Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
12 octobre 2010 2 12 /10 /octobre /2010 22:18

http://www.self-titledmag.com/wp-content/uploads/2009/02/Gun+Club+Fire+of+love.jpg

 

Tracks : Sex Beat ; Preaching The Blues ; Promise ; She’s Like Heroin To Me ; For The Love Of Ivy ; Fire Spirit ; Ghost on the Highway ; Jack On Fire ; Black Train ; Cool Drink of Water ; Good by Johnny

 

Concilier Robert Johnson et Television - Marquee Moon (1977), l’esprit du bayou du sud à l’esprit du CBGB. Convoquer l’esprit de Son House pour jouer aux cotés de fans de Blondie. Autant de contradictions qui donnent naissance au Gun Club en 1979. Autant de contradictions qui reposent sur Jeffrey Lee Pierce, un jeune fanatique de rock assez connu à Los Angeles pour avoir signé quelques chroniques rock dans SLASH magazine et pour être le président du fan-club officiel de Blondie. Lorsqu’il rencontre Kid « Congo » Powers, il l’incite à se mettre à la guitare et à former un groupe de rock. Appelé initialement The Creeping Ritual, le groupe deviendra The Gun Club sur les conseils d’un ami de Jeffrey Lee Pierce. En même temps que ce changement de nom, le groupe (complété de Rob Ritter à la basse et de Terry Graham à la batterie) tournera deux ans dans les clubs de Los Angeles pour peaufiner son répertoire et écrire et tester les chansons qui iront constituer son premier album. Celui-ci sort en 1981 sous le titre de Fire Of Love. La pochette semble mêler punk et vaudou, la révolte sociale des punks blancs et le feeling des plus grands bluesmen noirs. Une cérémonie bien étrange semble nous inviter. Une transe plaisante malgré ses contradictions évidentes ?

 

Sex Beat introduit les bases du groupe, avec un son très reconnaissable. Les guitares sont très punk, sonnant de manière assez sèches et minimalistes. Le plus étrange est peut-être la voix de Lee Pierce, haut perché, semblable un peu à celle de Tom Verlaine dans ses intonations et ses cris (notamment sur le refrain). Une intro sexuelle, étrange et unique qui nous emmène directement dans le bayou…

 

Preaching The Blues revient aux racines blues du groupe en reprenant le maitre lui-même, Robert Johnson (Robert Johnson - The Complete Recordings (1936-1937)). Mais il faut bien admettre qu’on est bien loin du blues originel. Les guitares sont dissonantes, stridentes, sonnant de manière quasi métallique. Le rythme est endiablé comme une transe délirante, une messe vaudou survoltée et trop alcoolisée… Le shaman Lee Pierce éructe et crie, à la limite de la perte de contrôle. Parfois le calme semble revenir, comme si le titre vacillait, épuisé sous les incantations du shaman, mais finit par repartir de plus belle. Une reprise hallucinante de personnalité.

 

Promise Me calme un peu le jeu pour la première fois depuis le début de l’album. C’est le premier titre qu’on ne peut pas qualifier de « punk », mais tout simplement de rock. C’est même presque une ballade après les deux titres précédents, impression renforcée par le violon de Tito Larriva. Mais cette ballade est hallucinatoire, calme, pleine des fantômes du bayou, rappelant presque les Doors par moment (comparaison qui revient souvent avec le groupe).

 

Les choses repartent de plus belle avec She’s Like Heroin To Me. C’est probablement une des meilleures chansons de l’album, notamment grâce à son refrain accrocheur à souhait et la voix de Pierce est encore une fois hallucinante. Les guitares déchirent la trame sonore, et ces 2 min 35 font partie des plus palpitantes de l’album.

 

For The Love Of Ivy m’est peut-être un peu plus étrangère, malgré un certain charme dans l’alternance des moments calmes et des moments nerveux ou le chant se fait venimeux et exalté. Le titre est d’ailleurs un hommage à Poison Ivy Rorschach des Cramps, qui parait-il n’aimera pas la chanson. Je n’en suis pas un grand fan non plus, mais elle n’est pas si mal cette chanson.

 

On conclut la face A avec Fire Spirit. Le morceau est court, mais plein d’une puissance et d’une énergie folle. Les guitares jouent simplement, mais toute distorsion en avant. Le titre n’est pas le plus convaincant de l’album, mais conclut assez bien la face A avec un Pierce incandescent.

 

Ghost On The Highway nous remmène dans la transe sur un thème typiquement américain et proche des Doors : le meurtre sur l’autoroute. Comment ne pas penser à la mythique Riders On The Storm en regardant les paroles de ce Ghost On The Highway ? La chanson est en plus excellente, et nous emmène en transe tout le long de cette route sans fin et infernale, avec comme seuls guides les halètements de Pierce.

 

Jack On Fire me fait étrangement un peu penser à Sonic Youth (quelques années avant le groupe New-Yorkais d’ailleurs). Le thème est pourtant du pur Gun Club, mêlant exorcisme, pulsions meurtrières et sexe. Là encore, drôle de transe que ce trip sexuel et assassin, mais prenant si on se laisse aller à ce riff aigu et très noise.

 

Black Train semble évoquer un train lancé à pleine vitesse avec son rythme de batterie survolté. C’est d’ailleurs ce rythme qui mène tout le morceau de bout en bout, et qui lui donne son coté plaisant (même si finalement, heureusement qu’il est assez court peut-être).

 

Retour au blues avec Cool Drink Of Water, une reprise de Tommy Johnson. Ce bluesman parfois confondu avec Robert Johnson (c’est peut-être lui l’inventeur de la fameuse légende faustienne) est aussi un des piliers du delta blues et le titre nous transporte immédiatement dans le sud mythique, pas très loin du Mississipi. Contrairement au survolté Preaching The Blues de la face A, le groupe livre ici une version plus proche du blues original (le rythme), sauf bien sur avec la voix de Pierce, qui ne chante jamais de manière « conventionnelle » sur cet album (on l’entend dans d’autres registres sur l’album suivant The Gun Club - Miami (1982)). Un voyage qui se conclut par quelques grésillements de criquets, comme une simple promenade au bord du fleuve mythique et mystique…

 

J’aurai d’ailleurs préféré que Cool Drink Of Water serve de conclusion, plutôt que Good By Johnny. Non pas que le titre soit mauvais en soit, mais il est plus rythmé que le précédent, et la ligne de basse donnerait presque plus envie de s’enfiler d’autres morceaux que de conclure le disque. Ce n’est pas non plus à mon gout un des morceaux les plus transcendants de l’album. Histoire de chipoter quoi…

 

Car j’ai du mal à trouver des points négatifs à cet album. Il m’a peut-être fallu un peu de temps pour rentrer dedans, pour « comprendre » cette musique, et la transe vaudoue qu’elle peut représenter. Au delà du mélange assez contre nature du blues et du punk, il y a réellement un univers qui se dégage, même derrière cette pochette étrange (il en existe une autre, peut-être encore plus flippante d’ailleurs). Un univers invoquant Jim Morrison, Robert Johnson et Tom Verlaine pour en créer un autre, résolument unique. Onirique, mais s’il faut parfois rentrer un peu dedans (le second album Miami, est peut-être encore meilleur d’ailleurs, et en tout cas tout aussi recommandable).

 

17,5/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.   
 

Partager cet article
Repost0

commentaires

M
<br /> Merci à toi pour les compliments, ça fait plaisir d'avoir un lecteur régulier et passionné!<br /> <br /> <br />
Répondre
R
<br /> Hey mec ca fait un moment que je traine sur ton blog, et c'est vraiment pas mal, je suis pas toujours d'accord avec toi mais les gouts et les couleurs .... Voilà j'espère que tu vas continuer a<br /> nous faire découvrir de nombreux albums. bonne continuation<br /> <br /> <br />
Répondre

Présentation

  • : Rock'N'Blog
  • : Blog de chroniques Pop-rock, albums et concerts. Le blog a été tenu à plusieurs mains entre 2008 et 2014, puis repris en 2019 après 5 ans d'absence. Les chroniques seront à partir de 2019 hébergées ici et sur le site de la boite de nuit Pop-Rock Les 3 Orfèvres, située à Tours (37) dont je suis désormais le DJ. Si vous voulez suivre le blog sur Facebook pour vous tenir au courant des dernières nouveautés : http://www.facebook.com/home.php?#!/pages/Rock-n-blog/203862439693573 Et pour la boite de nuit Les 3 Orfèvres : https://www.facebook.com/les3orfevresdiscotheque/?epa=SEARCH_BOX Bonne visite à toutes et à tous ! Moi-même.
  • Contact

Recherche