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27 octobre 2010 3 27 /10 /octobre /2010 16:48

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/c/c0/LetitbleedRS.jpg

 

Tracks : Gimme Shelter ; Love In Vain ; Country Honk ; Live With Me ; Let It Bleed ; Midnight Rambler ; You Got The Silver ; Monkey Man ; You Can Always Get What You Want

 

1969, l’année qui reste le plus souvent dans les mémoires comme l’année de Woodstock. 3 jours de musique, de paix et d’amour. Mais finalement quand on y pense, ces 3 jours furent bien les seules journées paisibles de cette année. La guerre du Vietnam se poursuit, « War is across the U.S.A » chantait Iggy Pop cette année là, et le rêve hippie se décompose sous l’abus de drogues, les MST et la répression policière. Durant l’été on retrouvera les cadavres laissés par la family de Charles Manson. Plusieurs membres des Black Panthers seront assassinés par la police à Chicago. Un jeune spectateur noir sera assassiné à Altamont durant le titre Under My Thumb des Stones. Le 3 juillet, on retrouve le corps de Brian Jones flottant dans sa piscine. Mort accidentelle par noyade. La thèse de l’assassinat est envisagée. Meurtres, guerre, violence. Enfants vietnamiens massacrés en première page des magazines. Une époque violente, une fin de décennie propice aux esprits malades comme celui de Manson. Mais cette violence ambiante influence aussi les Rolling Stones, alors eux-même en plein chaos. Ils ont congédiés Brian Jones quelques mois auparavant, devenu totalement incapable de jouer le répertoire du groupe et représentant un boulet pour le duo Jagger/Richards. Ils l’ont donc remercié. Deux jours après sa mort, ils présentaient à la face du monde le nouveau guitariste des Stones, jeune homme de 20 ans débauché chez John Mayall. Mick Taylor fera son entrée chez les Stones par la grande porte, durant un concert mythique à Hyde Park le 5 juillet. Et tout comme Brian Jones qu’il remplace, il apparaît sur Let It Bleed, 8ème album (anglais) des Stones enregistré durant toute l’année 1969. C’est donc un album de transition dans l’histoire des Stones, une passerelle entre deux périodes. Mais la transition est-elle pour autant réussie ?

 

Et c’est l’apocalyptique Gimme Shelter qui ouvre les hostilités. Immense classique des Stones que voilà, qui entame l’album avec un des riffs les plus puissants qu’ai jamais pondu Keith Richards. Le son est reconnaissable entre tous, et ce son de guitare unique sera une marque de fabrique de l’album. Ce disque, s’il fait la transition entre Brian Jones et Mick Taylor est avant tout l’œuvre de Keith Richards. Mais Jagger n’est pas en reste ici avec les paroles d’apocalypse faisant directement référence au Vietnam "Rape, murder; it's just a shot away, it's just a shot away”… De plus la chanson accueille une invité au chant : Mery Clayton. Elle livre un duo sexuel (It’s just a kiss away) et violent tout simplement magnifique avec Mick Jagger. Une performance absolument hallucinante qui fait de ce titre un hit majeur des Stones (un de mes préférés de leur répertoire), et probablement une des chansons qui finira par représenter la guerre du Vietnam. A noter une excellente version live sur le Live At Babylone (link), et une belle reprise par Patti Smith sur Twelve.

 

On poursuit avec une autre reprise, de Robert Johnson cette fois : Love In Vain. Ceux qui lisent souvent le blog (bénis soyez-vous) connaissent surement mon amour pour l’œuvre de ce bluesman, influence majeure d’énormément d’artistes (Robert Johnson - The Complete Recordings (1936-1937)). Et bien je crois que sans trop d’hésitations, cette reprise est celle que je préfère parmi toutes les reprises que j’ai pu entendre de l’artiste. Il y a une beauté tranquille et rurale dans le jeu des guitares qui est tout simplement capable d’arracher des larmes à une pierre. Quant au chant de Mick, il est tout simplement magnifique, très éloigné de l’original mais plein d’un feeling superbe. Une reprise indispensable et superbe.

 

Country Honk poursuit dans un répertoire country qui s’enchaine merveilleusement bien avec le blues de Love In Vain. En fait il s’agit ni plus ni moins que de la version country d’un hit des Stones paru la même année : Honky Tonk Woman. Mais sous l’impulsion de Mick Taylor le titre prend ici une toute autre direction, avec les guitares acoustiques rythmiques, le violon et l’ambiance « coin du feu ». Je ne suis pas forcément un immense fan de country (même si je ne crache pas du tout sur certains disques), mais là je dois reconnaître que c’est juste sublime de justesse et de feeling à mon gout…

 

Live With Me reprend sur des bases plus rock avec une basse galopante et un son un peu plus classique pour les Stones. La chanson est surtout remarquable pour trois choses à mon gout : c’est une des deux chansons sur lesquels joue Mick Taylor ici, la ligne de basse (qui entraine le morceau de la plus belle des manières), et la prestation de Bobby Keys au saxophone. Une prestation exceptionnelle, comme ce qu’on peut trouver sur The Rolling Stones - Sticky Fingers (1971), et qui transforme ce titre en véritable joyau.

 

On conclut la face A avec le morceau éponyme, Let It Bleed. L’ambiance est encore différente ici avec une forte présence du piano de Ian Stwart (qui domine largement la piste) et de l’autoharp jouée par Wyman (il n’y a pas de basse donc). Mais au-delà du piano, Kith Richards fait aussi des miracles à la guitare électrique et nous gratifie d’un jeu qui a rarement été aussi inspiré chez lui que pendant ces quelques années… Profitons donc du génie d’un groupe à son sommet.

 

Et c’est un autre sommet qui nous attend sur la face B avec ce qui est un des nombreux sommets de bravoure de l’album : Midnight Rambler. L’ambiance se fait tout simplement énorme ici, oppressante et glauque. Le titre retrace en effet le parcours d’Albert DeSalvo, dit « L’étrangleur de Boston ». Le titre est donc conçu comme une lente progression, comme une montée d’adrénaline qui nous conduit du stade « normal » jusqu’au meurtre. Et toute honnêteté c’est à mon gout le moment le plus « fort » de l’album avec Gimme Shelter. La ligne de guitare est absolument énorme, oppressante et superbe, et l’harmonica joué par Jagger apporte une ambiance étrange au sein de ce blues assassin et furieux. Une plongée dans la folie absolument magistrale et superbe. Pour l’anecdote c’est une des deux seules chansons de Let It Bleed où on retrouve Brian Jones, crédité ici aux percussions (qui participent d’ailleurs beaucoup à l’ambiance proche de la transe du morceau).

 

You Got The Silver est d’ailleurs la dernière collaboration de Jones au sein des Stones, à l’autoharp cette fois. Le titre est aussi une grande première chez les Stones puisqu’il s’agit du premier morceau composé et chanté par Keith Richards tout seul (il l’a composé pour Anita pallenberg). Le morceau est court et est probablement le plus faible de l’album à mon gout (restons raisonnable, ça reste superbe pour moi). Difficile de lutter avec Mick Jagger au chant, mais il y a quand même de très très jolies parties de guitares ici.

 

On retrouve néanmoins Mick Jagger au top de sa forme sur Monkey Man. Il joue ici son meilleur rôle : le musicien lubrique qui assume totalement (toute ressemblance avec la réalité…). Et si la ligne de guitare est absolument fabuleuse dans la première moitié de la chanson, c’est la performance vocale hallucinante de Mick sur la fin qui me fascine toujours avec ce titre. Il donne l’impression de s’arracher littéralement les tripes sur ce morceau au final très drôle et très bon.

 

Comment imaginer final plus épicurien et dingue que You Can Always Get What You Want pour ce disque ? C’est probablement le morceau de clôture parfait pour cet album à mon gout, et un des trois morceaux que je préfère de l’album (Gimme Shelter et Midnight Rambler en plus), même si tout est indispensable ici. L’intro est assuré par les chœurs de l’orchestre du London Bach Choir, et si elle est parfois discutée (Nizouille et JD, chroniqueurs en ces pages détestent tous les deux cette intro), elle me fait toujours halluciner. Elle donne une dimension totalement épique au titre, grandiose. Les Stones sont au sommet du rock, et peuvent absolument faire tout ce qu’ils veulent. Le contraste créé avec la guitare acoustique et le chant habité de Mick Jagger rend la chose encore plus forte, et la montée progressive du titre est absolument phénoménale. Lorsque le morceau atteint son apogée, c’est tout simplement du pur bonheur. Ils peuvent faire tout ce qu’ils veulent à ce moment là, c’est tout simplement magique pour moi.

 

Comme tout l’album d’ailleurs. Je suis fan des Rolling Stones, comme vous pouvez le constater en lisant ce que j’ai chroniqué d’eux. Mais Let It Bleed à mon gout, c’est leur sommet avec Exile On Main Street (dans un genre totalement différent d’ailleurs). L’album n’est pas qu’un simple album de transition. C’est un chef d’œuvre du rock, l’album qu’il faut absolument écouter pour voir à quel point les Stones sont un grand groupe. The Biggest Rock N Roll band Ever ?

 

20/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)

 

Moi-même.

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commentaires

M
http://www.longplayerlateblogger.com/article-comme-un-air-de-plagiat-86592303.html
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K
<br /> LE chef d'oeuvre des Stones ! Puissant !<br /> <br /> <br />
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J
<br /> C'est effectivement un chef d'oeuvre... Tous les titres sont fabuleux, tous les membres sont au top. Même moi qui ne suis pas un fan des Stones, je ne peux m'empêcher de me faire plaisir avec un<br /> cet album.<br /> Un gâteau qui à l'air délicieux en pochette, c'est exactement ce que sont ces chansons :) Incontournable.<br /> <br /> <br />
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