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18 décembre 2011 7 18 /12 /décembre /2011 21:59

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/5/5f/Bon_iver.jpg

 

Tracks : Perth ; Minnesota, WI ; Holocene ; Towers ; Michicant ; Hinnom, TX ; Wash. ; Calgary ; Lisbon, OH ; Beth/Rest

 

“La vie continue”... C'est peut-être l'enseignement le plus évident qu'on peut tirer de For Emma, Forever Ago. Un disque de rupture qui malgré sa beauté hivernale a laissé son créateur Justin Vernom seul. Libéré et seul. Car maintenant que ses démons sont exorcisés, que sa mononucléose est guérie et qu'il a pu dire au revoir à cette Emma qui l'a plongé dans la tourmente, celui qui se cache sous le pseudonyme Bon Iver est libre de prendre une autre direction. Libre de partir à l'aventure, sur des terres peut-être plus hospitalières que cette cabane du Wisconsin où a été enregistré For Emma, Forever Ago. Justin en profite aussi pour faire de Bon Iver un véritable groupe, et non plus un simple pseudonyme pour se cacher. C'est ainsi qu'il recrute Michael Noyce, Sean Carey et Matthew McCaughan pour continuer l'aventure, tout en gardant ce nom de Bon Iver. Une envie de voyage qui se concrétise finalement avec l'album Bon Iver, deuxième effort de Justin et des siens, qui paraît en juin 2011. Alors que la pochette de For Emma, Forever Ago était monochrome et floue, celle de Bon Iver est pleine de couleurs et évocatrice d'un ailleurs forcément plus accueillant. Mais l'album est-il cependant meilleur que son émouvant prédécesseur?

 

S'enfoncer peu à peu dans la nuit... Les paysages défilent, souvent maculés de neige. Car dès les roulements de tambours de Perth, le voyage semble inéluctable. Inéluctable et désirable. La musique est douce... Riche en instruments, mais douce. La guitare acoustique n'est plus ici le seul fil conducteur (même si elle emmène complètement un titre comme Minnesota, WI), grâce à l'appui de cuivres ou de claviers qui se fondent dans une trame sonore toujours délicate et évocatrice. Tel un oiseau planant au dessus de cette superbe mêlée, la voix de falsetto de Justin nous guide, comme elle nous guidait dans les tourments amoureux sur For Emma, Forever Ago. Les paysages glacés du Minnesota défilent à travers les fenêtres... Un battement de paupière suffit pour nous emmener en Islande, au bord du Jökulsarlon ou sur la plage de Vik, à suivre cet enfant qui sert de personnage central au superbe clip d'Holocene. Les arpèges délicats collent étrangement aux orgues volcaniques et aux icebergs à la dérive... « Once I Knew, I Was Not Magnificent » chante Vernom... Et pourtant sa voix et sa délicate guitare n'ont que rarement été aussi sublimes qu'ici. La neige tombe sur ses paysages magnifiques...

 

Towers avec ses cordes et son énergie semble nous emmener vers des paysages moins contemplatifs. Le rythme et la richesse des instruments tranche en effet avec le minimalisme qui régnait sur Holocene par exemple. Mais sans pour autant nuire à la beauté des lieux. Le train a simplement avancé. Le rideau s'est simplement levé sur une autre scène, un autre lieu. L'écho aérien des voix et des cordes de Hinnom, TX évoque l'immensité de cette vallée du sud-ouest de Jérusalem, symbole de l'idolâtrie dans la Bible... Peut-être est-ce le lieu où les Dieux païens se cachent et où Judas cultive son jardin ? Mais l'écho sublime de la voix de Justin et la majesté des cordes fait de cette vallée un havre de paix... Une impression poursuivie par le doux et lancinant piano qui parcourt Walsh. La beauté tient parfois à peu de choses. Quelques notes de piano répétitives, des cordes douces et la voix de falsetto suffisent à dessiner un jardin tranquille où l'eau s'écoule paisiblement et où il n'y a que paix et beauté.

 

Et pourtant, ce qui succède à ce délicat minimaliste en est presque l'opposé. Car Calgary s'aventure dans des terres nettement plus étonnantes. Ce n'est plus la guitare ni le piano qui nous guident, mais des nappes de synthétiseurs. Même la batterie sonne comme si elle sortait des années 80... Une balade qui évoquerait presque plus Genesis que le folk-rock mystérieux et évocateur des morceaux précédents. Oui mais la richesse de l'instrumentation garde la grâce qui nappait les premiers morceaux. Et le rêve se poursuit, dans un jardin ressemblant un à celui dessiné sur la pochette du disque. Au bord de la faute de goût, mais toujours du bon coté...

 

Ce qui n'est peut-être pas forcément le cas de la chanson finale Beth/Rest à laquelle Lisbon, OH sert d'introduction. Le titre est clairement tourné vers les années 80, m'évoquant un peu le son d'un morceau comme Purple Rain de Prince et sur lequel Bon Iver chante avec sa voix classique (mais passée dans le filtre de la production), et non plus avec son falsetto. Un titre étrange qui baigne cependant dans cette brume rêveuse qui entoure tout l'album... Honnêtement, malgré le son très typé années 80, j'aime bien ce morceau, qui est très doux et onirique et possède une ambiance réellement évocatrice. La guitare électrique est très belle par exemple. Après c'est probablement la chanson que j'aime le moins de l'album...

 

Mais ce n'est que le seul (léger) nuage qu'on croise lors de ce magnifique voyage qu'est Bon Iver. Ce deuxième disque du groupe du même nom est un coup de maitre. Bon Iver y convoque beaucoup d'instruments qui confèrent une densité et une richesse à l'album très impressionnante... Mais sans perdre la grâce qu'on trouvait sur For Emma, Forever Ago. En la sublimant même, car cette succession d'images et de lieux baigne dans une grâce poétique absolument magnifique. Rarement un album a su me faire autant voyager... Ce qui l'impose comme un des trois meilleurs disques de l'année 2011 pour moi. Une impression confirmée par les diverses réceptions critiques élogieuses (l'album vient d'être nominé aux Grammy) à son égard. Un voyage sublime qui s'ouvre devant vous si vous osez pénétrer dans ce jardin...

17/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.
  

 

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