Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
15 février 2013 5 15 /02 /février /2013 15:16

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/thumb/d/d8/The_Rolling_Stones_-_Goats_Head_Soup.jpg/220px-The_Rolling_Stones_-_Goats_Head_Soup.jpg

 

Tracks : Dancing With Mr. D ; 100 Years Ago ; Coming Down Again ; Doo Doo Doo Doo Doo (Heartbreaker) ; Angie ; Silver Train ; Hide Your Love Winter ; Can You Hear The Music ; Star Star

 

En 1972, les Stones sont au fait de leur gloire. Seigneurs et saigneurs du rock, qui sur scène ont finalement assez peu de concurrents, notamment grâce à leur guitariste prodige Mick Taylor. Led Zeppelin et les Who semblent être les seuls capables de disputer aux Rolling Stones leur couronne de « groupe le plus dangereux de la planète » que leur a décernée Richard Nixon. Mais malheureusement, le rock n’roll circus des Stones a un prix. Drogues, groupies, destructions de chambres d’hôtels, exils fiscaux… Partout où ils passent, les Stones deviennent personna non grata. La France où ils étaient venus fuir le fisc anglais (et accessoirement enregistrer un de leurs chefs d’œuvres, Exile On Main Street) poussent Keith Richards et sa cour de junkies vers la sortie à la fin de l’année 1972. Il faut que les Stones s’exilent à nouveau, alors même que la liste d’éventuels pays hôtes pour le quintet se rétrécit. C’est finalement dans une ile des Caraïbes que le monde découvre en ce début d’années 70 que les Stones vont poser leurs valises : la Jamaïque. Bob Marley & The Wailers sont alors en pleine gloire et viennent de publier leurs premiers albums à succès mondial, Catch A Fire et Burnin’. Accompagnés pour la dernière fois de leur producteur Jimmy Miller qui a produit leurs quatre albums précédents, c’est donc entourés de la culture rastafari que les Stones décident de donner un successeur au mal-aimé (à l’époque) Exile On Main Street et enregistrent Goats Head Soup. Si on se doute que l’amour des rastas pour la drogue a su trouver un écho particulier chez les Stones, la Jamaïque les a-t-elle inspiré pour leur 11ème album studio anglais (13ème américain) ?

 

On dit souvent que Goats Head Soup (quelle pochette hideuse et quel nom pourri au passage) marque le début du déclin des Stones après leur période dorée de 1968 à 1972. C’est en grande partie vrai. Le train de vie des Stones et le fait qu’ils aient sortis au moins cinq chefs d’œuvres en six ans (Aftermath ;  The Rolling Stones - Beggars Banquet (1968) ; Let It Bleed ;  The Rolling Stones - Sticky Fingers (1971) ; Exile On Main Street) et incendiés les scènes du monde entier (Get Yer Ya Ya’s Out) finit par se payer. Et c’est sur cet album enregistré en Jamaïque que les Stones faiblissent pour la première fois, malgré la présence ici de bons titres, notamment un de leurs plus grands succès populaires, Angie.

 

Cependant même s’il est vrai que Goats Head Soup est écrasé par ses prédécesseurs (toutes les bonnes choses ont une fin), il n’en est pas pour autant un mauvais album. Pour plusieurs raisons. La première étant que les morceaux sont globalement bons. L’ouverture Dancing With Mr. D (où les Stones convoquent le fameux Mr. D qui fit signer un pacte à Robert Johnson ?) est par exemple un titre qui se tient très bien, efficace et juste à défaut d’être génial. Coming Down Again est un slow qui même s’il s’éternise (5min52) est suffisamment langoureux et doux pour marcher. Quant à Angie, qui conclut la première face, c’est un méga tube qui a du illuminer bien des soirées durant les années 70. Voir les Stones chanter une telle chanson d’amour à la guitare acoustique avec un piano et quelques cordes a d’ailleurs quelque chose de très ironique (ce n’est pas eux qui chantaient Under My Thumb quelques années auparavant ?), mais franchement Mick est une d’une émotion rare là-dessus et la paire de guitaristes Taylor/Richards joue avec un feeling et une justesse parfaites.

 

De même Silver Train qui ouvre la face B est un blues très sympathique, peut-être un des meilleurs morceaux du disque. On est loin de Midnight Rambler, mais ça fonctionne bien même si j’aurais aimé une production plus caverneuse comme sur  The Rolling Stones - Let It Bleed (1969) pour mieux faire ressortir ce morceau. De même Star Star, qui reprend le fameux riff de Chuck Berry, malgré ses paroles complètement débiles (I’m a Starfucker, starfucker…) est dansant, efficace et drôle.

 

Enfin malgré le caractère assez moyen du reste des morceaux, il y a une deuxième raison pour écouter Goats Head Soup : Mick Taylor. Car à nouveau, le guitariste prodige des Stones insuffle ici un feeling blues d’une classe incroyable dans ses soli. Chacunes de ses interventions, même s’il a fait mieux sur les albums précédents et qu’il fera mieux sur le suivant (The Rolling Stones - It's Only Rock 'n' Roll (1974)) permet à un morceau assez banal de devenir bon. 100 Years Ago ou Can You Hear The Music sont en effet grandement enrichis par le guitariste et c’est valable pour l’ensemble du disque. De quoi regretter d’autant plus amèrement son départ l’année suivante…

 

Indéniablement, Goats Head Soup n’est donc pas à la hauteur des albums qui le précédent dans la discographie des Stones. La Jamaïque a nettement moins inspirée les Stones que le sud de la France l’année précédente. Mais ce n’est pas pour autant un mauvais album. Tout juste un album de bonne tenue, avec de bons morceaux (Angie ; Dancing With Mr. D ; 100 Years Ago ; Star Star), beaucoup d’autres très corrects et un groupe sur de lui qui assure le minimum syndical (les deux Mick étant excellents dans leurs rôles respectifs). Il ya mieux avant, mieux après (It’s Only Rock n’roll ; Tattoo You ; A Bigger Band) dans la discographie des Rolling Stones, mais un amateur du groupe prendra du plaisir à écouter ce disque, surtout sa face A.

 

13/20 (NB : La note exprime juste le plaisir que j’ai ressenti personnellement à l’écoute, non pas une note de la technique musicale, ou même de la valeur réelle de l’album en général. Elle permet juste d’indiquer mon échelle de plaisir ressenti ici.)
 
Moi-même.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Rock'N'Blog
  • : Blog de chroniques Pop-rock, albums et concerts. Le blog a été tenu à plusieurs mains entre 2008 et 2014, puis repris en 2019 après 5 ans d'absence. Les chroniques seront à partir de 2019 hébergées ici et sur le site de la boite de nuit Pop-Rock Les 3 Orfèvres, située à Tours (37) dont je suis désormais le DJ. Si vous voulez suivre le blog sur Facebook pour vous tenir au courant des dernières nouveautés : http://www.facebook.com/home.php?#!/pages/Rock-n-blog/203862439693573 Et pour la boite de nuit Les 3 Orfèvres : https://www.facebook.com/les3orfevresdiscotheque/?epa=SEARCH_BOX Bonne visite à toutes et à tous ! Moi-même.
  • Contact

Recherche