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27 juillet 2011 3 27 /07 /juillet /2011 23:35

 

Tracks : Rehab ; You Know I'm No Good ; Me & Mr. Jones ; Just Friends ; Back To Black ; Love Is A Losing Game ; Tears Dry On Their Own ; Wake Up Alone ; Some Unholy War ; He Can Only Hold Her

 

Difficile d'évoquer si tôt une telle disparition, alors même qu'on n'en connait pas encore les causes. Comme tant d'autres étincelles qui ont rallumées un instant la grande flamme de la musique, Amy Winehouse s'est désormais éteinte, samedi dernier à 27 ans. Back To Black. Retour au néant pour celle qui fut une des stars les plus fascinantes des années 2000, tant par sa musique que par ses frasques. Une fascination qui provient quasiment uniquement d'un seul album, une galette de ce noir qui lui a donné son nom : Back To Black. 34Min55 qui indéniablement ont changé la donne. Il n'y a qu'à voir Amy sur la pochette de Frank, son premier album. Lisse, sans tatouages, souriante et candide. L'album, bien que très plaisant, manque d'un souffle, d'une âme. Les chansons sont bonnes, la production efficace, la voix déjà merveilleuse, mais le propos semble encore dilué. Attendant comme... Un coup dur de la vie. Une séparation pour Amy en l'occurrence. Une dépression et une addiction terrible à l'alcool. On a voulu l'envoyer en cure de désintoxication. Sa réponse fut « non ». Sa réponse, celle qu'elle avait jugé bonne sur le moment, a été de s'enfermer en studio. Pour graver 34 min 55 de sa vie, de son âme. Back To Black.

 

Une âme noire comme le désespoir. Peine, addiction, amour éconduit, tout est contenu dans se second album. Le contraste est fulgurant avec Frank. Sur la pochette, Amy apparaît ici seule (contrairement à Frank où elle est accompagnée d'un chien). Seule, tatouée et ployant sous le poids de sentiments qu'on ne fait qu'entrevoir au fil de l'album. Des sentiments qu'Amy nous envoie en plein visage dès le fabuleux et désormais morbide Rehab. « They tried to make me go to rehab, and I Said « No, no, no ». Une claque musicale et sentimentale qui a propulsé l'album en tête des ventes. Une artiste déjà maudite avant même son éclosion. Le titre fera la gloire d'Amy, mais annonce déjà sa fin. Comment peut-on tirer une telle perle d'un sujet aussi glauque? C'est là toute la force de Back To Black, album résolument sans concessions mais qui conjugue sincérité, production magistrale et talent. Les paroles sont véridiques, la voix parfaite et les arrangements de cuivres et de cordes signés Mark Ronson donnent une ambiance sublime à l'ensemble. Un immense classique de pure soul, un genre qu'on croyait pourtant définitivement enterré en l'an 2000 par la Nu-soul ou le R'N'B. Un succès fulgurant. Et ce n'est pas Me & Mr. Jones, au son si Motown et qui rappelle les girls band des années 60 (les harmonies vocales) qui pourra me donner tort. A la fois rétro et moderne. Tout pour créer un morceau qui est à son tour devient un classique.


Et des classiques, Back To Black en contient à la pelle. Tous plus sublimes les uns que les autres. Tous plus sombres les uns que les autres aussi. Car le désespoir suinte de tous les sillons du disque. You Know I'm No Good ne relâche pas la tension après Rehab. Le titre est peut-être légèrement moins percutant (malgré un beat un peu hip-hop), mais toujours aussi sombre. Les cuivres semblent joyeux pourtant, mais le manque de son homme est poignant. Une classe immense pour ce classique que même la vétérante Wanda Jackson a repris cette année sur son disque The Party Ain't Over. Comme un hommage d'une pionnière du rock n roll à une Amy qui semble déjà tout dire sur ce second disque. Comment ne pas penser que tout est dit une fois le titre éponyme achevé? « We only say goodbye with words/I died a hundred times/You go back to her/and I go back, back to us »... Une chanson de désespoir absolu servie par cette mélodie à l'ambiance abyssale. Ces chœurs féminins qu'on entend à l'arrière de cette implacable avancée rythmique et cette descente de cordes ne font qu'apporter une dimension encore plus douloureuse à ce titre, qui est assurément le plus beau de l'album. Le plus poignant. Un chef d'œuvre que même les plus blasés apprécieront.

 

Et si sur certains morceaux, l'ambiance paraît moins désespérée que sur Back To Black, le propos reste pourtant amer et sombre. Love Is A Losing Game est doux... Mais doux et désabusé. Amy semble déjà avoir perdu et toute cette douleur ressort dans sa voix. Douceur désespérée... Une chanson à la fois fragile et forte, une contradiction que peu d'artistes ont maitrisé aussi bien qu'elle à cet instant précis. Est-ce cette maitrise des contrastes qui lui donnent une voix aussi forte lorsqu'elle chante Tears Dry On Their Own accompagnée par quelques « shalala » de ses choristes et qui sample Marvin Gaye (Ain't No Mountain High Enough)? Est-ce cette maitrise qui lui permet d'ainsi enchainer les classiques absolus?

 

Quel courage faut-il pour écrire un titre comme Wake Up Alone? « His face in my dreams sizes my guts/He floods me with dread/Soaked in soul, he swims in my eyes by the bed/Pour myself over him moon splitting in/And I Wake Up Alone ». La solitude crue dans toute sa véracité... Quiconque a déjà connu une rupture connait cette douleur qui colle à la peau pendant des matins interminablement gris. Mais elle est ici transformée en joyau noir par cette artiste de 23 ans.

 

Car Back To Black est un joyau. Un disque qui a marqué les années 2000. 35 minutes où la sincérité et le génie se sont rencontrés. Un disque vrai, sombre... Les paroles font mouche, parlent du vécu de cette jeune londonienne. La production de Ronson et les dons de compositeur d'Amy font le reste. Back To Black. La page va désormais se refermer sur Amy, partie rejoindre le fameux club des 27. Partie rejoindre Janis... Espérons simplement qu'elle y trouve une paix qu'elle ne semblait pas avoir trouvé depuis cette année 2006 où elle a gravé ce disque qui a immortalisé son nom. Même si on aurait préféré qu'elle n'enregistre pas cette fichue Rehab et dise oui à une cure qui peut-être l'aurait sauvée. Et qui lui aurait permis d'écrire encore des centaines de chansons enivrantes comme celles de Back To Black.

 

18/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.  

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