau à la bouche voit Gainsbourg collaborer avec Alain Goraguer sur un titre jazz, sur lequel Serge joue encore séducteur avec une jeune fille qu’il « saurait attendre » pour ne pas qu’elle s’effarouche. Des titres les moins connus de l’album, c’est peut-être celui dont je préfère les paroles, fines, évocatrices et jolies, loin de la pornographie que nous offrira Gainsbarre 20 ans plus tard…

 

Bon, je suppose que tout le monde connaît La Javanaise, « slow » assez absolu en français quelque part. Rythme doux (j’aime bien le jeu de batterie ici), beaucoup de violons et une mélodie qui incite à danser, pour « s’aimer le temps d’une chanson » comme le chante Gainsbourg. Un gros gros hit, pas forcément ce que je préfère de Gainsbourg, mais ça reste tout de même très joli. Titre issu de l’album N°4, tout comme Intoxicated Man.

 

Idem pour La Madrague, chanson extrêmement connue chantée par Bardot toute seule. En fait le titre date de 1963 et a été écrit et composé par Jean-Max Rivière et Gérard Bourgeois pour Brigitte Bardot. Le titre fait référence à la villa de Bardot à Saint-Tropez et je dois bien admette que dès le premier vers « Sur la plage abandonnée, coquillages et crustacées », une ambiance de fin d’été s’instaure avec une certaine mélancolie. Les instruments participent beaucoup à cette ambiance délicate et mélancolique (la flute), et même si on peut reprocher son caractère un peu niais à ce titre, c’est plutôt joli, et forcément assez évocateur.

 

Intoxicated Man revient par contre au jazz, mais met en avant un instrument que tous les instruments de rock connaissent bien : un orgue hammond (tout comme Je t’aime moi non plus d’ailleurs). Une ambiance sympathique pour nous raconter l’histoire de cet homme qui « boi[t]/A trop forte dose/et voi[t]/Des éléphants roses/Des araignées sur le plastron/D’[s]on smoking/Des chauves-souris au plafond/Du living-Room ». Un titre qui date en fait de 1962 pour Gainsbourg qui l’a composé pour l’album Serge Gainsbourg N°4 (et qui peut-être un hommage à Je Bois de Boris Vian).

 

Everybody Loves My Baby continue sur l’ambiance très jazz en proposant quelques cuivres, et un piano très jazz. C’est la dernière chanson du disque sur laquelle apparaît Brigitte Bardot qui chante ici entièrement en anglais. Le titre est un pur jazz, plein de swing. Pas forcément à écouter en boucle, mais c’est sympathique.

 

Preuve de bon gout ultime avec Baudelaire, morceau qui met en musique le poème Le Serpent qui danse, issu de Les Fleurs Du Mal, poème XXVIII de la partie Spleen et Idéal. Inutile donc de dire que le texte est sublime (même si l’étrange Une Charogne vient juste après dans Les Fleurs Du Mal). L’ambiance quant à elle se faire encore très jazz (cette album/compilation regroupe vraiment plusieurs périodes différents de la carrière de Gainsbourg), et n’est pas déplaisante, à défaut d’être absolument magistrale. Mais le texte…

 

Docteur Jekyll et Monsieur Hyde est par contre un des morceaux que je préfère de l’album. J’aime beaucoup cette histoire du bon docteur Jekyll et du méchant Mister Hyde, et la chanson que Gainsbourg en fait est vraiment excellente. Doit-on aussi y voir quelque part la naissance de Gainsbarre ? Possible. En tout cas l’orgue hammond pour raconter l’histoire de ce docteur pas comme les autres est vraiment superbe. Un des morceaux que je préfère de l’album. Mon Mr Hyde personnel aussi d’ailleurs.

 

Un grand hit de Gainsbourg pour conclure cet agréable album/compilation. Bien sur il y a des hauts et des bas ici. Les « hits » que sont Bonnie and Clyde, La Javanaise, Docteur Jekyll et Monsieur Hyde sont largement au dessus du lot. Mais l’album regorge de titres sympathiques qu’ils soient de Gainsbourg ou non (Un jour comme un autre ; La madrague ; Everybody Loves My Baby ne sont pas du tout de lui). Par contre l’ensemble est extrêmement hétéroclite, du fait des différentes périodes de composition des titres, des différents compositeurs et des deux interprètes. Certains morceaux sont donc purement jazz, tandis que d’autres sont inspirés de la pop anglo-saxonne de l’époque. Une compilation certes moins indispensable qu’un album comme Initials B.B. ,  Serge Gainsbourg - L'homme à tête de chou (1976) ou Melody Nelson, mais sur laquelle tout fan de Gainsbourg peut poser une oreille. Il y sera agréablement surpris et retrouvera avec plaisir ces chansons issues d’une collaboration mythique…

15/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même. 

 

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20 juillet 2010 2 20 /07 /juillet /2010 15:57

http://perso.modulonet.fr/~liballet/DonEllis/accueil/non-don/Alain%20Bashung%20-%20Fantaisie%20militaire.jpg

 

Tracks : Malaxe ; La Nuit Je Mens ; Fantaisie Militaire ; 2043 ; Mes Prisons ; Ode à la vie ; Dehors ; Samuel Hall ; Aucun Express ; Au Pavillon des Lauriers ; Sommes-nous ? ; Angora

 

Sur un plan artistique, les années 90 avaient bien commencées pour Alain Bashung. Sa collaboration avec le parolier Jean Fauque avait permis de créer deux excellents albums :  Alain Bashung - Osez Joséphine (1991) et Chatterton. Le succès commercial est là (les singles Osez Joséphine et Ma Petite Entreprise ont bénéficiés de passages radios multiples) et la critique a encensé ces albums, surtout Osez Joséphine. Artistiquement, Baschung est donc très en forme en cette moitié d’années 90, et peut se permettre de faire appel à des collaborateurs comme Rodolphe Burger, les Valentins ou Adrian Utley (le guitariste de Portishead) pour créer son nouvel album. Très marqué par une rupture amoureuse, que peut donc nous proposer Bashung avec Fantaisie Militaire, son dixième album studio ?

 

Malaxe entame notre plongée dans la mare aux cotés de Bashung, qui nous fait visiter « sa cité lacustre » aux accents aquatiques (la guitare est très calme et planante). Bashung semble évoquer sa création, son façonnage par un personnage qu’on image féminin, qui l’a sculpté… Un titre absolument magnifique par son ambiance absolument sublime (la guitare d’Utley) et par ses paroles aussi énigmatiques que poétiques…

 

Bien sur, Malaxe ferait presque pâle figure à coté de La Nuit Je Mens, la chanson la plus connue de cet album, et un des hits indémodables de Bashung (le clip a beaucoup participé à la renommée de ce titre, qui fut récompensé par une victoire de la musique). Sur un arrangement de cordes absolument superbe et très calme, Bashung nous dit qu’il a « fait sa saison dans cette boite crânienne » et qu’il a « dans les bottes des tonnes de questions où subsistent encore ton écho »… Une chanson triste, nocturne, mais complètement magistrale et bluffante, où Bashung s’impose comme étant l’un des plus grands maitres du verbe dans la chanson française… Il n’y a bien que Gainsbourg et ses Variations sur Marilou pour lutter ( Serge Gainsbourg - L'homme à tête de chou (1976) ), c’est dire la magnificence de La Nuit Je Mens.

 

On poursuit avec le titre éponyme, Fantaisie Militaire aux sonorités inquiétantes, voire carrément dépressives. Les guitares se font tranchantes métalliques, et les paroles ne sont pas en reste : « J'sais plus qui tu es/Qui a commencé/Quelle est la mission/Soldat sans joie va déguerpis/L'amour t'a faussé compagnie ». Un titre sur l’absence de l’autre (la rupture amoureuse est partout), triste, glauque, mais sublime (et quelle instrumentation là encore !).

 

2043 réalise l’exploit de rehausser encore le niveau à mon goût. Bienvenue dans un univers fantastique où « La belle au bois dormant/A fermé les écoutilles/Elle hiberne », et où Bashung souhaite attendre 2043 pour découvrir « Lequel de [s]es plusieurs/Sera à même de la sauver »… Univers sombre et claustrophobique, magnifiquement rehaussé par les percussions, et l’ambiance toujours aussi sombre mais léchée. La guitare est un réel plaisir là encore, et la voix de velours de Bashung se fait noire et profonde… Encore une réussite.

 

Ambiance encore plus lourde (au propre comme au figuré) avec Mes Prisons. La guitare se fait en effet nettement plus lourde, presque plus heavy (un petit air à la Led Zeppelin), rehaussée par des arrangements de cordes très riches en arrière plan (avec un petit air oriental par moment). Bashung semble nous parler des femmes ici puisque « [S]es prisons/Sont des femelles/A tromper [s]a vigilance ». Encore un titre puissant, très riche malgré son coté sombre…

 

Ode à la vie est peut-être la chanson que j’aime le moins en cette première moitié d’album, car musicalement, je trouve ce titre moins profond et moins léché que certains de ceux qui le précèdent (et le suivent). Sur le plan des paroles, la rupture est toujours à la source des paroles : « Elle a jonché d’or et de jade ma routine/Elle a jonché de sopalin des torrents de larmes/Mais l’ampleur m’a fait me fissurer ». Pas un raté, mais un titre légèrement inférieur au reste à mes yeux.

 

Dehors propose comme La Nuit Je Mens de superbes cordes qui donnent un coté très mélancolique et romantique au titre, encore accentué par la très calme guitare électrique. Un titre très joli (les cordes sont vraiment belles ici).

 

Ambiance beaucoup plus rythmée, lorgnant vers l’électro et le drum n’bass avec Samuel Hall. Ce qui est encore plus étonnant, c’est que c’est une adaptation d’un vieux titre country qui pourrait dater de 1850, et qui a été popularisé par Johnny Cash en 1956 dans son album Sings The Ballads Of The True West. Bashung ne chante pas vraiment sur ce titre, mais parle, un peu comme Lou Reed sur l’album New-York, et associé avec ce beat drum n’ bass, il fait de ce titre une des surprises les plus agréables et originales de ce Fantaisie Militaire. Un régal surprenant.

 

Aucun Express semble évoquer un voyage, ou une fuite vers l’avant pour fuir la rupture amoureuse, l’absence de l’autre… A nouveau les cordes tiennent le premier rôle dans cette évocation de cette fuite où « aucun Walhalla ne vaut le détour »… Une chanson pessimiste et implacable, puis qui nous berce au son de la douceur et de la douleur de la voix de Bashung…

 

On se dirige vers une ambiance plus orientale avec Au Pavillon des Lauriers qui propose de très jolies percussions et surtout de très beaux violons qui évoquent plutôt bien le monde arabe pour moi. Joli et bien produit.

 

Sommes-nous ? est peut-être la chanson que j’aime le moins de la deuxième moitié de l’album. Le thème ici est toujours l’absence de l’autre et la rupture (thème qui imprègne décidemment une bonne partie de l’album), mais j’aime moins la musique en fond, que je trouve assez stressante. Une chanson assez moyenne donc à mes yeux.

 

On conclut avec Angora, le titre le plus court de l’album, et peut-être un des plus simples. Il n’y a qu’un piano ici qui accompagne Bashung qui parait plus apaisé sur ce texte : « Faire table rase du passé/La discorde qu'on a semé/A la surface des regrets/N'a pas pris », même si cette toute simple chanson d’adieu reste triste. Adieux simples mais émouvants donc.

 

Bashung a frappé très fort avec Fantaisie Militaire, un de ces albums qui font réellement partie des incontournables du paysage musical français. L’album a été sacré meilleur album de ces vingt dernières années aux victoires de la musique en 2005, et on comprend aisément pourquoi. L’album est triste (beaucoup de titres tournent autour du thème de la rupture), mais est d’une poésie absolument sublime, avec des paroles magistrales de bout en bout. La musique n’est pas non plus en reste, et la production et la musique sont extrêmement léchées, magistrales et très ouvertes, allant de choses simples comme du piano à des ambiances lorgnant presque vers l’électro, voire même le trip-hop à la Portishead (le son de guitare est bien sur similaire). Osez Joséphine était déjà excellent, mais je préfère encore cette Fantaisie Militaire, qui assurément est un des albums phares du rock français.

 

19/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.

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20 avril 2010 2 20 /04 /avril /2010 15:18

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/d/d0/LesCowboysFringants_LaGrand-Messe.JPG


Tracks : Les Etoiles Filantes ; Ti-Cul ; 8 Secondes ; Plus Rien ; Hannah ; Symphonie Pour Caza ; En attendant (le réel de nos gens) ; Lettre à Lévesque ; Ces Temps-ci ; Ma Belle Sophie ; Shish Taouk ; Camping Ste-Germaine ; Si la vie vous intéresse ; Epilogue-Si Tu Penses Un Peu Comme Ca 

 

Et me revoilà sur Rock'n'Blog, parc'que faut pas déconner, mais y'a bien besoin de remonter l'niveau, tabernacle! La dernière fois, c'était électro britannique ( The Prodigy - Invaders Must Die (2009) ), et bien cette fois, ce sera chanson québécoise, avec Les Cowboys Fringants, et en l'occurrence, « La Grand Messe », sorti en 2004, qui est, à mon goût, leur meilleur album, de très loin. En espérant que vous partagerez mon enthousiasme, bonne lecture, et surtout, bonne écoute!

 

On débute avec une intro façon boite à musique, plutôt agréable à entendre, mais peut-être un peu longuette.

 

Puis on entame avec « Les Etoiles Filantes ». Ce titre est tout simplement magnifique. J'en ai la chaire de poule dès que je l'écoute. Chanson mélancolique, nostalgique, mais pourtant remplie d'espoir. Le chanteur nous raconte que la vie est pleine de regrets, d'amours déçus, d'amitiés perdues, d'échecs, et surtout qu'arrivera un moment où tout ça ne sera plus que néant, mais que malgré tout,  tout ça vaut largement le coup d'être vécu, que nous pouvons toujours trouver une raison d'avancer, surtout quand on a quelqu'un avec qui avancer.

 

« Ti-Cul » titre plutôt déboussolant pour un français, qui n'est qu'un surnom affectif. J'aime la fraicheur de ce morceau, bien que purement adressé aux « ados » et jeunes adultes, mais dont je partage totalement la vision: il faut choisir soi-même comment mener sa vie, ne pas la choisir par rapport à ce que la société actuelle voudrait, et qu'il faut persévérer dans ce qu'il nous plait, même si on y galère. En bref, une jolie chansonnette visant les artistes qui se cherchent eux-mêmes.

 

« 8 secondes » est une chanson sur un sujet grave, mais qui, malheureusement, perds beaucoup de crédibilité à cause de l'accent québécois... Statistique selon laquelle toutes les 8 secondes, quelqu'un meurt par manque d'eau potable... Les Cowboys y dénoncent donc avec leur colère bien à eux la pourriture de la société d'aujourd'hui où certains se permettent de se faire du pognon à foison sur des ressources absolument vitales et qui devraient être disponible pour tout le monde (dans le meilleur des mondes...)

 

On enchaine avec « Plus Rien », chanson encore à visée écologique, mais encore plus poignante que la précédente, surement dû au fait qu'elle nous est contée comme vécue. On nous y présente un monde désolé par la société industrielle. Le narrateur nous parle d'un temps déjà révolu qui ne date pourtant que de son arrière grand père. Une chanson magnifique pour un état de la planète désastreux, qui se termine sur l'extinction de l'humanité. A méditer...

 

« Hannah » est une chanson d'amour à une inconnue rencontrée sur le net. Sujet dont tout le monde parle, et qui est pourtant quand même assez « tabou », beaucoup de gens le pratique et pourtant très peu l'admettent. J'aime vraiment beaucoup ce morceau, que je trouve beau et romantique, sans être niais. Et j'aime particulièrement le violon qui s'y trouve.

 

Vient ensuite « Symphonie Pour Caza »... Alors ce morceau est plutôt.... déconcertant par rapport aux autres. Au-revoir poésie, adieu politique, bonjour déconne, bienvenue picole! D'ailleurs le banjo nous mets directement dans l'ambiance, malgré le matin difficile qui commence... Mais rapidement, Caza se sent de nouveau d'attaque! Bref, vous allez vivre deux jours la vie d'un éternel fêtard. Chanson qui mets de bonne humeur et qui, par expérience, est parfaite pour mettre tout le monde de bonne humeur après une bonne grosse nuit alcoolisée.

 

On repart vers la politique avec « En attendant (le réel de nos gens) », mais en gardant notre bonne humeur. Critique des politiques québécois, mais, que l'on peut très facilement transposé aux politiques de l'hexagone. Je trouve particulièrement cette phrase génialement trouvée: « Le programme d'un gouvernement, C'est comme une promesse d'ivrogne ». Le restant de la chanson est du même acabit. Bref un joyeux petit pamphlet délicieux.

 

Les cowboys enchainent avec « Lettre à Lévesque ». Donc désolé pour ceux qui trouveront cette partie chiante, mais je vais essayer de faire court, c'est promis. Donc Lévesque, René de son p'tit nom, est un homme politique québécois, qui commença en étant journaliste. Il fut un grand activiste pour l'indépendance du Québec. Pour ceux qui voudraient en savoir plus, vous trouverez un assez bon article sur Wikipédia. Allez, rentrons vraiment dans ce qui nous intéresse, et en avant la musique! Donc cette lettre commence gaiement sur un p'tit air de banjo et d'harmonica en guise d'intro. L'instrumentation s'efface au profit de la voix, entonnant joyeusement un pamphlet tout de même assez virulent envers les politiciens québécois actuels, une fois de plus. Un petit air de « c'était mieux avant » durant une bonne partie de la chanson, mais cependant assez bien argumenté. Viennent ensuite deux jolis solos, le premiers à l'harmonica, le second au violon, puis reprise de la chanson à proprement parlé. En bref, un bel et entrainant morceau, prônant alter-mondialisme, tolérance, et une certaine révolution pacifiste.

 

Rupture complète avec « Ces Temps-ci », un morceau très mélancolique. Histoire d'un amour qui n'était pas réciproque, d'une grande désillusion, d'une cruelle solitude. Je ne sais trop quoi dire dessus, bien que je l'adore. La guitare y est magnifique, l'accordéon ne souligne que ce qu'il faut, la batterie ne ponctue que ce qui en a besoin, transformant le refrain en un léger rayon de soleil d'hiver, le piano très discret, mais qui manquerait affreusement si il n'était plus là. Un morceau magnifique, même si affreusement triste, en espérant pour lui qu'il ait réussi à se faire à sa résignation forcée.

 

On continue dans la mélancolie avec « Ma Belle Sophie ». Une simple voix féminine accompagnée d'une douce guitare électrique, rejointes par un piano cadencé à partir de la moitié du morceau. Chanson magnifique (oui je sais, encore !), mais encore pire pour le moral que la précédente...

 

Sacrée rupture avec la chanson « Shish Taouk », morceau complètement « débile », mais ayant au moins l'avantage de nous remettre de bon humeur, particulièrement grâce à son synthé quelque peu.... kitsch. Un morceau court, qui sert plus de transition qu'autre chose, n'ayant, à mon avis, pas grand intérêt hormis celui-là.

 

« Camping Ste-Germaine » va nous compter l'histoire du « voyage de noce » de « Gina Pinard et Jay-Pee Labrosse », qu'on pourrait voir comme l'équivalent de nos bidochons français: vieille Mustang, vieux Rock'n'Roll à la Elvis, tournoi de pétanque, etc. Un morceau que j'aime bien entendre, mais qui me laisse assez indifférent à l'écoute (hum hum...). Entrainant, mais pas transcendant.

 

On retourne vers l'engagement politique, alter-mondialiste et surtout anti USA avec « Si la vie vous intéresse ». Pour moi, ce morceau divinement écrit est un équivalent de « L'Homme Pressé » de Noir Désir, mais vu du coté du commun des mortels. Si vous n'arrivez pas à comprendre toutes les paroles, je vous conseille de fortement les lire. Une batterie bien rock, une guitare électrique en mélodie, une guitare sèche en rythmique, une basse pour donner le rythme, quelques mélodies de violons pour enrichir le tout, un cuivre répondant de temps en temps à la voix. Bref, une instru bien riche tout en restant très simple. Une de mes chansons préférées de l'album.

 

Enfin, cet album finit par « Epilogue-Si Tu Penses Un Peu Comme Ca ». J'aime beaucoup les paroles, j'aime beaucoup les voix, un peu moins l'instru. Au niveau du texte, elle me fait beaucoup penser à « L'Homme Ordinaire » de Monsieur Roux. Je n'ai, malheureusement pas grand chose à dire dessus.

 

Donc voilà, pour cette deuxième chronique, encore un de mes albums préférés, mais qui a quelques écoutes de plus que le précédent. Album que je trouve toujours aussi bon, assez variés et bien géré entre sujets graves, déconne et sentimentalisme. Et vous, qu'en avez vous pensé? 

 

ApoKps

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24 mars 2010 3 24 /03 /mars /2010 23:13

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Tracks : J’écume ; Volutes ; Happe ; Well All Right ; Les Grands Voyageurs ; Blue Eyes Crying in the Rain ; Osez Joséphine ; Kalabougie ; She Belongs To Me ; Madame Rêve ; Nights in White Satin

 

Quelque part le rock n’a jamais été vraiment une affaire française. Les fondateurs sont américains, puis anglais. Les « grands » groupes ou artistes de rock français sont assez rares. Certains comme Gainsbourg ont plus un état d’esprit rock qu’une réelle approche constante de la musique rock (même si parfois Gainsbourg a fait du rock). Cependant, il y a un artiste majeur de la chanson française qui n’a jamais renié son attachement viscéral au rock : Alain Bashung. L’élément déclencheur pour lui a été le rock des pionniers, Gene Vincent, Elvis Presley, ou Buddy Holly, dont il fera son modèle. Pourtant lorsqu’il débute sa carrière en 1977, le monde du rock vibre au son du punk, venu d’Angleterre. Il amasse quelques succès durant les années 80 avec quelques singles devenus mythiques (Gaby, Oh Gaby, Vertiges de l’amour), et collabore même avec Gainsbourg (sur Play Blessures). Mais il manque encore quelque chose à Bashung : un album qui entrera définitivement dans la légende. Et pour ça, la France ne l’inspire pas assez. Le voyage… Après tout, le rock est né dans les grands espaces américains. Du Memphis de Presley au Minnesota de Dylan en passant par le Nashville de Johnny Cash, Bashung veut voyager, en toute liberté, et nous inviter à la rêverie, poétique et libertine. Pari réussi avec Osez Joséphine ?

 

J’écume nous emmène au large, abandonnés aux flots de notes de la superbe guitare électrique. On croise « au large des barges qui se gondolent dans le roulis », pour un titre qui nous emmène assez vite dans un univers plus érotique « je veux être le dernier à m’éterniser sur ton corps alangui »… La voix se fait sensuelle et grave, et la guitare semble réellement dialoguer avec Bashung. Une intro électrique et électrisante de toute beauté…

 

Après la guitare électrique de J’écume, place à la guitare sèche pour Volutes. Après l’ambiance marine du titre d’ouverture, ce morceau semble nous emmener au loin, parcourant depuis le ciel de grands espaces. Le rythme typiquement country du titre n’y est pas étranger, et même le discret harmonica semble évoquer les grands espaces… « Je cloue des clous sur des nuages, sans échafaudage » nous dit Bashung, et on ne peut que se dire que l’homme sait nous faire voyager et planer avec grâce…

 

Et après être arrivé par la mer et avoir exploré le ciel, on continue de voyager avec Happe. La musique semble m’évoquer à nouveau les grands espaces, même si le texte semble évoquer une histoire d’amour passée… Evoquer la mélancolie avec autant de grâce et de classe est un art, et on ne peut que vibrer à l’écoute de ce titre…

 

Well All Right est la première des quatre reprises que compte l’album. L’Amérique semble hanter le début de l’album, et l’impression est renforcée par cette reprise de Buddy Holly, dont Bashung est fan. Le rythme se fait assez country à nouveau, pour un tire sympathique, même si assez bref (2 min 06).

Le blues impose sa marque sur Les grands voyageurs. Bien sur il y a l’harmonica, et ce texte plein de sous entendus « les grand voyageurs se posent sur le ventre d’une âme sœur ». Et bien sur il y’a ce rythme typique, cette vibration unique du morceau et une guitare électrique qui semble hantée par l’esprit des plus grands bluesmen. Et que dire de Bashung, qui semble réellement possédé par le morceau ? Viscéralement magique.

 

Eyes Crying in the Rain renoue avec l’anglais pour une nouvelle reprise, de Fred Rose cette fois-ci. L’ambiance est clairement country ici, et cette reprise douce et délicate semble nous emmener au coin du feu, sous la nuit étoilée au milieu des grandes plaines américaines…

 

Osez Joséphine est le hit de l’album, un des titres les plus célèbres de Bashung (servi par un clip de toute beauté). Ce morceau possède à nouveau un thème érotique fort, et on se laisse prendre au jeu, chantant à l’envie Osez Joséphine.

 

Kalabougie est peut-être un des titres les plus faibles de l’album pour moi (surement le plus faible d’ailleurs), car même si j’aime bien l’accordéon et à la guitare, j’aime un peu moins l’ambiance générale du titre. Pourtant ça m’évoque encore le voyage, mais quelque chose me manque ici. Dommage.

 

Voilà pour moi la meilleure des quatre reprises que compte l’album: She Belongs To Me. Il s’agit en effet d’un titre de Bob Dylan, issu de Bringing It All Back Home, son célèbre album de 1965. En fait pour être plus précis, il s’agit d’un morceau issu de la face A de cet album, la face électrique de ce premier album rock qui a tant révolté à son époque. Et Bashung en fait ici une reprise assez différente, un peu plus blues, mais qui est servie par une guitare électrique de toute beauté. D plus sa voix colle étrangement bien au morceau (elle est pourtant loin de celle de Dylan), et lorsque l’harmonica et la guitare jouent ensemble, c’est un vrai régal qui nous transporte bien loin, du coté du Minnesota ou d’une petite maison du coté de Woodstock…

 

Madame Rêve nous emmène dans une autre sorte de voyage, intime cette fois. L’érotisme du titre est en effet flagrant et délicat car « Madame rêve d'atomiseurs/Et de cylindres si longs/Qu'ils sont les seuls/Qui la remplissent de bonheur ». L’ambiance est nettement différente des autres titres de l’album, préfigurant le futur de Bashung, avec beaucoup d’arrangement de cordes qui viennent remplacer la guitare électrique. C’est un peu différent, mais l’ambiance voluptueuse, à la fois sombre et empreinte de tension est sublime de maitrise et de classe. Une poésie de gentleman pour parler des rêves « d'apesanteur/Des heures des heures/De voltige à plusieurs »… Un des meilleurs titres de l‘album avec les grands voyageurs pour moi.

 

Ambiance tout aussi intimiste pour (déjà !) conclure l’album avec la reprise de Moddy Blues, Night in White Satin. Dépouillement et émotion au programme, pour ce délicat titre de conclusion à l’image de l’album. Sombre et aérien, plein d’une poésie à la fois grandiose et intimiste.

Car à mes yeux, il y a peu d’albums de « rock » français pouvant rivaliser avec cet Osez Joséphine (et il tient tête à beaucoup de groupes anglophones). L’histoire de Melody Nelson de Gainsbourg ( Serge Gainsbourg - Histoire de Melody Nelson (1971) ), les albums de Noir Désir qui semblent puiser aux mêmes sources ( Noir Désir - 666.667 Club (1996) ) semblent être pour moi les seuls à jouer dans la même cour (j’occulte personnellement ma subjectivité très profonde sur Indochine dont je suis très fan). De la grande classe, une allure de poète électrique amateur de voyages et de femmes qui nous berce entre l’évocation des paysages et des corps, il en faut moins pour faire une légende. Celle de Bashung ne faisait que commencer avec cet Osez Joséphine, que Rolling Stone a récemment élu plus grand album de rock français. On peut difficilement contester malgré l’évidente subjectivité de la chose…

 

18/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)

 

Moi-même.

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15 mars 2010 1 15 /03 /mars /2010 18:29

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Tracks : Love On The Beat ; Sorry Angel ; Hmm, Hmm, Hmm ; Kiss Me Hardy ; No Comment ; I’m The Boy ; Harley David (Son Of A Bitch) ; Lemon Incest

 

Sur un plan musical, la décennie commençait plutôt bien pour Gainsbourg. Après le passage à vide commercial (mais pas artistique !) des années 70, les deux albums reggae (Aux Armes & cætera et Mauvaises Nouvelles des Etoiles) ont enfin apportés à Gainsbourg ce qu’il cherchait depuis si longtemps : le succès. Mais dans sa vie personnelle, rien ne va plus vraiment. Gainsbourg semble laisser de plus en plus de place à son fameux alter ego Gainsbarre. Alcoolisé, mal rasé, débauché et agressif, le Gainsbourg provocateur, mais correct qu’on connaissait commence à disparaître. Même Jane Birkin finit par le quitter en septembre 80, n’en pouvant plus des dérives du chanteur. Elle fut celle qu’on associera désormais le plus souvent à Gainsbourg, l’héroïne de Melody Nelson, et quelque part on a peur que Gainsbourg soit perdu sans elle. On est donc un peu dubitatif devant Love On The Beat qui sort en 1984, pendant que le monde du rock vibre au son des synthétiseurs de la New-Wave. Gainsbourg/Gainsbarre y apparaît déguisé en femme, dans une imagerie qui rappelle plutôt les boites de nuit glauques. Le jeu de mot du titre nous prévient aussi que la finesse des mots de Gainsbourg s’efface au profit de vers plus discutables. Alors Love On The Beat de quoi bouger en rythme avec bonheur ?

 

Et le titre éponyme qui nous accueille ne nous laisse aucun doute quant au contenu du disque. Sexe, sexe et sexe. Bon ceci dit, ce n’est pas fondamentalement nouveau (cf  Serge Gainsbourg - L'homme à tête de chou (1976) ), et même les cris façon orgasme on connaissait déjà dans l’œuvre de Gainsbourg (Je t’aime moi non plus). Ce qui change nettement, c’est le clair abandon du reggae pour des synthés très new-wave qui donne irrémédiablement un son années 80. Le travail sur la basse assez funk est assez connoté lui aussi, mais le tout donne une mélodie particulièrement entêtante que personnellement j’aime bien. Ce que j’aime moins par contre, ce sont les paroles, nettement plus hard qu’auparavant, et les métaphores pas forcément toujours terribles. Bon les cris féminins sont peut-être un brin too much aussi, même si ça colle à l’ambiance. Un titre un peu mitigé pour moi donc…

 

Sorry Angel par contre, c’est à mes yeux un des morceaux que je préfère de Gainsbourg, toutes époques confondues. J’adore tout dans ce titre, de la guitare répétitive au rythme excellent, en passant bien sur par les paroles, que personnellement j’adore… Ce « C’est moi qui t’ai suicide mon amour », me fait vraiment craquer et même les chœurs reprenant »So, Sorry So, Sorry Angel » me transportent littéralement. Complètement magistral en fait pour moi.

 

Hmm, Hmm, Hmm est un titre dont j’aime beaucoup la ligne de basse (fantastique travail sur le rythme durant tout l’album il faut dire), mais qui par contre ne me marque pas outre mesure pour le reste. C’est un titre correct, mais il est pris entre deux morceaux nettement meilleurs pour moi.

 

 Kiss Me Hardy est typiquement un de ces titres qui fleurettent avec l’impertinence propre à cet album. En fait le titre parle d’homosexualité, où Gainsbourg dit qu’il «a connu bien d’autres hommes », et fait référence à la mort de l’Amiral Nelson. En fait celui-ci en mourant aurait demandé à Hardy, son aide de camp, de l’embrasser, ce que le garçon fit. On savait Gainsbourg attiré par les jeunes filles, mais les jeunes hommes semblent l’intéresser sur ce titre… Les cuivres ajoutent ce qu’il faut de sel à ce titre, et l’alchimie opère pour moi.

 

No Comment s’inscrit pour moi dans la même lignée que le morceau Love On The Beat. J’adore l’instrumentation qui est donnée au titre, notamment l’alliance entre le saxo et la basse que j’aime beaucoup, et qui donne un aspect funk absolument délicieux au titre. Par contre le chant et les paroles…Déjà ici, même le chant parlé/rappé ne m’emballe pas des masses (disons qu’au bout d’un moment, ça devient répétitif), et puis les paroles sont quand même assez nazes… Le titre quelque part a son charme, mais ce n’est pas forcément ce que j’aime le plus chez Gainsbourg.

 

I’m The Boy semble nous emmener dans une boite gay peuplés d’hommes, suivant « le garçon qui a le don d’invisibilité », « putain parmi les putes ». Un titre correct, mais auquel je n’accroche pas trop sur la mélodie (les mélodies sont pourtant ce que je dois préférer dans cet album). Ce n’est pas mauvais intrinsèquement, mais ça ne me parle pas vraiment.

 

Petit clin d’œil au passé avec Harley David (Son Of A Bitch), qui rappelle bien sur le titre chanté par Bardot quelques années auparavant. J’aime bien l’instrumentation, notamment la guitare bien rock du titre (même si le synthé est un poil kitsch), mais par contre les paroles sont assez atroces… Bon j’aime bien le jeu de mot du refrain, un peu limite, mais rigolo. Mais alors le reste, c’est vraiment atroce.

 

Ah Lemon Incest, un classique de Gainsbourg, et surement un de ses titres les plus polémiques et finalement difficiles à approcher. Alors bien sur c’est un duo avec sa fille Charlotte, 12 ans à l’époque, qui porte le nom « incest » dans son titre même. Forcément ça a quelque chose de fondamentalement dérangeant, et en plus, pardon, mais la voix de Charlotte est vraiment pas facile à assimiler à 12 ans (bon je la trouve même à la limite du supportable en fait)… Après c’est finalement un classique car la qualité est quand même là, la mélodie est bonne, et ce duo malgré le coté sordide du truc a quelque chose de magique aussi. Du beau, qui reste dérangeant, ce qui reste assez représentatif de l’album.

 

Car Love On The Beat est un album qui typiquement me laisse une impression très partagée. Les arrangements me plaisent bien, et le coté new-wave faisant danser une sordide boite gay au début des années 80 est vraiment bien foutu ma fois. Le travail sur le rythme, et sur les boucles mélodiques est vraiment sympa, fleuretant parfois avec un électro à la New Order de bon aloi. Bon évidemment tout n’est pas parfait, mais cette idée est plutôt bonne à mon goût. Par contre au niveau des paroles, c’est quand même un peu la fin des haricots là. Parler de sexe, c’est évident quand on écoute Gainsbourg, mais on attend un peu plus haut, un peu plus malin. Là souvent, ça ne donne pas grand-chose, et le fameux chant parlé/rappé m’a même parfois agacé. Ca sera encore pire sur You’re Under Arrest d’ailleurs. Un album qui me laisse donc complètement mitigé, car sans être vraiment mauvais, il reste assez médiocre sur bien des points. L’album peut avoir des aficionados si vous aimez les ambiances un peu glauques et poisseuses…

 

10/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)

 

Moi-même.

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27 février 2010 6 27 /02 /février /2010 19:33

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Tracks : Rungis ; Le Fou Au Chien Fou ; Crime Contre L'humanité ; Derrière Le Mur ; Ne Reviens ! ; La Petite Cirrhose du Port de Copenhague ; Le Dernier Eléphant ; Un Amour Simple ; Paris 2034, Vingtième jour d'insurrection ; Maitresse au Goût du Terroir ; Et Pourtant Si ; L'amour Forain ; Vendredi 13 ; Patate ; On Assassine Belleville ; Les Deux Soeurs ; Dis moi si ça vaut le coup de rester

 

Après le succès de l’album Regards affligés sur la morne et pitoyable existence de Benjamin Trembley, personnage falot mais ô combien attachant paru en 1990, Pigalle semble avoir imposé sa musique dans le milieu indépendant français. Evoluant en parallèle des Garçons Bouchers qui approchent de la fin de leur carrière (qui se conclura en 1995), le groupe de François Hadji-Lazaro  propose une musique folk-rock très inspirée par la musique française, et notamment la chanson d’avant guerre. Une alliance rare entre nouveauté et ancien, qui nous a offert un titre aussi intemporel que « Dans La salle du Bar Tabac de La Rue des Martyrs ». C’est donc en 1993 que Pigalle revient avec son troisième album, intitulé Rire et Pleurer. Pigalle, toujours aussi efficace et intemporel ?

 

Et c’est Rungis qui nous emmène du coté du célèbre marché parisien, où le narrateur est allé pour se "laver le cœur". Le choix des instruments est toujours aussi original, et donne une identité propre au titre, à la fois rapide et vraiment sympathique. Une chanson tonitruante, qui nous emmène directement dans un Paris intemporel et poétique.

 

Le Fou au Chien Fou aborde un sujet un peu plus glauque, puisqu’il traite d’un homme au chien fou qui aurait égorgé une petite fille. Cependant « Certains disent que c’est peut-être le patron de l’usine du coin qui aurait fait le coup, mais lui pas touche il nourrit la région». L’orchestration est plus calme, plus rock aussi sur le rythme nettement plus inquiétant du titre. L’accordéon apporte cette touche intemporelle et très classe au titre… On aime ou pas, mais personnellement j’aime beaucoup.

 

Crime Contre L’humanité renoue avec le punk des Garçons Bouchers et attaque directement le pape pour ses positions contre le préservatif. « Bien planqué, peinard derrière les dogmes, il regarde immaculé, mourir les hommes », on peut faire difficilement plus clair, et le banjo aurait pu être burlesque, mais fait surtout ressortir tout le ridicule de la situation. Pigalle intemporel, mais pas pour autant tourné uniquement vers le passé, et c’est malheureusement toujours d’actualité… Mon titre préféré de l’album je pense.

 

Derrière le mur semble m’emmener du coté de la Bretagne, avec cette instrument à vent, qui doit être je suppose une cornemuse (je pense, je ne suis pas trop expert).Ce petit air festif qui lorgne du coté de la Bretagne est finalement bienvenu après les tristes premiers titres, et les encore plus sinistres qui viennent…

 

Ne Reviens Pas ! est comme son titre l’annonce, une chanson de rupture, où le narrateur « colmate les brèches et les trous dans son cœur, pendant que les flash reviennent ». Le violon apporte la touche sinistre adéquate, et c’est poignant à souhait. D’une émotion vraiment rare…

 

La Petite Cirrhose du Port de Copenhague nous emmène dans le fameux port, à la rencontre d’une fille qui « fricote sans pudeur avec deux matelots ». Une chanson tragi-comique sur l’univers des marins, entre bagarre meurtrière et filles de joie… Dur, sombre, sale, mais quelque part assez amusant.

 

Le Dernier Eléphant est là encore extrêmement déprimante, puisqu’il place l’auditeur dans la peau du dernier éléphant, un « pachyderme dont la race arrive à terme ». Et le tout à cause de la chasse des hommes pour l’ivoire, bien sur… L’instrumentation est très rock, très sombre et violente, et la voix rauque de François Hadji-Lazaro fait des merveilles. A mon goût, un des meilleurs morceaux de l’album, même s’il n’est vraiment pas gai.

 

On retrouve un peu d’optimisme avec Un Amour Simple, récit d’une magnifique liaison entre deux personnes qui croisent le chemin du chanteur. Rien de bien fulgurant ici, juste de la simplicité et de l’amour sur un petit fond de banjo. Je n’aime par contre pas trop les chœurs, un peu inadaptés pour moi.

 

Paris 2034, Vingtième jour d'insurrection nous emmène dans un paysage qui rappelle étrangement la Commune de Paris. « La Guerre était totale, de Denfert à Pigalle, la capitale avait un idéal » clame François Hadji-Lazaro sur une instrumentation assez rock et agressive. L’histoire finit mal, bien sur, mais elle était belle… Un des morceaux que je préfère de l’album là encore.

 

Maitresse au goût de Terroir semble traiter de prime abord d’une femme, mais en fait il n’en est rien, et la chanson traite d’une bouteille de vin que savoure un poivrot… Un texte particulièrement malin, même si j’aime peut-être un peu moins l’instrumentation.

 

Pourtant Si mélange toujours autant rock et musique populaire, cette fois au sujet des personnes âgées, et le regard que leurs portent « Ces gens pour qui devenir vieux c’est pour les autres et pas pour eux ». Un sujet difficile, à la fois réaliste et sensible, et toujours dans la veine inimitable de Pigalle, sur un rythme rock assez endiablé et une cornemuse atypique.

 

L’amour malheureux, comme souvent donne sa trame à L’amour Forain entre le roi de la guimauve et la femme baleine. Une musique qui bien sur rappelle les foires avec du violon et de l’accordéon sur un rythme assez festif nous emmène dans ce voyage doux et amer.

 

Vendredi 13 est peut-être un des textes les plus émouvants de l’album, sans pour une fois finir trop mal, un peu comme Un Amour Simple. Une rencontre un vendredi 13 entre un routier et une serveuse de station service, qui la sort de sa morne vie. Bien sur le routier repart, mais l’histoire est belle, et l’instrumentation et la voix portent bien cet espoir suscité par cette rencontre… Comme quoi Vendredi 13 peut à la fois porter bonheur et malheur.

 

S’il devait y avoir un successeur à Dans La Salle du bar Tabac de la Rue des Martyrs, ça serait probablement Patate. Sur un rythme de banjo très drôle, François nous livre un de ces textes les plus décapants et caustique de l’album. Il a la patate, il nous la donne avec ce morceau, et pourtant à priori il n’a aucune raison pour… Un morceau vraiment très plaisant et amusant sur ce « cas tastrophique » !

 

On Assassine Belleville s’inscrit toujours dans cette chanson populaire typiquement parisienne où les membres de Pigalle laissent éclater leur colère contre le « béton et l’acier » qui assassinent Belleville et font fuir « le peuple d’Paris ». J’aime particulièrement la cornemuse qui rend cette charge encore plus rageuse et hargneuse…

 

Les Deux Sœurs renoue un peu avec le même genre d’ambiance que La Petite Cirrhose du Port de Copenhague, où deux sœurs prennent soin des marins en leur offrants quelques trésors plus ou moins cachés… Pas un de mes titres préférés, mais ça se laisse écouter avec plaisir.

 

On termine notre voyage avec Dis Moi Si Ca Vaut le Coup de Rester. On conclut avec un morceau vraiment sombre, où François demande ce qui peut nous donner des raisons de vivre entre la naissance de l’indifférence et l’anesthésie générale… La titre se conclut tout de même un peu plus gaiement sur le troisième et dernier couplet, et le saxo et l’accordéon sonnent vraiment bien.

 

Piano, accordéons, synthés, violon, violoncelle, accordéons, vielle à roue, cornemuses du centre, gaîta, concertina, banjo 4 et 5 cordes, dobro, mandoline, mandoloncelle, flûte traversière, piccolo, harmonicas, saxophones, on peut trouver tout ça dans cet album en plus des classiques batterie, guitares et basse. Une bonne partie est d’ailleurs jouée par François Hadji-Lazaro pour l’anecdote. Et cette diversité des sons, associée à des textes sombres et très réalistes participent à donner un univers au groupe. A titre de comparaison, même si elle est un peu discutable, cette approche de la musique me fait un peu penser à Tom Waits. Pigalle a un univers unique, bien spécial, et l’écouter, comme lorsqu’on écoute Tom Waits, c’est plonger entièrement dans cet univers. Le groupe fût longtemps un des fers de lance de cette chanson réaliste, et du mouvement alternatif (Mano Negra, Beruriers Noirs, Wampas…), et Rire et Pleurer, malgré sa pochette discutable et quelques titres peut-être un peu plus mineurs, mérite largement qu’on l’écoute…

 

16/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)

 

Moi-même.

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8 février 2010 1 08 /02 /février /2010 15:27

http://heepro.files.wordpress.com/2011/02/serge-gainsbourg-lhomme-a-tc3aate-de-chou.jpg

 

Tracks : L’homme à tête de chou ; Chez Max coiffeur pour hommes ; Marilou Reggae ; Transit à Marilou ; Flash Forwards ; Aéroplanes ; Premiers symptômes ; Ma Lou Marilou ; Variations sur Marilou ; Meurtre à l’extincteur ; Marilou sous la neige ; Lunatic Asylum

 

Aujourd’hui, et encore plus ces derniers mois, il parait assez logique -voire tendance- d’apprécier Gainsbourg et sa musique. La preuve, on en parle même sur ce blog à large dominante anglo-saxonne, si ce n’est pas une démonstration valable et bien… Ah en fait non. Donc reprenons, Gainsbourg est devenu culte. Et régulièrement on cite les albums des années 70 comme étant le fer de lance de sa discographie. Bien sur il y a L’histoire de Melody Nelson, l’album qu’on retient souvent comme le chef d’œuvre de Gainsbourg. Mais les trois albums suivants ne déméritent pas pour autant, malgré l’absence totale de hits (à part Je suis Venu te dire que je m’en vais sur Vu De l’extérieur, et éventuellement Rock Around The Bunker sur l’album éponyme). Ces albums furent des bides commerciaux majeurs (Gainsbourg connaitra le succès massif avec l’album suivant et la fameuse reprise reggae de La Marseillaise), mais faisait étalage de la maitrise de l’artiste. Même si Vu de l’Extérieur peut paraître discutable quant aux thèmes qu’il aborde, que Rock Around The Bunker peut choquer par son approche satyrique du nazisme, il reste L’homme à tête de chou, considéré par certains comme l’égal de L’histoire de Melody Nelson. Après le rock décadent et satyrique de Rock Around The Bunker, que nous avait réservé Gainsbourg avec L’homme à tête de chou ?

 

C’est le titre éponyme qui introduit notre narrateur « moitié légume, moitié mec ». Le concept est annoncé d’emblée, puisque le narrateur est rendu "coucou" par Marilou, la shampouineuse qui le fait saliver, alors qu'il est fou d’elle. Le son est assez marqué par les synthés, mais garde un aspect symphonique plaisant. Le chant de Gainsbourg est presque parlé, comme souvent, et ma foi voilà une belle intro, typique de l’homme, mais toujours aussi performante.

 

Chez Max Coiffeur pour hommes narre la rencontre entre le narrateur et Marilou « à la beauté païenne et aux mains savonneuses ». La rencontre se fait sur un son rock vraiment très sympa (la guitare est vraiment très chouette et semble jouer un discret solo permanent pendant tout le titre, et la rythmique est vraiment sympa). Une bien belle rencontre, même si pour sur elle ne vaut pas tout à fait la rencontre avec Melody Nelson.

 

Marilou Reggae est le premier titre sur lequel Gainsbourg s’essaye à cette musique, avant sa fameuse Marseillaise. Et le choix de cette musique n’est pas anodin, puisque le titre parle d’un « corps à corps homologué », danse torride où la jeune femme semble ranimer l’ardeur du quadragénaire blasé. Pas mon titre préféré de cet album, loin de là, mais c’est une piste qui s’intègre bien dans l’esprit de l’oeuvre.

 

Transit à Marilou enchaine avec une rythmique tribale, qui semble plutôt nous emmener du coté des tribus amazoniennes ou africaines. On trouve une métaphore sur le corps du narrateur assimilé avec un avion, ce qui n’est pas toujours d’un bon goût prononcé, il faut bien l’avouer là par contre.

 

On continue avec Flash Forwards, où Marilou se retrouve « entre deux macaques, genre comme à Woodstock », alors que notre homme à tête de chou se trouve derrière la porte. L’orchestration rock du morceau est donc plutôt bienvenue, et vraiment réussie. La paranoïa de Gainsbourg trouve aussi un magnifique écrin dans cette guitare un peu stridente et ce rythme alangui. Vraiment excellent je trouve.

 

Aéroplanes évoque avec une certaine grandiloquence la drogue et l’envie de voyage de Marilou. Là encore l’instrumentation est vraiment plaisante, avec une touche de rock vraiment sympa.

 

Premiers Symptomes fait intervenir un instrument pour le moins original : un didgeridoo. On est loin du côté symphonique de Melody Nelson mais finalement cette ouverture aux autres musiques est pour beaucoup dans l’ambiance générale de l’œuvre.

 

On revient à quelque chose de plus habituel sur le chant avec Ma Lou Marilou. Bon le narrateur commence à se faire assez menaçant avec l’infidèle Marilou « Oh Ma Lou, si tu bronches, je te tords le cou ». Le rythme et le refrain sont plaisants, assez décontractés finalement, et la menace ne perce que dans les paroles. Pour le moment en tout cas…

 

Variations sur Marilou est probablement le chef d’œuvre absolu de Gainsbourg au niveau du texte. Oui je sais c’est assez vain de dire ça, mais il faut dire que ce morceau est vraiment le plus impressionnant de L’homme à la tête de chou, tant au niveau de sa longueur que de son texte absolument magnifique… Pourtant le thème initial n’était pas gagné, puisque Marilou « Joue avec le métal/De son zip et l'atoll/De corail apparaît/Elle s'y coca-colle/Un doigt qui en arrêt/Au bord de la corolle/Est pris près du calice », genre de titres que Gainsbarre saccagera à souhait par la suite. Mais pas Gainsbourg… Les rimes et le texte parlent à ma place, et sincèrement j’ai rarement entendu un truc aussi chouette sur un tel thème en français. Bienvenue au pays des merveilles cher à Lewis Caroll…

 

« Un soir n’en pouvant plus de jalousie » arrive le court Meurtre à l’extincteur. 50 secondes suffisent à L’homme à tête de chou pour tuer cette Marilou qui l’a tant fait fantasmer et tant fait souffrir par son infidélité.

 

Marilou sous la neige renoue avec le style plus chanté de Gainsbourg, qui fait penser à des titres un peu plus anciens.  Ce sont ici les adieux mélancoliques du narrateur et de l’auditeur à cette Marilou qui décidemment aura bien fait tourner des têtes, et continue, même sous la neige carbonique de l’extincteur qui l’a tué. Assez émouvant je trouve.

 

Mais le narrateur ne se remettra jamais vraiment de cette histoire, et finira dans « cette blanche clinique psychiatrique », Lunatic Asylum. Le chant « parlé » revient pour ce titre assez étrange, dont la mélodie est encore portée par des didgeridoo et des percussions tribales. On pense un peu à Cargo Culte, l’étrange morceau qui conclut L’histoire de Melody Nelson, et il y’a un peu de ça tant ce titre est dingue lui-aussi. Et c’est un orgue quasi-religieux qui vient conclure cette histoire de L’homme à tête de chou.

 

Et je crois que de tous les albums de Gainsbourg que j’ai pu entendre, cette histoire de L’homme à tête de chou est clairement un (le ?) des plus aboutis. On cite souvent Melody Nelson comme son chef d’œuvre -ce qui a une part de vérité bien sur- mais au niveau des textes, L’homme à tête de chou est meilleur. Rien que Variation sur Marilou est clairement l’un des plus beaux textes écrits par Gainsbourg. Ce qu’il manque peut-être par rapport à Melody Nelson, c’est la finesse des arrangements symphoniques qu’avait concocté Jean-Claude Vannier. Les mélodies sont peut-être un peu moins percutantes, même si elles sont plus ouvertes. Comme d’habitude, l’œuvre est courte (32 minutes), ce qui ne correspond plus tout à fait aux critères actuels, mais… Mais vous avez là un des meilleurs albums de « rock » français, surtout au niveau des textes, et après tout, on aurait bien tort de se priver. A écouter d’une traite histoire de bien profiter de cette belle et sordide histoire…


17/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.

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