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7 juillet 2013 7 07 /07 /juillet /2013 04:13

 

Tracks : I Wear Black ; Drop Dead Baby ; High School ; Ramona ; Doctor Doctor ; Bikini Babes ; Take Up Thy Stethoscope And Walk ; Reverse Shark Attack

 

L'histoire de ce disque commence vers 2004, sur les bancs d'un lycée de Laguna Beach en Californie. C'est dans ce lycée que deux adolescents se rencontrent et décident de former un groupe, qu'ils appellent Epsilons. La bande de lycéens enregistrât trois albums, trois décharges soniques de punk juvénile qui allaient marquer les esprits, jusqu'à ce que les deux adolescents repartent chacun de leur coté, vers 2007. Dans des groupes différents. Pourtant Ty Segall et Mikal Cronin ne devaient pas en rester là. Quelques mois plus tard, tandis que Ty commence à percer en solo avec son premier album éponyme et Lemons, il retrouve Mikal et décide d'enregistrer un disque en collaboration avec celui qu'il appelle son « frère musical ». En ressort en cette année 2009 Reverse Shark Attack dont la loufoque (et laide) pochette reflète la folie créatrice et la complicité qui règnent entre ces deux jeunes hommes durant l'enregistrement.

 

Lorsqu'I Wear Black se lance, on se dit que ce disque collaboratif est définitivement placé sous le signe de la folie. On est pourtant habitué au travail en solo ou en groupes des deux énergumènes, qui n'ont pas livré les disques les plus sains d'esprit de ces dernières années. Mais là dès l'entame, on sent que ce disque sera aussi barré que sa pochette. C'est bien simple : le son est dégueulasse et incroyablement tordu, psychédélique à souhait. A vous faire passer un morceau des Seeds pour une ballade des Beatles.

 

Et ça ne va pas en s'arrangeant tout au long de la face A du disque (qui va jusqu'à Take Up Thy Stethoscope And Walk). Drop Dead Baby, au titre si charmant, donne en effet l'impression d'avoir été enregistré au fin fond d'un caverne, tant la rythmique s'assimile à grondement ténébreux. Le terme garage-rock prend ici tout son sens, bien plus que chez certains poseurs. Le chant, assuré par Segall et Cronin semble faire revenir d'outre tombe le spectre de Lux Interior, le chanteur des Cramps décédé la même année. Il est littéralement possédé, caverneux et sombre, et surtout incroyablement distordu et empli d'écho. Ce chant, ajouté à la section rythmique brutale et étouffée et aux guitares noyées sous la fuzz et la distorsion crée une ambiance de folie sur l'ensemble de ces morceaux garage-punk de la face A.

 

Tous ces morceaux sont d'ailleurs très courts et extrêmement brutaux. Le plus long, en dehors de Take Up Thy Stethoscope And Walk, fait 2min20 environ, et certains tournent autour d'1min30 (Ramona ; Doctor Doctor ; Bikini Babes). Pas de chichis ici, pas de préliminaires. La plus pure tradition punk. Tout est joué pied au plancher, potards à fond, six décharges de garage psychédélique d'une sauvagerie assez difficile à comprendre, surtout en 2009.

 

La seule petite accalmie de la face A est finalement située à la fin avec la reprise de Take Up Thy Stethoscope And Walk, morceau issu de Pink Floyd - The Piper At The Gates Of Down (1967). Si convoquer ici l'esprit de Roger Waters est plutôt surprenant, on constate le bon goût de ces deux jeunes gens qui livrent une reprise légèrement plus longue et plus garage que l'originale, mais qui reste très fidèle à l'esprit psychédélique du Floyd originel. C'est d'ailleurs de loin le meilleur morceau de la face A, même si I Wear Black ou Bikini Babes sont tout à fait sympathiques dans leur genre.

La face B du disque est quant à elle occupée dans son intégralité par un seul morceau, qui donne son nom au disque, Reverse Shark Attack. Si la face A qui fait approximativement une bonne quinzaine de minutes était constituée de six décharges de garage hyper violentes et d'une reprise, Reverse Shark Attack prend lui le contrepied en proposant une sorte de mini symphonie garage-surf de plus de 10 minutes.

 

Le morceau est en effet divisé en plusieurs segments qui alternent les différentes ambiances. Si le début commence de manière extrêmement psychédélique et lourde, le morceau se calme assez vite vers 1min30 pour tourner à la ballade surf psychédélique au son de guitare très proche de celui des années 60. Le chant très clair et la mélodie très pop de ce segment font d'ailleurs penser à une collaboration ultérieure de Ty Segall avec White Fence : Ty Segall & White Fence - Hair (2012). C'est vers 3min50 que le titre redevient plus étrange, sans pour autant redevenir sauvage et il semble se conclure dans un fracas de guitare vers 5min30. Fausse alerte, car c'est à ce moment qu'un riff très surf-rock et une batterie très énergique entrent en scène. Ce segment, qui est probablement le meilleur du morceau évoque très clairement le générique de Pulp Fiction (on peut aisément crier au plagiat à partir de 7min20) et conclut très efficacement et énergiquement ce morceau et le disque qui porte son nom.

 

Reverse Shark Attack vaut donc principalement pour son morceau titre, soyons clair. Cet album n'est en effet pas un des meilleurs disques produits par Ty Segall ou même par Mikal Cronin (qui a à son actif des disques solo très sympas). Les deux amis ont même produit bien mieux ensemble (Slaughterhouse avec le Ty Segall Band). Car ce disque, s'il propose un très bon et long morceau en face B et une reprise de Pink Floyd très efficace n'est qu'un concentré de courts morceaux garage-punk vite lassants. Sa brièveté, ainsi que son excellent morceau titre lui donne tout son attrait. A ne réserver qu'à un public très amateur de garage donc, ou aux fans de Ty Segall et de Mikal Cronin qui n'y bouderont pas leur plaisir.

 

12,5/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.

 

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